Il est amusant de constater l’emprise du temps sur les souvenirs, même ceux que l’on jugerait impossible d’oublier. Et pourtant. Elle ne se souvient pas du visage de sa mère, encore moins de celui de son père, ne se remémorant que la voix douce et rassurante de la première et celle, bien plus rauque, du second. Elle se rappelle un père absent, si bien qu’il fut le premier à être effacé de sa mémoire, et une mère qui a disparu du jour au lendemain. Avec le temps, les raisons d’une telle disparition se sont faites plus évidente : il n’est pas rare qu’une femme de basse naissance ne se retrouve violentée –pour rester courtois- par les plus puissants avant de finir par se vider de son sang au fond d’une ruelle. Dans tous les cas Drathir ne se souvient guère de sa famille, ou trop peu, le seul héritage de cette dernière résidant dans un bracelet d’argent qu’elle porte aujourd’hui encore, le nom de sa mère gravée à l’intérieur du bijou. Elle a mené une enfance misérable, seule, passée à mendier ou voler quand elle y arrivait sans se faire prendre. Elle n’a jamais quitté Antiva, probablement trop effrayée pour songer à courir les routes seule, en simple petite fille qu’elle était. La blonde ignore encore si c’est son désespoir ou ses débuts, encore pitoyables mais prometteurs cependant, en matière de vol à l’étalage qui fait qu’elle a été remarquée puis embarquée de force par les corbeaux de sa nation, mais dans tous les cas ce sont eux qui ont incarné par la suite ce qu’elle considère comme une famille. Une famille loin d’être aimante, une famille cruelle et exigeante, mais une famille tout de même. Elle était âgée alors d’environ huit ans lorsque les assassins s’occupèrent d’elle et ce fut ainsi que son entraînement, ô combien éprouvant, commença. Les larmes et la peur étaient son pain quotidien, pour finalement laisser place à de la détermination, un sens aigu du perfectionnisme et une absence claire et nette de sentiments. La vie chez les corbeaux ne laissait plus aucune place à la pitié, à l’image d’une jungle où seuls les forts survivent, Drathir reçu ainsi une éducation stricte à laquelle elle se plia, comme tout le monde. Les années passèrent et elle acheva ainsi son entraînement, apprenant l’art de la dissimulation, des poisons et du combat. Ses premiers contrats en compagnie de son maître furent particulièrement éprouvants bien qu’elle n’en montra rien, de peur d’être jugée soudainement trop faible par ses pairs. Le temps acheva son œuvre et finalement la jeune femme s’avéra être un assassin digne de ce nom, obtenant ainsi le rang de maître une fois son apprentissage totalement achevé, alors âgée de vingt ans.

Sa vie chez les corbeaux fut depuis rythmée par les voyages et les contrats. Drathir n’était pas du genre à laisser un travail inachevé, sans parler de la menace de mort qui planait continuellement sur elle si jamais elle osait bâcler son œuvre, ayant abandonné progressivement toute morale, délaissant la pitié, ne se concentrant que sur l’argent et sur les assassinats. Force était de constater que l’entraînement des corbeaux, imposé à de simples enfants, portait clairement ses fruits. Elle se pliait à ces pratiques, n’ayant rien connu d’autre et se contentant par conséquent de continuer dans cette voie, ne sachant faire que cela. Tout bascula cependant lorsqu’elle atteignit ses trente-deux ans. Cette année-là un nouveau contrat lui fut assigné, la blonde avait été prévenue de la difficulté de la tâche ou tout du moins s’en était-elle doutée. Si encore une fois elle devait arracher la vie d'un homme pour une stupide histoire de fierté qu'elle n'a même pas cherché à retenir, la difficulté résidait dans le fait que cet homme était garde des ombres. Son rang compliquait ainsi grandement la tâche et elle en avait conscience. L’appât du gain, outre sa fierté et prétention naturelles, la poussèrent cependant à accepter et la demoiselle prit donc la direction d'Orlaïs, préparant soigneusement son coup, n’ayant pas de scrupules particulier à s’attaquer à un homme appartenant à un ordre pourtant vénéré par la plupart des gens. Et bien que le plan fût soigneusement préparé, rien ne se passa comme prévu. Le poison déversé dans le vin et incorporé dans les mets fut probablement décelé étant donné que l’homme qu’elle visait n’y avait pas touché. Et lorsqu’elle se décida à l’attaquer dans le dos après l’avoir suivi jusque dans une ruelle sombre loin du monde, persuadée de pouvoir frapper vite et bien, la jeune femme fut prise au dépourvu en le voyant comprendre ses attentions. C’est comme s’il la sentait, depuis le début. Le garde des ombres était clairement impossible à surprendre et s’en suivit finalement un combat acharné et épuisant… Qu’elle perdit. Ses dagues volèrent, retombant lourdement au sol hors de sa portée et déjà une épée menaçait sa carotide. C’était fini. Elle avait échoué et lamentablement. Drathir n’était toutefois pas du genre à réclamer la clémence, d’autant plus que si cet homme ne se chargeait pas de la tuer, les corbeaux le feraient. Ce fut donc en vrillant l’émeraude de ses yeux dans les prunelles de sa cible qu’elle siffla à son attention, hargneuse :
« Achève moi garde des ombres. Si tu manques encore de motivation, je peux toujours t’insulter. »
Et elle arborait ce sourire provocant qu’on lui connaît si bien. Narquoise au possible, elle se plaisait encore à le chercher, malgré sa position délicate. Elle ne craignait pas la mort, sachant pertinemment que celle-ci serait bien plus douce que ce que ses pairs lui réserveraient face à son échec. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque, finalement, l’homme abaissa son arme pour finalement vanter sa détermination à vouloir le tuer, ses talents aussi malgré son échec cuisant. La jeune femme en fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu’il cherchait à faire, n’appréciant que trop peu de le voir faire durer les choses. Et pourtant, la conclusion tombe alors, sans appel, prononcée avec un tel sérieux qu’elle n’ose même pas se moquer de lui :
« Les gardes cherchent des hommes et des femmes compétents. Tu pourrais être utile.
- Non. »
C’était clair, incisif. Irréfléchi, aussi. Cela ne la tentait pas. Les gardes des ombres était un ordre que tous jugeaient noble, ils étaient des justiciers, des défenseurs. Tout ce qu’elle n’était pas, tout ce qu’on lui avait interdit d’être. Sa profession ne lui permettait pas de penser ainsi, toute forme de pitié ou d’aide sonnait comme une faiblesse à ses yeux et elle ne comptait pas s’y abaisser. Le refus avait donc fusé, catégorique, et de nouveau la jeune femme attendit le coup qui lui serait fatal, comme pour clore cette conversation qu’elle jugeait stérile. Une fois encore, il la surprend en se contentant d’arborer un sourire désolé, avant d’expliquer qu’il ne lui laissait clairement pas le choix. Ce fut ainsi que, dans son cas, le Droit de Conscription fut invoqué. Si elle n’avait pas essuyé une défaite précédemment, probablement aurait-elle essayé de le tuer pour se débarrasser de ce droit qu’il invoquait, pour fuir cet enrôlement forcé qui ne fit que lui rappeler sa condition chez les corbeaux. Drathir avait en effet, soudainement, cette désagréable impression de n’avoir jamais vraiment contrôlé sa vie, ainsi ballottée d’ordre en ordre, contrainte de se plier à une mentalité pour ensuite en subir l’opposé. Forcée. Le mot liberté lui semblait soudain vide de sens et pourtant elle n’eut d’autre choix que de rejoindre cet ordre auréolé de lumière.

Cela fait désormais trois ans qu’elle les a donc rejoint, réussissant la cérémonie de l’Union et prenant désormais conscience du danger qu’incarnent les engeances. Sa vision du monde semble bien différente, la blonde ayant l’impression que la menace d’un enclin reste bien réel, le reste lui semble futile. Pourtant elle n’en reste pas moins tiraillée, partagée entre ces deux mondes qu’incarnent les corbeaux d’Antiva et la garde des ombres, deux mondes radicalement opposés, deux mondes qui continuent d’exercer une pression constante sur elle. D’un côté, les assassins semblent peiner à savoir quel châtiment lui réserver, estimant tantôt qu’elle méritait la mort et tantôt qu’il fallait juste l’oublier à partir du moment où elle ne trahissait pas leurs secrets, chose que la jeune femme n’osa et n’osera jamais faire. Et de l’autre elle se retrouvait à évoluer auprès d’une compagnie dont la mentalité différait radicalement de la sienne. Drathir a beau rester fidèle à elle-même, force est d’admettre qu’elle change au contact de ses camarades et elle peine encore à savoir si cela est une bonne chose ou non. Toutefois, en son fort intérieur, elle admet volontiers que l’ambiance au sein des gardes et plus apaisante et bien moins stressante qu’au sein des corbeaux. Et ce changement, il est bien agréable malgré tout.

PSEUDO ☩ Drathir AGE ☩ Bientôt vingt ans ! COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE FORUM ? ☩ Bazzart 8D FRÉQUENCE DE CONNEXION ? ☩ Je passe tous les jours et je rp une fois tous les un à deux jours en moyenne. Mais bon après l’inspiration ça se commande pas des masses ahah. CRÉDITS IMAGES ☩ Avatar © Fassylover & gifs © tumblr

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✥ [i]katheryn winnick[/i] - <span style="font-size: 10px;">[url=http://chroniques-de-thedas.forumactif.org/u14]DRATHIR LINATH[/url]</span>