Je suis une Soporati, ou comme on le dirait à Orlaïs, une femme tout ce qu’il y a de plus banale. Je ne suis pas mage, elfe ou esclave, mais les personnes trop « banales » n’ont pas autant d’importance dans ma contrée. Je m’y perds parfois lorsque l’on me salue d’un “noble dame“ ou que l’on me considère. Minrathie m’a vu naître et grandir, une propriété correcte et deux parents aimants, nous étions marchands depuis trois générations que disait souvent mon père. Il était souriant, amoureux, tendre et ma mère suivait son rythme, ils étaient beaux tous les deux. Je crois que je lui ressemblais, mes longs cheveux d’ébène et mon teint pâle, j’étais son portrait craché qu’il disait souvent, mon père. Ce faisant, il perdait son sourire, triste, mais toujours amoureux et ma mère n’avait pas réussi à suivre. Un hiver, elle tomba malade et n’en guérit point, je n’avais plus qu’un père aimant, tendre et malheureux. J’ai pleuré aussi, mais je ne m’en souviens plus très bien aujourd’hui car j’étais bien jeune, à ce temps-là. Sept ans. Mes souvenirs sont flous, mais je la vois parfois à l’horizon, quand le soleil fait sa descente, son dos me salue et ses cheveux virevoltent au gré du vent. Je la revois me tendre la main quand je tombe et je réentends sa voix lorsqu’un cauchemar me réveille.. Tout s’assombrit, son souvenir s’efface peu à peu et je ne vois que ses longs cheveux corbeau qui virevoltent sous le clair de lune, le soleil a disparu. Elle s’éloigne et je tends la main, mais elle ne l’attrape plus quand je tombe et sa voix reste muette lorsque je me réveille la nuit. Où est le père aimant et souriant qui m’attrape par la taille, et me fait tourner ? Son visage aussi, devient flou. Leur souvenir s’efface, je n’ai plus de famille.

Ai-je jamais eu ces parents aimants et radieux ? Ou n’était-ce que le fruit de mon imagination désespérée ? Je ne vois plus que Lui. Je le vois me tendre la main quand ils m’ont poussé, je le vois punir ceux-là même qui m’ont frappé et d’une simple vague de lumière, les balayer. Je l’entends me susurrer que tout ira bien, qu’il prendra soin de moi et je sursaute à son contact. Dix ans. Le visage de mes parents s’effacent et je ne sais plus d’où je viens, je ne revois que ces brutes m’attraper, me frapper et m’emmener au loin. Personne n’est venu, mon père était parti depuis longtemps et je ne sais plus pourquoi. Je ne savais plus que mon nom, Caelina. Il m’a regardé et j’y ai lu la pitié, mais qu’importait le regard qu’il avait sur moi, car ce jour-là il m’a sauvé. Lucius. J’ai commencé à l’écouter et j’ai fini par lui faire confiance, il m’avait sauvé pour mieux m’utiliser, mais je m’en fichais. Il était souriant, tendre et amoureux ; amoureux de la magie et du savoir, il était si impressionnant et moi, si petite… Étais-je devenue son esclave ? Il ne m’avait pas acheté, juste recueillie. Je suis sans magie, alors j’ai cherché à l’impressionner autrement, attirer son regard et le rendre fier, comme on le voudrait de la part d’un père. Le considérais-je comme un père ? Peut-être. Je revois, quelquefois… dans mes rêves ou dans le jardin, lorsque le soleil quitte l’horizon, je revois ses cheveux sombres et menaçants, mais elle n’est plus qu’obscurité. Son visage s’est effacé il y a longtemps, ma douce génitrice. Mon père ne m’inspire plus que la peine et la déception, mais ma mémoire me joue des tours et je ne me souviens plus des derniers instants, je ne me souviens plus de son départ et quand j’essaie, l’angoisse me prend. Je ne suis plus sûre de rien, de ce qui est vrai et de ce qui ne l’est point. On dit qu’un traumatisme peut altérer la mémoire, me tromperais-je ? J’ai perdu mon enfance, mais quelle importance ? J’ai eu une seconde chance. Mes souvenirs se sont envolés, mais je n’ai pas cherché à les retrouver, car je pouvais en créer de nouveaux. Alors je me contente de ces silhouettes dans le noir, de ces murmures intelligibles et du faible souvenir de leurs sourires, de ces moments heureux que j’oublie un peu plus chaque jour, que j’ai peut-être imaginé, mais qui feront toujours partie de moi. Enfouis au plus profond de mon être, j’ai simplement appris à faire abstraction.

La vie que je mène n’est pas des plus palpitantes, j’ai consacré les quinze dernières années de ma vie à satisfaire un magistère, j’ai été –et je suis toujours– son agent le plus loyal. Je l’ai d’abord servi comme une banale domestique, je n’étais qu’une enfant rescapée qui tentait de trouver une raison de vivre, je souriais au moindre compliment et je bouillonnais de honte à la moindre maladresse. J’étais tellement différente, avant. Je me sentais en concurrence constante avec cette elfe, Naevia, une esclave qui vivait là depuis plus longtemps. Elle était si belle et si polie, elle ne faisait jamais rien de travers et c’était son nom qu’il appelait toujours en premier. Elle aurait dû être mon amie dans cet environnement, mais j’en ai fait une rivale et quand bien même, elle ne cessait de me sourire et de me conseiller. Je n’osais lui avouer mon admiration pour elle, je la prenais de haut, mais je voulais lui ressembler et prendre sa place, bon sang j’y travaillais si dur… C’était si bête, elle était une esclave et je ne l’étais pas, du moins je le pensais. Nous étions si bien traitées, je crois que je ne me rendais pas compte. Puis un jour, Lucius mit des lames entre mes mains et dès lors, je ne lui ai plus jamais servi le déjeuner, ni rangé ses livres ou dépoussiérer les étagères.. Treize ans. J’ai toujours pensé avoir eu le choix, mais c’est faux. Je n’ai pas choisi de prendre les armes, il l’a fait pour moi. “Tu as du potentiel Caelina, tu es faite pour ça. Sois en honorée, à partir de ce jour ta place sera toujours à mes côtés. Mais seras-tu assez forte pour ça ? Es-tu prête pour ça ?“, je ne l’ai pas choisi, mais je mentirai en disant que je ne l’ai pas voulu. Il a tourné les choses de sorte à ce que j’ai l’impression d’avoir fait mes propres choix, mais je ne lui en veux pas. De lui j’ai beaucoup appris et en dépit de tout, il m’a fait me sentir importante. Il n’a jamais exigé plus que je ne le pouvais, il a été bon et patient, à la fois indulgent et intransigeant, et plus j’y pense, plus j’ai l’impression d’être un peu plus pour lui, qu’un simple homme de main. A moins que ce ne soit juste ce que j’espère ? Pour lui, je serai prête à risquer ma vie et plus encore, si cela est possible. Ses idéaux je les partage, tout comme ses opinions et sa haine. Je suis telle qu’il m’a élevée, je suis ses yeux et ses oreilles. Et je suis son bras armé, j’ai du sang sur les mains et de nombreuses vies sur la conscience, mais il m’a appris à faire abstraction. Je ne suis pas dénuée de sentiments, juste différente. Vous savez, après ça, Naevia est devenue mon amie. Plus de concurrence, juste ma fierté mise de côté. Toujours plus rayonnante que moi, elle brillait dans son domaine et nous étions juste trop différentes. Elle a toujours su rester à sa place et je ne sais guère si elle m’apprécie vraiment ou si elle joue un rôle, mais je l’aime vraiment. Mon esprit tordu l’a sans doute toujours considéré comme une aînée, mais cela encore, je n’oserai jamais l’avouer. Elle et Lui, ils représentent une chose très simple à mes yeux : une famille. Et quand bien même je me fourvoierais et qu’ils seraient prêts à m’abandonner pour leur survie, je leur serai à jamais loyale.

Vingt-sept ans. Voici le résumé de ma vie, étalé sur ce bout de parchemin que, sans doute, je brûlerai aussitôt avoir fini. Je suis dans cette pièce trop sombre et trop vive à la fois, surchargée de tableaux et autres décorations raffinées. Je ne suis plus chez moi, cela fait plusieurs mois que j’ai quitté le sol de Tévinter pour venir en Orlaïs. Ce royaume que j’aimerais voir brûler et chaque jour passé ici renforce un peu plus cette idée. Ils me donnent tous la nausée, ces faux semblants m’ennuient et je dois y prendre part, mais je ne souhaite que leur arracher ce visage qu’ils peinent tant à cacher. Je marche dans l’ombre d’un noble qui a offert son aide à Lucius, et je lui offre la mienne en échange. Je m’occupe de sa sale besogne, je l’accompagne aux mondanités et je lui rapporte tout ce que j’entends. Tout ce qu’il souhaite savoir, de toutes les façons, ne concernent que sa réputation et celle des autres. “Qui a obtenu la faveur de la Duchesse ? As-tu entendu mon nom ? Répands mes bonnes actions ! Ils n’auront bientôt que mon nom à la bouche ! Allons ma chère, ne soyez pas si terne et buvez avec moi ! A notre récente amitié !“ Sa voix m’insupporte, mais que le Créateur soit loué, il n’est pas écœurant ni déplaisant à regarder, sinon… je ne sais pas si je l’aurais laissé vivre aussi longtemps. Je lui laisse croire qu’il a le contrôle, c’est comme ça que ça marche. Il est trop aveuglé par son ambition pour se poser des questions, et puis je m’exécute sans sourciller tant que ses ordres ne me nuisent pas. Et en parallèle, je reçois aussi des ordres de Tévinter. Je ne suis pas prête de revoir ce dernier, ma mission semble être à durée indéterminée et la vérité est que je ne connais pas même le quart des véritables raisons de ma présence ici. Il sait ce qu’il fait et ça me suffit, je le suis les yeux bandés.

PSEUDO ☩ Loreleï. AGE ☩ 21 yo. COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE FORUM ? ☩ Devine FRÉQUENCE DE CONNEXION ? ☩ Autant que possible. CRÉDITS IMAGES ☩ tumblr.

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✥ [i]katie mcgrath[/i] - <span style="font-size: 10px;">[url=http://chroniques-de-thedas.forumactif.org/u102]CAELINA[/url]</span>