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 ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient

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MessageSujet: ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient EmptyJeu 26 Fév 2015 - 4:35

les sous-bois qui soupiraient
() La forêt s'étend autour de toi avec son austère prestance. Le soleil est dur, fort, étrange ― quelque chose en lui sonne menaçant, brûlant sans raison. C'est l'été, et les épines des arbres piquent tes pieds nus.

Tu es poursuivie.

D'un coup, sans prévenir. Mais tu le sais et tu ne perds pas de temps pour t'élancer au loin, terrifiée par une crainte sans nom. Impossible de dire ce qui te traque, impossible de s'arrêter pour vérifier. Ta vie tiens à un fil.

Tu t'arrêtes.

Une clairière.

Tu te retournes enfin. Rien.

Le calme est revenu.

Tu entends la mer, au loin, mais tu sais bien qu'elle est nulle part. L'astre du jour pique ta peau burinée par tes voyages, mais envolée est sa malveillance.

Envolé est ton poursuivant.

Tu es en paix.

Puis une voix.

Un murmure, presque un râle. Il est rauque, il est sinistre, mais il a les tons de la voix d'une jeune fille qui parle en elfique. Un frisson grimpe le long de ton échine, et les murmures viennent te caresser jusque dans ton crâne.

Deux formes sortent des sous-bois.

La première est une silhouette terriblement maigre, la tête couverte d'un crâne de halh. Des longues plumes de corbeau sur son épaule gauche ; la peau d'un ours sur l'autre. Ses doigts sales aux ongles cachés par des éclats d'obsidienne s'enroulent autour d'un bâton noueux couvert de gris-gris que la silhouette pointe vers toi avec méfiance. Elle avance à quatre pattes, comme un animal, et de longs cheveux noirs et emmêlés dépassent de son casque particulier. Tu es presque sûre que la voix vient d'elle.

L'autre silhouette est bien plus inquiétante. On dirait une ombre, la forme d'un être masculin fait de sable noir. Et pourtant, n'est-ce pas des bandelettes qui entourent totalement son corps ? Tu ne vois pas d'yeux, et pourtant tu sais qu'il te regarde. Ardemment.

La fille s'approche de toi, et avant même que tu aies le temps de réagir, elle est déjà devant toi ― comme par magie. Ses doigts touchent ton visage, et aussitôt les images assaillent ton esprit.

C'est l'hiver. Tu vois la neige qui tombe en gros flocons partout autour.

Tu voies la fille s'abriter sous une grotte.

Flash.

La caverne est désormais recouverte de la neige d'une avalanche.

"Sauve-moi," te dit-elle. "J'aurai une dette envers toi."

La voix résonne dans tout ton esprit, comme le ton d'un dieu. Mais tu sais bien que ce n'est pas le cas.

Soudain, deux grands yeux dépareillés, creusés de cernes te dardent dans le ciel.

Dans leurs iris, le chemin qui te sépare de l'endroit t'es montré ; tu vois un pré, une crique et un lac, et même des rapides et puis la grotte. Tu ne le sais pas encore, mais ce sera inscrit dans ton esprit d'une telle manière qu'il te sera impossible de l'oublier avant d'avoir accompli ta tâche.

"Dareth shiral, da'len. Ar'din nuvenin na'din."


Somnanbule se réveilla d'un coup. Autour, les débris et la neige commençaient à la geler de plus en plus, et Yoyogrig était incapable de creuse le mur blanc qui se dressait à présent entre eux et la sortie. Quel accident idiot. Ils auraient dû le voir venir. D'habitude, ils les voyaient toujours venir.

À moins que quelque chose ne l'ait fait par exprès et que ce ne soit pas le monde qui soit responsable.

Et dans ce cas, Somnanbule espérait que la dalatienne qu'elle avait aperçu dans le Par-Delà se rendrait saine et sauve.


Spoiler:


Dernière édition par Somnambule le Ven 27 Fév 2015 - 22:24, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient EmptyVen 27 Fév 2015 - 6:04

Elle s’éveille dans un sursaut, inhale, toussote. Le rêve semble plus vrai que nature; elle enfonce ses doigts dans ses joues là où la main glaciale, hyaline de son interlocutrice l’a caressée. Ou ose-t-elle dire sa chimère? Le songe lui paraît bien abstrait, or, la tangibilité de sa mission l’assaille, la tiraille. Ishtari n’est guère sceptique de nature – sa vie au cœur des traditions dalatiennes lui confère une certaine compréhension du mystère du monde qu’elle foule. Mais de là à simplement suivre un rêve, qui pourtant, l’interpelle…
Elle fourre sa couverture de fortune dans son sac et descend prestement de son perchoir, un grand noyer où elle a élu domicile le temps d’un bref repos. La neige craque doucement sous son poids alors qu’elle ajuste ses vêtements – sans plus attendre elle s’élance, le chemin tracé devant ses yeux comme si elle l’empruntait chaque jour. Comme si mille fois auparavant ses pas l’avaient menée là où elle se rend, même s’il s’agit de sa première visite en ces lieux.

La voix de la fille coiffée d’un crâne de hahl résonne encore dans son esprit. Sauve-moi, qu’elle dit, qu’elle implore – cette voix, elle ne la reconnaît pas. Les yeux de l’inconnue sont devenus ses yeux alors qu’elle franchit monts et vallées, grimpe, saute, tombe – inlassablement, comme si la mort la guettait. Or, rien ne l’oblige, rien ne la pousse sinon cette étrange impression de panique, d’urgence. Sur la surface d’un lac gelé, Ishtari tombe – la glace craque sous son poids et elle peine à se relever sans que le film de glace qui la tient au sec ne cède. Son pied y glisse, mais elle saisit l’occasion de s’extirper de sa prison de glace, se réfugiant bien vite sur la grève. Certes, son chemin sera rallongé en devant contourner le lac, mais elle n’a guère le choix. Au loin, des rapides – celles-là mêmes qu’elle a vues en rêve. Elle approche, elle le sent.

La dalatienne accélère le pas, telle une proie chassée par le prédateur qu’est le temps. Il est compté pour la fille, compté pour elle – son pied s’engourdit, l’engelure mord sa chair comme les crocs d’un serpent, mais elle poursuit sa route. Elle s’arrête devant un amas de neige qui ne ressemble à rien – un monticule parmi tant d’autres, pour l’œil non averti. Ishtari masse son pied à travers sa botte, puis entreprend d’ôter la neige qui la sépare de son but. Ses gants en peau s’imbibent rapidement d’eau mais elle continue, sans même savoir si, de l’autre côté, le sang coule toujours dans les veines de la mystérieuse inconnue. Elle s’arrête un instant, attrape une dague afin de creuser plus rapidement autour d’un bloc de glace qu’elle déloge avec difficulté. Finalement, la neige s’écroule autour d’elle, l’ensevelit partiellement, mais surtout, déloge l’entrée de la grotte. Au fond, tapie, une jeune femme – celle qu’elle a vue dans ses songes.

« Ar lasa mala revas. » Libérée, enfin, la gamine au crin d’ébène. Ishtari s’approche en rampant, trop épuisée pour découvrir entièrement l’entrée ensevelie. À l’intérieur, pas de vent, et la pierre a tenu l’endroit plus au chaud qu’elle ne l’aurait cru. « Qui es-tu, era’len? » Enfant des songes – certes, car ce conduit l’a menée jusqu’à elle, de la façon la plus improbable qui soit. « As-tu mal? »

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MessageSujet: Re: ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient EmptyMer 4 Mar 2015 - 5:08

les sous-bois qui soupiraient
() Tu tremblais sans pouvoir te retenir, tellement fort que l'inconnue qui te libéra semble n'être qu'un mirage comme ceux que tu créais. Ce n'était pas le froid, c'était autre chose. C'était l'énergie qui flottait dans l'air et qui te mangeait les os. Tu dépassas celle qui t'avait sauvée en soufflant tes inquiétudes à Yoyogrig demeuré invisible sur ton épaule. La tension autour était palpable, et tu ne reconnaissais qu'une chose ― la même brûlure dans ton âme que le jour où on t'avais envoyée trop loin, bien trop loin.

"As-tu mal ?"

Tu sursautas. La voix de l'inconnue venait de se rendre à toi, te forçant à prendre en compte son existence. Tu la regardas comme si elle avait surgi devant tes yeux confus, un mélange de crainte et d'appréhension. L'information prit du temps à rejoindre ton cerveau, mais lentement, tu te mis à secouer la tête.

"Non, non."

Ta voix était écorchée de ne pas avoir parlé à voix haute depuis si longtemps et de n'avoir été que murmures les rares fois où tu l'utilisais en dehors des songes. Aussitôt, un violent frisson te prit le corps ― pas l'énergie, cette fois.

"Froid."

Tu n'attendis pas que l'autre réagisse pour la rassurer.

"Un peu."

Un sourire perdu s'étira sur tes lèvres, un sourire presque triste. À quoi bon avais-tu donc attiré cette jeune femme à toi ? Pourquoi t'acharnais-tu donc tant à vouloir être sauvée ? Il n'y avait plus rien pour toi ici. Mais tu étais incapable de t'empêcher de te battre. Et Yoyogrig ne te permettrait pas d'abandonner non plus. Alors tu te laissas glisser derrière la femme elfe, tes doigts parcourant les poches dans son manteau et dans son sac.

"Faim, aussi."

Ton estomac acquiesca bruyamment. Tu lâchas un soupir.

"Très faim."

Un grognement méfiant s'échappa de tes dents serrées.

"Mais on ne peut pas camper ici. Il y a du danger dans les pins."

Encore une fois, tu ne laissas pas le temps à ton interlocutrice de parler avant d'extrapoler.

"Yoyogrig me l'a dit, c'est partout et ça lui chuchote dans l'oreille d'être mesquin."

Tu commenças de suite ton chemin, n'attendant qu'une fois au-dessus d'une combe la parfaite inconnue avec qui tu parlais déjà comme à une vieille amie. Mais ah, ça n'était pas pour autant que tu étais stupide, le Par-Delà t'avais appris à ne faire confiance à personne. Ton couteau attendait sagement dans ta manche qu'elle n'abuse de ta gentillesse ― sans même que tu aies besoin d'un couteau pour la neutraliser.
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MessageSujet: Re: ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient ISHTAMBULE — les sous-bois qui soupiraient EmptyJeu 9 Avr 2015 - 23:37

La jeune elvhen est présente de corps mais son esprit semble vagabonder au gré de ses humeurs – en cet instant où, machinalement, Ishtari lui demande si elle est blessée, elle sursaute, comme tirée d’une rêverie alors que quelques secondes auparavant, elle semblait alerte, bien que frissonnante. Son hochement de tête répond à la question et le souffle que la sauveuse retenait est relâché dans un petit nuage de fumée translucide.
Le spasme qui secoue le corps de l’égarée, néanmoins, la fait douter. Si elle n’avait pas entendu de ses propres oreilles l’écorchée parler, au creux de son songe elle aurait cru qu’elle ne savait répondre que par d’éparses monosyllabes, de brefs vocables. Ainsi elle répond, toujours succincte, que le froid la prend aux os – ni une ni deux, l’une des peaux tannées qui était pendue à la ceinture d’Ishtari se voit posée sur les épaules de la petite. Bien qu’un peu humide, la tignasse du renard aurait tôt fait de la réchauffer.

En la voyant se déplacer, Ishtari se fige, aux aguets. Certes, la silhouette coiffée d’un crâne de hahl qu’elle a vue dans son rêve lui a inspiré confiance; or, la jeune femme reste une inconnue, et la méfiance est de mise. Elle fouille les poches et la bourse de sa salvatrice, à la recherche de nourriture à en croire ses paroles toujours aussi concises. Les sourcils froncés, Isthari enfonce la main dans un pan de sa tunique trop ample et en sort un bout de saucisson – sec et inégal, mais disponible si la mystérieuse créature le veut. Confrontée à son grognement imprévu, les sourcils de la dalatienne se froncent davantage – sa façon d’exprimer sa perplexité. Du danger? Certes, Tirashan n’était pas une contrée hospitalière, mais en tant qu’elfes, il n’y avait rien pour les traquer sinon quelque animal sauvage. Ishtari ne peut néanmoins demander d’explications avant que l’étrange demoiselle ne reprenne la parole. « Qui? »

La dalatienne, méfiante, pose instinctivement la main sur la lame qu’elle porte à la ceinture. Elle parle d’un Yoyogrig, or Ishtari ne voit qu’elles deux, vautrées dans la cave. À qui fait-elle référence, cette étrange enfant? N’est-ce qu’un guet-apens destiné à détrousser quelque naïf passant de ses possessions? Ils seraient malheureux; Ishtari n’a rien de valeur, pas même le moindre bijou.

« De qui parles-tu, era’len? Où vas-tu? » L’elfe s’éloigne et Ishtari la suit sans hésiter, instinctivement. Elle ignore où elle les mène et malgré sa méfiance, elle ne peut faire autrement que de la talonner à l’aveuglette. Lorsqu’elle s’arrête finalement, la salvatrice la rattrape, le souffle court de surprise. « Pourquoi m’as-tu appelée ainsi? Certainement pas pour que je te suive aveuglément. » Elle halète, déglutit. « Si tu n’as plus besoin de moi, alors je pars. » Ainsi, peut-être, Ishtari aurait-elle des réponses à ses incessantes questions.

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