Comment était-ce arrivé ? Je me retrouvais enfermé à la tour. Du jour au lendemain, ma vie avait basculé. J'attrapais le médaillon que je portais toujours sur moi. Seul souvenir de ma génitrice. Elle qui m'avait donné la vie, qui avait fait de moi un mage, qui m'avait abandonné et brisé mon cœur. J'arrachais le collier que je lançais à travers la pièce avant de partir rejoindre la seule famille qui me restait, Luna. Ma vie n'était pas des plus réjouissante et je possédais en tout et pour tout, une robe, une demie sœur apeuré, un vieux peigne, des envies de suicide intermittentes et un cœur brisé.

DEUXIÈME CŒUR BRISE:
La vie au cercle était des plus monotone, chaque jour la même rengaine. Le regard accusateur des templiers, nous accusant d'être mages, nous traitant d'abomination. Pourtant, un templier n'était pas comme ça. Il était différent. Azaël. Il était devenu templier au même moment où nous étions envoyés à la tour. Il ne m'a jamais dévisagé, ni traité d'abomination. Finalement, il reste quelque personne qui ne sont pas encore totalement endoctriné par la chantrie. C'est bon à savoir. Je passais la plus grande partie de mon temps à étudier. Si je dois me retrouver enfermé pour toujours ici autant trouver un ou deux avantages. Au fil de temps, je commençais à m'endormir de plus en plus, n'importe où et à n'importe quel moment. Combien de fois je m'étais retrouvé avec une bosse sur la tête quand je m'endormais sur la table, sur laquelle j'étudiais. Suite à ce petit souci, on m'autorisa, non pas sans mal, à étudier le soir un peu plus longtemps que les autres. Azaël était le plus souvent celui qui s'occupait de me surveiller. Sait-on jamais que je décide de sauter par une fenêtre. Si seulement il y en avait. « Encore en train d'étudier ? » La voix d'Azaël me fit sursauter. Il n'était pas du genre bavard. « Faut croire. » dis-je rapidement avant de sentir mes paupières devenir lourde. J'allais encore m'endormir. Cependant, je luttais pour rester éveillé. « Dis moi si tu as besoin de quelque chose. » Je relevais les yeux vers Azaël. « Je peux sortir dehors ? » Qui ne tente rien n'a rien. « Ah ... Je suis désolé, mais ce n'est pas possible ... » Je soupirais en posant mon bouquin. « Pas grave. » dis-je en sentant mes yeux se fermer complètement. La chute était imminente, une nouvelle bosse allait voir le jour. Je sentis une main m'attrapait le front avant qu'il ne heurte la table, puis je m'endormis d'un coup. Le temps passa et ma confrontation et celle de Luna se faisait attendre. Alors, que d'autres plus jeunes l'avait déjà passer, nous attendions toujours. Je n'étais pas dupe. Je savais ce qui nous attendait. L'apaisement. Luna aussi avait compris et elle aussi n'avait pas l'intention de se laisser faire sans résister. Je décidais néanmoins de parler au seul templier qui n'allait pas m'accuser ou me mettre un couteau sous la gorge parce que j'aurais eu l'audace de poser une question. « Azaël ? Je peux te parler ? » demandais-je en apercevant le jeune templier. « Oui, qu'y a-t-il ? » « Vais-je subir le sort des apaisés ? » lui demandais-je directement sans passer par quatre chemins. « Je ... Je ne sais pas ... » prit de court il ne savait pas quoi dire. « Je vois. » dis-je avant de partir. « Attends ... » Je me retournais pour faire face à Azaël. « Je voulais te donner ça. » Il me tendit un médaillon que je reconnus aussitôt. « Garde le avec toi. » puis sur ces mots il partit. Le médaillon avait été réparé. Je le mis autour de mon cou avant de partir de mon côté. Luna m'attendait en faisant les cent pas. « On va finir apaisé ? » me demanda-t-elle. Je baissais les yeux, la réponse était évidente. Sinon nous aurions passé notre confrontation depuis longtemps. « Il faut qu'on parte. » ajouta Luna. « Comment veux-tu ... ? » Je cherchais mes mots. Je n'avais jamais envisagé de m'enfuir. « Pour aller où ? On sera traqué comme des animaux ! Sauf si ... » « Si on détruit notre phylactère. » Luna attrapa son visage dans ses mains en s'asseyant sur le rebords du lit. « On sera toujours traqué, mais ça sera plus difficile pour eux. » « C'est de la folie. » la coupais-je en croisant les bras. « Non, c'est de la survie. » Quelques jours plus tard le chaos pris d'assaut la tour. C'était notre chance. Je ne savais pas pourquoi ni comment, mais hors de question de laisser passer cette chance. Je partis avec Luna au sous-sol afin de détruire nos phylactères. C'est ainsi qu'avec quelques autres mages, nous avons réussi à nous enfuir. Alors que nous courions afin d'échapper à trois templiers qui étaient à nos trousses, Luna trébucha. Je me retournais, voyant les templiers arrivaient à grand pas j'attrapais Luna qui se releva non sans mal. « Cours. » me dit-elle. « Je ne te laisserais pas seule ! » « S'il te plait, Nastya, cours ! » « Non ! » dis-je en restant à côté de Luna. « Pardonne-moi. » me dit-elle avant de sortir une dague de son sac. Elle planta la dague dans sa main et utilisa toute sa force vitale devant mes yeux. Pour moi, pour me sauver, elle se sacrifiait. Les trois templiers agonisèrent avant de mourir sous mes yeux. Luna tomba sur le sol, elle était couverte de sang. Je la tenais dans mes bras. Elle me regarda une dernière avant de fermer les yeux à jamais. Mon cœur se brisa une nouvelle fois. J'étais seule et perdue dans un monde dont je ne connaissais rien. Je n'avais personne. J'avais envie de tout abandonner, de rejoindre Luna, mais je ne pouvais pas laisser son sacrifice vain. Je rassemblais mes dernières forces avant de courir, loin, le plus loin possible.

TROISIÈME CŒUR BRISE:
Le voyage faisait partie de ma vie. Enfin, j'étais en fuite. Une apostat. Une abomination. Pourtant, je me sentais libre pour la première fois de ma vie. J'avais erré depuis quelque temps à travers le pays. Je vivais caché, ne restant jamais au même endroit plus de deux heures. Cependant, ma fatigue se faisait de plus en plus présente, je m'endormais n'importe où. Souvent dans des endroits non-adéquats. Il m'arrivait également de m'endormir quand quelqu'un me parlait. Autant dire que c'était assez gênant. Puis un jour tout bascula. Des templiers étaient en ville et ça sentait le roussi pour moi. Malgré tout, je n'avais jamais utilisé mes pouvoirs depuis mon départ de la tour. Ou alors une ou deux fois. Enfin quand j'en avais besoin. Question de survie. En parlant de survie, il était temps pour moi de prendre la poudre d'escampette. Alors, que je prenais un petit chemin à travers les bois, je tombais nez à nez avec quelqu'un que j'aurais préféré ne pas croiser. Azaël. « Nastya ? » « Non, il y a erreur sur la personne. » dis-je avant d'essayer de passer, mais il m'attrapa le bras. J'étais morte. « Pourquoi ? » « Pourquoi, quoi ? » « Pourquoi es-tu partie ? » Je me retournais vers lui en secouant mon bras pour qu'il me lâche. « Je ne finirais pas apaisé. » dis-je catégoriquement. « Tu risques ta vie deux fois plus dehors ! » « Non, ça va je m'en sors bien. » Enfin, plus ou moins. « Nastya ... » « Je dois y aller. » dis-je avant de tourner les talons. « Je ne peux pas te laisser partir. » « Tu sais que je serais exécuté si tu m'arrêtes. » Je me retournais vers lui avec une lueur de détermination dans les yeux. « Et je ne me laisserais pas faire sans rien dire. » « Alors, part. » dit-il en se rapprochant de moi. Il était si proche que je dus faire un pas en arrière. « Mais la prochaine fois, tu devras me suivre. » Sur ces mots il partit en me laissant au milieu des bois, le cœur meurtri une fois de plus.