Le voyage avait été long mais moins que ce qu'Ysaliss l'avait imaginé. A moins que la présence du charmant chevalier à ses côtés lui ait donné l'impression que le temps passait plus vite qu'il ne le faisait réellement, elle ne saurait le dire. Tout ce qu'elle savait en revanche c'était que ces quelques jours de voyage auprès d'Uther avaient été fort agréables. Certes, il y avait bien eu des moments où elle avait eu froid, où le sol où ils avaient dormit était particulièrement dur et humide, ou bien où son séant, fort peu habitué aux longues chevauchées, l'avait fait souffrir, mais dans l'ensemble elle n'avait pas à se plaindre. Elle avait été en charmante compagnie et avait appris tellement plus d'Orlaïs à ses côtés en ces quelques jours que depuis sa naissance, qu'elle pouvait bien serrer les dents et attendre que ça passe. Elle ne vivait certes pas une quête épique tel un garde des ombres combattant les engeances ou un apostat traqué par les templiers, mais elle vivait son lot d'aventures, surprenantes à leurs manières.

Elle avait eu l'occasion de chasser à nouveau et avait pu poser un nombre impressionnant de questions à son compagnon de voyage. Jamais il n'avait rechigné à lui répondre, jamais il ne l'avait regardé de haut pour son ignorance. Il répondait, parfois souriant, amusé de sa curiosité et de ses remarques, parfois sérieux devant le contenu de leurs discussions. Et elle avait aussi appris à lui faire un peu plus confiance. L'impression qu'elle avait eu de lui dans cette ruelle sombre de Val Royeaux ou encore dans la taverne où elle s'était restaurée, se confirmait chaque jour un peu plus. C'était un homme qui n'avait pas de noble que le titre. Il était noble dans son âme, dans sa façon d'être. Uther de Verchiel était un homme juste et bon qui, elle en était la preuve, n'hésitait pas à venir au secours des plus démunis. Du moins c'était son impression grandissante. Elle ne le connaissait pas encore suffisamment pour en attester de sa vie, mais elle le sentait. Aillant été élevée par une belle-de-nuit, elle savait déchiffrer les hommes et leur façon de bouger et de parler. Elle sentait, au fond d'elle, qu'il était honnête et respectueux. Certes ils n'avaient pas les mêmes idées sur les elfes par exemple mais elle pouvait bien passer par-dessus ce léger désaccord puisqu'il n'allait pas les attaquer à vue.

Elle s'était sentit assez en confiance pour lui en révéler plus sur elle et ses origines. Elle avoua, à demi-mots la mort de sa mère le jour de sa naissance et le sacrifice de son père, dix ans plus tard. Mais le chevalier était loin d'être idiot et il n'eut pas besoin qu'elle lui explique les choses en détails. Il lui parla, lui aussi de sa famille restante, à savoir sa mère et sa demi-sœur, plus jeune que lui. En revanche il ne parla pas de son père, mais Ysaliss ne le pressa pas sur le sujet, sachant que certains secrets méritaient le temps que l'on mettait à se les partager. Elle non plus ne lui avait pas avoué qu'elle avait été élevée par une belle-de-nuit ou qu'elle avait été placée chez un contrebandier qui lui avait appris tout ce qu'elle savait des dagues et des arcs. Elle avait aussi tut ses exploits de voleuse professionnelle qui l'avaient amené à subtiliser certains objets dans les maisons des bourgeois les plus cruels de la Hauteville. Elle y viendrait. Elle voulait juste lui montrer qui elle était maintenant avant de lui dire qui elle avait été dans le passé.

Ils avaient échangés, énormément, et les longues discussions ainsi que les froides nuits de Firstfall les avaient rapprochés. Au milieu du quatrième jour ils aperçurent enfin la demeure d'Uther. Elle se dressait, droite et, si l'on peut parler en ces termes d'une cité, fière ; son château la surplombant tel un père protecteur veillant sur son précieux enfant. A cette vue, Uther fit ralentir leur monture et Ysaliss prit le temps de laisser glisser son regard sur les murailles alors qu'il lui présentait la ville de la même manière qu'il l'aurait fait de sa famille. Cette ville c'était la sienne ; celle qu'il devait protéger et faire prospérer. Et, en effet, ce n'était pas la plus grande d'Orlaïs mais c'était en revanche celle qu'il chérissait le plus. Alors qu'il reprenait lentement la route, approchant son destrier de la grande porte qui leur permettrait d'entrer dans la cité, la jeune marchéenne se sentit soudainement honoré de se trouver en ces lieux, aux côtés de leur maître. Elle voulait soudainement descendre de leur monture afin de partir à la découverte des rues ainsi que des habitants de Verchiel et eut toute les peines du monde à se contrôler. Elle se sentait redevenir enfant alors qu'elle apprenait à reconnaitre par cœur l'emplacement de chaque ruelle, de chaque bâtiment de Kirkwall.

Bien trop vite au goût de la jeune voleuse, ils arrivèrent devant les massives portes du château où le charmant chevalier descendit de monture. Il lui présenta alors son bras pour l'aider à faire de même et, alors qu'elle acceptait et se laissait glisser le long du flanc du fier coursier orlaisien, elle se promit de découvrir cette ville comme si elle y était née. Elle n'avait pas la grandiloquence de Val Royeaux, ni ses parures, ni ses dorures, elle avait bien plus ; elle avait l'air honnête, si l'on peut à nouveau s'exprimer en ces termes pour qualifier une cité. Verchiel était ce qu'elle était et elle ne tentait pas de le cacher derrière de belles tapisseries, bien qu'Ysaliss ne doutât pas que son château en contienne. Cette ville était à l'image de son jeune propriétaire et surement de son père avant lui.

Malgré l'invitation d'Uther à pénétrer dans la citadelle, la jeune femme prit le temps de jeter un dernier regard derrière elle, découvrant ainsi rapidement la cour du castelet avant de se faire assaillir par un petit nombre de serviteurs. Elle se doutait bien qu'il ne vivait pas seul, enfermé dans sa tour de pierre mais elle fut tout de même surprise d'en voir. Trop étonnée pour protester, elle les laissa faire avant de les remercier d'un sourire et d'un hochement de tête silencieux. C'était étrange pour elle, qui avait été serveuse à la "Rose en fleur", de se faire servir de la sorte. C'était comme si le monde était inversé. Comme si le Créateur avait soudainement décidé de renverser les lois régissant les Hommes.  Alors qu'elle allait tourner son regard vers lui, ses yeux furent attirés par les merveilles que renfermait l'intérieur des murs  du château. Elle était bouche-bée devant de tels trésors. Tout d'abord les pierres apparentes retirent son attention puis ses yeux passèrent sur les chambranles des portes, les tapis, les parures et elle fit quelques pas en avant, oubliant complétement de répondre à la question du jeune homme à ses côtés. Elle tourna lentement sur elle-même plusieurs fois, laissant glisser son regard sur tout ce qui pouvait accrocher son regard. Le léger rire de son hôte, qui l'observait maintenant, amusé de son comportement, la sortie de ses pensées et elle se gratta la tempe droite, embarrassée.

"Je… Il n'y a pas de mot, Uther." lui dit-elle alors, reportant son regard sur lui. "Des belles demeures j'en ai vu mon sous, mais rien ne peut rivaliser avec cela."

Elle ne tentait pas de l'amadouer de belles paroles, elle parlait avec honnêteté. Peut-être que dans l'œil de l'impératrice, Verchiel n'était pas exceptionnel, mais dans celui d'Ysaliss, il valait mille fois plus que Val Royeaux car il respirait le travail d'artisans qui avaient tout donné pour créer des œuvres d'art, aussi simples soit-elles.

Lorsqu'ils étaient rentrés dans la cité, Uther avait remarqué l'envie qui ressortait de chaque mouvement de Ysaliss, d'allait explorer la ville. Cependant, elle resta sur le cheval, ce qui permettait au Baron d'organiser pour plus tard la visite entière de celle-ci. Lorsqu'ils entrèrent dans le château dont le vestibule accueillait les gens avec l'exposition de richesse pour impressionner. Chaque tapisserie avaient été faites spécialement pour la famille régente de Verchiel, certaines remontaient même à une ère. Cela amusa le chevalier de voir la jeune voleuse aussi impressionnée, il s'agissait pour lui d'une décoration riche, mais en comparaison de ce qu'il avait pu voir ce n'était rien. Cependant il ne s'en plaignait pas, c'était un luxe que peu pouvait se permettre d'avoir telle décoration. Cependant, il ne se lassait pas de voir l'émerveillement sur le visage de la jeune femme.

Uther lâcha un petit rire aux compliments de la Marchèenne "Je te remercie, nombreux sont ceux de la noblesse ne pas prêter attention à cette décoration. Et tu verras sans doute d'un autre oeil cette demeure lorsque tu aura vue le palais impérial." Uther lâcha un autre rire, sachant que trop bien que ce n'était en rien comparable. Verchiel n'était qu'une simple baronnie du duché de Jader, alors que le Palais était le centre politique de tout l'empire. "Aimerais tu faire la visite de la demeure avant toutes autres choses ? Ou bien nous t'installons d'abord et ferons la visite un autre jour."

Uther observa la jeune femme, les domestiques l'avaient débarrassée de la majorité de ses affaires la laissant libre de ses mouvements et sans le poids de son attirail. Malgré les nombreuses nuits passaient dans le froid et le sol, pas toujours très confortable, elle n'en était pas moins belle. Il la regardait attententivement quand une domestique vint à ses côtés "La chambre de madame est prête mon seigneur." Uther tourna la tête et lui fit un signe de la tête ainsi qu'un sourire. "Je te remercie Filda." La femme repartit à ses occupations quotidiennes, pendant qu'Uther reporta son attention sur la belle voleuse.

Les mots d'Uther firent naitre un sourire sur le visage de la jeune femme qui releva alors un peu plus la tête, moins gênée de son comportement, avant de la secouer. S'approchant du mur le plus proche du jeune maître des lieux, elle laissa glisser sa main sur la pierre nue, la caressant dans ses moindres aspérités, en touchant ses moindres défauts qui, aux yeux de la jeune blonde, en faisaient sa vraie force de caractère.

"J'en doute." le contredit-elle en tournant son regard vers le jeune homme. "Le palais impérial peut bien posséder milles tapis aux couleurs les plus flamboyantes, tout autant de dorures et que sais-je encore. Rien, pour moi, n'a plus de valeur que l'honnêteté. Et ta ville et son château les possèdent. Tu ne caches pas ses trésors derrière des décors baroques, tu les exposes."

En vérité, si Ysaliss était devenu voleuse professionnelle comme elle s'appelait elle-même, c'était par amour des belles choses. Elle ne voulait pas forcement les posséder, mais parfois simplement les voir dans leurs lieux d'expositions, ou encore les restituer à leurs véritables propriétaires. Aussi elle abhorrait les décorations chargées et leurs préféraient celles épurées qui ne dévoilait que le principal. Un beau tableau dans une pièce simple en fait une aventure. Le même objet entouré de dorures et de tapisseries en fait une chose sans valeur.

La jeune marchéenne avait entendu sa question, mais elle avait choisi de ne pas y répondre tout de suite. La raison en était simple. Tout d'abord, elle était trop fascinée pour lui répondre sur l'instant et ensuite, elle ne savait pas trop quoi lui dire. L'un comme l'autre lui allait. Il était vrai que le voyage avait été éprouvant. Pas autant que son arrivée depuis les marches libres mais tout même fatiguant. Elle s'apprêtait à lui dire qu'elle voulait s'installer d'abord mais elle hésita. Ysaliss était bien trop intriguée par les trésors que recelait ce château pour s'arrêter maintenant. La curiosité l'emporta alors sur la fatigue. Elle aurait bien le temps de se reposer plus tard. Elle se tourna donc pour lui répondre quand une domestique vint informer le jeune homme que sa chambre était prête. C'était vraiment le monde à l'envers et cela la fit sourire. Il remercia la nouvelle venue et la jeune voleuse fit de même d'un léger sourire. Elle regarda la femme s'éloigner avant de plonger son regard dans celui du chevalier.

"Je t'avouerais que je suis curieuse d'en voir plus de ta demeure et d'en apprendre plus de son histoire. J'aurais bien le temps de m'occuper de mes petites affaires plus tard." lui dit-elle alors, une lueur de malice dans le regard qui montrait à quel point elle avait hâte de connaitre les moindres recoins de son château et leurs merveilles.

Uther hocha légèrement la tête vers la jeune femme. Elle aimait déjà Verchiel pour son aspect et ce que la ville dégagée. Uther se rappela qu'enfant il aimait sortir secrètement du château pour aller dans les rues de la ville. Il avait d'ailleurs fait plusieurs rencontres, certaines agréables, d'autres moins. Mais il ne manquait aucune occasion d'aller parmi les habitants pour se tenir informé directement de la situation en ville. La Marchèenne n'était donc pas impressionnée par la richesse, mais par le simple fait de ne pas cacher ce qu'on était réellement. Cela plaisait au chevalier, on lui avait inculqué des leçons de vérité, d'honnêteté et d'honneur. Choses qu'il avait trop laissé de coter à la cour.

La charmante dame avait opté pour la visite des lieux, le Baron ferait en sorte qu'elle ne soit pas aussi ennuyante que celle d'un vieux bâtiment ou de l'académie. Il prit la main de la belle voleuse, sans en demander la permission étant un geste particulièrement mal vu si le protocole s'appliquait. Puis la guida vers l'autre bout du couloir. Où ils arrivèrent sur une grande pièce remplie de livre. Il s'agissait de la bibliothèque du château. L'une des plus grandes pièces du bâtiment et remplis de livres d'histoire, de littérature, poésies, ou registre en tout genre. Une table circulaire dans un coin, prés de la fenêtre. En rentrant complètement à droite et à l'opposer de la table, une cheminée avec deux fauteuils face au foyer. Uther pensa qu'il n'était pas forcement obligé de dire quelle était cette pièce, il s'agissait là d'une évidence. Il continua par un couloir au fond à droite de la grande salle. Il l'emmena dans une autre salle plus sobre, une simple fenêtre en hauteur avec dans cette pièce également une cheminée et devant elle, une table basse avec deux fauteuils devant la petite table.

Au fond de cette petite pièce il y avait un buffet contenant certainement quelques bouteilles ainsi que des verres. Un jeu d'échec reposant sur le meuble. La décoration était sobre, un tableau de Verchiel vu de loin était au-dessus de la cheminée qui éclairait toute la petite pièce. Uther ouvrit alors la porte qui menait au reste du château et ils attirèrent dans une salle totalement opposée à la précédente. Elle était grande et lumineuse pourvus de mannequin d'entrainement, rangement à épée et bouclier et autres style d'armes. Les fenêtres étaient grandes et la lumière était parfaite, diverses torches étaient accrochés au mur pour les entraînements nocturne. La porte qui menait à la petite pièce était la seule entrée à partir de l'intérieur du château. L'autre sortie, était une porte vitrée menant dans les jardins.

Uther pointa le mur qui ne possédait aucune porte. "Derrière ce mur, il y a la réserve et les cuisines. A l'étage il y a les chambres. Voilà la demeure du Baron. Qu'en penses-tu ?"

A la réponse de la jeune femme, Uther attrapa sa main et la tira à sa suite à travers le château. Tout d'abord surprise de son geste audacieux, elle ne le reprit pourtant pas, appréciant cette sensation qui faisait de lui un homme comme les autres et non une personne inaccessible par son rang. Il lui fit alors découvrir toutes sortes de pièces de toutes tailles et pour toutes utilités ; les unes après les autres ils les parcoururent et elle laissa son regard les détailler autant qu'elle le put vu la rapidité de la visite. Elle aurait aimé passer plusieurs heures dans chacune d'entre elle aussi tenta-t-elle d'en retenir le chemin. Ce faisant, elle se promit de revenir dans chacune de ces salles et de prendre le temps de faire connaissance avec elles, de les découvrir et de les apprendre sur le bout des doigts, tel un poème dont on retient les lignes et que l'on est capable de réciter par cœur.

Bien que rapide à son goût, la visite fut tout de même fort agréable et la sensation de leurs mains liées y avait peut-être été pour beaucoup. Elle aimait cette familiarité qui s'installait petit à petit entre eux avec un naturel parfois surprenant et elle était curieuse de voir jusqu'où les choses pourraient aller. Elle aimait la compagnie d'Uther et son physique avantageux ne la laissait pas indifférente. Mais il y avait tellement de choses qui se dressaient entre eux. Leur différence sociale était certainement la plus importante. Aussi décida-t-elle de ne pas y penser et de se concentrer sur le moment présent.

Lorsque la visite prit fin, le regard d'Ysaliss fut attiré par la porte vitrée qui donnait sur l'extérieur. Écoutant tout de même les explications de son hôte, ce fut à son tour de le tirer dans son sillage, refusant de lâcher sa main chaude. Elle s'avança donc vers cette sortie et colla son nez à la vitre, telle une enfant découvrant un nouvel univers. A l'extérieur le soleil n'était pas encore couché, mais cela ne saurait tarder et une petite moue se dessina sur ses lèvres. Elle aurait aimé avoir le temps de poursuivre la visite à l'extérieur mais savait qu'elle aurait le temps de s'en occuper le lendemain, tout du moins l'espérait-elle. Résistant donc à l'envie de découvrir l'extérieur pour l'instant, elle se tourna vers son hôte sans pour autant lâcher sa main ou la vue des jardins de ses yeux.

"Je dois dire que c'est impressionnant." lui avoua-t-elle alors, répondant finalement à sa question. "Je prendrais surement le temps de revisiter le tout à nouveau, si cela ne te gêne pas, en particulier la bibliothèque. J'ai toujours aimé les livres…"

Elle avait laissé sa phrase en suspend et, après avoir pincé les lèvres et tourné son regard vers le sol, honteuse, elle lui en avoua la fin.

"… bien que je ne sache pas lire."

Ysaliss aurait aimé conserver ce secret un peu plus longtemps, mais elle se devait d'être honnête avec lui et cela risquait de lui faire défaut s'ils mettaient leur plan à exécution. Il valait mieux qu'il en soit informé maintenant que lorsqu'elle serait piégée devant les grands d'Orlaïs. Craignant quelque peu sa réaction, elle garda les yeux baissés sur les doigts de sa main libre, qui jouaient nerveusement avec le cordon d'une des bourses de cuir qui se trouvait à sa ceinture et contenait ses dés de pierre.

La pièce dans laquelle était Uther et Ysaliss s'assombrissait de plus en plus laissant place de la douce lumière du coucher du soleil à la sombre nuit. Cependant, le chevalier continua de fixer son interlocutrice, admirant à la fois son courage d'avoir avoué un secret qui - d’après la tête qu'elle tirait- était si honteux pour elle. Il ne répondit pas de suite à l'aveu, il porta sa main libre sur le menton de la jeune femme pour lui remonter le visage comme il l'avait déjà fait à la taverne. Il serra au même moment de manière délicate la main de la jeune blonde. Quand la tête de la Marchèenne fut relevée, il plongea son regard dans celui bleu-vert de la charmante voleuse.

"Alors, je t'apprendrai." finit-il par dire. Il avait aimé l'honnêteté dont elle avait fait preuve, lui-même suivait cette règle de conduite. Mais il admirait beaucoup le courage d'avouer ce genre de chose. "Beaucoup de personnes n'aurait pas avouée ce que tu viens de dire, j'admire ton courage. Je t'apprendrai, pour que tu puisses un jour lire aussi sereinement que tu le veux un des livres de cette bibliothèque, ou celle d'une autre." Il afficha un sourire se voulant rassurant. Elle n'avait en aucun cas besoin d'être enfoncé plus bas que terre après cette révélation qui lui coûtait sans doute.

Il admira cette jeune femme, laissant son regard la détailler. Ils étaient dans une pièce sans autre issus que la porte menant à la petite pièce, ou la porte fenêtre. Uther avait envie de l'emmener directement à la bibliothèque pour qu'il puisse lui donner les premières leçons, mais il ne fit rien, il savait que le voyage l'avait surement épuisé, au même titre que lui. Et même si le fait d'être en sa présence le ravivait, il décida qu'il fallait attendre que la jeune femme se soit reposée totalement. Il demanderait sans doute dans quelques minutes aux serviteurs de lui faire couler un bain d'eau chaude, pour qu'elle puisse se relaxer et se détendre. Elle l'avait bien mérité.

La chaleur des doigts d'Uther sur le menton d'Ysaliss la fit frémir. Il releva ainsi délicatement le visage de la jeune femme pour qu'elle le regarde avant de plonger ses yeux dans ceux, pers, de son interlocutrice. Leur proximité ainsi que sa façon de la regarder la firent rougir alors que son cœur s'emballait dans sa poitrine. Se rendait-il seulement compte de l'effet qu'il lui faisait ? Les mots qu'il prononça alors la firent sourire doucement. Comme à son habitude, il était avenant et prêt à donner de son temps pour elle. Le rosissement de son visage s'intensifia alors qu'elle perdait son regard dans celui du jeune chevalier. Il comprenait à quel point il lui avait couté de lui révéler ce secret et elle lui était reconnaissante qu'il ne l'ait pas rabaissé pour ses honteuses lacunes.

Soudainement incapable de bouger sous le regard du jeune homme, elle sentit qu'elle perdait pied à nouveau. Elle n'arrivait pas à détacher son attention de lui, de sa présence à la fois douce et forte. La chaleur de ses doigts sur son visage ainsi que ceux qu'elle tenait dans sa main l'apaisait tout autant que cela la troublait. Il était si près d'elle à cet instant qu'elle pouvait voir le moindre changement dans ses traits. La façon dont le soleil rasant jouait sur son visage, éclairant ses yeux bruns, la fascinait. Elle était incapable de détourner le regard ; toute son attention était happée par celui du jeune homme. Un nouveau frisson la parcourut et elle se fit violence pour briser le charme. Détournant enfin les yeux vers le sol, elle se racla la gorge pour reprendre contenance.

"J'attends tes leçons avec impatience." finit-elle par lui dire, souriant timidement.

Elle ne sut dire combien de temps elle s'était perdue dans son regard. Mais le soleil se couchait maintenant dans son dos, diffusait ses couleurs pastelles. Dans quelques instants la nuit tomberais et, malgré qu'elle tente de ne pas le montrer, la fatigue commençait à se faire sentir. Elle avait faim aussi, leur dernier repas remontait à plusieurs heures et elle sentait les bonnes odeurs venir des cuisines qui se trouvaient proches d'eux.

Le baron n'avait pas vu le temps passer. En quelques instants le soleil se couchait et laissait place à la lune de Firstfall, le temps passait réellement trop vite. Il avait eu à peine le temps de détailler chaque partie de son visage que des serviteurs entrèrent dans la pièce pour allumer les torches. Les mots de la belle blonde résonnait encore dans sa tête. Il avait également hâte de pouvoir les lui donner. Il tira doucement la jeune Marchèenne en avançant, ils allaient être de retour à l'entrée du château, là, Uther interpella un domestique pour lui demander de faire couler un bain pour la jeune femme, qui avait besoin de se détendre avant le repas du soir. Le domestique hocha la tête et fonça en montant les escaliers pour préparer tout ça.

Le chevalier se retourna vers la jeune femme et lui sourit à nouveau sans jamais une seule seconde lâcher sa main. La proximitée était fort dangereux avec cette charmante voleuse, il perdait rapidement la notion du temps et même le contrôle de lui-même. Chose qui n'était jamais arrivé depuis que son entrainement de chevalier Orlésiens lui avait permis de garder son sang froid et ses idées claires. Cependant, tant d'années d'entraînements n'avaient servis à rien face à cette belle blonde. "Je veillerais à ce que l'on te donne des habits propres et tout ce dont tu auras besoin." lui dit-il en regardant les escaliers où d'un instant à l'autre il s'attendait à voir surgir le domestique pour lui annoncer que tout était prêt. Il tourna l'odeur d'un bon repas flottait dans l'air, la porte de la cuisine était entre-ouverte et les estomacs commençait à gronder. Ils allaient sans doute pouvoir manger à leurs faims avec des mets succulents préparés spécialement pour le retour du Baron et l'arrivée de son invité.

Le chevalier tourna le regard quelques secondes vers la blonde quand le domestique descendit en toute hâte annonçant que le bain de madame était prêt. "Je t'attendrais dans la salle à manger, profite de ce moment de paix" Il sourit à la Marchèenne et déposa un baiser contre sa main. Il n'était question d'aucune marque de protocole, mais bien d'une envie soudaine qu'il avait eu et espérait seulement qu'elle ne pense en aucun cas qu'il cherchait à briser la familiarité et leurs proximités récentes.

L'entrée des domestiques dans la pièce finit de briser le moment si particulier que la jeune femme partageait avec le jeune chevalier. Elle aurait aimé que le Créateur arrête le temps afin de pouvoir profiter de cet instant pour toujours, malheureusement les minutes continuaient leur course effrénée que rien ne pouvait ralentir. Etonnement, il ne lâcha pas sa main et la guida à nouveau dans le hall d'entrée où il demanda à un domestique de préparer un bain pour son invitée. Ysaliss était surprise qu'il ne brise pas le contact devant ses gens. Ne craignait-il pas les ragots et les rumeurs qu'ils pourraient répandre sur leur compte ? Elle n'eut pas le temps de s'interroger plus longtemps sur la question car il se retourna bien vite vers elle, lui assurant qu'elle ne manquerait de rien après son bain. Elle se contenta d'hocher la tête, toute son attention tournée vers la main du jeune homme qu'elle serrait dans la sienne et qu'il lui faudrait bientôt lâcher.

Autour d'eux régnait un silence calme et la bonne odeur de nourriture venant des cuisines. Elle ne savait si cela venait de la présence du jeune chevalier ou de la quiétude de la demeure mais elle sentait qu'elle allait se plaire en ces lieux. Le fait qu'elle soit traitée comme une princesse depuis son arrivée la gênait un peu mais elle se dit qu'elle trouverait bien une façon d'éviter le petit personnel autant que possible. A moins qu'elle ne se mêle à eux et ne les aide. Si elle n'avait pas autant détesté les nobles de Kirkwall peut-être serait-elle cuisinière ou femme de chambre dans une de ses luxueuses demeures de la cité des chaînes. Mais elle n'aurait jamais eu l'occasion de rencontrer Uther et de venir en ces lieux.

Alors que le jeune chevalier tournait une nouvelle fois son regard vers elle et qu'elle lui souriait légèrement, un domestique descendit de l'étage supérieur pour leur annoncer que le bain était prêt. Uther informa donc son invitée qu'il l'attendrait dans la salle-à-manger avant de lever la main de la voleuse à sa bouche pour y poser un léger baiser. Dans la poitrine de la jeune femme, son cœur manqua un battement et elle le considérât un instant, interdite. Elle répondit alors à son sourire, appréciant la sensation de ses lèvres sur sa peau qui se dissipait maintenant lentement. Une fois de plus, le temps aurait pu suspendre son vol que cela n'aurait pas gêné la jeune marchéenne le moins du monde. Malheureusement elle devait le laisser temporairement pour le retrouver plus tard. Elle serrât alors la main d'Uther dans la sienne avant de la lâcher à contrecœur pour suivre le domestique qui la guiderait jusqu'à son bain.

Montant les marches qui menaient à l'étage supérieur elle se retourna une dernière fois pour entrapercevoir la silhouette du jeune homme avant qu'il ne disparaisse de sa vue au coin d'un mur. Elle se sentit soudain bien seule, comme si la présence du charmant chevalier à ses côtés avait comblé un vide dont elle ne soupçonnait pas l'existence avant de le rencontrer. Reportant son attention sur le domestique, elle le suivit à travers le dédale de couloirs avant de s'arrêter, tout comme lui devant une porte de bois simple. Il l'invita à entrer dans la pièce qui se trouvait derrière avant de lui dire qu'elle y trouverait ses affaires et de quoi se changer. Ysaliss le remercia d'un hochement de tête avant de s'aventurer seule dans la salle. C'était une chambre aux meubles travaillés avec soin. Il y avait un grand lit sculpté encadré de deux tables de nuits, une petite table ainsi qu'une chaise, une coiffeuse, une armoire imposante et une cheminée où ronflait un bon feu. Sur la parure de la riche couche, elle trouva une robe de couleur clair au tissu finement brodé et son sac ainsi que sa pelisse, son carquois et son arc.

Une porte, sur la gauche de la pièce donnait sur une salle plus petite ou un grand baquet de bois l'attendait. L'eau fumante qui s'en échappait la fit sourire et elle s'en approcha pour tremper sa main dans le liquide clair. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris un bon bain chaud, s'étant contentée de l'eau presque glacé des rivières lors de son trajet jusqu'à Val Royeaux. Firstfall n'était pas la meilleure période pour voyager, elle l'avait appris à ses dépens. Après avoir secoué sa main pour ne pas mettre de l'eau partout, elle ôta ses vêtements avant de prendre place dans le baquet d'eau. Elle poussa un petit soupir en sentant ses muscles se délasser et ferma ses paupières un instant. Une fois de plus, le calme régnait autour d'elle et, rouvrant les yeux, elle prit le temps de se laver à l'aide d'un pain de savon qui l'attendait sur un petit tabouret près d'elle. Une fois qu'elle se fut rincée, elle profita encore un peu de l'eau qui tiédissait avant d'en sortir. Elle s'enroula dans un linge doux posée non loin et essora ses cheveux consciencieusement.

Ne voulant pas faire attendre Uther plus longtemps, elle attrapa ses vêtements et se rendit dans la chambre où elle se vêtit de la grande robe qui l'attendait toujours sur le lit et des petits escarpins au pied de celui-ci. Alors qu'elle se débattait avec le corset quelqu'un tapa à la porte de sa chambre. Entrouvrant le panneau de bois, elle découvrit une jeune femme. Elle informa Ysaliss qu'elle était là pour l'aider et la jeune voleuse se sentit soulagée. Elle n'avait jamais eu besoin d'aide pour s'habiller, mais son aventure avec le corset la faisait changer d'avis sur l'utilité des domestiques auprès des nobles. Elle serrât les dents alors que la jeune domestique faisait de même avec les cordons du carcan de tissu rigide qui emprisonnait maintenant la marchéenne. Puis elle l'aida à se coiffer, brossant les cheveux blonds d'Ysaliss avant de les nouer en un savant chignon. Elle lui présenta ensuite les bijoux qu'on lui avait demandé de lui apporter et la jeune voleuse en choisit des simples. Sa tenue était déjà magnifique, elle ne voyait nul besoin de la surcharger. Puis vint le maquillage qu'Ysaliss demanda léger. Devant tant de préparatifs, elle s'attendait presque à ce que l'impératrice les rejoigne pour le diner. Qu'est-ce que cela serait lorsqu'elle serait introduite à la cour ? se demanda-t-elle alors.

Une fois qu'elle fut prête, elle remercia la jeune domestique avant de sortir de sa chambre. Elle retrouva le chemin du hall d'entrée sans trop de difficulté et fit enfin route vers la salle à manger où Uther l'attendait. Il se tenait debout devant la cheminé, son bras droit appuyé contre le manteau de pierre, un verre dans sa main gauche alors que son regard était perdu dans les flammes. Il semblait s'être changé lui aussi et ne portait plus ses habits de chevalier. S'avançant alors vers lui, Ysaliss se racla la gorge pour attirer son attention. Lorsqu'il se tourna vers elle, elle lui fit une petite révérence.

"Qu'en pensez-vous, messerah ?" lui demanda-t-elle alors, joueuse.

Elle avait fait exprès de s'adresser à lui ainsi et pour lui montrer qu'elle ne mettait pas les barrières du protocole entre eux, elle tourna sur elle-même, appréciant la sensation du tissu sous ses mains, alors qu'un léger rire montait dans sa gorge.

"Cette robe est magnifique, Uther." lui dit-elle alors qu'elle s'arrêtait de tourner et plongeait son regard dans celui du jeune homme.

Elle avait été bien occupée mais elle s'apercevait maintenant combien la présence du baron lui avait manqué. Ysaliss attendit alors qu'il rende son verdict sur sa tenue sans le quitter des yeux, sondant son expression pour savoir si elle était à la hauteur de sa tenue.

Lorsque la jeune femme monta les escaliers et disparu de son champ de vision, Uther resta tout d'abord un instant à fixer encore les marches. Puis se décida à se déplacer et vaquer le temps de quelques minutes à aider les servants à mettre les couverts. Puis quand ce fut terminé, il monta rapidement pour se changer à son tour, quelle allure allait-il avoir quand la belle Marchèenne reviendrait s'il restait dans la tenue actuelle. Il monta rapidement les marches et prit à son tour un moment seul, il se laissa aller dans l'eau de ce que l'on pourrait appeler "une baignoire", ne prenant que le temps de se laver correctement pour éviter de faire attendre Ysaliss, si jamais elle était déjà sortit. Il s'habilla d'une tunique noire aux bordures dorées, simple mais confortable et d'une certaine qualité tout de même.

Il prit son temps et regarda par la fenêtre de la chambre. Le balcon où il aimait observer la ville et ses alentours aurait bien mérité quelques minutes de son temps, mais il se promit de revenir avec la charmante voleuse. Il pourrait ainsi lui montrer les lieux de la ville avant d'y aller d'eux même les voir de plus prés. Uther prit une bouteille qui était posé sur l'une des tables à côté d'un bureau, ainsi qu'un verre et fit couler le breuvage dans le récipient, alors qu'il allait refermer la boisson, il servit également un second verre avant de refermer cette fois-ci pour de bon la bouteille. Le chevalier redescendit les escaliers allant dans la salle-a-manger. Voyant que la belle invitée n'y était pas, il partit devant le feu de cheminée, posant le verre de la jeune femme sur l'encadrement de la cheminée et attendit sa venue.

Il était seul dans cette grande pièce pour l'instant, il repensait au moment si étrange dans la salle d'entrainement, il avait clairement perdu le contrôle de sois durant quelques secondes, ou bien était-ce des minutes ? Il n'en savait rien, cela lui avait paru être une fraction de seconde pourtant le soleil ne se couchait pas aussi vite. Il n'avait à aucun moment voulu lâcher la main de la jeune femme, mais il fallait bien qu'à un moment il la lâche pour la laisser suivre le domestique et atteindre sa chambre. Il posa son bras droit contre l'encadrement du foyer et plongea son regard dans les flammes. La présence de la Marchèenne lui manquait quand la jeune femme toussota derrière lui, il se retourna vite vers elle, surprit et si heureux qu'elle soit enfin de retour.

Le chevalier admira la jeune femme dans sa robe si élégante. Cet accoutrement ne faisait d'autres qu’amplifier sa beauté naturelle. Il en resta stupéfait dans un premier temps, puis se ressaisit et l'admira entièrement, la voir tourner ainsi était sans doute l'une des plus belles choses qui lui ait été donné de voir. Le créateur aurait-il renvoyé Andrasté parmi nous ? pensa t-il. Uther ne répondit pas immédiatement à la question joueuse d'Ysaliss, il continua de l'admirer avant de se prononcer.

"S'il fallait se battre pour défendre un trésor, je pense que touts les boucliers serait vôtres, ma dame." Annonça-t-il en s'inclinant bien bas, sur le même ton joueur que celui employé par la belle femme. Elle avait annoncé son engouement aux propos de la robe et Uther ne puis qu'être d'accord avec elle au sujet du vêtement "Elle n'est magnifique que sur quelqu'un de magnifique." Dit-il tout simplement, avant de se rendre compte que sa pensée était sortit sans qu'il s'en rendre compte. Il se sentit gênait par cette phrase qui était sortit tout seul, mais se repris vite et prit le verre qui était sur le rebord de la cheminée, avant de le tendre vers la jeune femme. "Je t'ai préparé un verre, pour que nous trinquions, à notre arrivé à Verchiel." Il tendit son verre vers la jeune femme, plongeant son regard dans celui de la magnifique voleuse.

Les premiers mots d'Uther firent rosir Ysaliss, faisant foncer le peu de fard qui maquillait ses joues et elle baissa les yeux vers le sol, souriant timidement. Mais, alors qu'il continuait de la complimenter, elle releva le regard vers lui, surprise de le voir la qualifier ainsi ouvertement. Il sembla troublé le temps d'un instant avant de se tourner vers la cheminée et récupéra un verre qui attendait sur le manteau de pierre. S'approchant d'elle, il lui tendit le contenant de métal finement ouvragé, l'informant qu'il souhaitait trinquer à leur arrivée en ces lieux. Son regard vint se plonger dans celui de la jeune voleuse qui se contenta de lui sourire et de prendre le gobelet. Ses doigts effleurèrent alors ceux du jeune baron, créant une série de petites étincelles sous sa peau qui la firent frissonner. Tentant de ne pas montrer ce que le contact venait de lui faire ressentir, elle leva le verre dans sa direction avant de le porter à ses lèvres sans quitter son interlocuteur des yeux. Elle se sentait dériver à nouveau, sans pouvoir détacher ses yeux de ceux d'Uther. Elle était à nouveau sous le charme du jeune et charmant chevalier.

Ysaliss avait connu bien des hommes à Kirkwall, mais aucun n'arrivaient à la cheville de celui qui se trouvait face à elle. Si elle n'avait connu son appartenance à la maison de Verchiel ou au corps des chevaliers, elle aurait pu le croire mage et penser qu'il l'avait ensorcelé. Mais il n'en était rien et ce qu'elle ressentait à ce moment était étranger à un quelconque sortilège. Incapable de se dérober sous son regard, elle prit une nouvelle gorgée du breuvage qu'il lui avait offert. Elle n'avait jamais rien goûté d'aussi exquis et un petit soupir de contentement s'échappa d'entre ses lèvres. Le temps sembla une nouvelle fois suspendre sa course alors qu'autour d'eux le monde s'effaçait lentement. Si ce n'était pour son estomac qui se rappela bruyamment à elle, elle aurait pu rester ainsi des heures. Rougissant violement à ce son elle se mordit la lèvre inférieure.

"Toutes mes excuses." lui dit-elle alors, embarrassée. "Il semblerait que le dernier repas que nous avons partagé se trouve fort loin."

Elle savait qu'elle n'avait pas besoin de se justifier mais elle ne put s'empêcher de le faire tout de même. Le fait qu'elle porte de beaux atours n'avait en rien changé sa façon d'être et elle se trouva soudain gauche et gênée de ne pas être à la hauteur de sa tenue.

Tout en buvant à l’événement qu'il avait cité plus tôt il fixait la jeune femme, ce sentiment si étrange de ne plus pouvoir se contrôler était de retour. Il se sentit d'abord dépourvu et tenta de se concentrer tant bien que mal, mais décida de se laisser finalement aller. Après tout, il devait bien y avoir une raison à cette sensation, ce sentiment. Il n'aurait une fois su dire combien de temps il resta à fixer la Marchèenne, sans prononcer un mot le temps passa à vive allure. Lorsque les estomacs grondèrent, Uther sortit de ses rêveries, ou plutôt du lieu au profond des yeux de son interlocutrice. Il sourit tout d'abord dans se tenant lui même le ventre. "Tu n'as pas à t'excuser, passons à table, il me semble que cela nous fera le plus grand bien à tout les deux."

Il prit délicatement, la main de la si charmante femme, ressemblant fortement à un rêve dans pareille tenue. Il attira doucement vers la table qui se situait à quelques pas de la cheminée et se fit gentleman en décalant le siège pour qu'elle puisse s'asseoir. Ils étaient en bout de table, il aurait été logique alors que le Baron s'assoit au bout de cette grande table, mais il ne fit rien et décida de se placer face à cette femme. Chaque fois que sa peau effleurait celle de la jeune femme il s'en suivait une sensation de bien être et de frissons. Les serviteurs commencèrent alors à servir le repas aux deux personnes. Le dîner était composé d'un poulet parfumé d'une sauce dont seul le cuisinier connaissait les ingrédients et accompagné de pommes de terres. Des légumes accompagnaient bien évidemment le repas étant sans doute le moins chère et la nourriture la plus courante. Lorsque Ysaliss et Uther furent servit, les domestiques sortirent de la pièce et laissèrent seuls le chevalier et la voleuse.

Dans cette pièce il n'y avait plus personnes d'autres, pourtant Uther avait parlé de sa mère et de sa demi-sœur, cependant elles n'étaient pas présente. Uther ne semblait pas s'en soucier d'ailleurs, regardant entre chaque boucher la belle Marchèenne dans sa splendide robe, manger elle aussi. "Comment trouve tu le repas ?".

Uther ne se lassait pas d'entendre la voix de la jeune femme résonant à ses oreilles comme une mélodie, qu'on aime entendre encore et encore sans jamais s'en lasser.

La main d'Uther se plaça avec naturel sur celle d'Ysaliss et il la guida jusqu'à la table où il dut briser le lien pour tirer la chaise afin qu'elle s'asseye. Ce n'était dans ses habitudes mais elle ne dit rien et le laissa faire avant de prendre place à la grande table. Elle s'attendait à ce qu'il préside le repas mais il n'en fit rien. A la place, il s'installa face à elle et se contenta de la regarder alors que les domestiques servaient le repas. Les odeurs qui s'étaient échappées des cuisines avaient mis l'eau à la bouche de la jeune marchéenne et son estomac se contracta à la vue des plats qui arrivaient maintenant. Une fois le diner servit, les serviteurs s'éclipsèrent, les laissant seuls. Elle attendit patiemment qu'il se serve avant de faire de même. Une fois qu'il eut commencé à manger, elle s'autorisa à l'imiter.

Le poulet était divin et son accompagnement tout autant. Elle n'avait jamais rien mangé d'aussi bon de sa vie entière et le vin qu'il lui avait préalablement servit s'accommodait fort bien avec les mets raffinés qu'on leur avait servi. La question du chevalier la fit sourire et elle fit glisser sa bouchée d'une gorgée de vin sans le quitter du regard.

"Exquis, tout comme le vin." lui répondit-elle alors. "Je n'avais jamais rien mangé d'aussi bon."

Ses joues rosirent à cet aveu et elle se mordit la lèvre d'embarra. Il devait la trouver bien peu raffinée. Après tout elle n'était qu'une simple voleuse. Elle n'avait jamais eu l'occasion de vivre aussi bien que lui et elle redoutait qu'il ne change d'avis à son sujet. Certes, il lui avait donné sa parole, mais elle ne souhaitait pas l'incommoder ou le mettre mal à l'aise, ni en sa demeure, ni devant la cour. Elle se décida alors à lui faire part de ses doutes. Se raclant la gorge pour se redonner une contenance, elle laissa son regard glisser sur le visage de son interlocuteur, tentant de discerner ses moindres réactions quand à ce qu'elle allait lui dire.

"Tu dois me trouver bien fade." commença-t-elle. "Je ne connais rien d'Orlaïs, je ne sais ni lire, ni écrire. Ma seule éducation s'est faite dans une taverne et ce n'est pas mon adresse à l'arc qui va nous aider dans notre entreprise. Je doute d'être à la hauteur du rôle que tu me vois endosser, Uther. Comment vais-je survivre à la cour si je m'extasie devant tous ce que je vois ou mange ?"

Elle baissa alors son regard vers son assiette. Elle espérait sincèrement que s'il revenait sur ses mots, il ne la chasserait pas trop brusquement. Elle pouvait toujours lui être utile, en cuisine ou comme femme de chambre. A moins qu'elle ne chasse pour lui sur ses terres. Elle serait bien plus à l'aise dans ce rôle que dans celui d'une noble, du moins c'est ce qu'elle pensait à cet instant.

Uther observait toujours la jeune femme et sourit quand elle affirma que la nourriture était délicieuse tout comme la boisson qui lui avait servi plus tôt. Il l'observa attentivement lorsqu'elle rougit et se mordit la lèvre, inquiet il avait voulu lui demander ce qu'il n'allait pas mais là jeune femme le fit d'elle-même. Lui avouant par la même ses craintes et ses doutes, elle ne se sentait pas à la hauteur de la tâche, pourtant Uther voyait en elle bien plus qu'une simple femme éduquée dans une taverne, elle était raffinée et s'exprimait avec habilité, comme une lettré aurait pu dire certain. Il s'adossa et se remit droit regardant attentivement la jeune femme d'un air neutre. Au bouts de quelques secondes il afficha un sourire se voulant rassurant.

"Tu n'as pas à t'inquiéter de ça, Yss, tu n'es pas née noble, mais je sais que ton âme l'ai. Nombre de Noble ne pourrait prétendre à la vertu que tu inspires. Je ne t'exposerai pas aux dangers de la cour si je ne pense pas que tu puisses y survivre, cela sera long sans doute, mais je sais que tu peux y arriver." Il la regarda attentivement plongeant son regard dans le sien, venant plus près d'elle approchant son bras droit et posant sa main sur la sienne se voulant rassurant "Sauf si tu ne désires pas tenter le destin, je pourrais le comprendre. Tu serais toujours la bienvenue entre ces murs."

Il ne voulait pas qu'elle s'angoisse ainsi, après tout, son idée première avait été de l'aider, non de la faire douter d'elle-même ou qu'elle ne puisse supporter une telle idée. La cour n'avait été qu'un prétexte pour l'aider, mais aussi un moyen pour elle de s'intégrer dans la noblesse et peut-être même arriver à tirer son épingle du jeu pour s'assurer un avenir meilleur que celui de voler les bourses biens remplient. Cependant, pouvait-il se délaisser d'elle à présent ? Quelques minutes loin d'elle avait créée un manque, pourrait-il le faire pendant des années ? Il ne le pensait pas. Il chassa ces sombres idées et se concentra sur le visage de la belle Marchèenne, observant avec attention sa réaction.

L'air neutre du visage d'Uther serra un peu plus le nœud qui s'était formé au creux des entrailles d'Ysaliss. Revenait-il sur sa décision ? Le sourire qu'il lui fit alors la rassura tout comme les mots qui suivirent. Le petit nom qu'il lui donna la fit rougir un peu plus, personne ne l'avais jamais appelé ainsi auparavant. Il croyait en elle, cela transparaissait dans sa façon de lui parler mais aussi de la regarder et la jeune marchéenne hocha la tête, souriant timidement alors qu'il posait sa main sur la sienne. Le contact chaud de sa paume libéra une nouvelle vague d'étincelles sous la peau de la jeune voleuse et son cœur s'emballa dans sa poitrine comprimée par le corset. Elle secoua alors la tête alors qu'il lui faisait comprendre que la décision était aussi la sienne. Mû par un sentiment qu'elle ne comprenait pas encore tout à fait, elle écarta ses doigts et les noua timidement avec ceux du chevalier. Le contact était naturel entre eux et elle avait besoin de renforcer ce lien qui se développait doucement. Etait-elle en train de tomber amoureuse ? Non, cela était absurde. Elle ne pouvait pas… elle ne devait pas… Elle ne savait plus.

Ysaliss n'était rien, juste une va-nu-pieds marchéenne, une simple voleuse, alors qu'il était baron. Il n'était certes pas très élevé dans la noblesse orlaisienne mais ils venaient de deux mondes différents et les barrières sociales se dressaient entre eux. De plus il ne la considérait surement pas de la même façon. Tout au plus elle devait l'amuser, le divertir de sa façon d'être. Pinçant alors les lèvres, elle détacha son regard, pers, de celui, sombre, du jeune chevalier. De telles histoires n'arrivaient que dans les contes pour enfants et elle savait qu'elle vivait dans un monde froid et cruel. Retirant alors sa main de celle d'Uther, elle tourna son regard vers son assiette. Elle devait se rappeler où était sa place et cette familiarité avec laquelle ils se parlaient ne l'aidait pas.

"Si vous m'en pensez capable, alors je le ferais, messerah."lui répondit-elle enfin, dressant à nouveau la barrière du protocole entre eux. "Je vous dois ma liberté. J'ai une dette envers vous aussi vous pouvez disposer de ma vie comme bon vous semble."

Le repas était délicieux mais elle n'avait soudainement plus très faim. Portant une main à son front, elle s'adressa à lui en prenant garde de laisser son regard baissé.

"Mes excuses, messerah mais je ne me sens pas très bien. Le vin et le voyage ont eu raison de moi. lui dit-elle avant de se lever brusquement. "Si vous le permettez, je vais rejoindre mes appartements."

Sa raison et son cœur lui chantaient deux cantiques différents. La première l'enjoignait à fuir, à courir aussi vite que ses pieds richement chaussés pouvaient la porter, alors que le second la suppliait de rester auprès de lui, de profiter de sa présence autant qu'elle le pouvait. Ne sachant que faire, elle prit le chemin de la sortie d'un pas chancelant. Elle s'était levée trop vite de sa chaise et le vin, la fatigue ainsi que la compagnie du jeune chevalier lui faisait tourner la tête. Alors qu'elle s'avançait vers la porte, elle perdit l'équilibre et se rattrapa comme elle put à la première chose que sa main rencontra.

Rien n'était plus agréable que sentir les doigts de la jeune femme se nouer aux siens. Cette sensation était étrange et pourtant si apaisante. Il aurait aimé la tenir encore un peu plus longtemps, mais elle détourna alors le regard, puis ce fut autour de sa main de se retirer de celle du chevalier. Avait-elle honte ? Peur ? Il n'en savait rien, mais décelait un conflit interne en elle de par son regard et ses traits, tantôt se crispant, tantôt se voulant plus avenant. Elle s'excusa avec les formules du protocole, avant d'énoncer qu'elle avait une dette envers lui et qu'il était maître de sa vie. Cette idée lui fit lâcher une légère grimace, personne n'était esclave ou maître de quoique ce soit. Lui-même n'était que le dirigeant de Verchiel, non son maître. Elle se leva alors rapidement et prit la direction de la porte. En regardant la jeune femme partir, il s'aperçut alors qu'elle chancelait, se levant alors rapidement à son tour et se dirigeant vers la belle Marchèenne il arriva juste à temps pour la rattraper juste avant qu'elle ne tombe. La main de la charmante voleuse s'était raccroché à lui comme cela s'était déjà produit à Val Royaux.

Serrant la jeune femme contre lui pour la garder debout, il plongea son regard inquiet dans le sien. Était-ce la fatigue ? L'alcool ? Ou bien juste les doutes qui l'avaient assaillit de toutes part ? Il n'en savait pas plus, mais décrivant chaque parcelle du doux visage de son invitée et s'assurait au passage qu'elle n'était pas inconsciemment tombée de fatigue. Aucun mot ne fut prononcé cette fois-ci, restant silencieux Uther admirait la beauté d'Ysaliss, à cet instant, le chevalier avait réellement l'impression que le temps s'était arrêté et que le monde ne tournait plus. Seul la belle blonde et le Baron existait. Il tenait la jeune femme par son bras gauche de sa main droite il vint caresser la joue de la belle Marchèenne. Puis, doucement, la tête du Baron s'approcha de celle de la charmante blonde, que faisait-il ? Il n'en savait rien, il ne répondait plus de rien. Ses gestes étaient guidé par son instinct, doucement, ses lèvres se déposèrent sur celle d'Ysaliss, serrant la jeune femme délicatement contre lui, son coeur battant à toute rompe. Ses pensées, fixé sur la belle voleuse.

Alors qu'elle se sentait perdre l'équilibre, Ysaliss tenta de s'accrocher à la première chose qui se trouvait près d'elle, mais ce ne fut ni un meuble ni un mur qui retint sa chute. En effet le jeune chevalier avait réagi promptement et, en quelques pas, s'était retrouvé auprès d'elle. Son bras s'était glissé autour de la taille de la jeune femme, l'empêchant ainsi de tomber. La voleuse, toujours sous le choc, agrippa l'épaule d'Uther pour sécuriser sa prise ainsi que sa stabilité et son regard vint naturellement se plonger dans celui de son sauveur. Il ne cessait de venir à son secours ces derniers jours, pensa-t-elle alors que ses joues rosissaient d'embarras. Le monde autour d'eux sembla s'estomper et le temps retenir sa course une nouvelle fois. Elle ne devait pas perdre pied. Sa raison lui hurlait maintenant de se redresser et de se détacher de lui. Elle n'avait pas sa place dans les bras d'un baron.

Mais le fil de ses pensées, troublées par leur proximité et la chaleur des bras du charmant chevalier, se brisa brusquement lorsqu'elle sentit la main d'Uther sur sa joue. Elle ne bougea pas, tétanisée et le regarda approcher son visage un peu plus du sien, une lueur de panique dans les yeux. Qu'était-il en train de faire ? Elle connaissait la réponse bien sûr, mais elle s'interdisait de l'imaginer. Ce n'est que lorsqu'elle sentit la douceur de ses lèvres sur les siennes qu'elle prit pleinement conscience de ce qu'il se passait. Tout s'était enchaîné si rapidement qu'elle avait perdu tout repère. Elle se laissa finalement aller, fermant les yeux pour apprécier ce contact qu'elle avait tant désiré et pourtant redouté. Instinctivement, elle glissa une main dans les cheveux du jeune homme alors que son cœur battait si fort dans sa poitrine qu'elle crut qu'il allait exploser.

Il lui était déjà arrivé d'embrasser des hommes dans sa vie, mais ce qu'elle ressentait à cet instant, pressée contre le jeune chevalier, dans ses bras, n'avait pas d'égal. Elle s'abandonna dans leur baiser, profitant de cet instant précieux, alors qu'une volée d'étincelles courait sous sa peau, embrasant ainsi un feu qui se rependait dans ses veines. Elle ne souhaitait être nulle part ailleurs qu'ici, au creux de leur étreinte et le monde pouvait bien brûler, les engeances envahir Thédas et un Archidémon les attaquer, qu'elle ne voudrait fuir. Plus rien ne comptait aux yeux d'Ysaliss que ce qui se passait à cet instant précis. Elle répondit à son baiser avec douceur, ne voulant briser ce nouveau lien qui se formait entre eux et ses bras vinrent se nouer dans le cou du jeune homme. Malheureusement elle devait respirer et elle mit fin à leur agréable échange pour reprendre son souffle. Le silence autour d'eux renforçait l'impression qu'ils étaient seuls au monde et elle lui sourit timidement en plongeant son regard dans celui du charmant baron. Car oui, il était toujours noble et elle n'était toujours rien qu'une simple femme. Il pouvait bien l'habiller des plus riches parures, elle n'en deviendrait pas une dame.

"Uther… Messerah… Je…" commença-t-elle passant de la familiarité au protocole alors qu'elle cherchait ses mots, une lueur de tristesse dans le regard. "Nous ne devrions pas…"

Elle ne put terminer sa phrase, accablée par le poids du message qu'elle voulait lui faire passer sans pourtant se résoudre à mettre fin à leur étreinte.

Uther éprouva la plus grande joie quand il ne fut pas repoussé par Ysaliss pour ce qu'il venait de faire. Cependant, il ne sentait nul le honte, nul regret, bien au contraire il était heureux d'avoir pu embrasser la belle Marchèenne. Quand leurs échange s'arrêta, Uther prit le temps de plonger comme il aimait le faire, son regard dans celui de la jeune femme. Il se passa un certain moment avant qu'Ysaliss ne commence une phrase, qu'elle ne termina pas. Ce qui d'un côté laissait le Baron l'occasion de pouvoir lui parler et peut -être même lui ôter l'idée "Qu'il ne fallait pas". Uther caressa la joue de la charmante femme, un fin sourir sur les lèvres, de joie. "Rien ne nous en empêche, ou bien, est-ce le fait que je sois Baron ? Ysaliss nulle barrière n'est infranchissable, dans quelques temps, tu seras aux yeux d'Orlaïs une noble."

Il ne savait pas trop quoi dire en réalité, il ne voulait en aucun cas que son titre les sépare et puis dans quelques temps Ysaliss serait présenté comme une Noble. Elle n'était pas une voleuse ou une simple Va-nu-pied pour lui, elle était une femme d'une grande noblesse d'âme. Il ferait tout pour qu'elle puisse obtenir la place qu'elle méritait et ce n'était pas dans la rue. Bien que nombres de personnes soit dans la rue sans le mériter pour autant, il pouvait l'aider elle, son coeur lui disait de ne pas la laisser.

Le chevalier attendit patiemment la réponse de la jeune femme, observant ses traits, ses yeux et dans son regard brun, il ne voulait pas qu'elle s'éloigne de lui. Le Baron se sentait en terrain inconnue, sur un champ de bataille ou dans un duel il aurait su quoi faire, quelle position adopter, quelle parade appliquer. Il aurait su ou frapper, quand attaquer. Là, il ne savait pas ce qu'il fallait faire, perdu et sans aide il n'avait que pour lueur dans la nuit le visage de la belle blonde face à lui. Le chevalier n'attendait que la réponse, priant le créateur qu'elle ne décide pas de s'en aller, il avait besoin d'elle.

Les doigts d'Uther sur la joue d'Ysaliss la firent frissonner et elle ferma les yeux sous l'agréable sensation que cela lui provoquait. Elle écouta sa voix la rassurer, lui dire que son titre ne devait pas l'arrêter et que bientôt elle aurait, elle aussi, un statut. La façon dont il prononçait son prénom la faisait frémir et elle poussa un petit soupir, apaisée. Elle était plus que décidée à mettre en œuvre leur entreprise, elle ne pouvait laisser passer cette chance pour elle et pour ce qui les liait maintenant. Peut-être qu'elle s'avançait un peu vite et que ce qu'ils vivaient à cet instant n'était qu'une passade mais elle voulait croire en un futur meilleur, digne des contes que lui racontait son père lorsqu'elle était enfant où un jeune et beau chevalier la sauvait de la misère et l'emmenait vivre dans son château.

Elle hocha alors la tête, incapable de lui résister plus longtemps et elle fit taire sa raison pour n'écouter que son cœur. Celui-ci s'était légèrement calmé et son rythme plus régulier la rassurait. Elle inclina alors légèrement son visage pour embrasser à nouveau les lèvres de son beau chevalier. Les mots étaient superflus, elle voulait lui montrer par ses actes qu'elle ne douterait plus. Elle était sienne, s'il le désirait, qu'elle soit simple femme ou grande dame. Elle se laissa aller, se pressant un peu plus contre lui pour intensifier la chaleur qui se créait entre eux. Le peu d'alcool qu'elle avait bu plus tôt la rendait maintenant plus audacieuse et elle mit fin au baiser pour laisser ses lèvres glisser le long de la mâchoire du baron avant d'aller se nicher dans son cou. Elle y respira l'odeur du jeune homme alors qu'elle libérait sa main droite pour écarter légèrement le tissu qui la gênait.

Sa bouche laissa un sillage de baisers le long du cou d'Uther, murmurant son prénom contre sa peau. S'il ne l'arrêtait pas, elle ne répondait plus d'elle. Sa présence et la fragrance qui s'échappait de lui l'enivrait bien plus que le verre qu'il lui avait offert. Une faim d'une nature bien différente prenait maintenant place au cœur de ses entrailles alors que sa main libre se glissait dans les cheveux du jeune homme. C'était indescriptible et elle se rendait compte qu'elle n'avait jamais rien ressentit d'aussi fort pour quelqu'un d'autre. Pourtant il n'était pas le premier homme à la courtiser. Cela signifiait-il qu'elle n'était jamais tombée amoureuse auparavant ? Elle ne savait pas et, en vérité, elle s'en fichait. Les autres pouvaient bien rejoindre l'immatériel, nul ne comptait plus qu'Uther à cette seconde.

Uther profita du baiser échangé, une nouvelle fois avec Ysaliss, le serrant près de lui. La chaleur montante, il laissa la belle Marchèenne descendre sur sa mâchoire et son cou. Il ne fit rien pour l'arrêter, la laissant faire. Le chevalier fit remonter sa main gauche jusqu'à la joue de la jeune et belle femme, venant l'embrasser de nouveau. Que faisait-il ? Fallait-il réellement faire ça ? Il n'en savait rien et s'en contre fichait en cet instant, tout ce qui comptait, c'était de profiter de l'instant présent avec celle qui faisait accélérer son coeur et perdre la raison. Sa main continua le long de la joue jusqu'à la nuque de charmante voleuse. Une série de baisers s'opéra alors laissant ainsi le temps de reprendre son souffle, aux deux protagonistes. Au bout de quelques baisers, ce fut Uther qui descendit jusqu'au cou de la belle voleuse pour y déposer de doux baisers, tout le long de celui-ci.

Il s'arrêta après un moment prenant les mains de la jeune femme et la menant loin de la salle-a-manger, là où les domestiques pourraient les surprendre, le chevalier mena sa belle à l'étage dans la chambre du Baron. Elle était grande et spacieuse et la porte fenêtre donnait sur toute la ville qui a cette heure-ci brillait grâce aux torches qui éclairaient les rues et les remparts. Uther amena la jeune femme près de la porte fenêtre et la prit dans ses bras déposant des baisers dans le cou. Serrant dans ses bras son invitée. Il ne désirait qu'une chose à présent, qu'elle soit sa dame. Il continua ses baisers faisant passer ses mains de haut en bas dans son dos, rien n'était plus agréable que de serrer et d'embrasser cette jolie blonde. Il finit par laisser ses mains aux niveaux des hanches de la charmante dame et de serrer son corps contre le sien.

Alors que les lèvres d'Ysaliss goûtaient la peau douce du cou d'Uther il vint de nouveau chercher celle de sa bouche. Son baiser était un peu moins chaste que ce qu'ils avaient échangé plus tôt, mais cela ne gêna nullement la jeune marchéenne. Elle aimait la sensation de ses lèvres chaudes sur les siennes ainsi que leurs caresses légères et elle trembla entre ses bras alors que ses mains se perdaient dans les cheveux du jeune chevalier, appréciant leur texture sous ses doigts. Une nouvelle volée d'étincelles la parcouru, embrasant à nouveau ses veines alors qu'elle s'abandonnait dans leur baiser. Plus rien n'existait en cet instant, que leurs corps pressés l'un contre l'autre, leurs bouches se goûtant, se cherchant avec un plaisir visiblement partagé.

La main d'Uther glissa alors le long de la joue de la jeune voleuse avant de venir se placer sur sa nuque, lui procurant une pléiade de frissons qui la fit soupirer à travers la multitude de baisers qu'il lui offrait maintenant. Mais cela ne sembla pas lui suffire et il vint parcourir son cou de sa bouche. Un gémissement presque imperceptible, tel un soupir savoureux s'échappa des lèvres entrouvertes de la jeune voleuse et elle se mordit la lèvre pour le retenir. Bien qu'ils fussent seuls dans la pièce, les domestiques n'étaient certainement pas loin et elle ne souhaitait pas que le petit personnel ne les entendent et encore moins qu'il ne les surprenne.

Le jeune baron devait avoir eu la même pensée car il finit par s'écarter d'elle, faisant glisser ses mains le long des bras d'Ysaliss pour lui prendre les mains. Elle le laissa faire, frissonnant sous son geste, soudain anxieuse qu'il ne lui dise qu'il revenait sur ses mots. Mais il n'en fit rien et, comme plus tôt dans la journée, il la guida par la main. La jeune marchéenne se laissa entraîner à sa suite, à l'étage supérieur, comprenant ses intentions. Il la conduit à travers le dédale de couloirs d'un pas empressé. Elle réussit à le suivre néanmoins, tout aussi impatiente qu'il l'était de poursuivre leur ardent échange. Lorsqu'il s'arrêta devant la porte de ses appartements, le cœur de la jeune femme manqua un battement. Bien qu'elle ne fût pas très éduquée sur les coutumes d'Orlaïs ou de sa noblesse, elle savait néanmoins ce qu'une telle chose signifiait. Nulle femme ne pénétrait en ces lieux à moins qu'elle n'ait une haute importance aux yeux de leur propriétaire. Ce simple fait clarifiait les intentions d'Uther quant à elle et elle se demanda, l'espace d'un instant, s'il avait conscience de ce qu'il était en train de faire. Alors qu'il la guidait jusqu'à la porte fenêtre et qu'elle plongea à nouveau son regard dans celui du chevalier elle sut qu'il avait pleinement connaissance de ses actes. Il voulait qu'elle soit sienne pour bien plus longtemps qu'une simple nuit.

Ysaliss se raidit légèrement entre ses bras. Etait-elle prête à se donner ainsi entièrement à lui sous ses conditions ? Les lèvres d'Uther reprenant place dans le cou de la jeune femme la firent à nouveau frémir et elle se laissa aller. Oui, elle acceptait ce que sa demande muette lui signifiait et elle lui rendit son étreinte, enserrant le jeune chevalier de ses bras alors que son cœur s'emballait un peu plus dans sa poitrine. Elle ferma les yeux pour apprécier ses caresses dans son dos et ses baisers, se pressant un peu plus contre lui. Elle chercha alors ses lèvres des siennes dans la pénombre de la pièce pendant que sa main droite cherchait un accès à sa peau sous sa belle tunique brodée. Trouvant finalement ce qu'elle cherchait, elle laissa la pulpe de ses doigts explorer le terrain alors que sa main gauche se perdait à nouveau dans les cheveux du jeune chevalier. Elle aimait l'y laisser jouer avec ses mèches sombres qui lui donnaient un air si noble.