Bjorn naquit dans une ancienne et respectée famille de forgerons nains et sa vie fut conditionnée pour que cette tradition se perpétue. L’apprentissage commença dès sa plus tendre enfance avec le récit des exploits que les Hauts accomplirent grâce aux armes et armures que ses ancêtres avaient conçus. Vint ensuite le jeu de la différence de qualité des différents métaux, minerais et charbons. En grandissant, il eut de plus en plus de tâches physiques à accomplir telles que l’activation du soufflet, l’approvisionnement du feu en charbon et le transport des pièces d’équipements terminées. Ces activités devinrent de moins en moins amusantes pour l’enfant. Il aurait préféré jouer avec son grand frère mais ce dernier était affairé avec leur père dans la forge.

Les années passantes, Bjorn ressentit encore plus le fossé le séparant de son ainé. A l’époque, Kirund était déjà pus grand, plus fort et surtout plus enthousiaste à l’idée de marteler de l’acier. Leur père leur enseigna le travail de la forge sans faire de distinction mais plaça ses espoirs sur les épaules du grand frère. En grandissant, Bjorn éprouva de plus en plus de frustration et d’antipathie à leur égard. Kirund hériterait de l’atelier familial tandis que lui se contenterait de l’assister dans son travail, de s’occuper des commandes les moins importantes et gérer la boutique. Sa fierté fut très souvent mise à mal au contact des clients. Ces derniers vantaient le mérite de Kirund seul sur des pièces auxquelles Bjorn avait également participé, ou qualifiaient ses réalisations de "deuxième main".

Pour se distinguer de Kirund, Bjorn fréquenta régulièrement le Façonnat dans l’espoir d’y trouver des connaissances lui permettant de redorer son blason. Mais plus il consulta ces ouvrages et plus le travail à la forge le répugna. Pourquoi suer sang et eau sur un simple morceau de métal pour le changer en merveille si elle finira de toute façon dans la tombe d’un noble n’ayant jamais combattu de son existence ? De moins en moins appliqué dans son travail, Bjorn s’attira les foudres de son frère jugeant ridicule l’importance de grimoires pour un forgeron. Cela ne fit que renforcer son sentiment de révolte et son attrait pour le Façonnat.

C’est alors qu’une sans-caste s’intéressa à lui. D’abord répugné par l’approche d’une paria et criminelle, Bjorn écouta sa proposition. Mewyn lui offrirait une somme rondelette s’il acceptait de transporter un colis au Cornal Adamant. Bien qu’interdit aux non-nobles, les forgerons peuvent s’y déplacer pour apporter les commandes de leurs riches clients. Un travail facile et bien payé. Il accepta. Ce fut le début d’un partenariat fort profitable. Moins fatiguant que le forgeage et mieux payé, Bjorn rejoignit les rangs du Carta et reçut toujours plus de missions à accomplir. Transport de colis, de messages et d’armes au début, il servit d’intermédiaire pour les extorsions. Habitué à négocier, cultivé et accompagné de patibulaires gros bras sans-caste, il n’avait que peu de difficultés à soutirer l’argent et les informations des roturiers. Malheureusement, Kirund finit par le savoir. Moins diplomate que le cadet de la famille, le maitre forgeron n’hésita pas à le gifler "pour son bien" et le ramener dans le droit chemin. Bjorn préféra prendre la porte et ne plus jamais le revoir.

Sa nouvelle vie fut agréable. Pas parfaite ni idéale en de nombreux points, mais bien meilleure que la précédente. Devoir supporter la présence de sans-caste, d’obéir à une femme et parfois se salir les mains furent un moindre mal en comparaison de l’éreintant travail à la forge, l’attitude mesquine des nobles clients et de l’existence de Kirund. Son premier acte d’indépendance fut la confection d’une épée pour lui-même. Sensiblement différente de l’artisanat traditionnel nain, cette arme se devait de refléter son style de combat (pratiquement inexistant) et son déni des traditions.

Cette idylle cessa brusquement lorsque son groupe se risqua au Cornal Adamant. On lui donna un "choix" impliquant de combattre les engeances mais pour des groupes différents. Rejoindre la Garde des Ombres pleine d’humains et d’elfes à la surface, ou rester avec ses semblables en incorporant la Légion des Morts. Il opta pour le choix présentant le moins d’inconnues et partit pour les Tréfonds. Ce fut hélas en la compagnie de son frère ainé, décidé à lui pourrir la vie jusque dans la mort. Leur Tribun devint presque aussi facile à vivre que les engeances. Confort spartiate, journées ponctuées de combats contre des créatures sanguinaires, entrainements continus, Bjorn gouta aux jouissances de la vie de Légionnaire.

Cela fait cinq années que Bjorn est officiellement mort. Cinq très longues années à dormir dans des thaigs glacés empestant le sang d’engeances et à combattre ces derniers. Brynjolf a fait un travail remarquable à son sujet. Du simple malfrat menaçant les sans-castes avec le tranchant de son épée, Bjorn a apprit à se servir de sa lame pour se frayer un chemin dans le rang de ses ennemis. Sans compter qu’il est parvenu à le garder en vie et à l’empêcher de déserter, le Tribun mérite des félicitations. Il n’est pas parvenu à en faire un véritable guerrier berserker mais ses leçons lui ont permit de manier efficacement une épée. Suffisante pour que ses années en compagnie de voleurs et ces cinq là en fasse un duelliste et éclaireur de la Légion.

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