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 Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin

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Harand
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peuple de thédas ∣ dalatien
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InfosRACE : Elfe dalatien
AGE : 26 ans
CONTRÉE D'ORIGINE : Marches Libres
LOCALISATION : Orlaïs
ARME/MAGIE : Magie de soin, magie arcanique, magie elfique
MÉTIERS/OCCUPATION : Archiviste
HUMEUR : Inquiet
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CÉLÉBRITÉ : Satō Takeru
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MessageSujet: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyDim 26 Avr 2015 - 1:34


Avant que le monde ne bascule

Aerin & Harand


✥ Date, mois, année 5:11 des Exaltés, Haring, 5 heures avant les évènements de Val Firmin
✥ Lieu Forêt au sud de Val Firmin
✥ Moment de la journée Tôt le matin


Il courait. L’air glacé irradiait ses poumons à chaque inspiration et un point de côté perçait son flanc droit, mais il ne ralentissait pas l’allure. Harand s’était éloigné du campement au petit matin. Les chasseurs avaient certifié que les alentours étaient sûrs, et l’Archiviste avait profité des premières lueurs du jour pour s’éclipser, une vieille habitude dont il ne parvenait pas à se départir.
Le clan se trouvait déjà trop au sud lorsqu’il avait rencontré Aerin. Leur route les avait menés trop loin pour faire demi-tour : contrairement aux autres communautés dalatiennes, qui comptaient assez d’archers pour satisfaire les besoins en nourriture du groupe, eux n’étaient pas assez nombreux. Il leur fallait vendre leurs trophées en ville et acheter les vivres qui leur manquaient. Cela signifiait s’approcher de Val Firmin, mais aussi de Montsimmard. Afin d’éviter les templiers traquant les évadés de la tour, ils ne prendraient pas la route du sud mais reviendraient sur leurs pas, en direction de Val Royeaux. Comme son maître le lui avait appris, Harand guetterait alors le hibou qui lui indiquerait la route à suivre.
Le bois dans lequel ils avaient fait halte se trouvait sous le bascloître de Val Firmin. Par mesure de prudence, Aerin devrait rester accompagnée tout le temps qu’ils demeureraient ici – une journée ou deux, guère plus, puis ils s’empresseraient de mettre le plus de distance possible entre la tour et eux. C’était risqué, mais ils ne pouvaient pas faire mieux pour l’instant. Harand espérait que les templiers avaient déjà élargi leur rayon de recherche, et que personne ne songerait à chercher sa Première aussi près du Cercle. La jeune femme s’efforçait de faire bonne figure malgré la proximité de Montsimmard. L’Archiviste admirait sa maîtrise d’elle-même. Il avait néanmoins prévenu les chasseurs : aucun templier ne devait s’approcher du campement, et s’il fallait les tuer pour cela, il n’y avait aucune pitié à avoir à leur égard. Elle ne retournerait pas au Cercle. Il ne le permettrait pas.
Ces derniers jours avaient été troublants, presque irréels. Harand avait toujours du mal à réaliser que l’Elvhen qui les avait rejoints n’était pas seulement une elfe égarée, mais une mage. Il devait lui enseigner les traditions de leur peuple – pour l’instant, cela s’était limité à la façon de diriger un aravel et de monter un campement, et comment supporter les rigueurs de l’hiver lorsqu’on n’avait qu’une tente, quelques peaux et des pierres chauffées auprès du feu. Aerin s’en sortait plutôt bien, il devait l’admettre. Elle ne s’était pas encore plainte, pourtant ses mains délicates devaient porter plus d’ampoules qu’elle n’en avait jamais contracté durant tout le temps passé à la tour.

Harand était déjà venu ici par le passé. Il n’en avait pas gardé le souvenir – beaucoup de bois se ressemblaient, à Orlaïs – mais la mémoire lui était revenue lorsqu’il avait fait cette découverte au cours de sa promenade matinale. Soudain, les souvenirs de jours heureux avaient envahi son cœur. Des rires d’enfants, de longues histoires près du foyer, le visage de Nesiara tandis qu’elle lui contait comment Sylaise avait transmis le feu aux Elvhens d’autrefois. Il y avait dans ces bois quelque chose qu’Aerin devait voir, tant parce qu’elle était sa Première que parce que cela lui donnerait, peut-être, encore plus de force et de courage.
Il ralentit l’allure quand il arriva en vue des hautes voiles rouges repliées contre les mâts de hêtre. Le point de côté le lançait comme un coup de poignard et il était à bout de souffle. Ces sensations lui arrachèrent un sourire amusé. Quand avait-il couru pour la dernière fois ?
Quand les battements fous de son cœur reprirent un rythme presque normal, il pénétra dans le campement. Les Varalasan s’adonnaient déjà à leurs occupations du matin. Paiven avait distribué le petit-déjeuner – l’estomac d’Harand criait famine, mais il était trop impatient pour attendre. Tâchant de paraître aussi serein qu’à l’ordinaire, il s’avança vers le centre du camp et se dirigera vers Aerin. Les vêtements traditionnels lui allaient à merveille. Ainsi vêtue, elle ressemblait à une véritable dalatienne. L’absence de vallaslin sur son visage ne choquait même pas. Après tout, Paiven et Elorill ne portaient aucun tatouage, et ceux de Panoriel ne trouvaient pas leurs racines dans les croyances du clan. En apercevant sa Première, Harand sentit son cœur bondir. La sensation le fit s’arrêter plus tôt qu’il ne le prévoyait tout d’abord.

« Aneth ara, Aerin, dit-il d’une voix douce. Bien dormi ? »

Il ignorait si l’on pouvait bien dormir si près d’une ville shem, d’autant plus lorsqu’on était poursuivi par des templiers qui ne songeaient qu’à vous passer par le fil de leur épée. Lui-même peinait à trouver le sommeil près des bascloîtres. La seule idée que des Shemlens eussent pu les surprendre en pleine nuit le terrifiait toujours... Cette nuit encore, il avait cru entendre des hurlements et des combats. Ses rêves restaient peuplés d’une horreur qui le marquerait à tout jamais. Quant à Aerin, si proche de Montsimmard, elle devait craindre ce qui l’attendrait si des templiers venaient à découvrir le campement. Une journée, songea l’Archiviste. Ils ne resteraient là qu’une journée, pas plus. L’aube verrait les voiles rouges se gonfler dans le vent, et les aravels reprendraient la route du nord.
Harand connaissait néanmoins le moyen d’apaiser le cœur de sa Première si elle en ressentait le besoin, et au moins de la réconforter.

« Êtes-vous prête à m’accompagner pour une petite excursion ? s’enquit-il. J’aimerais vous montrer quelque chose. »

D’un geste de la main, il avait désigné les bois d’où il venait. Il peinait à dissimuler son excitation. C’était la première occasion qu’il trouvait pour enseigner quelque chose à sa Première, et pourtant, il ne lui proposait pas vraiment cette promenade dans ce but. Aerin aimerait ce qu’elle verrait, assurément. Mais, à cet instant, Harand voulait surtout voir toute tension déserter son visage et libérer ses épaules. Même pour quelques secondes seulement.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyLun 27 Avr 2015 - 21:06

Elle observait ses nouveaux compagnons assise près du feu, un sourire accroché aux lèvres. Elle s’était levée en même temps que les autres, ou peut-être un peu plus tard, mais Harand manquait déjà à l’appel. Il s’en allait souvent très tôt le matin, pour se retrouver seul avec ses réflexions, sans doute. Elle mordit dans sa tranche de pain l’air songeuse, tandis que Paiven s’agitait autour d’elle sans lui arracher la moindre réaction. Harand s’inquiétait à propos des Templiers et de la proximité du campement et de Montsimmard, alors la jeune mage devait être constamment accompagnée jusqu'à ce qu’ils repartent vers le Nord. Aerin avait plutôt bien pris la nouvelle, lorsqu'on lui avait dit que le clan devait s’arrêter à Val Firmin pour acheter des vivres, mais depuis qu’ils étaient sur place… elle ressentait un léger malaise. Elle ne s’était jamais rendue dans le village, mais elle avait foulé le sol de la forêt alentours et même si elle ne reconnaissait pas les lieux, le simple fait de savoir qu’elle était revenue suffisait à la rendre nerveuse. Non loin d’ici, il y avait cette Tour où elle avait vécu pendant treize ans et qui ne représentait plus qu’une menace aujourd'hui. Elle se demandait si elle était visible depuis un point en hauteur, mais elle n’irait pas satisfaire sa curiosité. « Tout va bien ? » l’interrogea Elorill, et elle lui sourit en hochant la tête. Aerin était distraite pour sûr, mais il était difficile de refouler les mauvais souvenirs et elle se souvenait très bien des quelques heures de stress qu’elle avait vécu ici, quelque part dans cette forêt. Le moindre bruissement la rendait nerveuse, de peur qu’un humain en armure n’apparaisse à l’orée du camp ; elle ne craignait pas tant les Templiers, avant.

Ils devaient avoir remarqué ses efforts pour ne pas montrer sa nervosité ou les embêter avec ses inquiétudes, parce qu'ils essayaient de la faire rire et de détourner son attention, alors elle souriait pour les rassurer. Tandis qu’elle se faisait du mordant pour leur Archiviste, qui était parti seul et qui ne revenait pas, Elorill prit place à ses côtés pour lui parler des hahls et des beaux paysages que leur offrait ce coin de forêt. La hahlière était douce et attachante, la plus facile d’approche et certainement la moins compliquée de tous. Avec Païven, c’était comme avoir trouvé son alter-ego au masculin et quant aux deux derniers Varalasan, elle était un peu plus sur la réserve. Elle avait l’impression d’être une enfant à côté d’eux, elle qui devait réapprendre à vivre, à effectuer des gestes si simples pour eux chaque jour, et pourtant si compliqués pour elle. Si ses mains avaient déjà connu brûlures et autres coupures bénignes en manipulant le matériel du laboratoire, elle n’avait jamais vraiment mis la main à la pâte comme maintenant. Elle ne comptait plus le nombre d’échardes qu’elle avait dû retirer manuellement, ou les cloques qui lui avaient arraché des grimaces, –sans compter sa maladresse qui ne l’épargnait pas non plus de ce côté-là, entre les chevilles foulées et les nerfs déplacés… Mais son nouveau quotidien lui paraissait bien plus palpitant que tous ses nombreux réveils au Cercle, où ses seules préoccupations du matin consistaient à relever ses mèches d’or en un chignon soigné et lisser le tissu de ses robes. Et où ses journées ne lui apportaient plus aucune surprise. Sa vie au Cercle avait fini par la lasser, ses nombreuses heures passées à la bibliothèque ne lui apportaient plus le même engouement et elle n’avait même aucun réel but à atteindre. Quel avenir lui était réservé ? Devenir une enchanteresse de rang, un mentor pour les jeunes apprentis ? Tout connaître sur la magie, l’exercer jusqu'à compter parmi les meilleurs et atteindre la perfection, si toutefois elle existait ? Et si elle aspirait à quelque chose de plus simple, comme avoir une vie normale ? Tomber amoureuse, avoir des enfants et les regarder grandir, les endormir avec une histoire et leur enseigner les bonnes valeurs… Et les élever comme la mère qu’elle aurait aimé avoir. Alors elle avait joué l'idiote naïve qui n’allait jamais au-delà du batifolage et qui préférait se plonger dans les livres plutôt que d’accepter les avances de ses comparses, pour éviter à son petit cœur de souffrir pour des sentiments qui, de toutes les façons, n'existaient quasiment pas au sein d'un Cercle.

Elorill fut finalement contrainte de quitter la jeune Première, perdue dans ses pensées, pour aller voir les hahls et Païven prit le relais. Elle se rendait bien compte de leur manœuvre, mais ils prenaient ça trop à cœur même si elle leur certifiait que tout allait bien et qu’elle ne disparaîtrait pas s’ils la quittaient des yeux un instant. Si les Templiers se montraient, c’était elle qui mettrait le clan en danger en forçant le conflit et elle s’en voudrait de les mettre dans pareille position. Revenir ici lui avait rappelé pourquoi elle avait pris tant de risques pour s’enfuir, ça lui rappelait qu’elle pouvait se montrer égoïste parfois et que tout choix avait ses conséquences. Mais ainsi entourée désormais, elle avait le sentiment d’être en sécurité même si d’un autre côté, elle ressentait toujours cette légère appréhension à cause de sa condition d’apostate. Et si près de Montsimmard…

« Aneth ara, Aerin. Bien dormi ? »

Il y eut un léger sursaut et ses yeux se tournèrent vers cette voix familière, quand était-il revenu ? Elle cligna des yeux plusieurs fois et après quelques secondes de silence, à se sentir particulièrement bête, elle accompagna sa réponse d’un sourire.  

« Aneth ara, Archiviste. Je vais bien, je n’ai pas plus mal dormi que d’habitude. »

C’était la vérité, elle avait le sommeil agité et se réveillait au moins une fois par nuit, mais cela ne voulait pas dire qu’elle dormait mal ou qu’elle n’était point reposée lorsqu'elle quittait sa tente chaque matin. Même s’ils étaient proches de Val Firmin, elle avait trouvé le repos et ce n’était qu’une fois réveillée que les pensées néfastes se manifestaient. Harand attira donc son attention ailleurs et il réussit à réveiller sa curiosité en lui proposant une promenade dans les bois, dans le but de lui montrer quelque chose. Qu’avait-il bien pu trouver durant sa petite escapade ? Elle se le demandait. Il avait trouvé le moyen de détourner son attention de manière plus permanente que les vaines tentatives de ses compagnons, et cette excursion lui ferait grand bien, surtout si Harand l’accompagnait. Elle était sa Première, passer du temps avec lui ne pouvait que réveiller l’élève qui était en elle et les Faiseurs savaient combien elle pouvait se montrer attentive et passionnée. Et s’il n’était question de ne lui montrer qu’une merveille de la nature et bien soit, elle apprécierait la balade quel que soit le motif.

« Je suis toujours prête ! J’ai besoin de me changer les idées, mais je me demande surtout ce qui vous rend de si bonne humeur. J’ai droit à un petit indice ? »

Elle ouvrit la marche en prenant la direction qu’il lui indiquait, comme si elle était pressée et elle l’était en effet, pressée de chasser ses pensées encombrantes et de s’attarder sur autre chose que la distance qui la séparait de ses tourments. Elle attendit tout de même que Harand lui emboîte le pas pour marcher à ses côtés et lorsqu'ils eurent quitté le camp, après quelques minutes de silence, la jolie blonde se confia.

« Vous étiez déjà parti quand j’ai quitté ma tente, et j’étais un peu inquiète. Ce doit être à cause du fait que nous soyons ici, mais en vous regardant, je remarque qu’il était inutile de s’inquiéter. C’est calme, c'est bien. »

Oui bon, à partir de maintenant elle n’y penserait plus. Elle sourit et se tapota gentiment les joues pour chasser ses inquiétudes, emmitouflée dans son manteau de fourrure, elle était bien.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyLun 27 Avr 2015 - 23:03

Curieuse, enjouée… Aerin manifestait toujours son intérêt avec une spontanéité désarmante. En réalité, elle ressemblait exactement à tout ce qu’Harand n’avait jamais été – et ce qu’il aurait voulu être, aussi. Enfant, il observait les jeunes de son clan, envieux de leur insouciance et de leur liberté. Il n’avait jamais osé se comporter avec tant d’abandon. Mais on ne pouvait refaire sa nature…
Il sourit lorsque sa Première passa devant lui, trop heureuse de quitter la protection rigide de ses nouveaux gardes du corps. Paiven lui adressa un regard inquisiteur, mais l’Archiviste secoua la tête. Ils n’avaient pas besoin d’escorte. La forêt était placée sous un auspice des plus glorieux, qu’il lui tardait de montrer à la jeune femme. Il lui emboîta le pas, priant pour qu’elle ne lui réclame pas une course entre les bois – son point de côté lui lacérait toujours le flanc, et il aspirait à avoir l’air aussi digne que possible.

« Je souhaite vous présenter quelqu’un, répondit-il. Est-ce un indice suffisant ? »

Il savait pertinemment qu’il avait un humour déplorable. Mihren lui disait toujours de ne pas essayer d’avoir l’air spirituel – elle disait ça avec un éclat dans le regard, l’un de ceux qui le faisaient de nouveau tomber amoureux d’elle, à chaque fois. D’ordinaire, il évitait donc les plaisanteries et les jeux de mots, les charades, les devinettes, les conversations distrayantes, tout ce qui le désavantageait, à l’inverse d’un Paiven qui excellait dans l’art de la répartie. Pourtant, ces derniers temps, il tentait de combler ses lacunes et de rattraper son retard. Avoir observé son ami citadin lui servirait peut-être à quelque chose, finalement. S’il ne brillait toujours pas par sa sociabilité, il faisait des efforts. Un exploit, pour lui.
Ils marchèrent quelques instants en silence. Harand reconnaissait chaque fourré, chaque arbre, et s’orientait sa peine dans la forêt. Autour du campement, la proximité de Val Firmin se remarquait vite. Le sol était plutôt égal et les arbres écartés, les hautes herbes ne trouvaient pas le loisir d’envahir l’espace. À mesure que l’on s’enfonçait dans le bois, cependant, les buissons devenaient plus nombreux et se resserraient. Il fallait parfois enjamber un tronc couché, ou sauter par-dessus le terrier d’un renard.
La voix d’Aerin rompit la quiétude du bois, mais sans heurt, comme si son timbre se mêlait au bruissement des feuilles, au ramage des oiseaux et au frémissement des fourrés plus avant. L’Archiviste préféra éviter son regard, mais un léger sourire flotta sur ses lèvres. Son inquiétude pour lui le touchait. Pourtant, elle n’avait pas à s’en faire. Il avait l’habitude de s’éloigner du camp, plus qu’elle ne pouvait l’imaginer. Les longues journées qu’il avait passées seul, quelques années auparavant, avaient renforcé son goût pour la solitude et le calme, et il savait comment éviter templiers, brigands et autres Shemlens mal intentionnés.

« Nous ne craignons rien ici. Je crois que nous nous sommes arrêtés au meilleur endroit, vu les circonstances. »

Il leva les yeux vers elle. Dans la lumière du matin, filtrant à travers les frondaisons, ses cheveux d’or étincelaient. Elle les avait ramenés sur sa nuque en un chignon d’où s’échappaient quelques mèches rebelles, dévoilant la naissance d’un cou blanc que la fourrure masquait fort à propos – ou fort peu. La première fois qu’il l’avait aperçue, Harand l’avait confondue avec un souvenir auquel elle ne ressemblait que bien peu, en réalité. Pourtant, l’étrange sensation qu’il éprouvait depuis leur rencontre refusait obstinément de le quitter ; pire encore, elle semblait creuser au fond de sa poitrine, comme pour le transpercer de part en part, et ce n’était pas douloureux, ni désagréable, juste… perturbant.
Il prit une profonde inspiration et détourna le regard. Archiviste. Première. Il devait garder ces mots à l’esprit. Le simple fait de devoir se marteler cette règle le troublait presque autant.
Les bois s’épaississaient encore à mesure qu’ils progressaient. Ils étaient presque arrivés. Autour des troncs gris, de longues lianes de lierre s’enroulaient en spirale, grimpaient jusqu’aux branches noueuses et laissaient retomber leur feuilles vers le sol. Ici, dans ces lieux inhospitaliers et sauvages, Harand se sentait chez lui, plus que n’importe où ailleurs. Il pouvait y venir seul sans crainte, sans rien redouter.
Il s’immobilisa soudain et posa la main sur le bras de sa Première.

« Nous y sommes », dit-il, la voix chargée de respect.

Il l’entraîna doucement vers un monticule couvert de ronces et de fougères. Au premier abord, on ne distinguait rien de particulier, et on aurait pu passer devant sans y prêter attention, mais l’Archiviste le contourna à pas lents.
De l’autre côté, l’endroit était ouvert et large ; le sol descendait en une légère déclivité qui menait dans une combe peu profonde. Harand aida Aerin à le rejoindre dans la cuvette couverte de feuilles mortes, puis il lui désigna le monticule qu’ils venaient de contourner. Là, au cœur d’un écrin de lierre et de racines, les vestiges d’une statue se dressaient encore, presque parfaitement préservés par le temps et la végétation. C’était un chat monumental, assis sur un piédestal de pierre, dont le doux regard contemplait l’espace à ses pieds. Là, des pierres disposées en rond semblaient attendre la lumière d’un feu ; on y distinguait encore des cendres que ni le vent, ni la neige, ni la pluie n’avaient recouvertes. Des Dalatiens avaient dû passer là au cours des dernières semaines et avaient honoré l’idole.

« Sylaise, gardienne du foyer, protectrice de tous les Elvhens, dit doucement l’Archiviste. Quelle meilleure gardienne pouvions-nous trouver ici que celle qui nous donna le feu ? »

Il s’inclina devant la statue, empli d’une déférence presque émue. Il s’était trouvé là, bien des années plus tôt. Les Varalasan avaient rendu hommage à la déesse, comme ce clan passé juste avant l’Archiviste et sa Première. Il revoyait les visages réjouis de ses proches, au cœur d’un printemps coloré, et se remémora des jeux, des histoires, des fêtes. Son regard se voila, mais son salut à Sylaise dissimulerait son expression, jusqu’à ce qu’il reprenne contenance.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyMer 29 Avr 2015 - 18:20

Il voulait lui présenter quelqu’un et elle se doutait bien qu’il ne s’agissait pas d’une personne au sens littéral du terme, mais ce simple indice lui donnait plus à réfléchir qu’elle ne l’aurait pensé. Sur le chemin, elle se demanda s’il s’agissait de créatures sauvages, ou bien d’un lieu sacré tels que les vestiges d’un temple ou autre lieu de culte. Et même si les questions lui brûlaient les lèvres, elle n’en posa pas une de plus en préférant ne pas gâcher la surprise, comme elle pouvait se montrer trop impatiente parfois. Il était agréable de marcher tranquillement en plein cœur de la forêt sans craindre d’être suivie, et de devoir ainsi presser le pas. Elle pouvait profiter du spectacle visuel et sonore, ainsi que de la chaleur à peine palpable du soleil en cette heure matinale. Bien que le sol fût toujours recouvert de givre et peint de blanc, et que l’air humide et frais fragilisait les pores de sa peau trop claire, elle avait tout de même relevé ses cheveux en un chignon improvisé, parce qu’elle pouvait de nouveau faire attention à ce genre de détails. Plus que par coquetterie, l’elfe le faisait par nécessité pratique, car il était fastidieux de toujours devoir repousser ses mèches en arrière lorsqu’elle effectuait ses tâches quotidiennes. Un frisson la parcourut, parce que son manteau ne couvrait pas l’étendue de sa nuque, mais le sourire qu’elle arborait donnait une idée sur son degré d’inquiétude à ce sujet, et visiblement c’était supportable.

Harand la rassurait sur la sécurité des lieux ou en tout cas, sur ce périmètre où ils avaient établi le camp et où ils s’aventuraient désormais. Elle ne devait pas s’inquiéter, parce que le jeune Archiviste avait emprunté ce même chemin au matin, et qu’il était seulement revenu chercher sa Première. Il était encore étrange pour elle de se qualifier ainsi, mais le fait que Paiven, Panoriel et Elorill ne soient pas non plus nés chez les Dalatiens, l’aidait plus facilement. Peu importait d’où ils venaient, Aerin avait toujours cherché à connaître ses origines et pas seulement au niveau de ses parents –ça, elle ne le saurait jamais. Au bas-cloître, même si les elfes faisaient de minimes efforts pour conserver leur culture elfique, ils en avaient grandement perdu et leur vie s’apparentait plus à celles des humains. Pourquoi avaient-ils été soumis à l’esclavage, autrefois ? Quel genre de peuple était les elfes, et comment vivaient-ils ? Tant de questions qui n’avaient trouvé de réponses que bien plus tard, et elle ne savait pas encore tout sur tout. Ni elfe ni humaine, elle n’avait toujours été qu’une mage, comme s'il s'agissait d'une race à part entière. Elle tourna les yeux vers lui, l’observant avec cette insistance indiscrète qui ne la gênait plus, parce qu’il avait toujours l’air concentré ou focalisé ailleurs. Et quand elle le regardait, elle se laissait happer par l'espoir qu'un jour elle devienne son égale et qu'elle puisse se dire "Dalatienne" sans le moindre doute.  
 
Finalement, la distance lui sembla plus courte que ce qu’elle s’était imaginée et quand bien même elle n’avait guère parlé, ses réflexions s’étaient chargées de l’occuper au point de sursauter un peu lorsqu’il lui toucha le bras. Ils étaient arrivés, et le regard de la jeune femme s’était attardé sur la main posée sur le cuir épais de son manteau. Cela avait été comme un effleurement et elle regretta presque que ce fût l’hiver… Elle releva bien vite les yeux sur les arbres entourés de lianes et sur le monticule de ronce que lui désignait Harand. Le coin était fort joli même en pareille saison et il lui tardait de voir les forêts au printemps, verdoyantes et fleuries. Elle suivit le jeune homme qui contournait le monticule, et saisit inconsciemment sa main quand il l’aida à le rejoindre en contrebas. Puis il la conduisit devant une statue de chat qui ornait les lieux à l’effigie d’une divinité elfique. Elle avait en partie deviné la chose, sans toutefois s’être attendue à pareille rencontre. Elle était honorée de faire la connaissance d’une telle personnalité et un sourire trop grand étira ses lèvres quand elle comprit l'indice d'Harand, et que ça la fit rire. Sylaise, gardienne du foyer et protectrice de leur peuple, elle s’inclina face à elle comme Harand le faisait. Après quelques instants de silence respectueux, elle tourna les yeux vers lui qui semblait distrait, comme happé par le temps, ailleurs qu'ici. Elle tendit ses doigts vers lui, vers son visage impassible et elle s’immobilisa à mi-chemin, soudain consciente de ce qu’elle s’apprêtait à faire, et laissant retomber sa main sans l’atteindre. Elle ne voulait pas le déconcentrer et elle ne parlait pas non plus, alors elle posa de nouveau les yeux sur la statue, puis sur les pierres posées en rond à ses pieds. Les Dalatiens devaient s’arrêter pour elle et allumer un feu en son honneur, et ainsi bénéficier de sa protection. Elle n’était pas encore très familière avec cela, mais c’était l’occasion d’apprendre.

« Quelle est son histoire, que dit la légende sur Sylaise ? »

Elle avait un peu attendu avant de briser le silence, mais le jeune homme paraissait troublé et peut-être repensait-il à son clan, les Varalasan aux côtés de qui il avait grandi et allumé des feux comme celui-ci.

« Harand, tout va bien ? »

Peut-être faisait-elle preuve d’indiscrétion ? Elle aurait dû rester silencieuse, et elle ne lui en voudrait pas d’éluder sa question. Elle laissait son regard se perdre sur l’idole et sur le cercle de pierres, puis sur les alentours. Dans le silence, elle rassembla quelques brindilles et autres feuilles mortes puis, sans savoir si elle faisait bien ou non, elle s’agenouilla devant le foyer et tendit sa main au-dessus, peu sûre d’elle. De ses doigts jaillirent des étincelles, qui après quelques tentatives, enflammèrent la végétation morte. Il se consumerait sans doute trop vite, mais elle pouvait bien laisser une trace de leur passage, à eux aussi… à moins que ce ne soit pas comme ça ?

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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyJeu 30 Avr 2015 - 13:31

Le givre avait disparu. C’était le printemps, joyeux et exubérant : des fleurs qui laissaient éclater leurs vives couleurs partout où portait le regard, des pépiements enchanteurs et, au loin, le chant d’une eau courant sur des pierres lisses et rondes. Les Varalasan avaient monté leur campement au sud de Val Firmin. Les bois étaient giboyeux et paisibles. Malgré la proximité de Montsimmard, les templiers gardaient leurs distances, octroyant aux Dalatiens le répit auquel ils aspiraient. Les tentes et les voiles des aravels mariaient leur rouge aux bleus, aux jaunes et aux mauves alentours. Les enfants couraient en riant, se prenaient les pieds dans les racines et tombaient au milieu de la boue et des feuilles mortes. Les plus anciens les regardaient faire, un léger sourire aux lèvres. Au pied du grand chat de pierre, Nesiara, l’Archiviste, enseignait à son apprenti les gestes et les mots qui honoreraient Sylaise.
Harand avait toujours eu un profond respect pour la déesse. Autrefois, quand son maître faisait naître les flammes du foyer au sein du camp, quand il l’entendait invoquer la bénédiction de la gardienne des Elvhens, il éprouvait à chaque fois un sentiment de foi absolue, comme si Sylaise revenait parmi son peuple pour étendre ses bras autour du clan. Naïf, le jeune Premier croyait qu’au sein du cercle de tentes et d’aravels, rien de fâcheux ne pouvait se produire. Il se pensait en sécurité, et son cœur se gonflait de dévotion pour celle qui veillait sur eux. Mais la confiance s’était tarie un jour. La vraie violence du monde lui avait ouvert les yeux : les Faiseurs ne se trouvaient pas sur Thédas. Les Elvhens étaient seuls, leurs ennemis bien plus puissants et vils qu’il ne l’imaginait, et personne, à part eux-mêmes, ne les protégeait.
Malgré tout, il continuait d’invoquer le nom de Sylaise quand il allumait le feu sur le camp. Vieille habitude, superstition ou désir d’y croire encore, il ne pouvait tout simplement pas se résoudre à ignorer tout ce qu’il avait toujours connu. Les Faiseurs ne reviendraient parmi eux que lorsque les Dalatiens auraient retrouvé les rites d’antan, lorsqu’ils seraient à nouveau les Elvhens d’avant Arlathann. Il devait perpétuer les traditions, renouer avec le passé. Et puis, après tout, ce n’était pas Sylaise qui avait manié l’épée alors, ni guidé les flèches décochées sur les siens…

Curieusement, ce ne fut pas le geste d’Aerin vers son visage, ni sa première question qui le tira de ses souvenirs, pas même la seconde, mais sa façon de l’interpeller. Harand. Depuis qu’elle avait rejoint le clan, la jeune femme avait pris l’habitude de l’appeler « Archiviste », comme les autres. Cette marque de déférence creusait un écart entre ses compagnons et lui – il en avait toujours été ainsi, et cela lui était familier. Entendre son prénom, en revanche, lui était peu coutumier. La surprise passée, il se rendit compte que ce simple mot, prononcé avec douceur, l’apaisait bien mieux que n’importe quel autre, et il finit par sourire.

« Oui, ça va. »

Il resta immobile et silencieux un instant, tandis qu’elle rassemblait du bois sec pour le poser aux pieds du grand chat de pierre. Voir sa Première honorer les Faiseurs, alors qu’elle avait passé presque toute sa vie au sein du Cercle, toucha Harand bien plus encore.
Il alla s’accroupir à côté d’elle et leva sa main devant les flammes. Leur chaleur lui arracha des frissons qui se répandirent dans tout son bras.

« Ma enansal vir, falon. Ma tu vir sulahn’nehn, sahlin la mahvir. »

Comme toujours, il lui semblait sentir l’air frémir au bout de ses doigts, et quelque chose, dans les bois alentour, paraissait soudain s’immobiliser. Harand ignorait si les Faiseurs entendaient ses prières, ou s’il s’agissait seulement d’un tour de son imagination.
Il tourna le regard vers Aerin. Il avait déjà vu Elorill et Paiven se prêter aux rites dalatiens comme s’ils avaient toujours fait partie d’eux, mais savoir que la jeune femme, sa Première, perpétuerait et enseignerait ces traditions lui réchauffait le cœur.

« Accorde-nous ta bénédiction, mon amie. Apporte-nous la joie, pour aujourd’hui et demain. Ce sont les mots que nous prononçons pour honorer Sylaise, lorsque nous allumons le feu. À chaque fois que nous montons un campement et que nous constituons le foyer, nous lui rendons hommage ; nous la saluons aussi lorsque nous éteignons les flammes au moment de partir. Sylaise était la sœur d’Andruil la Chasseresse. Elle donna le feu aux Elvhens, et nous montra comment filer la laine et le lin, comment en tisser des vêtements et des cordes. Elle nous apprit quelles herbes pouvaient guérir les maladies et soulager les maux, comment accueillir les naissances, et elle nous enseigna l’art de la guérison par la magie. Elle est aimée parmi notre peuple, car elle veille sur nous avec bonté. »

Les traits d’Aerin étaient délicats et fins. Il émanait d’elle, outre une joie de vivre qui fascinait Harand, une douceur qu’il retrouvait dans l’image qu’il se faisait de Sylaise. L’Archiviste leva la main ; ses doigts hésitèrent un instant, puis se posèrent sur le visage de la jeune femme. Lentement, il traça sur sa peau blanche des lignes imaginaires, des circonvolutions et des arabesques rondes et élégantes, rappelant les flammes de la Gardienne du Foyer ; il effleura son front, l’arête droite de son nez, ses tempes, s’égara sur ses hautes pommettes. Les vallaslin de Sylaise auraient encore magnifié ce visage.
Il retira sa main, sans geste brusque. Sans doute réprouverait-elle ce contact inattendu, mais il l’avait fait sans arrière-pensée.

« Je crois qu’elle vous ressemblerait, dit-il, rêveur. Vous êtes… »

Il laissa ses mots en suspens. Que souhaitait-il dire, exactement ? Il l’ignorait lui-même.

« Aviez-vous déjà entendu parler de Sylaise auparavant ? Au Cercle, y a-t-il des livres sur les Faiseurs, ou les ont-ils brûlés pour les remplacer par leurs histoires d’Andrasté et du Créateur ? »
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyJeu 30 Avr 2015 - 23:42

Elle avait levé les mains au-dessus des flammes pour les réchauffer, assise sur ses mollets et les genoux à terre, elle s’était mise à son aise. Harand l’avait rejoint près du feu et prononça quelques mots dans l’ancien langage. C’était une très belle langue et les seuls mots qu’elle connaissait avant, lorsqu’elle vivait au bas-cloître se limitaient à "shemlen" et "hahren". Aujourd'hui, elle pouvait saluer un étranger ou un ami et remercier, dans l'ancien langage. "Ma serannas", elle aimait à prononcer ces mots à haute voix de temps en temps, à l’abri des regards. Harand le parlait avec une facilité désarmante, il représentait tout ce qu’elle avait pu imaginer à propos des Dalatiens, et même plus. Il émanait de lui une aura qui forçait le respect, une grandeur devant laquelle elle ne se sentait que trop petite et l’écart entre eux était conséquent. Ses réserves lui donnait envie de le pousser un peu alors qu’elle ne devrait sûrement pas. Si elle était née dans un clan, peut-être aurait-on freiné sa vivacité et son audace, et peut-être aurait-elle su bien se tenir avec son Archiviste. Mais si le fait de ne pas avoir été élevée dans ce cadre lui donnait une excuse valable pour rester elle-même et agir avec maladresse, elle le ferait jusqu'à ce qu’on lui impose des limites. Harand ne semblait pas offensé et depuis leur rencontre, elle n’avait pas semblé l’ennuyer d’une quelconque manière, ou bien il ne le disait pas. Lorsqu'elle se laissait distraire par les histoires de Paiven et qu’elle s’intéressait aux pièges d’Admaël, qu’elle s’attardait trop souvent avec les hahls ou sur les coiffures de Panoriel ; devait-elle se montrer plus concentrée ? Elle avait toujours été ce bout d’elfe sociable qui préférait la compagnie à la solitude et elle remarquait l’inverse chez Harand, pas que ce fût un mal, car il passait tout de même du temps avec le clan, mais il était juste un peu plus solitaire et ce, sans doute parce qu’il s’était retrouvé seul après la décimation de sa famille. Un coup dans la poitrine, triste était-elle lorsqu'elle repensait à l’histoire de son ami. Un ami, pouvait-elle l'appeler ainsi ? Il était un mentor, un chef de clan, un Archiviste. L’appeler par son nom était-il un prétexte suffisant pour se sentir plus proche de lui ? Avait-il seulement fait la différence ?

Accorde-nous ta bénédiction, mon amie. Apporte-nous la joie, pour aujourd'hui et demain. Elle n’essayait pas de deviner quel mot correspondait à quoi, même si c’était un jeu qui lui aurait plu d’ordinaire, mais elle était plus intéressée par le récit de Sylaise, par les gestes qui l’honoraient et elle ne se reposerait plus auprès d’un feu sans avoir une pensée pour elle. Harand lui peignait son portrait en énonçant tout ce que Sylaise avait fait pour eux, et elle sourit lorsqu’elle entendit parler de guérison et de tout ce qui y avait attrait. Elle qui avait choisi cette voie et qui prônait la non-violence, elle avait envie de s’identifier à elle. Elle sourit à cette pensée bien qu’elle n’eut jamais vraiment cessée de sourire jusque-là et qu’un seul geste le lui avait fait disparaître, plus par déstabilisation qu’autre chose.
Le geste avait été délicat telle la caresse d’une plume sur sa peau, et elle s’était figée au contact de ses doigts comme si le fait de bouger aurait pu l’arrêter. Il traçait des lignes imaginaires sur son visage bien qu’elle n’en comprenait guère le sens, mais elle ne dit rien lorsqu’il s’égara sur son front, son nez, ses joues… et sans doute avaient-elles prises quelques couleurs. Ça tambourinait dans sa poitrine et elle ne saisissait pas bien pourquoi, un léger frisson la parcourut et elle gardait les yeux rivés sur les flammes. Un geste inattendu et surprenant, mais qu’elle ne trouvait ni désagréable ni malvenu. Et si elle s’en était trouvée muette et troublée, elle avait aussi apprécié ce doux contact rompu trop tôt. Elle humidifia ses lèvres et tourna légèrement la tête vers lui, sans toutefois le regarder quand il la compara à Sylaise. Comment pouvait-il dire des choses pareilles sans… sans… être gêné ? S’entendre dire qu’une divinité pourrait nous ressembler, ce n’était pas rien. Ou peut-être que ce n’était pas grand-chose et qu’elle pouvait bien affronter son regard, alors elle le fit, mais son cœur rata un battement lorsqu’elle vit son expression. Elle ne dura qu’un instant, il avait coupé sa phrase et repris contenance, lui posant déjà de nouvelles questions.

« Ah…euh… hm ? Je… non. »

Non, elle n’avait jamais entendu parler de Sylaise. Et non, il n’y avait pas plus eu de livres sur les Faiseurs au Cercle. Déstabilisée, ses lèvres s’ouvraient et se fermaient aussitôt, elle pouvait encore sentir les tracés sur son visage et ne lui en déplaise, la question lui brûlait les lèvres.

« Je crois que tout ce qui ne concerne pas la Chantrie, de près ou de loin, n’a pas sa place au Cercle. Nous honorons de faux Dieux, voyons… et les nains, qu’en sais-je ? Mais ils se trompent aussi, évidemment. »

Et finalement, elle n’avait rien dit. Elle avait plutôt donné son propre regard sur l’absence de cultes étrangers à l’intérieur du Cercle, en choisissant l’ironie, mais les humains devaient certainement penser comme ça. Elle avait toujours eu ce sentiment d’amertume lorsque ses recherches ne la menaient nulle part. Elle pouvait trouver des informations sur d’autres contrées, sur les coutumes humaines, mais rien qui ne satisfaisait ses attentes. Elle trouvait malgré tout son compte dans le fait d’apprendre, mais ses connaissances ne lui étaient pas très utiles aujourd’hui et en ce lieu. Au mieux, elle connaissait sa géographie et une grande étendue d’ingrédients utiles à la concoction de baumes et autres remèdes, et elle avait tout le temps de parfaire ses connaissances, mais pour le reste, il lui faudrait tout apprendre. Elle ne savait toujours pas comment honorer ses propres dieux, même leurs noms lui étaient étrangers et elle en avait appris quelques-uns, en écoutant ses compagnons parler. Andruil, déesse de la chasse et des animaux, par exemple… mais elle ignorait qu’elle était la sœur de Sylaise, avant que le jeune homme ne l’en informe.

« Donc non, je n’ai jamais entendu parler des Faiseurs, mais il me tarde d’y remédier. Je ne me suis jamais identifiée aux croyances humaines, surtout pas après avoir su de quelle façon les humains ont réduit notre peuple en esclavage. Ni après avoir vécu au bas-cloître sous leur mépris. Mais pour autant, je ne dirige pas toute ma colère sur eux… J’en ai apprécié certains. Je crois qu’en réalité, je n’aime pas les gens de la Chantrie. Moi-même je respecte ceux qui croient en leur Créateur, pourquoi ne fait-on pas de même avec nous ? A-t-on cherché à les convertir à nos croyances ? Mais je m’égare, pardon. »

Ça faisait du bien de pouvoir s’exprimer à haute voix, pour une fois. Elle avait toujours pris soin de garder cela pour elle, car faire étalage de son opinion aurait pu lui porter préjudice, et elle en bavait déjà assez avec ses divagations sur les Dalatiens. Après un instant de silence, la jeune femme revint sur un sujet des plus délicats, même si elle avait conscience de la gêne que ça pourrait occasionner, ou pas, mais c’était plus fort qu’elle. Au moins ne détournait-elle pas les yeux, cette fois.

« C’était comme si vous dessiniez quelque chose, tout à l’heure… comme si vous traciez les vallaslin qui honorent Sylaise, comme si vous décriviez leurs lignes… Et si je me trompe, alors… eh bien, oubliez. »

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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyVen 1 Mai 2015 - 17:28

Il l’avait embarrassée : ses joues avaient rosi, plus que si le froid seul avait été en cause. Harand baissa le regard vers le feu. En réalité, il ne se serait jamais permis une telle familiarité avec quiconque, pas même avec Paiven qui avait réclamé ses propres vallaslin. L’Archiviste aurait été bien incapable d’expliquer son geste. Peut-être se sentait-il simplement plus proche d’Aerin que de ses autres compagnons – elle était mage, après tout. Sur l’instant, il n’avait pas réfléchi à son geste. Sans doute aurait-il dû.
Elle ne lui en tint pas rigueur, cependant. Elle ne s’était pas écartée, ni n’avait frappé la main qui la touchait sans avertissement. Elle ne s’était pas relevée pour s’éloigner de lui. Soit elle était trop polie ou trop gênée pour répondre, soit elle acceptait cette marque de familiarité. Cette deuxième option le troublait. Cette sensation devenait bien trop habituelle, ces derniers temps.

« Vous avez sans doute raison, acquiesça-t-il, soulagé par ce détournement de conversation. Je présume que la Chantrie ne souhaite pas que les mages trouvent un réconfort dans d’autres croyances que celle du Créateur. Comment pourraient-ils supporter leur captivité si on leur proposait une autre vision du monde ? »

À son tour, il présenta ses mains devant le feu pour les réchauffer. Celles d’Aerin étaient minces et douces, à côté des siennes. Lui portait les stigmates d’une vie entière passée au grand air : légèrement hâlées, elles étaient striées de minuscules cicatrices, récentes ou non, laissées par des ronces, des branches, là une griffure de chat sauvage, là la marque laissée par un outil pour réparer un aravel. Jamais il n’aurait pu supporter de vivre au Cercle. Les murs d’une prison, aussi dorée fût-elle, l’auraient rendu fou. Il serait probablement devenu une abomination avant même d’avoir franchi les portes de la tour.
La jeune femme finit cependant par poser la question à laquelle il ne pouvait apporter de réponse. Le geste de l’Archiviste l’avait donc bel et bien troublée, et elle cherchait une explication légitime. Leurs regards se croisèrent. Harand soutint celui d’Aerin. Ses entrailles, elles, se replièrent sur elle-même. Cette sensation le ramenait bien des années en arrière, quand il était encore un enfant ignorant tout de la vie, et à d’autres années, moins anciennes, où sa réserve avait cédé face à un tourbillon emporté. Il connaissait cet état, et il en était terrifié. Pour autant, il fut incapable de détourner les yeux, incapable de cesser de la contempler, incapable de se relever – comme il aurait dû s’y résoudre – pour s’éloigner avant qu’une autre vague le submerge.

« C’était… des vallaslin, oui. Je pensais juste que… qu’ils vous iraient bien. »

Harand leva la main à nouveau, posa ses doigts sur le front de la jeune femme pour y tracer une flammèche imaginaire.

« Ceux de Sylaise représentent un feu, mais celui d’un foyer, non d’un brasier. Elle est celle qui garde le clan, celle qui protège les faibles, les enfants. Celle qui préfère la paix aux flèches, et le pardon à la vengeance. Je me disais… que ces marques vous rendraient encore… plus… »

Belle.
Le mot resta coincé dans sa gorge ; le contenir ne relevait ni d’un effort ni d’un souhait. Quatre années s’étaient écoulées depuis la destruction du clan. Quatre années, et il ne parvenait pas à mettre des mots sur les évènements qui l’avaient personnellement touché, même en pensée. La vengeance n’y avait rien changé, la solitude non plus. Le renouveau des Varalasan ne facilitait pas encore les choses : même Paiven, pourtant la personne dont Harand se sentait le plus proche sur le camp, ignorait jusqu’à l’existence de Mihren. Le secret n’était pas volontaire, ni même désiré, mais formuler à haute voix la perte de ce qu’il avait eu de plus cher revenait presque à les tuer une seconde fois. Son esprit retenait la vérité pour ne pas avoir à y faire face.
À présent, accroupi devant ce feu, près d’Aerin, l’abîme lui semblait infranchissable. Il la vouvoyait toujours, signe manifeste qu’elle était différente des autres à ses yeux. Quand un nouveau membre rejoignait le clan, d’ordinaire, il employait toujours le « tu », tant pour mieux l’intégrer que parce qu’il avait toujours entendu son maître tutoyer chaque Varalasan, autrefois, alors qu’on la traitait avec un respect et une déférence admirables. Mais avec Aerin, il n’y parvenait pas, et il priait pour ne jamais entendre le mot « hahren » dans sa bouche. Et malgré tout, captivé par sa beauté naturelle et son caractère solaire, dépasser ces barrières et lui accorder les compliments qui se bousculaient dans son esprit relevaient du défi.
Ses doigts posés sur la peau de son apprentie lui parurent soudain brûlants. Il les retira et se leva, peut-être un peu trop promptement, cette fois, et chassa d’une main distraite une tige de lierre enroulée autour de la patte du grand chat de pierre. Archiviste. Première. C’était une excuse plausible, après tout.

« Paiven aussi, les porterait à merveille, lança-t-il avec un sourire forcé. Il y pense, vous savez, à passer cette étape. Je crois que les vallaslin de Sylaise lui iraient très bien. »

Harand enfonça les mains dans les poches de son manteau de cuir et riva son regard dans celui, insondable, de la déesse qui le surplombait. Il était venu ici avec Aerin pour jouer son rôle d’Archiviste et lui enseigner les rites de leur peuple. Son incapacité à la traiter comme une apprentie le rendait pathétique. Contrairement à ce que Serani lui avait soutenu, il n’était pas prêt pour devenir chef de clan. Il devait s’astreindre à demeurer à sa place, non se perdre dans des rêveries incongrues.
Pourtant, au fond, quelque part derrière sa raison et sa peur, une minuscule voix l’invitait à oublier son rang et ses responsabilités. L’idée avait de quoi séduire. Il secoua légèrement la tête. Oui, sans le moindre doute, le pouvoir de distraction que la jeune femme exerçait sur lui l’effrayait.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyDim 3 Mai 2015 - 13:51

Harand avait hésité avant de lui dire qu'elle avait vu juste, et que les vallaslin de Sylaise lui iraient bien. Elle souriait et rit presque au contact de ses doigts, car elle avait été moins surprise la deuxième fois et que le geste lui paraissait plus amical. Il décrivait Sylaise de la plus douce des manières et elle voulait croire que ses traits lui ressemblaient un peu, que c’était peut-être pour ça qu’il imaginait ses vallaslin sur elle, mais que voulait-il dire avant de laisser sa phrase en suspens ? Même s'il n'était pas difficile de deviner ce non-dit, elle n’imaginait pas qu’il puisse lui faire ce genre de compliment. C’était troublant et en même temps, ça ne la dérangeait pas plus que ça ; peut-être parce qu’il baissait sa garde et qu’il se montrait moins distant – au sens littéral ? Et puis tout prit fin brutalement, il se redressa et le nom de Paiven franchit ses lèvres, comme si de rien n'était. L’illusion se brisa en une fraction de seconde, elle qui pensait vivre un moment privilégié avec lui, s’était fourvoyée. Prise de court, elle ne réagit pas de la meilleure des façons et aussitôt ses paroles prononcées, elle regretta d’y avoir mis si peu de sincérité.

« Oh. Oui, sûrement. »

Paiven était prêt et c’était quelque chose qu’il attendait depuis longtemps, bien sûr que les vallaslin lui iront à merveille, mais pourquoi n’arrivait-elle pas à sourire, alors ? Comme il était stupide de se contrarier pour si peu, et quand bien même elle appréciait Paiven, l’entendre dire que les vallaslin de Sylaise le siéraient parfaitement avait été… disons que ça l’avait refroidi. Elle porta ses doigts sur ses joues, puis son front avant de les laisser tomber sur ses cuisses, les yeux baissés dans leur direction. Elle ne savait pas vraiment ce qu’il venait de se passer, hormis le fait que son Archiviste venait de recreuser l’écart entre eux. Quelle prétention que d’avoir cru pouvoir se rapprocher de lui plus facilement, en devenant son apprentie, ou peut-être était-ce de la naïveté, mais devenir sa Première ne faisait que l’éloigner davantage et au fond elle comprenait. Elle comprenait, mais elle n’arrivait pas à le voir comme un simple maître ou mentor, car pour cela il aurait dû avoir vingt ans de plus et peut-être alors n'aurait-elle pas été si distraite. Bien que, ce genre de choses était imprévisible.. Elle pouvait bien admettre à présent que le jeune homme l'attirait, d'une façon ou d'une autre. Était-ce sa réserve, son mystère, sa sagesse ou encore le fait qu'il soit mage ? Était-ce le fait qu'il lui ait donné une chance, qu'il lui ait assuré la protection, une famille et un foyer ? Était-ce ce tout, qui indéniablement l'avait amené à éprouver plus que de la reconnaissance, ou bien cherchait-elle trop loin ? Peut-être qu'il n'y avait aucune explication plausible, elle ne savait même pas depuis quand ses sentiments avaient changé. Et peut-être l'avait-il remarqué ? Fichtre, elle espérait que non ! Cela étant dit, elle ferait mieux de taire ce sentiment nouveau sur lequel elle ne pouvait mettre de mots. C’était sûrement mieux ainsi.

Elle souriait, parce qu’elle était ravie de passer du temps avec lui et d’apprendre. Elle ne devait pas laisser son trouble entraver ce moment privilégié, malgré tout, car elle était sa Première. Elle se leva à son tour et s’attarda un peu sur le chat de pierre, puis elle tourna les yeux vers Harand pour l’observer quelques instants.

« Vous avez le don de me captiver lorsque vous parlez… Je veux dire, quand vous parlez de votre culture, notre culture, même si je dois tout apprendre. Je dois être un peu comme une enfant pour vous, non ? »

Elle rit, mais elle avait de nouveau été distraite. Il est vrai qu’elle appréciait l’écouter, il était le seul qui pouvait réellement lui enseigner les traditions de son peuple et lui conter les légendes du Panthéon, et il ne faisait pas les choses à moitié. Aujourd'hui par exemple, il l’avait amené jusqu'à cet endroit pour lui parler de Sylaise et indéniablement, il avait capté toute son attention. Elle avait toujours été une bonne apprentie et même si elle avait plus l’impression d’apprendre aux côtés d’un compagnon, elle ne devait pas oublier le rang du jeune homme. Elle n’avait jamais vécu au sein d’un clan Dalatien, n’avait jamais vu de relation entre un Archiviste et son Premier, mais elle pouvait facilement le deviner. Normalement plus âgés, ils étaient un peu comme les hahren des bas-cloîtres et inspiraient sagesse et respect.  

« Comment étiez-vous avec votre Archiviste, autrefois ? Si ce n'est pas trop difficile pour vous d'en parler... je me demandais quel genre d'enfant vous étiez. Calme, attentif, sérieux ? Avez-vous toujours été ainsi ? »

On pouvait déceler un brin de taquinerie dans sa dernière question, mais elle avait du mal à l'imaginer autrement. Peut-être que oui et que les épreuves l'avaient changées, mais au fond, on gardait tout de même son caractère. Elle ne savait pas si elle pouvait se permettre ce genre de questions personnelles, mais elle avait très envie de connaître la personne derrière le rang. Elle ne serait pas offensée s'il éludait la question, pas même déçue, car elle pouvait comprendre ses sentiments à ce sujet. Mais il ne devait pas tirer une croix sur les souvenirs heureux, même si ça ne lui était jamais venu à l'esprit qu'il ait pu perdre plus que des frères et sœurs. Elle ne savait que peu de choses sur lui, mais ce devait être le cas de tout le monde.

« Je n'ai pas envie de rentrer, on pourrait continuer notre promenade, voir ce qu'il y a plus loin ? Si vous êtes d'accord. »

Elle recula de quelques pas et se tourna vers la pente, priant pour ne pas glisser lorsqu'elle entama la remontée.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyLun 4 Mai 2015 - 0:18

Ses paroles l’avaient blessée. Harand baissa le regard vers Aerin, mais la jeune femme conservait les yeux rivés devant elle. En quelques mots, il avait réussi à creuser un nouveau fossé entre eux. L’Archiviste s’en réjouissait. L’homme, lui, sentit une pierre tomber au fond de son estomac. Si douce d’ordinaire, la voix de sa Première était devenue presque cassante, porteuse d’une déception qu’il perçut aussitôt. L’illusion d’intimité et de quiétude s’était dissipée d’un claquement de doigts. Il l’avait cherché, et il le regrettait. Durant un instant, il se demanda de quelle manière rattraper son erreur. Sans doute une parole plus douce, plus personnelle aurait-elle été bienvenue, mais il n’avait jamais été doué pour ça, et il ne devait pas, car elle était son élève, et lui le maître.
Malgré cela, pourtant, un étrange sentiment d’excitation le saisit. Outre la déception, la colère animait aussi la voix soudain si froide d’Aerin. Harand serra les lèvres, sans cesser d’observer l’Elvhen qui refusait obstinément de lever les yeux vers lui. Ce qu’il percevait dans sa voix était-il le fruit de son imagination, ou éprouvait-elle bel et bien de la frustration ? Si tel était le cas, pourquoi ? Avait-elle espéré quelque chose – une chose sur laquelle il n’osait pas mettre un nom ? Et alors…
Aerin se leva à son tour, et cette fois, elle osa le dévisager un instant. Il aurait voulu présenter ses excuses, dire à quel point il n’avait pas voulu rompre l’instant qu’ils partageaient un peu plus tôt – ce qui était vrai et faux à la fois – et ramener un peu de chaleur sur ce visage si harmonieux. Et elle sourit, étonnamment, et Harand sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Plus encore lorsqu’elle parla. Captiver, disait-elle. Par les Faiseurs ! Il l’était au moins tout autant qu’elle, et incapable de le lui montrer. Mais sa question le ramena à d’autres considérations, plus prosaïques, et il resta silencieux un instant. Était-ce ainsi qu’elle se voyait dans son regard ? Une enfant ? Harand eut un vague sourire, mi-amusé, mi-attristé.

« Non, je ne vous vois pas comme une enfant, répondit-il enfin. Vous avez beaucoup à apprendre, mais j’aimerais vous voir telle que vous êtes. »

Quand elle se trouvait au camp, près des autres, elle souriait, riait, plaisantait. Vivait. Il l’observait à la dérobée ; parfois leurs regards se croisaient, et il percevait la lueur joyeuse qui pétillait dans les yeux de la jeune femme. Près de lui, elle était si calme, si sérieuse. S’efforçait-elle de paraître plus posée ou s’agissait-il de sa véritable personnalité ? Il aurait aimé le savoir. Il aurait aimé qu’elle se comporte de façon moins formelle, mais c’était ainsi que l’on s’adressait à l’Archiviste. En définitive, la limite qu’il s’imposait finissait par déteindre sur ses compagnons. Tout était peut-être simplement de sa faute.
Aerin s’interrogeait sur lui, cependant, et sa question lui arracha un nouveau sourire – plus vrai, cette fois-ci. Harand se gratta la tête, embarrassé.

« J’ai toujours été… réfléchi. Avant que mes pouvoirs ne se manifestent, j’étais peut-être plus puéril, mais… je n’ai jamais été très exubérant. »

Se couper des autres avait été d’autant plus facile qu’il était d’un naturel réservé. Quand ses camarades de jeu s’étaient éloignés en raison de son nouveau rang, il l’avait compris et avait toléré la solitude, sans jamais l’accepter tout à fait. Il avait longtemps espéré qu’un autre manifesterait des prédispositions pour la magie. Que se serait-il passé, alors ? Son existence aurait-elle été différente ? Aurait-il trouvé un ami, quelqu’un avec qui partager ce qui constituait désormais sa vie, ou aurait-il vécu de la même façon, calme, sage et solitaire ? Mais il n’y avait jamais eu de Second. Harand était demeuré seul jusqu’à la fin, et à présent qu’Aerin se trouvait là, près de lui, il comprenait à quel point cela lui avait manqué.
Il acquiesça à la proposition de la jeune femme, trop heureux de pouvoir demeurer encore un peu  avec elle. C’était l’endroit rêvé pour montrer d’autres facettes de lui-même. S’il désirait voir son vrai visage, partager avec elle ce qu’il rêvait de connaître depuis tant d’années, il devait accepter de se dévoiler plus.
Il gravit le rebord du fossé à sa suite, sans savoir où ils se rendraient après cela. Si la statue de Sylaise lui était revenue en mémoire, le reste demeurait flou, et il n’avait fait aucune autre découverte au cours de sa promenade matinale. Il frotta ses mains l’une contre l’autre. La chaleur du feu lui manquait déjà ; derrière eux, le foyer allumé en l’honneur de la déesse ne tarderait pas à s’éteindre, faute de bois. Harand inspira longuement.

« Vous devez être heureuse de pouvoir désormais aller et venir à votre guise. Toutes ces années ont dû être très éprouvantes... »

Il s’interrompit un instant. Les mots qu’il souhaitait prononcer semblaient plus chaleureux dans son esprit. Comme toujours, sa retenue l’empêchait d’agir à sa guise. Archiviste. Première. En réalité, ces idées n’avaient aucun sens, ni aucune valeur comparée à Aerin. Il avait toujours regretté la froide distance que lui imposait Nesiara, et à présent, il envisageait de faire de même avec sa propre apprentie ? Non. De toute façon, il était déjà trop tard. Il avait franchi cette distance à l’instant même où ses doigts s’étaient refermés sur son poignet, quelque part au sud de Val Forêt.

« Je me réjouis d’avoir pu vous convaincre de rejoindre le clan, et de pouvoir être à vos côtés, et... de partager ces moments avec vous. Mais j’aimerais vous demander de m’accorder une faveur, si vous le voulez bien. Je sais que je ne suis ni drôle, ni très loquace. Néanmoins, je souhaite que vous restiez vous-même avec moi. » Il hésita un court instant, conscient de l’incongruité de sa demande. « Pensez-vous pouvoir me considérer non comme un maître, mais comme... un ami ? »
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyMar 5 Mai 2015 - 19:36

Elle acquiesçait à mesure que Harand lui répondait, soulagée de ne pas être vue comme une enfant – bien qu’elle avait peu de doutes, et qu’elle cherchait peut-être à se rassurer ? Elle posa une main devant ses lèvres pour ne pas rire lorsqu’il parla de lui, enfant, et sur le fait qu’il n’avait jamais été très exubérant. Si elle se retenait de rire, c’est parce qu’elle avait sans doute été du genre exubérante, avant et après être entrée au Cercle et ce n’était que quelques années plus tard, passé la quinzaine, qu’elle avait changé. Malgré tout, elle appréciait toujours autant l’humour et les taquineries, tant que ça restait correct. Elle n’était qu’à peine différente avec son Archiviste, un peu plus calme, mais elle n’était pas plus timide avec lui que les autres. Il y avait juste certaines choses qu’elle n’osait pas faire, mais rien qui ne changerait sa façon d’être.

« Oui, mais je me sens si petite depuis que j’aie tant d’espace ! »

Elle sourit, s’éloigna pour écarter les bras et tourner une fois sur elle-même, comme elle l’avait déjà fait auparavant. Elle était effectivement heureuse de pouvoir marcher ici sans devoir se presser, ou craindre d’avoir été suivie. Elle n’était pas non plus à l’abri du danger et elle restait prudente, mais elle pouvait dormir sur ses deux oreilles maintenant. Puis la conversation prit un autre tournant. Comme lorsqu’il avait effleuré son visage, elle s’était figée pour l’écouter jusqu’au bout. Il le lui avait prouvé jusque-là, sans doute, mais de l’entendre avouer le fond de ses pensées, à son sujet, remettait tout en cause. Il lui demandait de le voir comme un ami ? C’était un dilemme auquel elle se confrontait depuis des jours, ne sachant pas ce qu’il convenait de faire ou non avec lui, comme l’appeler par son nom.. Elle avait simplement suivi le mouvement, pour ne pas faire d’erreur. Et tandis qu’elle venait de se dire que cette relation lui irait quand même et qu’avec le temps, elle trouverait peut-être le courage d’oser faire plus, elle devait de nouveau changer de direction. Elle regarda Harand avec une étincelle nouvelle dans les yeux, de celle qui illuminait son regard lorsque ses doutes se dissipaient et que son cœur battait plus vite. Elle rit doucement, parce qu’elle avait réellement été surprise.

« Vous êtes indéchiffrable, vous le savez ? On ne sait jamais à quoi vous pensez, mais si j’avais su plus tôt... Je suis contente que vous me demandiez ça, parce que je crois pouvoir le faire sans trop de problèmes. »

Elle réfléchit un instant et après hésitation, elle franchit d’un pas la distance qui la séparait de lui. Vive et brusque, elle avait fait en sorte que son geste soit le plus amical possible, comme si elle se retenait depuis le premier jour. Elle entoura le jeune homme de ses petits bras, mais ne l’avait point serré ni réellement posé ses mains dans son dos, car elle voulait y mettre le plus de détachement possible. En quoi une étreinte était détachée, me direz-vous ? Elle ne le retint que quelques secondes à peine avant de s’écarter, toujours aussi souriante. Elle aurait pu l’approcher avec douceur et caler une jambe entre les siennes, plonger ses mains sous son manteau plutôt qu’au-dessus et serrer entre ses doigts un morceau de sa tunique. Elle aurait pu poser son visage contre son épaule ou plus en dessous, comme elle était plus petite, et profiter d’un certain temps ainsi. Mais elle ne l’avait pas fait, heureusement, même si elle s’était laissée portée par l’idée. Ce qu’elle avait fait relevait plus de l’accolade que d’une étreinte, mais elle voulait appuyer ses paroles et sans doute le taquiner un peu, ne sachant pas s’il était habitué à ce genre de choses et puis, tout simplement parce qu’elle en avait eu envie.

« C’est ce que je fais à mes amis, de temps en temps et si vous n’appréciez pas, j’essaierai de ne pas le faire trop souvent. »

Elle fit quelque chose comme lui tirer la langue et puis elle partit devant. C’était impressionnant comme un simple mot avait pu tout changer. Son cœur s’était allégé et elle ne se posait plus autant de questions, maintenant qu’elle en savait un peu plus. Il l’appréciait et il voulait la voir telle qu’elle était, ses mots lui avaient réchauffé le cœur, une chaleur qui avait dû lui monter aux joues encore une fois, comme elle semblait rougir facilement. Elle allait donc profiter de cela pour cacher cet autre sentiment qui la poussait toujours plus vers lui, mais qu’elle maquillerait en affection amicale. Que s’était-elle imposée déjà ? De taire la raison qui accélérait les battements de son cœur et qui l’amenait à réfléchir jusqu’à ce que sa tête lui tourne ? Elle n’avait jamais eu l’intention de le faire, elle qui continuait à lui sourire et à lui faire part de sa fascination pour son peuple, et ses récits… Il lui avait juste demandé de le voir comme un ami et c’était comme si elle avait gagné un prix. Qu’est-ce que ce serait si on lui annonçait que les Templiers l’avaient effacée de leurs listes noires ? Elle embrasserait tout le clan, à tout le moins !

« Ce n’est pas grave si vous n’êtes pas drôle, vous l’êtes un peu quand même, mais dites-vous que vous avez d’autres qualités. »

Elle marchait sans faire grandement attention au chemin qu’elle empruntait et pour tout dire, elle ne savait plus dans quelle direction se trouvait le camp. Du moins, pas sans retourner à l’endroit où était la statue de Sylaise. Elle apprendrait à se repérer peut-être, avec le temps, mais elle retrouverait plus facilement son chemin dans un labyrinthe. Un bruit provenant des buissons la surprit, mais sa prudence l’emporta sur sa curiosité et elle détourna les yeux. Sûrement un animal.

« Une autre histoire ? J’ai entendu parler de la magie elfique, de celle que l’on n’apprend pas au Cercle parce qu’elle doit avoir un lien avec la nature, non ? Il y avait des rumeurs comme quoi il existerait des mages capables de se changer en animal… est-ce vrai ? »

La magie était un sujet qui la fascinait au moins autant que l’histoire des elfes, et il n’y avait qu’avec Harand qu’elle pouvait en palabrer pendant des heures. Enfin, façon de parler.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyMar 5 Mai 2015 - 22:33

Harand s’était arrêté pour la regarder, si gracieuse et lumineuse, tourner au cœur de la forêt. Son manteau de fourrure avait tournoyé avec elle dans une ronde qui n’avait de puéril que l’aspect, car il ne voyait décidément pas du tout une petite fille en l’observant. Personne, en tout cas, qu’il appellerait un jour « da’len ». Celle qui se tenait devant lui était une femme, espiègle, douce et – il l’espérait – heureuse. De nouveau, le sourire était venu éclairer son beau visage. Sa propre fascination surprenait Harand. Il avait assisté à la renaissance d’Elorill sans jamais éprouver ce curieux sentiment qui lui broyait les entrailles ; Panoriel, pourtant indéniablement ravissante et sûre d’elle, n’avait jamais réussi à le troubler ainsi. Il suffisait d’un regard, d’un geste, et Aerin occultait tout le reste, aussi sûrement que le soleil effaçait les étoiles.
Il avait conscience que ses brusques changements d’attitude pouvaient perturber, et ne fut guère surpris lorsque sa Première lui en fit la remarque. Pour autant, elle ne paraissait pas lui en tenir rigueur. Harand sentit un poids quitter ses épaules quand elle se dit contente. Un sourire fleurit sur les lèvres de l’Archiviste et son cœur bondit dans sa poitrine. Elle ne lui vouerait pas le respect embarrassant auquel les chefs de clan avaient droit, ces marques de déférence qui les isolaient et dont il aurait parfois aimé s’affranchir. Elle lui accordait à présent un regard bien différent ; une lueur étincela dans ses yeux clairs, et le jeune homme, déjà captivé, se laissa happer une nouvelle fois.

Et soudain elle s’approcha. D’un pas, Aerin revint devant lui, aussi gracieuse qu’à l’ordinaire, peut-être plus encore – ou peut-être était-ce simplement lui qui la vit ainsi. L’esprit d’Harand cessa de fonctionner à la seconde où elle ouvrit les bras pour l’enlacer. Les battements de son cœur lui parurent s’arrêter et le temps se suspendit ; il resta immobile, raide et silencieux, incapable de se décider sur ce qu’il convenait de faire. Sa raison aurait dû lui intimer de s’écarter, mais elle se tut. De la jeune femme émanait le parfum délicat des fleurs qu’Elorill avait glissées la veille dans ses cheveux, des primevères tout juste écloses, signe du prochain retour du printemps. Il inclina la tête, juste assez pour respirer cette fragrance, mais sa Première s’éloigna aussi soudainement qu’elle s’était approchée. L’embrassade avait duré moins de quelques secondes. Elle l’avait à peine étreint, en réalité, mais ce geste si simple avait suffi à ranimer en lui tout ce qu’il pensait perdu. « On ne perd vraiment que ce que l’on abandonne », avait un jour prophétisé son maître. Comme cela lui semblait juste, aujourd’hui !
Incapable de répondre à ses paroles, les yeux rivés sur le visage radieux d’Aerin, Harand se contenta de hocher la tête. Sans doute aurait-il dû réagir, dire quelque chose, la rattraper et la serrer comme il l’imaginait tout à coup, mais il demeura silencieux et droit, un nœud dans la gorge. Elle s’éloigna de lui comme si de rien n’était, et peu à peu ses sens retrouvèrent leur état normal et son corps accepta de bouger à sa commande. Il aurait dû repousser Aerin et cesser là cette promenade, lui intimer de ne jamais recommencer. Pour la première fois depuis bien longtemps, ses sentiments l’emportèrent sur sa raison. Une chaleur réconfortante l’avait envahi ; il accueillit cette sensation sans chercher à la rejeter, portant un regard plus doux sur la jeune femme devant lui.
Il finit par lui emboîter le pas, et il trouva le sien soudain léger et enjoué. Un sourire s’attardait sur ses lèvres et son cœur cognait contre ses côtes. Il  se sentait étonnamment bien, comme il ne l’avait plus été depuis longtemps. Aerin s’éloignait du campement. Peut-être l’ignorait-elle, mais elle avait dit vouloir marcher encore un peu avec lui et, à présent, Harand n’éprouvait plus du tout l’envie de rentrer au camp.

« Il y a beaucoup de sortes de magie, répondit-il, retrouvant enfin sa voix. Cependant, celle qui permet de changer de forme est rare et peu usitée sur ces terres. On dit qu’il existe des mages capables de… »

Un bruissement dans les fourrés alentour l’interrompit. Sur ses gardes, Harand dressa l’oreille. Nombre de bêtes évoluaient dans les bois, mais elles ne s’approchaient pas des Dalatiens d’ordinaire. Elles fuyaient bien avant, ou demeuraient immobiles dans l’espoir de passer inaperçues. L’Archiviste avait appris à se méfier des sons curieux. Son instinct lui rappelait les longs voyages solitaires, les haltes dans les bosquets pour se reposer, et les rencontres malvenues avec des chasseurs shems ou des brigands de passage.
Le bruit se répéta – un nouveau bruissement devant eux, non dans un buisson, comme il l’avait cru tout d’abord, mais entre les arbres qui ici entrelaçaient étroitement leurs branches. Harand saisit la main d’Aerin pour la ramener derrière lui. Sa main gauche, elle, plongea dans son dos pour attraper son bâton.
La créature sortit des bois presque au même instant. Une peau grise et parcheminée se tendait sur ses os saillants, visibles entre les pièces d’une vieille armure dont l’Archiviste reconnut les enluminures. Le corps sans vie avançait vers eux ; ses orbites vides et noires paraissaient les chercher. Il traînait une jambe raide sur le côté. Elle l’obligeait à marcher lentement et lui donnait une étrange démarche, celle d’un pantin désarticulé dont le buste tout entier penchait sur sa gauche pour équilibrer son déplacement. Un mort-vivant.
Harand ne lâcha pas la main d’Aerin. D’un mouvement de son bâton, il puisa dans les forces de l’Après pour étendre sur eux une protection. La chose inclina la tête comme si elle avait senti le flux de magie dans l’air ambiant. L’Archiviste déglutit. Elle portait une épée au côté, et ses doigts s’étaient déjà refermés sur la poignée à garde ouvragée, splendide œuvre d’un forgeron elvhen. Harand leva son bâton devant lui. Quel idiot il avait été, pour s’éloigner autant du campement !
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptySam 9 Mai 2015 - 13:15

Elle pouvait enfin mettre des mots sur sa relation avec Harand, qui depuis le premier jour avait été confuse. Il avait mis les choses au clair en la réconfortant dans ses pensées, en lui certifiant qu’ils pouvaient être amis même si ses sentiments dépassaient ce stade. Quand il était tout près, elle était d’une part excitée à l’idée d’apprendre beaucoup de lui, mais elle était aussi heureuse au point de sourire sans arrêt et de l’observer des minutes entières sans s’en rendre compte. Quand il lui souriait ou qu’il la prenait par surprise, comme en traçant ces lignes sur son visage un peu plus tôt, elle pouvait sentir son cœur battre contre sa poitrine. Elle était souvent troublée ou gênée en présence des séducteurs trop directs, parce qu’au fond elle était une romantique sans grande expérience, alors certains sujets la faisaient facilement rougir. Et Harand, lui, arrivait à la déstabiliser avec un rien, par ses mots et ses gestes pourtant anodins. Elle n’avait pas envie de repousser cette sensation agréable et nouvelle, parce qu’il était beau garçon, mais qu’elle pouvait en dire autant de Paiven et d’Admaël, qui dégageaient un charisme différent. Ils n’étaient pas les premiers hommes qu’elle trouvait charmant, mais jusqu’à lors, elle n’avait jamais ouvert son cœur à quiconque et s’enfuir du Cercle ne l’avait pas seulement libérée physiquement… Elle posa son regard sur les arbres alentours, puis sur Harand lorsqu’il entreprit de lui répondre. Il y a avait des magies qui restaient un mystère pour elle, certaines qu’elle aurait aimé apprendre et d’autres pas. Elle était toute ouïe, suspendu à ses lèvres comme il s’apprêtait à lui parler d’une autre rumeur lorsqu’il s’arrêta.
Aerin s’arrêta avec lui sans comprendre. Elle avait failli intervenir, mais le regard de son ami avait changé et il avait l’air bien plus tendu, soudainement. Elle avait entendu un bruit, à nouveau et elle comprit que ce n’était pas normal. Même en tendant l’oreille, elle n’aurait su dire de quoi il s’agissait. Il aurait très bien pu s’agir d’un animal inoffensif, comme d’un prédateur ou pire, un homme. Harand avait passé sa vie dans la forêt, à écouter la nature et ses dangers, et elle ne pouvait que lui faire confiance sur ce coup. Il lui saisit la main et elle se laissa porter en arrière sans rechigner. Il avait réussi à l’effrayer à un point inimaginable, car elle craignait à présent que de grands hommes en armure ne dépassent les buissons – même si elle n’entendait aucun son métallique, ni pas lourds qui auraient facilement trahi un Templier –. Elle en avait assez de les craindre ainsi, mais ça ne la quitterait pas de sitôt et peut-être même jamais. Un loup affamé pouvait tout aussi bien prendre sa vie, ou un chasseur qui n’aimerait pas beaucoup les elfes, mais elle pourrait toujours avoir une chance de s’en sortir. Face à des Templiers, elle serait complètement impuissante. Et Harand ne pourrait pas y faire grand-chose non plus, quand bien même il la défendrait corps et âme. Elle eut soudain envie de courir, de fuir dans la direction opposée, mais la silhouette était apparue en un instant, elle avait tout juste eu le temps de refermer sa main libre sur le poignet d’Harand et de tirer légèrement dessus.

« Non, c’est impossible… »

Elle marmonnait en observant la silhouette de ce qui avait dû être un homme autrefois, ou un elfe… difficile à dire. Ce dont elle pouvait être certaine, c’était que l’individu qui s’avançait vers eux n’avait plus une once de vie en lui, sa peau grisâtre tenait à peine sur ses os et ses orbites vides… son aspect lui donnait des haut-le-cœur et cette façon qu’il avait de se déplacer… quelle horreur. Harand s’était emparé de son bâton et les avait tout deux entourés d’une barrière protectrice, Aerin serra sa main un peu plus fort, ainsi que celle qui entourait son poignet tandis qu’elle se rapprochait de lui. Elle pouvait voir la créature déambuler par-dessus l’épaule du brun, comme elle se cachait à moitié derrière lui. Elle n’avait pas un très bon souvenir de la dernière fois où elle avait croisé ce genre de… chose, et si elle avait bonne mémoire, elle n’en avait affronté aucune. Elle les pensait bien à l’abri dans ces ruines au nord de Val Firmin, bien plus au nord. Se pourrait-il que… ? Bon sang, ce serait affreux ! Mais elle n’y pensait pas tellement, car elle avait surtout envie de courir maintenant. Son regard allait de droite à gauche comme s’il pouvait en sortir d’autres, s’étaient-ils trop éloignés du camp ? Certainement, et c’était un peu de sa faute.
Elle ne disait rien, parce qu’elle ne savait absolument pas comment venir à bout de cet ennemi, s’il était toutefois possible de tuer un mort à nouveau. Elle en avait vu se relever et bouger malgré un membre en moins, et rien ne disait qu’il ne continuerait pas à remuer les bras sans sa tête. Grinçante, la créature brandit sa lame qui, malgré avoir subi les dégâts du temps, semblait toujours tranchante. Mais elle n’avait pas très envie de le vérifier, dans tous les cas. Ses yeux se focalisaient sur le mort dont l’odeur putride finit par lui piquer le nez, et elle crut entendre de nouveaux bruits.

« Nous devrions partir, comment pourrait-on venir à bout d’un mort ? »

Elle tira de nouveau sur le poignet d’Harand en reculant d’un pas, observant le guerrier-squelette qui avançait toujours, épée en main. Sa mâchoire s’ouvrait et se fermait comme s’il essayait de parler, bien que ce soit impossible, et ses deux trous béants la fixaient comme s’ils pouvaient sentir sa peur. Un regard à lui glacer le sang, littéralement, et elle détourna les yeux. Elle s’écarta du jeune Archiviste pour faire quelques pas de côté, et ainsi lâcher son bras. Elle n’avait pas de bâton pour amplifier ses sorts, mais ce n’était pas si important, car elle pouvait se rendre utile malgré tout. Elle s’agenouilla et posa ses deux mains à terre, l’environnement était à son avantage et finalement, la nature l’aidait plus que n’importe quel sort de soutien. Le sol humide se cristallisa sous les pieds de la créature avant de les emprisonner, petit à petit, dans une étreinte de glace. Elle ne voulait pas le combattre, juste partir, alors elle se redressa et prit la main d’Harand.

« S’il y en a d’autres qui rôdent… je ne veux pas être ici quand ils arriveront ! »

Il y en avait eu beaucoup dans les ruines, alors peut-être étaient-ils nombreux en liberté, aussi. Ce n’était pas normal, quelque chose se tramait par ici et comme lorsqu’elle s’était trouvée dans les ruines, elle pouvait le sentir dans l’air. L’atmosphère était plus pesante, morne ou alors ce n’était qu’à cause de cette créature, mais le silence qui régnait aux alentours était tout aussi significatif. Ça sentait la mort et ça ne la rendait que plus nerveuse encore. Son sort ne tiendrait pas longtemps et elle pouvait déjà entendre d’autres bruits plus loin, à moins que ce ne soit sa peur qui lui joue des tours.

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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptySam 9 Mai 2015 - 15:44

Les doigts d’Aerin, refermés sur son poignet, lui apportaient bien plus de courage que sa propre envie de vivre. Il était l’Archiviste, le gardien du clan. Son rôle ne se limitait à la recherche et à la transmission des traditions dalatiennes : il devait protéger les siens, comme l’avait fait Nesiara en se sacrifiant pour les Varalasan. Harand ne pouvait pas fuir devant cette créature. Pas alors que le camp se trouvait à moins d’une heure de marche. Pas alors qu’il venait d’assurer à Aerin que l’endroit était sûr, sous la protection de Sylaise, et que cette abomination sortait de nulle part. Pas maintenant.
La question de sa Première était néanmoins pertinente. Tuer un mort ? Il remonta le fil de ses souvenirs, à la recherche d’une solution, d’une idée lui permettant de vaincre cette chose. Les cadavres ne pouvaient pas se relever seuls. Il avait entendu ces histoires de démons qui s’emparaient des corps, qui les poussaient à revenir à la surface de la terre pour s’en prendre aux vivants. Si on ne pouvait venir à bout de l’esprit lui-même, la dépouille, elle, restait vulnérable. C’était elle qu’il fallait détruire. L’Archiviste avait toujours concentré son apprentissage sur la meilleure façon de protéger et de guérir, jusqu’à ce jour terrible où le besoin de vengeance avait obscurci son jugement. Il s’était alors découvert des pouvoirs insoupçonnés, une force redoutable dont la puissance l’effrayait encore. Il aurait préféré ne pas avoir à les utiliser à nouveau, encore moins devant sa Première.
Aerin lâcha soudain son poignet, et il tourna la tête vers elle, distrait. L’impérieux désir de la garder près de lui l’envahit, occultant toute autre pensée, mais elle s’était déjà agenouillée, les deux mains posées sur le sol. Harand s’efforça de reporter son attention sur la créature. Une gangue de glace emprisonnait ses pieds et elle tentait, en vain, d’avancer vers eux, sans paraître remarquer le sort qui la maintenait sur place. L’Archiviste leva son bâton devant lui.

« Nous ne pouvons pas le laisser approcher du camp », décréta-t-il.

De nouveau, les doigts d’Aerin se refermèrent sur les siens. Il aurait voulu lui enjoindre de rentrer, de regagner le campement, mais elle ignorait sans doute dans quelle direction celui-ci se trouvait. De plus, il refusait de la voir partir seule. Si d’autres créatures telles que celle-ci erraient dans les bois, ou des Shemlens, ou, pire encore, des templiers… L’idée de la laisser livrée à elle-même lui retournait l’estomac.
Harand leva son bâton devant lui. Fuir maintenant et abandonner cette chose derrière lui était impossible. Le mort-vivant les avait trouvés, et avait perçu la magie en eux : le démon les poursuivrait aussi longtemps que nécessaire pour s’emparer d’eux et les corrompre. Les vivants avaient bien plus d’attrait que les morts. Il leur fallait donc détruire l’enveloppe charnelle – ou du moins ce qu’il en restait – mais aucun des sorts de l’Archiviste ne lui permettrait cela. Il pouvait comprimer des poumons, broyer des os, pulvériser un… Broyer des os ? D’un geste, il balaya l’air de sa hampe de noisetier. Un craquement répugnant retentit et le mort-vivant s’effondra au sol, les jambes en miettes. La sensation de puissance inonda l’esprit d’Harand ; il dut user de toute sa volonté pour ne pas y succomber et conserver la maîtrise de lui-même. Son sort, néanmoins, n’était pas suffisant pour anéantir le corps maintenu en vie par la créature.

« Le feu… »

Il glissa ses doigts entre ceux d’Aerin, étreignant un peu plus la main qu’elle avait posée dans la sienne. Devant eux, le mort-vivant rampait déjà dans leur direction.

« J’ai besoin de toi. Tu sais utiliser le feu : tu dois l’incinérer. Je t’en prie… »

Il avait utilisé le « tu » sans même s’en rendre compte, non comme s’il s’adressait à son apprentie, ni à un membre du clan, mais à une égale. Pour la première fois, il abandonnait les convenances et sa réserve habituelle disparaissait derrière l’urgence. Il avait parfaitement conscience de demander quelque chose de terrible à la jeune femme. Sans doute n’avait-elle jamais usé de sa magie pour combattre, encore moins pour ôter la  vie ; cependant, le feu était la meilleure des solutions pour détruire le mort-vivant. Harand aurait pu tenter d’animer les flammes lui-même, mais en appeler aux éléments réclamait une maîtrise dans cette discipline qu’il ne possédait pas. Si elle redoutait de tuer, néanmoins, il pouvait le comprendre et lui épargner cette douleur. D’un nouveau geste du bras, il ramena la magie de l’Après dans ce monde, et la nuque du cadavre se tordit dans un bruit d’os brisé.
Il serra la main de la jeune femme pour lui assurer son soutien – ou peut-être pour continuer à la sentir près de lui malgré ce qu’il venait de faire. Il ignorait jusqu’à quel point s’étendait le courage d’Aerin, mais il devait avoir foi en son envie de vivre et de protéger le clan. C’était son rôle à elle aussi, désormais. Elle devait tout autant que lui veiller à la sûreté de leurs compagnons.
Du coin de l’œil, il scruta les bois environnants. Hormis les cliquetis de l’armure du cadavre animé, aucun son ne leur parvenait. Le temps paraissait avoir suspendu son cours, et nul oiseau, nul animal ne se manifestait plus. Cette créature était-elle seule, ou avait-elle amené avec elle d’autres congénères ? Harand serra les dents. Comment avaient-ils pu passer d’une douce matinée à cette situation périlleuse ? Pourquoi, alors qu’il avait commencé à sentir son cœur sortir de sa torpeur, face à cette femme si particulière, les choses avaient-elles ainsi dégénéré ? Pourquoi ne lui laissait-on pas le loisir de vivre, simplement ? Sa main étreignait toujours celle d’Aerin, et il se rendit compte, presque sans surprise, qu’il n’avait aucune envie de la lâcher… ni qu’elle le lâche.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyMer 20 Mai 2015 - 16:47

Les paroles d'Harand étaient sensées, il serait fâcheux que la créature suive leur trace jusqu'au camp et elle y avait pensé, bien sûr, mais elle craignait que de s’attarder ici n’aggrave les choses. Le tout était de trouver un moyen rapide et efficace de s’en débarrasser, le réduire en miette serait sans doute la solution, mais elle n’était pas capable de faire ça. Elle agitait son regard en essayant de réfléchir, mais Harand prit les devants et réduisit les jambes de la créature en miettes. Il y avait eu un craquement bien désagréable à l’oreille, mais qui en un sens l’avait rassuré. Un court instant, elle se dit que cette magie était plus dévastatrice qu’elle ne le pensait et elle avait littéralement senti l’air vibrer, mais parce que l’ennemi se trouvait être une créature démoniaque, Aerin l’avait jugée opportune. Et elle n’avait pas encore la tête assez reposée pour y réfléchir davantage. Le feu, entendit-elle du jeune elfe, et ses doigts s’entremêlèrent aux siens de façon naturelle. Il devint même plus familier sans qu’elle ne s’en rende compte, préoccupée par l’urgence de la situation et la pression qu’il lui mettait, par la même occasion. La créature désormais rampante avançait lentement vers eux, mais ses orbites vides la fixaient toujours et elle ferma les yeux en hochant nerveusement la tête.

« D'accord, je peux le faire. »

Elle n’avait jamais dû faire usage de sa magie pour se battre, ayant jusqu'ici toujours réussi à s’en sortir autrement, mais elle savait très bien qu'un jour ou l'autre, elle n’aurait d'autres choix que se défendre. Et puis, ce n’était pas vraiment un être vivant. Qui que fut cette personne auparavant, elle n’était plus qu’une enveloppe répugnante abritant un esprit peu aimable, et sans doute était-ce l’œuvre d’une magie bien sombre ou d’un démon. Ce n'était pas comme si elle s'apprêtait à tuer quelqu'un, elle ne ferait que le tuer à nouveau et peut-être même lui apporter la paix. Les ruines anciennes qu’elle avait "visitées" en échappant aux Templiers abritaient ces mêmes créatures, était-ce lié ? Les avait-on libéré ? Un nouveau craquement la fit réagir, mais elle prêta davantage attention à cette main qui serrait la sienne et qui l'empêchait de perdre pieds, qui lui faisait prendre conscience de tout le sérieux de la situation et que, peut-être, leur sécurité reposait sur sa volonté d'agir ou non. Elle était soulagée de ne pas être seule, car elle aurait sans doute pris la fuite en de telles circonstances. Harand lui donnait du courage, même si sa réticence ne s'évanouissait guère. Elle admettait au moins que la magie était dangereuse, aussi dévastatrice qu'un guerrier et son épée, mais elle n'avait jamais voulu être ce genre de personne. Elle avait rêvé de liberté, mais pas de vengeance, pourtant sa liberté avait coûté la vie à de nombreuses personnes et même si elle n'avait jamais levé son bâton, elle avait tout de même ces morts sur la conscience. Elle était forte à sa manière, en gardant une certaine maîtrise de soi et sans jamais laisser sa colère prendre le pas sur le reste. Elle avait toujours été d'une nature clémente, elle qui pardonnait même aux Templiers d'agir comme ils le faisaient, car tel était leur devoir, mais elle ne les approuvait pas. Aujourd'hui, elle agirait pour le bien du clan, pour la sécurité de ses amis et elle n'hésiterait donc pas.
Elle gardait les yeux fermés, peut-être pour rendre cela plus facile et elle leva sa main libre, la paume tournée vers le ciel. Le feu était dévastateur, même s’il s’avérait utile pour allumer un feu de camp et se réchauffer, mais il n’y avait sans doute qu’elle pour n’en faire usage que dans ce sens.. Son regard s’était souvent perdu sur les flammes qu’elle alimentait pour se réchauffer, qui dévoraient le bois avec une infinie lenteur et finissaient par le réduire en cendre. Elle imaginait bien la souffrance qu'elle pourrait infliger à autrui de cette manière, et cette idée la rebutait aussitôt. L’ennemi ici n’était qu’un esprit hostile, ce n’était pas un être vivant et ce fut donc plus facile, même si l’acte en soi restait le même. Quand la flamme se matérialisa dans sa main, elle ouvrit les yeux sur le cadavre rampant et, d’un geste assuré, y mit le feu. C’était bien la seule chose qu’elle savait faire, mais elle était contente d’avoir pu aider aujourd'hui, d'une certaine manière. Elle avait vite détourné les yeux et reculé d’un pas, sans toutefois lâcher la main d'Harand, qu’elle avait dû bien serrer tout ce temps.

« Rentrons maintenant. »

Le crépitement des flammes et l’odeur qui émanait de la dépouille la mettaient mal à l’aise, mais elle craignait aussi que d’autres de ces choses ne se montrent et elle ne pourrait pas en gérer plus d’un à la fois. Elle n'en avait pas très envie non plus. Elle avait assez de volonté pour protéger le clan, mais elle n’était pas vraiment entraînée pour se battre contre une armée de morts-vivants, car elle doutait que celui-ci se soit juste perdu et c’était bien ce qui l’effrayait. Et s’il se tramait quelque chose d’horrible dans les parages ? Elle n'était même pas sûre qu'ils soient plus en sécurité au camp. Elle recula d'un autre pas en tirant sur le bras d'Harand, le pressant un peu pour qu'ils s'éloignent au plus vite de cet endroit. Elle ne le lâchait pas et n'avait pas non plus envie qu'il la lâche, sa poigne l'avait rassuré et continuait à le faire. Pour elle, ce geste n'avait rien d'anodin et elle avait le sentiment qu'il la rattraperait si elle perdait pieds. Involontairement, il l'avait impressionné aujourd'hui et elle était désormais plus que consciente de l'attachement qu'elle lui portait. Elle était prête à courir jusqu'à l'épuisement, aidée par l'adrénaline, une sensation qu'elle n'avait plus connu depuis son arrivée chez les Varalasan.


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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyMer 20 Mai 2015 - 23:05

Le cadavre désarticulé s’enflamma comme une brindille sèche. La créature se tordit sur le sol sans un cri, dévorée par le feu sous le regard des deux Elvhens. Harand serrait la main d’Aerin dans la sienne. La jeune femme n’avait pas flanché ; aussi solide qu’il l’avait espéré, elle avait agi pour le bien du clan – et également pour celui de ce corps profané et sali par le démon qui avait pris possession de lui.
L’Archiviste contemplait malgré lui le brasier, incapable d’en détourner le regard, simplement horrifié par ce que la présence de ce mort-vivant induisait. De la magie du sang. Quelle ironie ! Alors qu’ils craignaient de tomber sur des templiers à la recherche de l’apostate dont il étreignait les doigts entre les siens, c’était la sorcellerie qui les menaçait à présent. Se pouvait-il qu’un des mages évadés de Montsimmard ait eu recours à cette pratique pour se défendre ? Mais dans ce cas, pourquoi cette créature portait-elle une armure dalatienne ?
La voix d’Aerin le ramena à la réalité, lorsqu’elle l’implora de partir. Il sentit qu’elle l’entraînait dans la direction opposée, sa main blanche toujours refermée sur la sienne. Le contact de sa peau fit naître un frisson qui se répandit sur le bras de l’Archiviste. Il aurait dû la repousser, il le savait. Il aurait dû, mais il y avait déjà renoncé, plus tôt, et il avait bien conscience qu’il n’y parviendrait jamais plus. Aux aguets, il s’arracha au spectacle morbide pour scruter les bois alentour. Il ne percevait rien de plus que le crépitement des flammes et l’odeur écœurante de chair carbonisée, et aucun autre monstre ne semblait hanter les alentours. Néanmoins, il ne pouvait le certifier, et ils n’étaient pas en sécurité seuls dans la forêt.

« Rentrons, oui. »

Sans plus attendre, il se tourna en direction du camp – instinctivement, Aerin s’était dirigée dans le bon sens. Leurs regards se croisèrent un instant. Harand pressa la main de sa Première dans la sienne, et il l’entraîna en avant.
Une sourde angoisse se frayait peu à peu un chemin dans son cœur. S’ils avaient été attaqués ici, rien n’empêchait que d’autres de ces créatures se soient faufilées jusqu’aux aravels. Panoriel et Paiven devaient se rendre au village ce matin-là afin de négocier des provisions auprès des Elvhens de Val Firmin. Restés seuls, Elorill et Admael constituaient des cibles potentielles, et même si le chasseur savait parfaitement se défendre, que pourrait-il faire contre ces choses déjà mortes ? Des images surgirent dans l’esprit d’Harand, réminiscences d’un passé qu’il prenait toujours bien soin d’enfouir en lui. Sans même le remarquer, il accéléra le pas, jusqu’à courir pour de bon en direction du cercle de tentes, qu’il sentait quelque part devant lui. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine. Le point de côté menaçait de le saisir de nouveau, et il ignorait si Aerin parvenait à suivre son rythme sans peine, mais seule la terreur occupait à présent ses pensées. Déjà le jeune homme imaginait les corps inertes sur le sol, leur sang écarlate imbibant l’herbe et la terre. Il voyait en pensées leurs blessures mortelles, les monstres penchés au-dessus d’eux, les hahls gisant non loin, leurs membres graciles agités des derniers soubresauts de la vie s’échappant de leurs dépouilles mutilées. Il ne supporterait pas de creuser seul de nouvelles tombes. Il ne supporterait pas la douleur une fois de plus.
Il haletait en débouchant dans le campement, mais alors qu’il s’attendait à le trouver dévasté, la quiétude qui y régnait le laissa interdit, presque hébété. À l’écart, Admael leur tournait le dos, agenouillé auprès d’un aravel. Elorill se tenait près de lui ; un hahl lui donnait de légers coups sur l’épaule du bout de son museau, et la jeune fille le repoussait en riant. Le tableau, bucolique à souhait, contrastait tant avec les craintes de l’Archiviste que celui-ci demeura longtemps immobile à les observer.

« Tout va bien… »

Le ton de sa voix exprimait presque autant la surprise que le soulagement. Sa poitrine le faisait souffrir à chaque respiration, mais les battements de son cœur s’apaisaient peu à peu. Il ne s’était rien passé. Les tentes étaient toujours debout, en cercle autour du foyer, et ni Elorill ni Admael ne semblaient avoir remarqué quoi que ce soit d’anormal.
Harand soupira. Il n’avait pas lâché la main d’Aerin, à aucun moment, et son regard se posa sur elle. Le visage de l’Archiviste s’adoucit. La jeune femme s’était montrée beaucoup plus forte qu’elle ne le laissait paraître : elle n’avait pas hésité avant d’opter pour la protection du clan plutôt que pour la fuite, malgré toutes les réticences qu’elle pouvait avoir à user de la magie de cette façon. L’espace d’un instant, il pensa poser sa main sur son épaule pour la féliciter de son action, et lui assurer que désormais, tout irait bien. Ces mots n’étaient ni bien choisis, ni sincères. Alors, simplement, il posa sa main libre sur celles qu’ils avaient jointes.

« Mieux vaut ne pas effrayer Elorill en lui racontant ce qui vient de se passer. J’en parlerai avec Admael tout à l’heure. Pour l’instant nous sommes en sécurité, et je vais rester vigilant. »

Il hésita un instant, une courte seconde. En quelques minutes, la quiétude qu’il avait souhaité partager avec elle avait cédé la place au chaos. Alors qu’il voulait la rassurer sur la protection dont ils bénéficiaient selon lui, une créature démoniaque avait surgi de nulle part pour les attaquer. Son cœur lui suggérait à présent un geste moins formel, et beaucoup plus spontané – ce qui ne lui ressemblait guère –, mais sa raison lui rappelait la présence de leurs compagnons de route. Son esprit funambule vacilla sur la corde qu’il suivait, puis bascula enfin. Harand lâcha la main de la jeune femme ; il ouvrit les bras pour l’étreindre, et, quand il sentit le corps d’Aerin contre le sien, il comprit au bond de ses entrailles qu’il aurait dû la serrer ainsi bien plus tôt, lorsque le moment s’y prêtait véritablement.

« Je suis navré d’avoir dû vous demander cela, dit-il avec douceur, les deux mains posées sur le dos de sa Première. Comment vous sentez-vous ? »
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptySam 23 Mai 2015 - 21:06

Il courait comme si sa vie en dépendait et tant bien que mal Aerin tenait le rythme, aidée par l’attache qui liait leur main plus que par son propre empressement. Ils venaient de se débarrasser d’une créature démoniaque, la forêt en abritait certainement d’autres et ils n’avaient aucun moyen de savoir d’où elles venaient. S’ils en avaient trouvé une ici, peut-être qu’il y en avait qui rôdaient autour du camp ? L’idée lui avait traversé l’esprit, bien sûr, et elle était à peu près sûre qu’Harand se pressait pour cette raison. Alors quand ils arrivèrent finalement à destination, que les tentes et les aravels étaient intacts, et que les hahls ne semblaient guère alertés, ce fut un soulagement pour les deux. Bien qu’essoufflée, à aucun moment Aerin ne lâcha la main de son ami, profitant de cette occasion rare pour se sentir plus proche de lui. Il lui avait demandé de le voir comme un ami, mais il ne savait vraiment pas dans quoi il s’engageait. Elle aurait toujours certaines réserves au vue de l’affection qu’elle avait pour lui, du fait qu’elle voulait attirer son regard et non le repousser, mais elle agirait différemment pour sûr.

Le camp était bien calme, il n’y avait pas l’ombre d’un guerrier en décomposition dans les parages et elle put enfin reprendre son souffle. Ses jambes allaient très bien malgré la course qu’elle venait de vivre, mais elle avait la sensation que sa poitrine lui brûlait et elle mit un petit moment à reprendre une respiration normale. Et pendant qu’elle s’amusait à poser les doigts sur sa jugulaire pour sentir son pouls, Harand observait silencieusement les deux seuls Varalasan présents ce matin. Admaël et Elorill, ils ne les avaient même pas vu arriver tant ils étaient concentrés. Aerin en déduisit que rien n’était venu briser leur quiétude et qu’elle pouvait se sentir de nouveau en sécurité. Comme le dit Harand, tout allait bien. Elle leva les yeux sur lui à cet instant et elle comprit que, peut-être, il avait craint que sa nouvelle famille ne connaisse le même sort que l’ancienne. Elle n’avait aucune idée de ce qu’il avait pu traverser, elle ne pouvait qu’en avoir une vague idée, mais elle savait que cela avait dû être affreux, et douloureux. La mort de ses proches n’était pas le plus horrible, non, le pire était sans doute de leur survivre. Elle le regardait et il lui dit de ne pas inquiéter Elorill en posant sa main libre sur celles qu’ils avaient liées, et de nouveau ses pensées s’emballèrent.

Elle hocha la tête sans rien dire, un sourire mince sur les lèvres tandis qu’elle réfléchissait déjà à ce qu’elle pourrait bien raconter à Elorill. Elle ne savait pas vraiment combien de temps ils étaient partis, mais la hahlière n’était pas comme Paiven, qui lui l’aurait facilement taquiné sur l’objet de cette promenade matinale. Elle voyait déjà Harand s’éloigner pour aller discuter avec le chasseur, et elle attendrait de pouvoir lui parler de nouveau, dans le courant de la journée. En attendant, elle irait peut-être méditer sur ce à quoi elle venait d’assister, et sur les conséquences que cela pouvait avoir sur les villages de proximité. Elle s’inquiétait pour ces gens qui, sans doute, ignoraient quelles immondices se baladaient dans les bois qui bordaient leur maison… Val Firmin n’était pas si loin. Et tandis qu’elle se perdait dans ses pensées, Harand l’attira vers lui pour finalement l’enlacer. Elle ne s’attendait vraiment pas à ce qu’il la garde un peu plus longtemps près de lui, au sens littéral du terme, la laissant hébétée et sans voix, si bien qu’elle en oublia de bouger. Elle passa finalement ses bras à l’intérieur du manteau d’Harand pour les refermer autour de sa taille.

« Ça va, je devais le faire, » répondit-elle avec la même douceur.

Il s’excusait de l’avoir mise dos au mur, mais elle avait compris le problème et n’avait pas hésité à agir pour protéger les siens. Même si elle ne les connaissait pas depuis très longtemps, elle s’était déjà attachée à eux au point de ne pas vouloir s’en aller. Elle se sentait bien ainsi retenue par les bras d’Harand, et un frisson la parcourut quand elle réalisa enfin la chose. Il la serrait contre lui, et elle y répondait de manière très spontanée. Elle cala son visage à hauteur de son épaule, ou juste en dessous et elle prit une grande inspiration.

« Je me sens… bien. A dire vrai, j’ai bien cru que mon cœur allait bondir hors de ma poitrine, en arrivant ! Prévenez-moi la prochaine fois, d’accord ? » Dit-elle sur le ton de la plaisanterie.

Après quelques minutes à rester ainsi enlacés, elle s’écarta de lui avec douceur, soucieuse. Toutefois, elle avait glissé ses mains sur l’abdomen du jeune homme sans les retirer, pour garder une certaine proximité avec lui. Elle tourna les yeux vers leurs compagnons et elle se demanda si Panoriel et Paiven allaient bien.

« Je suis contente que rien ne soit arrivé ici, mais je m’inquiète un peu. Vous aviez déjà vu ça, avant ? J’ai un mauvais pressentiment… »  

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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyDim 24 Mai 2015 - 23:07

Elle ne le repoussa pas, bien au contraire. Les bras graciles d’Aerin se refermèrent autour de la taille d’Harand et elle lui rendit son étreinte, se blottissant contre lui sans manifester la moindre répulsion. Elle avait dit se comporter ainsi avec ses amis. Était-ce l’amitié qui l’incitait à accepter cette intimité, à l’encourager, même, et à la prolonger ? Harand ferma les yeux. Peu importait. À cet instant, il pouvait sentir son parfum, son corps contre le sien, la caresse de ses cheveux sur sa joue, la chaleur de son souffle sur sa peau… Une seule de ces sensations aurait suffi à lui chavirer le cœur. Toutes l’assaillaient en même temps, mais alors que, l’instant d’avant, il s’était retrouvé incapable de bouger et de réagir, cette fois seule la sérénité habitait son esprit. Tout lui semblait parfaitement normal et naturel – et cela aussi aurait dû l’effrayer, mais il l’acceptait sans discuter.
Elle se révélait forte, une qualité que se devaient de posséder les Dalatiens et qu’Harand approuvait. Si la jeune femme comprenait la nécessité du sacrifice et du don de soi pour le clan, plutôt que la fuite, alors elle était désormais véritablement l’une des leurs, pas une simple apostate réfugiée auprès d’eux. Aux mots qu’elle prononça, l’Archiviste sentit son cœur bondir dans sa poitrine. Ses doigts pressèrent le dos de sa Première. Elle était bel et bien une Varalasan, désormais. Cette seule pensée le remplissait de bonheur.
Aerin s’efforça de plaisanter, sans pour autant s’écarter de lui, et sa phrase amena un sourire sur ses lèvres. D’ordinaire, l’Archiviste aurait sans doute rougi, bafouillé, mais il secoua légèrement la tête.

« C’était une vengeance, pour m’avoir surpris tout à l’heure », rétorqua-t-il.

Par les Faiseurs ! Voilà qu’il s’adonnait à l’humour, à présent ! Le temps où il se sentait libre et enjoué avait depuis longtemps pris l’allure d’un vieux rêve à demi oublié ; il refaisait surface, encouragé par l’Elvhen qui l’enlaçait avec douceur.
L’espace d’un instant, il faillit oublier ce qui les avait conduits là, et pourquoi il était soudain parvenu à franchir les limites qu’il s’imposait. Mais Aerin s’écarta de lui – à peine, en réalité. Harand se demanda si les doigts de la jeune femme, posés sur lui, percevaient les battements fous de son cœur. Il laissa ses mains glisser sur les bras de sa Première et les garda sur ses poignets, peu désireux de rompre maintenant le contact qu’ils avaient consenti à établir entre eux, et surtout de terminer si vite ce moment.

« Je n’en avais jamais vu auparavant, mais mon maître m’avait déjà parlé de ces créatures. Les Shemlens les nomment « mort-vivants ». En réalité, les morts ne reviennent pas à la vie. Il s’agit simplement de corps possédés par un démon. Cela arrive quelquefois naturellement, aux endroits où le Voile est fin et si le démon ne trouve aucun vivant pour s’incarner, mais bien souvent… »

Il fronça les sourcils et leva le regard vers les bois alentour. Les fois naturelles restaient exceptionnelles : la plupart du temps, il y avait sous ces apparitions un mage aux intentions peu louables, et aux méthodes encore moins appréciables.

« Bien souvent, ils naissent de la magie du sang, termina-t-il, soucieux. Vous n’êtes pas la seule à avoir fui Montsimmard. L’un de vos anciens compagnons a peut-être trouvé là un moyen d’échapper aux templiers. »

Et si tel était le cas, la région grouillerait bientôt de mort-vivants et de chevaliers chantristes. Aerin ne serait pas en sécurité ici, encore moins que ce qu’il avait prévu. Descendre vers Val Firmin n’avait pas été une bonne idée : en dépit de leurs réserves de nourriture trop basses pour six, ils auraient dû changer de direction et reprendre le nord, afin d’éloigner la jeune femme autant que possible de cette maudite tour. Ils avaient pris trop de risques.
Inquiet, Harand reporta son attention vers la jeune femme. Il avait la charge du clan. Protéger ses compagnons était son rôle et il en avait comprit l’importance quelques années plus tôt. Aujourd’hui, il aurait pu donner sa vie pour chacun d’eux, mais en songeant qu’Aerin pouvait être reprise, ou pire, tuée par les templiers, son estomac se contractait d’effroi. Sa main se leva d’elle-même ; du bout des doigts, il effleura la joue de sa Première. Si elle était désormais l’une des leurs, la raison pour laquelle il devait la protéger, elle plus que quiconque, n’avait rien à voir avec cela.

« Quelle que soit l’origine de cette créature, nous ne pouvons pas nous risquer hors du camp, décréta-t-il enfin, mettant à contrecœur un terme à ce moment de plénitude. Je comptais attendre demain matin, mais je partage votre pressentiment : cet endroit est trop dangereux pour nous tous. Lorsque Panoriel et Paiven seront revenus de la ville, nous partirons. Vous devriez vous reposer, car une longue marche nous attend. »

Il regarda en direction d’Admael, mais Elorill se tenait toujours près de lui – chose rare, car la jeune fille se montrait toujours intimidée en sa présence d’ordinaire. À moins qu’il n’eût manqué certaines choses, ou que, au contraire, son esprit troublé lui en fît voir là où rien ne se trouvait...
Harand secoua la tête, puis se dirigea vers le feu pour ranimer les flammèches mourantes. Il avait demandé une fois à Aerin d’user de magie pour détruire l’une de ces choses et ne comptait pas lui imposer cela encore. S’ils devaient une nouvelle fois subir l’assaut d’un mort-vivant, ce serait un feu naturel qui en viendrait à bout, non une mage encore innocente de la violence du monde.
Lorsque les crépitements du bois sec reprirent de plus belle, l’Archiviste, accroupi près du foyer, passa une main sur son visage pour tenter d’en chasser l’air soucieux. S’il voulait convaincre sa Première que tout se passerait bien, il devait donner l’impression d’y croire. Son esprit, cependant, s’égarait vers Panoriel et Paiven. Il espérait que le frère et la sœur avaient pu gagner Val Firmin sans encombres. Les poings serrés à s’en faire mal, Harand fixa les flammes en silence. Aerin avait raison : quelque chose se tramait. Une chose bien pire qu’un mort-vivant égaré.
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MessageSujet: Re: Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin EmptyDim 31 Mai 2015 - 19:59

Une vengeance ? Elle ne pouvait s’empêcher de sourire et même si elle s’était écartée de lui, ils demeuraient proches. Aerin était seulement inquiète par rapport à ce qu’ils avaient croisé en forêt et elle n’arrivait pas à se le sortir de la tête, ce mort-vivant avait été trop proche du camp. Harand lui répondait qu’il en avait déjà entendu parler et que, bien souvent, il s’agissait de l’œuvre de la magie du sang. Ce fut sans surprise pour la jeune femme qui s’en doutait déjà, mais l’entendre rendait la chose plus effrayante et elle espérait vraiment qu’ils reprennent la route le plus tôt possible. Elle baissa la tête lorsque Montsimmard fut mentionné et qu’elle savait très bien de quoi les apostats étaient souvent accusés, rarement à tort hélas. Combien de mages avaient été séduit par son pouvoir, ou assez effrayé pour céder à la tentation ? Et si elle-même n'avait pas été recueilli par le clan, aurait-elle fini par y goûter ? Elle secoua la tête, jamais.

« Si le coupable est bien un mage, si près du Cercle, je crains le pire. »

Elle aurait bien du mal à cacher son anxiété, elle avait déjà du mal à se focaliser sur autre chose et l’absence de Paiven et de sa sœur n’arrangeait guère les choses. Même si Harand lui avait dit qu’ils ne risquaient rien, plus tôt dans la matinée, elle n’en était plus si sûre désormais. Si un mage était effectivement la source de ce mal étrange, il ne faudrait pas longtemps pour que ces créatures se révèlent aux vivants, si ce n’était pas déjà fait…   
Puis, elle se perdit tout bonnement dans son regard lorsqu'il effleura sa joue du bout des doigts, une caresse si légère qu’elle eut à peine le temps d’en profiter, mais qui l’apaisa aussitôt. Elle se surprit à espérer un geste plus ferme, plus concret même si cela avait suffi pour emballer son cœur, elle qui était déjà bien assez confuse avec ses sentiments. Elle n’arrivait pas à garder les idées claires aujourd'hui, ses gestes et ses attentions, elles dépassaient les limites de l’amitié à son sens.. L’avait-elle déjà vu se comporter ainsi avec Elorill ? Non et pourtant, elle était tout à fait le genre de personne que la jeune mage couvrirait de câlins, pour sa douceur et sa gentillesse malgré son passé douloureux. Elle n’en savait pas beaucoup, mais elle admirait la hahlière pour son courage et sa force. Et elle avouait que parfois, lorsqu'elle la voyait en compagnie d'Harand, elle se mordillait les lèvres en se demandant à quel point ils étaient proches. Elle sautait peut-être trop vite aux conclusions, ou bien elle s’emballait pour pas grand-chose, mais elle avait perçu certains signes. Dans tous les cas, de son côté l’attirance était plus que certaine et elle ne se chercherait plus aucune excuse désormais.
Finalement, Harand mit fin à leur ‘instant’ le premier en s’éloignant, et elle acquiesça à chacune de ses paroles. Elle ne voulait plus s’éloigner du camp de toutes les façons, et elle y resterait sagement jusqu'à ce qu’ils décident de repartir.

« Oh croyez-moi, je ne comptais pas bouger d’ici, dit-elle pour appuyer sa mise en garde. Et… je voulais, hum… »

Ses derniers mots avaient presque été murmurés, ainsi Harand s’éloignait déjà vers le feu et elle ne bougea pas de sa place. Elle triturait ses doigts tandis que son regard balayait rapidement le camp, observant Elorill et Admaël quelques instants, puis elle reporta son attention sur l’Archiviste. Ce n’était pas du tout le moment de faire étalage de ses bons sentiments, mais elle ne voulait pas que leur entrevue prenne fin sur une note aussi sérieuse. Elle le regardait entretenir le feu depuis sa place, hésitante, parce qu’elle ne voulait pas trop insister auprès de lui. Elle avait été si calme jusque-là, mais son cœur ne s’était jamais calmé et elle ne s’était plus sentie comme ça depuis son premier flirt. Elle secoua la tête pour chasser cette pensée et s’élança enfin vers lui, assez proche pour qu’il l’entende, mais elle était restée en retrait.

« Harand ? Je voulais juste vous dire que j’ai passé un agréable moment, malgré tout et… je suis sûre que tout ira bien, alors ne vous tracassez pas trop, d’accord ? C'était idiot quand on savait qu'elle s'en faisait autant que lui, mais elle essayait sans doute de se rassurer elle-même par la même occasion. Eh bien… voilà, je vais vous laisser maintenant. »

Et aller voir si Elorill avait besoin d’aide, ou simplement lui tenir compagnie. Cette matinée avait changé bien des choses chez la jeune femme, elle était passée d’une relation plutôt formelle avec son Archiviste à quelque chose de plus familier. Ça ne changerait pas grand-chose, hormis le fait qu'Aerin se montrerait bien moins formelle avec lui dans les jours à venir. Et lui non plus, visiblement. C'était certainement ce qui l'avait le plus surpris aujourd'hui, de voir qu'Harand n'était pas aussi réservé qu'il le prétendait. Elle fit volte-face et alla tenir compagnie à son amie, un sourire aux lèvres, pour ne pas l'alarmer.



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Avant que le monde ne bascule ~ feat. Aerin

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