Malgré l'envie de rester dans les bras d'Uther, Ysaliss s'était secouée et avait rejoint ses appartements où un baquet d'eau tiède l'attendait. Après avoir ôté sa robe, qu'elle avait rapidement revêtue sans prendre le temps ni la peine de l'ajuster convenablement, elle se glissa dans l'onde qui refroidissait rapidement. Contrairement à la veille, la jeune marchéenne ne traina pas, effectuant une rapide toilette pour ne pas rester trop longtemps dans l'eau qui perdait sa chaleur à chaque seconde.

Ne sachant pas ce que son amant avait prévu pour la journée, elle se sécha puis se vêtit de sa tenue de cuir, laissant ses cheveux blonds libres. Ne souhaitant pas se charger inutilement, la jeune voleuse se contenta de glisser ses dagues dans leurs fourreaux respectifs, par mesures de sécurité. Elle aurait aimé connaitre les plans du jeune et charmant chevalier pour s'habiller en conséquence. Malheureusement il ne lui avait rien dit et elle avait opté pour la solution la plus simple et la plus confortable dans le cas où il lui faudrait sortir du château pour visiter les jardins, comme elle l'avait proposé la veille, ou bien la ville comme il le lui avait lui-même suggéré. Retrouvant son chemin facilement, elle se rendit dans hall d'entrée où le jeune maître des lieux l'attendait déjà.

Elle le détailla alors qu'il faisait de même avec elle, un sourire sur son charmant visage qu'Ysaliss lui rendit avec tendresse. Alors qu'elle atteignait la dernière marche du grand escalier, il s'inclina face à elle et le sourire de la jeune marchéenne s'agrandit. Bien que plus humblement vêtue que la veille, elle lui offrit tout de même une jolie révérence alors qu'il la complimentait sur sa beauté et elle rougit en laissant un léger rire franchir ses lèvres.

"Je ne vois pas ce qui pourrait les intéresser, je n'ai rien d'exceptionnel." se défendit-elle en franchissant le dernier pas qui les séparaient, soudainement timide sous ses mots. "Et quand bien même ils tenteraient pareille chose, je ne les laisseraient pas faire."

Plaçant sa main dans celle du jeune chevalier, Ysaliss lui sourit, cherchant le regard du jeune baron du sien alors qu'il lui faisait part de ses plans pour la journée. Elle allait enfin avoir le plaisir de découvrir Verchiel et cela lui procura une grande joie. Elle avait vraiment hâte de pouvoir arpenter ces rues et d'en découvrir ses moindres recoins.

"J'attendais cette occasion avec impatience, mon Uther." lui confia-t-elle alors en serrant la main de son amant dans la sienne. "Et je t'avouerais que cela me rassure. J'avais peur de m'être vêtue trop simplement."

Les joues d'Ysaliss reprirent une teinte rosée alors qu'elle lui confiait ce qui l'avait ennuyé, reflétant une fois de plus son manque de connaissance vis-à-vis de l'étiquette.

Uther sourit lorsque sa douce lui avoua qu'elle était ravie d'aller visiter la ville, un lien avec sa tenue. Elle n'était certes pas habillé en nobliaux conventionnel, mais cela ne dérangeait en aucun cas le chevalier qui aimait la voir autrement que dans des parures hors de prix juste pour se distinguer. Lui même n'avait pas pris un habit très tape à l’œil et avait toujours aimé se mêler aux habitants de sa ville. Le contact avec la douce mains de sa belle lui arracha un frémissement le long de sa nuque, il était toujours agréable de pouvoir tenir les doigts fin de la belle Marchèenne. Il déposa sur ses lèvres un doux baiser avant de la tirer à une allure simple de marche vers l'entrée ou des manteau leurs était donnés pour se couvrir contre le froid. Le chevalier le prit en remerciant la domestique, cependant suivit de prêt par sa chère et tendre. Une fois que tout deux eurent enfilés le manteau convenablement il reprit la main de la charmante blonde pour l'attirer vers Verchiel et ses rues.

Le Baron mena d'abord la jeune femme à la porte ou ils étaient passés la veille, cela donnerait le premier point de repère pour la jeune femme. Le chevalier avait décidé de mener sa douce le long de la rue principale avant de lui montrer d'autres recoins et chemins qu'il avait lui même découvert quand il était enfant. Cela lui rappelait lorsqu'il s'échappait discrètement de la demeure pour se faufiler au sein de la populace. A cette époque son père était furieux à chaque escapade, Uther avait l'interdiction de se mêler aux fermiers parfois colérique qui menaçaient son père, pourtant le jeune noble n'avait jamais hésité une seconde pour partir en voyage dans les ruelles de Verchiel.

Alors que les deux amants marchaient tranquillement dans les rues passant devant les petits commerces s'arrêtant de temps à autres devant une boutique pour qu'elle visite l'intérieur et voit de ses yeux les articles artisanales proposés par la cité de Verchiel. "Alors, que pense tu pour l'instant de Verchiel ? Elle te plait ?" Uther lui avait demandé en sortant d'une des boutiques qui vendait des tapis et autres décorations faites de tissus, même des vêtements taillé avec une main de maître et un savoir-faire de plusieurs générations. Le baron observait la jeune femme l'admirant dans la foulée et ne réussissant pas à détourner le regard de son doux visage.

Après avoir échangé un doux baiser, Uther tira Ysaliss à sa suite, la guidant vers la lourde porte qui les mèneraient à l'extérieur. Elle le suivit sans un mot, un petit sourire aux lèvres et récupéra sa pelisse qu'un domestique lui tendit. Lâchant à contrecœur la main de son chevalier pour enfiler le lourd vêtement, elle plongea ses doigts dans une des pochettes de cuir qui pendaient à sa ceinture pour y prendre la vieille fibule usée qui lui servait à maintenir la cape et qui avait appartenu à son père. Une fois qu'elle fut en place, la jeune marchéenne fit glisser ses doigts sur l'anneau de fer avec tendresse.

Comme elle aurait aimé que son père soit avec elle. Il lui manquait terriblement et un petit soupir discret s'échappa de ses lèvres. Mais ce n'était pas le moment de s'apitoyer sur ce qu'elle n'avait plus et elle reporta son attention sur le jeune homme qui la guida une nouvelle fois par la main. Ensemble, ils passèrent la porte de la cour du château pour se diriger vers ce qui semblait être la grande rue principale et Ysaliss eut tout le loisir de détailler les bâtiments qui les entouraient. Tel qu'elle l'avait déjà remarqué, Verchiel n'avait rien de Val Royeaux. Elle arborait une simplicité et une honnêteté qui plaisait à la jeune femme et n'était pas sans lui rappeler la personnalité du jeune baron à ses côtés.

Il y avait tellement de choses à y voir que la jeune marchéenne ne savait plus où donner de la tête. Uther lui montrait sa ville avec une fierté qui émut la jeune femme. Alors qu'ils sortaient d'une échoppe où elle avait pu admirer le savoir-faire d'un artisan tisseur, le jeune homme lui demanda ce qu'elle pensait de ce qu'elle avait vu jusque-là. Se dirigeant vers un établissement accolé à une forge, intriguée de voir la facture des armes façonnées dans la cité, trainant le jeune baron à sa suite elle lui offrit un petit sourire doux.

"C'est une ville magnifique, mon Uther." lui répondit-elle, sincère. "Elle contient tellement de trésors qu'il m'est difficile de garder mes mains de vouloir se les approprier."

Elle plaisantait bien sûr, il lui aurait été bien difficile de voler aux artisans leur savoir et elle le lui signifia par un léger rire alors qu'elle ouvrait la porte du magasin d'armes et d'armures pour y laisser ses yeux se repaitre de cette vue incroyable. Déambulant parmi les étals, elle laissa glisser son regard sur les objets disposés autour d'eux avec un œil de connaisseur. Elle ne connaissait peut-être pas grand-chose aux coutumes des nobles, mais elle savait reconnaitre une bonne lame quand elle en voyait une.

Tournant son regard vers le comptoir, elle salua le marchand avant de lui demander si elle pouvait observer ce qu'il vendait d'un peu plus près. Il dut reconnaitre le baron car l'homme hocha la tête avec un petit sourire, lui proposant même de lui montrer ses meilleures armes. Ysaliss accepta volontiers et suivit le vendeur près d'un petit étal contenant plusieurs dagues. Il devait avoir remarqué celles que la jeune marchéenne portaient à la ceinture et lui en tendit une que la jeune femme prit dans ses mains, laissant son regard glisser sur l'arme. Elle en testa le tranchant du pouce, prenant garde de ne pas se couper et soupesa la dague dans sa paume ouverte avant de refermer ses doigts sur la garde recouverte d'un cuir doux et travaillé afin qu'il ne glisse pas dans la main de son utilisateur.

Hochant la tête pour signifier que ce qu'elle voyait lui plaisait, elle lâcha la main d'Uther et fit quelques pas en arrière pour mettre une distance de sécurité entre elle et les deux hommes avant d'effectuer quelques mouvements d'attaque dans le vide. L'arme était de bonne facture et assez légère pour ne pas entraver son agilité. Satisfaite, elle rendit l'objet à son propriétaire avec un petit sourire.

"C'est une très bonne lame, en effet. Il est dommage que je n'en ai pas besoin." le complimenta-t-elle. "En revanche je serais plus intéressée par des pointes de flèches, si vous en avez."

L'artisan lui confirma qu'il en possédait en effet et la guida vers un autre étal non loin du premier. Ysaliss les détailla avec application, regrettant de ne pas avoir l'argent nécessaire pour en acheter. Son voyage jusqu'ici lui avait couté une bonne partie de son stock et, bien qu'elle avait pris garde à les économiser le plus possible, il ne lui en restait pas beaucoup. La marchandise de l'échoppe était d'excellente qualité et elle savait qu'elle n'avait plus les moyens de s'offrir quoi que ce soit, aussi remercia-t-elle le vendeur, lui faisant savoir qu'elle lui en commanderait dès qu'elle aurait l'argent nécessaire.

Uther regardait sa douce annonçait qu'elle admirait la ville et qu'elle se serait bien approprée les biens qu'elle possédait sur le ton de l'humour. Cette phrase eue le don d'arracher un rire au chevalier qui la suivait. "Tu t'en es déjà approprié un ma l'Yss." répondit-il, mais à peine eu-t-il le temps de finir sa phrase que la jeune femme le tira vers une autre boutique. Celle des armes et des armures. Il regarda la Marchèenne saluer le marchand d'un signe de la tête, ce dernier allait s'incliner devant le baron lorsque le chevalier lui fit signe de ne rien faire, le marchand reportant son attention sur la belle blonde. Il n'était guère habitué que le Baron soit dans sa boutique et encore moins qu'une étrangère y vienne en sa compagnie, cependant, il resta très professionnel et attendit derrière le comptoir.

Uther regarda attentivement sa douce qui regardait les étales avec attention presque aussi appliqué qu'un forgeron pouvait l'être sur son travail. Il l'observa et découvrait par cette inspection silencieuse une autre Ysaliss. Une facette qui l'intriguait qu'il appréciait. Peut être aurait-il l'occasion de pouvoir évaluer le potentiel de sa douce au combat durant les jours qui arrivaient ? Il verrait bien en temps et en heure. La charmante blonde s'adressa au marchand demandant à voir les dagues, ce dernier jeta un coup d'oeil au baron avant de sortir ses meilleurs articles et les exposer. Si cela était une technique de vente, elle était grossière, mais bien utilisé. Uther resta en retrait observant sa belle inspecter une dague qui était faites avec passion dans les détails et qui d'après Ysaliss, était de bonne facture.

La jeune femme s'était un peu reculé pour s'assurer de ne toucher personne et fit quelques mouvements, le chevalier étudiait chaques mouvements avec attention, déformation professionnele aurait sans doute crié certains. Cependant, il était curieux et il savait que s'il avait l'occasion de tester ses capacités au combat il devait voir même une infime partie de ses compétences par les mouvements qu'elle réalisait. La belle Marchèenne déposa l'arme annonçant à la déception du marchand qu'elle n'en avait pas besoin malgré sa très bonne facture. Cependant, elle demanda à voir les pointes de flèches, ce qui surprit le Baron.

Il savait qu'elle n'avait pas trop d'argent, sinon elle n'aurait pas eu besoin de le détrousser lorsqu'ils se sont rencontrés à Val Royaux. Il laissa sa belle regarder attentivement avant de venir dans son dos et l'enlacer. " Quelles pointes de flèches pourrait te combler ? " s'enquit-il avant de parler au commerçant. " Je payerais pour les pointes choisient." il fit un sourire à l'homme qui avait fabriqué l'armure et les armes des soldats de Verchiel, Uther l'avait toujours payé en temps et la demeure du baron était toujours accessible au peuple de la cité. Le marchand sourit et s'exclama que c'était un réel plaisir et honneur que le baron achète ici.

Un air de déception sur le visage, Ysaliss s'apprêta à délaisser l'objet de son intérêt lorsqu'Uther vint se placer dans son dos avant de l'enlacer. Son souffle chaud chatouilla l'oreille de la jeune voleuse alors qu'il lui demandait quelles pointes de flèches elle voulait, précisant au marchant qu'il paierait pour elle.

Tout d'abord surprise, la jeune femme tourna légèrement la tête pour le dévisager comme elle le pouvait avant de pincer les lèvres. Elle appréciait son intention mais cela la gênait. Elle vivait déjà dans sa demeure, mangeait la nourriture préparée par ses domestiques, dormait dans son lit… Au vu des derniers évènements, elle avait l'impression d'abuser de la gentillesse du chevalier. Néanmoins elle ne voulait pas mettre mal à l'aise le jeune noble face à l'artisan et elle se mordilla la lèvre inférieure, embêtée.

"J'apprécie l'intention, mon Uther." le remercia-t-elle finalement à mots couverts avant de laisser son regard glisser sur les petits triangles de métal. "Mais je n'en ai pas besoin dans l'immédiat."

Bien qu'ennuyée par la situation, elle n'en restait pas moins honnête. Certes son stock de flèches était bas, mais ce n'était pas comme si elle avait besoin de sortir chasser dans les prochains jours. Certaines personnes percevaient l'art de la chasse comme un sport, mais ce n'était pas son cas. Ysaliss se contentait de tuer un animal uniquement dans le cas où il lui fallait se nourrir et actuellement elle avait la chance de pouvoir profiter de l'excellente nourriture préparée par les cuisiniers du château.

Alors qu'elle lui répondait, ses doigts couraient inconsciemment sur le modèle de pointe qui lui avait semblé le plus adapté à ses besoins, laissant son toucher analyser la texture du métal. Il s'agissait d'un modèle simple en acier dont la finesse et la pointe seraient parfait pour la chasse. Bien que dénué de fioritures, ce type de pointe requérait de longues minutes de travail afin de donner un rendu parfait et Ysaliss savait qu'il serait surement cher. Elle avait donc des scrupules à laisser le baron en acheter pour elle, surtout qu'il lui en faudrait une bonne cinquantaine.

Il serra contre lui délicatement sa douce blonde écoutant sa réponse, refusant l'offre qui lui faisait. En cet instant Uther se doutait bien qu'elle pouvait soit, décliner l'offre par politesse soit simplement par vérité et avouer qu'elle n'en avait pas besoin actuellement. Quoi qu'il en soit le baron acquiesça et n'ajouta pas un mot alors qu'il remarquait les doigts fin de sa belle toucher une dernière fois les pointes de flèches et un style en particulier qu'il retint. Il se souviendrait de ce modèle. Après ces mots et des que la Marchèenne eut fini d'admirer les articles du marchand, les deux amants sortirent de la boutique pour revenir dans la rue principale de la cité. Uther avait bien évidemment reprit la main de sa belle, il ne voulait rater aucun moment d'avoir sa main en contact avec elle. Le baron prit le temps d'observer toutes les personnes présentent dans les ruelles à cette heure-là. La ville débordait d'activité et peu reconnaissait le Baron lorsqu'ils passaient à côtés de lui. Cela arrangeait bien le noble, il évitait ainsi de saluer la ville entière et pouvait profiter d'un peu d'anonymat même dans l'empire. Les habits qu'il avait revêtus pouvait signifier qu'il ne manquait pas d'argent, mais n'indiquait en rien qu'il était noble ou même le baron de Verchiel. Le chevalier regarda la jeune blonde et afficha un grand sourire avant de la tirer avec lui, l'amenant vers un escalier pour monter sur les remparts de la ville. Une fois en haut, il fit signe aux gardes posté dessus qu'ils le reconnurent et retournèrent à leurs tâches.

Du haut de ces remparts, l'on voyait la quasi-totalité de la cité. Bien que petite en taille, elle n'était pas sans charme et sans défense. Verchiel était fière et ses habitants tout autant, si l'on regardait vers l'extérieur les vergers s'étendaient à perte de vues. C'était d'ailleurs le fournisseurs en fruits et légumes pour la tour des mages de Montsimmard et les fruits qu'avaient consommés Ysaliss et Uther pour le petit-déjeuner étaient issus de cette exploitation. Le chevalier laissa sa belle regarder à son aisance le paysage, lui permettant d'imprimer chaque ruelle, chaques détails à son bon vouloir. "Lorsque j'étais enfant, j'aimai venir ici pour observer la région et la ville." admit-il alors que son regard se perdait dans la grandeur des vergers. Il tourna la tête et fixa la charmante blonde avant d'ajouter "Mais, ce n'était pas le gout de mon père qui me punissait chaque fois que je sortais du domaine.". Uther en rigolait désormais, mais à l'époque il se sentait emprisonner dans le domaine du Baron et s'était juré de ne jamais y résider. Aujourd'hui il était le maître des lieux et y résidait malgré sa promesse d'enfant.

Uther espérait du fond de son coeur que Verchiel charmait la jeune femme, il voulait au plus profond de lui qu'elle veuille rester auprès de lui, que ce soit vis-à-vis du respect de leur accord, mais aussi pour autre chose, que ce soit pour la beauté de la ville, ou bien l'attachement qu'il ressentait pour elle et qui, quelques heures plus tôt avait été également avoué par cette belle femme. Le ciel était couvert et quelques flocons de neiges commençaient à tomber sur la ville et ses alentours, quelques oiseaux volaient encore et filait vite se mettre dans une tour qui les abritaient, parfois il y avait même un léger vent, mais contrairement au temps était plutôt agréable car la fraîcheur de la saison ne s'y était pas encore engouffré. Pourtant, malgré les températures et la saison, Uther n'avait pas froid, fixant avec admiration la séduisante femme face à lui.

Uther ne releva pas le refus poli de son offre et se contentât d'acquiescer. Il laissa Ysaliss inspecter les marchandises autant qu'elle le voulait, mais rien d'autre ne l'intéressait et elle le suivit alors qu'il sortait de la boutique, non sans avoir poliment prit congé du vendeur. La main du jeune homme reprit naturellement sa place sur celle de la jeune marchéenne et celle-ci noua ses doigts avec ceux du charmant baron.

Alors qu'ils franchissaient les portes de l'échoppe et se retrouvaient à nouveau à l'extérieur, l'agitation de la ville les entoura une fois de plus. Cela ne rivalisait pas avec l'activité qu'on pouvait trouver à Kirkwall ou Val Royeaux, mais c'était tout de même agréable. Ysaliss aimait les villes qui vivaient aux sons et au rythme de ses habitants. Elle savait qu'il ne lui faudrait pas longtemps avant de se sentir chez elle ici. Elle se laissa donc guider par son beau chevalier, profitant de ce moment pour admirer les bâtiments et les gens qui les entouraient. Oui, elle aimait déjà cette ville.

Contrairement à ce qu'elle avait pensé, personne ne reconnut le charmant baron et elle apprécia l'anonymat qu'ils partageaient à cet instant, lui rendant son sourire alors qu'il la tirait maintenant vers un escalier de lourdes pierres. Après qu'Uther eut fait signe aux gardes, ils grimpèrent les marches rapidement et se retrouvèrent sur les remparts. D'ici, Ysaliss pu admirer la petite cité qui s'étendait devant eux à loisir. Les petits toits de tuiles rouges et les murs d'un blanc-cassé ressemblaient à un tableau en cette matinée de Firstfall et la jeune marchéenne laissa glisser son regard sur le spectacle qui s'étalait sous ses yeux. Plus loin, à la périphérie de la ville, la jeune femme aperçue les vergers d'où provenaient surement les fruits dont elle s'était délectée quelques instants plus tôt, dans la chambre de son amant.

Alors qu'elle admirait le paysage, les bruits de la ville et le vent soufflant légèrement autour d'eux créant une impression de calme, Uther brisa le silence qui s'était installé. Il lui parla brièvement de son enfance et de son père, sans pour autant s'attarder sur les événements de son passé. Tournant son regard vers lui, Ysaliss hocha la tête. Elle ne comprendrait surement jamais complétement ce qu'il avait ressenti dans sa vie mais elle pouvait distinguer ce même besoin de liberté, qu'elle avait éprouvé toute sa vie durant, dans le regard du jeune homme. Certes, elle n'avait jamais eu d'obligations et n'avait jamais été confronté au devoir de la position du jeune noble, mais elle s'était toujours sentit prisonnière de sa simple condition. Elle avait cherché à s'enrichir pour s'affranchir de cette misère qui lui avait toujours collé à la peau mais elle avait fini par comprendre que ce n'était pas à Kirkwall qu'elle y parviendrait.

Elle avait donc prit la route, persuadée qu'un nouveau départ et qu'un peu d'aventure la rassasierait. Mais elle s'était à nouveau retrouvée sans le sous et le destin, ou peut-être était-ce le créateur, avait placé le charmant baron sur son chemin. Ce ne pouvait être une coïncidence, elle en était convaincue même si elle savait qu'elle n'aurait jamais la réponse à sa question. Mais peu lui importait les explications. Tout ce qui comptait au final c'est qu'elle avait la sensation d'avoir trouvé sa place. Elle se rendit alors compte que ce n'était pas la liberté qui l'avait hanté toute ses années, mais bien ce ressentit qu'elle expérimentait à présent.

Alors que de petits flocons voletaient maintenant autour d'eux, Ysaliss se serra un peu plus contre Uther et posa sa tête contre l'épaule de son chevalier avant de pousser un petit soupir de contentement. Elle n'avait jamais rien sentit de pareil durant sa vie et elle ferma les yeux un instant, appréciant le moment de calme et d'intimité qu'ils partageaient en silence. Sans bouger, elle s'imagina une version bien plus jeune du charmant baron à l'endroit qu'ils occupaient et cela la fit sourire.

"Parles-moi encore de ton enfance." lui demanda-t-elle alors, curieuse d'en savoir plus à ce sujet. "Comment étais-ce de grandir ici ?"

Bien qu'ils aient partagés des moments très intimes, elle ne savait presque rien de lui et elle voulait connaitre ce qui avait fait de lui ce qu'il était maintenant.

Le baron prit son temps dans le silence, non angoissant, c'était un silence apaisant contrairement à d'habitude. Il appréciait cet instant avec sa douce, lorsqu'elle posa la tête contre son épaule il resserra ses bras autour d'elle comme s'il se postait en protecteur s'assurant qui ne lui arriverait rien. Uther apprécia ce moment de calme et de douceur avec cette charmante Marchèenne. Ce même silence qui fut brisée une nouvelle fois après les paroles du chevalier, mais cette fois-ci, ce fut les paroles de la jeune femme qui mirent fin au silence. Elle lui demandait de lui parler de son enfance, elle voulait savoir comment cela était de grandir dans cette ville. L'homme se remémora alors son enfance, ses escapades dans la cité alors que ses parents lui avaient formellement interdit de rejoindre la plèbe. A cet époque le jeune homme qu'il était n'avait pas compris pourquoi cette interdiction, il aimait pourtant se balader dans sa ville, il se sentait si bien parmi les habitants et encore plus à jouer avec les autres enfants. "Lorsque j'étais enfant, mes parents m'avaient interdit de rejoindre les rues de la ville" finit-il par dire. "Mais, je n'étais pas du genre à respecter les règles et je suis souvent sortis en douce pour rejoindre les habitants et jouer avec les autres enfants."

Uther se rappelait les moments à rejoindre les autres enfants et bien évidemment se gameler et tomber dans la boue. Souvent sous les rires des autres enfants, mais qu'importe, il était descendu dans la cité pour jouer et s'amuser alors il n'avait rien à regretter que cela soit avec la boue ou bien les égratignures qu'il se faisait en voulant escalader les remparts. "Je rentrais souvent couvert de boue et d'égratignures, ma filature était souvent découverte à cause de ça." Il sourit à cette pensée. Il n'était pas bien malin lorsqu'il était jeune. "A l'époque était animé avec une autre ambiance, mon père n'était pas vraiment du genre à s'occuper de ses gens et des conflits existaient entre ma famille et les paysans d'ici."

Le baron s'arrêta là. Il ne désirait pas en dire plus pour l'instant, pas qu'il était ému par la suite, mais cela était encore un sujet à conflit au fond de lui. Bien qu'il n'ait pas porté son père dans son coeur, il était tout de même celui qui l'avait élevé et la suite de l'histoire était deux avis qui s'affrontaient. "Mais Verchiel a toujours été aussi belle et elle n'a jamais envié Val Royaux ou encore Jader. Nous sommes restés comme nous sommes fiers de notre cité et la tête haute dans les vergers." Le chevalier laissa quelques instants de blanc, laissant sa belle répondre à sa guise, poser d'autres questions même si elle le désirait. "Et toi, j'ai envie de te connaître, parle moi de ton passé ma l'Yss."

Alors que son amant se pliait avec facilité à sa requête, Ysaliss l'écouta attentivement, un petit sourire aux lèvres. Etrangement, elle s'imagina sans peine un petit Uther courant çà et là dans les rues de la cité, tout crotté de boue et écorché aux genoux et aux coudes mais arborant tout de même un grand sourire. L'image se troubla et disparut lorsqu'elle ouvrit les yeux à nouveau, écoutant toujours les mots de son beau chevalier alors qu'il lui parlait brièvement des conflits entre la ville et sa famille. Ne cherchant pas à le forcer, elle se contenta d'hocher la tête avant de repenser à sa propre enfance. Il venait de lui demander de parler de son passé et elle savait que tôt ou tard, elle devrait lui en révéler un peu plus sur elle. Mais elle redoutait ce que ses paroles pourraient changer entre eux. Ne souhaitant qu'être honnête, malgré le risque qu'un tel récit pourrait l'éloigner d'elle, la jeune marchéenne accepta.

"Comme tu le sais déjà, je suis née dans les Marches Libres, plus précisément à Kirkwall et j'y ai passé toute ma vie jusqu'à il y a quelques temps." commença-t-elle, le regard dans le vague. "Il n'y a pas grand-chose à dire de cette période si ce n'est que je n'ai pas vraiment eut d'enfance.

La jeune femme laissa un petit silence s'installer entre eux, tentant de décrire avec le plus d'exactitude ce qu'elle voulait dire.

"Ma mère est morte en me donnant naissance et mon père m'a élevé, seul, jusqu'à mes dix ans." continua-t-elle en essayant de garder une voix égale, comme si elle parlait de la vie de quelqu'un d'autre et non de la sienne. "Je n'avais pas vraiment de camarade de jeux car m'amuser ne faisait pas vraiment partie de ma façon d'être. En y repensant, j'étais une enfant plutôt étrange. Je préférais passer du temps avec mon père et apprendre à compter, plutôt qu'avec les autres enfants, qui me demandaient toujours pourquoi je n'avais pas de maman, si elle me manquait et pourquoi je ne portais pas de jolie robe."

C'était étrange comme cette partie d'elle lui semblait lointaine et pourtant si proche, comme si c'était un hier qui avait eu lieux plusieurs centaines d'années auparavant ; une sorte d'autre vie qu'elle avait subi plutôt que vécu. Se rendant compte que ses propos pouvaient donner l'impression qu'elle détestait son passé, elle relava bien vite le visage vers Uther avant de lui sourire.

"Ce ne sont pas des bons souvenirs mais ils ne sont pas mauvais non plus." lui dit-elle alors en tournant le dos à la cité pour lui faire entièrement face.

Ainsi placée, elle détailla le visage de son amant comme si elle voulait en graver chaque particularité dans sa mémoire. Ce qu'elle allait lui dire ensuite changerait surement la vision qu'il avait d'elle et elle s'attendait à ce qu'il change d'avis sur elle, qu'il la rejette et la renvois à ce qu'elle avait toujours été, une simple tire-laine, une va-nu-pieds de la pire espèce. Si cet instant était le denier qu'ils devaient partager, alors elle voulait conserver le souvenir de cette journée avec elle pour toujours. Ôtant son gant droit, elle passa sa main chaude sur la joue fraiche d'Uther, la caressant avec tendresse durant quelques secondes avant de se détourner de lui, un sourire triste sur le visage. Ses yeux revinrent prendre place sur la cité qu'elle ne regardait pas vraiment. En réalité son regard était tourné vers le passé, vers ces instants qui avaient fait d'elle ce qu'elle était aujourd'hui.

"Au lieux de jouer avec les enfants de mon âge, j'ai appris à faire les poches et à chaparder sur les étals pour survivre." finit-elle par lui avouer, honteuse. "Et cela jusqu'à ce que je me fasse prendre par un petit bourgeois qui me dénonça à la garde."

Alors que ses mots la renvoyaient à cette époque, une rage sourde naquit au creux de ses entrailles. Elle aurait tout donné pour revenir à cet instant et empêcher son père de prendre sa place. Le vent avait légèrement forcit, faisant voleter ses longues mèches blondes autour de son visage alors qu'elle serait les poings pour ne pas laisser couler les larmes qui menaçaient de franchir la barrière de sa volonté et c'est avec une voix tremblante qu'elle continua ses aveux, aussi droite et digne qu'elle pouvait se tenir, son regard toujours tourné vers la cité.

"Je n'avais que dix ans et mon père s'interposa pour me protéger, prenant le blâme à ma place." lâcha-t-elle enfin, les dents serrées. "La garde l'emporta sous mes yeux et je ne l'ai jamais revu. Il croupit maintenant dans une des geôles de Kirkwall, s'il n'est pas mort de faim et de froid entre les murs de la prison."

Un nouveau silence s'installa entre eux et elle tenta une nouvelle fois de ravaler ses larmes, sans succès. Les perles salées dévalèrent la pente de ses joues avec amertume et regret.

"Livrée à moi-même, j'ai mendié, suppliant pour survivre dans la crasse et la boue, qu'il pleuve ou qu'il vente, durant presque un an." continua-t-elle, bien décidé à lui raconter toute l'histoire. "Puis j'ai été recueilli par une serveuse de la taverne de la Hauteville. Elle m'a élevée comme sa fille, m'enseignant ce qu'elle pouvait du monde et de la vie avant de me placer au service d'un contrebandier ; un elfe qui m'a appris tout ce que je sais aujourd'hui sur le combat et le vol. Puis, quand j'ai su que je ne pouvais plus rien tirer de sa tutelle, j'ai décidé de me mettre à mon compte, subtilisant les trésors de nombreux riches pour les rendre à leurs réels propriétaires moyennant finances. Je pensais mon but noble… mais un vol reste un vol."

D'un geste rageur, elle essuya les quelques larmes qu'elle avait versé avant de se tourner vers l'homme qui lui avait offert une seconde chance. Voyait-il toujours la noblesse en elle ? Ou pensait-il qu'il s'était trompé ? Elle lui offrit un pâle sourire avant de terminer son récit.

"J'ai exercé mon métier pendant quelques années avant de quitter Kirkwall. lui dit-elle avant de plonger son regard dans celui d'Uther, y cherchant le dégoût et la désapprobation. "La garde me recherchait et j'avais envie d'autres horizons. C'est ainsi que j'ai escorté une caravane de marchands en Orlaïs. J'ai fait route jusqu'à Val Royeaux et c'est ainsi que nos chemins se sont croisés, sur la place du marché lorsque j'ai tenté de te voler pour m'acheter de quoi manger."

Pinçant les lèvres, elle tourna son regard vers le sol, honteuse de son passé. Elle n'était pas née dans des draps immaculés comme lui et elle avait dû se battre chaque jour de sa vie pour survivre, mais elle n'était pas fière du chemin qu'elle avait choisi de prendre pour s'en sortir. Incapable de le regarder à nouveau dans les yeux, elle fit une nouvelle fois face à Verchiel en silence, attendant qu'il dise quelque chose, les muscles raidis, prête à encaisser le choc de son jugement.

Uther écouta attentivement sa belle lui raconter sa jeunesse. Il pouvait sentir en elle de l'émotion, de la douleur peut être. Il décelait dans sa voix une émotion forte et puissante qui l'émouvait tout autant. Comment osait-il se plaindre encore aujourd'hui alors qu'elle avait connu la misère ? Comment pouvait-il discuter sur les événements de sa jeunesse et les comparer à celle de sa belle ? Elle lui avait avouer qu'elle était une voleuse depuis sa plus tendre enfance et dans son regard il avait vu la peur. Celle de devoir repartir car, imbu de sa personne le Baron se serait froissé et l'aurait renvoyé de la ville. Cependant, rien de tout cela n'arriva et au lieu d'afficher de la déception et de la colère à l'encontre de la belle femme, ce fut une vague de compassion et de réconfort qu'il proposa à la ravissante Marchèenne. Ce n'était certes pas la plus grande richesse des Marches Libres, ni même une enfant de bourgeois et pourtant. Elle était consciente de ce qui était noble ou pas. Elle savait qu'un vol était un vol, même dictée par des actes de charités. Ce fut à son tour de venir tourner le visage de la belle blonde vers le sien, ses doigts passant sur la joue de sa douce. Le contact était toujours agréable et Uther ne s'en lassait jamais.

Elle avait souffert dans sa jeunesse et plus qu'il ne l'aurait imaginé et pourtant face à lui, il ne voyait pas une femme abattu par son destin. Mais une femme qui avait avancé malgré le poids de son passé et qui n'avait pas peur de l'affronter. Le Baron respectait ça et l'admirait en même temps. Il la regarda admiratif, il n'avait d'yeux que pour elle en cet instant. Il savait que depuis qu'il la connaissait il avait souvent oublié le monde autour d'eux et s'était simplement enfermé dans une bulle où il ne se trouvait que sa belle blonde et lui. Il passa sa main sur une mèche de la belle blonde et lui offrit un sourire. "Tu es sans doute la femme la plus forte de ce monde." Voilà les mots qui lui venaient spontanément.

"Si tu es disposé à laisser un peu de temps à Verchiel et à moi, j'essaierai de t'offrir une nouvelle vie." Il l'enlaça tendrement la fixant dans les yeux. On aurait pu croire à une demande en mariage, cela s'en rapprochait, mais Uther n'y avait pas penser en énonçant ses mots. A vrai dire, il agissait sans trop penser lorsqu'elle était là, il laissait simplement ses intuitions le guider.

La main d'Uther sur sa joue la fit frémir. La paume du charmant baron était chaude et la jeune femme ferma les yeux un instant pour en apprécier le contact, faisant ainsi couler les dernières larmes prisonnières de ses cils sur ses joues légèrement rougies par le froid. Il n'avait pas les mains douces des bourgeois qui ne faisaient rien d'autre que de se prélasser dans leurs draps aux fines broderies et elle aimait ce côté de lui. Il avait les paumes d'un soldat, elles possédaient de petites cicatrices et callosités mais c'était, pour Ysaliss, les mains les plus honnêtes qu'il lui eut été de toucher. Ouvrant les paupières, elle détailla le visage de son amant. Le soleil cru de Firstfall éclairait ses traits, dévoilant la moindre particularité de sa physionomie et faisait briller ses yeux bruns d'un éclat tendre alors qu'il la dévisageait lui aussi.

Sous le poids de ce regard intense la jeune marchéenne sentit son cœur battre un peu plus fort, un peu plus vite au creux de sa poitrine. Sans briser ce lien invisible qui se tissait entre eux, il parla, rompant ainsi le silence une nouvelle fois alors qu'il louait sa force de caractère. La jeune voleuse répondit à son sourire, bien que le sien fût plus triste que celui du chevalier ; elle ressentait toujours la douleur que son récit lui avait apportée. Les mots qu'il prononça ensuite la firent rosir un peu plus et elle se laissa aller alors qu'il la prenait dans ses bras, tendrement, sans la quitter des yeux.

"Merci, mon Uther." lui dit-elle alors avant de se blottir contre lui, enfouissant son nez dans l'épais tissu de son manteau. "Ce sera avec grand plaisir."

Malgré que sa voix fût étouffée par l'étoffe du lourd vêtement que portait le jeune chevalier, elle parla assez fort pour qu'il l'entende, du moins elle l'espérait. Profitant de son étreinte, elle poussa un petit soupir de contentement. Ici, au creux de ses bras, dans cette chaleur qu'ils partageaient tous deux, elle se sentait bien. Elle aurait pût y rester pour toujours mais elle savait qu'ils avaient d'autres choses à voir et qu'ils auraient le temps pour partager de tels moments au chaud, entre les murs du château. Aussi, à contrecœur, mit-elle fin à leur agréable échange en s'écartant légèrement de lui. Relevant le visage vers son beau chevalier, Ysaliss plongea un court instant son regard dans celui d'Uther avant de porter une main à sa joue une nouvelle fois. Puis fermant les yeux, elle lui offrit un court baiser, effleurant ses lèvres plus qu'elle ne le embrassa.

Ils se connaissaient à peine mais chaque nouvelle petite chose qu'elle découvrait de lui la faisait l'aimer un peu plus. Aussi elle voulait en apprendre davantage sur lui et sur cette cité qui l'avait vu grandir. Elle lui était indissociable et c'est tout naturellement que la curiosité d'Ysaliss se portait sur elle. Avec difficulté, elle mit complétement fin à leur étreinte mais glissa sa main dans celle de son amant, nouant leurs doigts tels les fils du lien qui se tissait un peu plus entre eux.

"Parles-moi encore de Verchiel et de toi." lui demanda-t-elle alors sans détourner le regard. "Montres-moi chaque recoin de ta ville. Je veux la connaitre sur le bout des doigts."

Elle ne se lassait pas de laisser ses yeux glisser sur le visage du jeune et charmant baron, appréciant chaque jeu de lumière sur ses traits alors qu'il changeait d'expression ou parlait. Elle voulait tout savoir de lui, chaque détail de sa vie, chaque seconde de ce qu'il avait été, chaque instant qui s'était écoulé avant qu'elle ne l'aperçoive au cœur de la foule, sur la place du marché de Val Royeaux, quelques jours auparavant et qu'elle ne décide de lui voler son argent. Si elle avait sût que les choses se passeraient ainsi, elle serait venue en Orlaïs bien plus tôt. Elle regrettait presque le temps qu'elle avait passé à vivre à Kirkwall. Mais peut-être que les choses auraient été différentes et il était fort possible que la volonté du créateur fut que les choses se passent telles qu'elles le faisaient actuellement. Ysaliss n'en savait rien, mais si son destin était de rester auprès d'Uther alors elle remerciait la prophétesse et le créateur d'avoir choisi de les réunir ici, à cet instant.

Le Baron fut soulagé quelque peu de voir que malgré la tristesse que son récit lui avait apporté sa douce pouvait encore sourire et surmonter tout ça. Il admirait cette force qui la poussait vers l'avant et il l'admirait elle bien évidemment. Sa demande d'en savoir plus sur lui et Verchiel le fit sourire. Il allait exaucer le désir de la belle Marchèenne et se ferait un plaisir de lui conter chaque histoire qu'il avait vécu dans chaque ruelles de la ville. Cela l'agacerait peut-être, mais il serait ensuite lui même à l'écoute de sa belle. Elle avait aussi sûrement un tas de choses à lui conter et lui apprendre. Après tout, il avait passé la majeur partie de sa vie soit à l'académie ou dans une ville dont son père était le Baron voir lui même. Il ne connaissait donc pas grand chose face à elle du monde. Elle avait voyagé là où il s'était rendu à un banquet. Elle avait survécu, là où il avait simplement commander à manger auprès de ses domestiques. Lorsque les doigts de sa belle se nouèrent aux siens il serra délicatement -en veillant à ne pas lui broyer- la main et la guida, redescendant ainsi les escaliers par lesquels ils étaient montés sur les remparts de la ville. Quittant donc la vue pour venir s'engouffrer au sein de la populace et se perdre en Verchiel.

Il la guida tout d'abord sur la rue principale de la ville avant de bifurquer sur une petite rue étroite où jouait quelques enfants en bas âge, pas plus de dix ans à premières vus. Ils laissèrent passer le chevalier et sa belle en s'écartant poliment de leurs passage. Avaient-ils reconnu le baron ? Ou avaient-ils vus le blason du Baron quelques part sur ses vêtements ? Les spéculations étaient nombreuses, mais n'apportaient aucune réponse pour l'heure. En effet le seul fait était qu'ils s'étaient cordialement poussés. Uther s'arrêta devant une fontaine au bout de la ruelle s'arrêtant au pied de la falaise où plus haut siégeait fièrement le domaine du Baron. Cette petite fontaine était taillé dans la roche, stylisé par des tailleurs ou bien des artisans de passages, la réalité était que cette fontaine était là il y a déjà très longtemps. Peut-être même à l'époque de l'empire Tevintide. "Voilà un endroit ou je m'amusai étant enfant."commença Uther. "Avec les autres enfants de mon âge nous tentions de grimper sur la parois rocheuse et nous sautions dans la fontaine."

Le chevalier retira son gant et plongea sa main libre dans la fontaine. L'eau était fraîche, très fraîche. Il la retira très peu de temps après l'avoir plongé. "Je n'suis pas sûr qu'aujourd'hui je sois encore capable de le faire." admit-il en riant. "Tout le long de cette rue, comme les enfants que nous avons vu, je me cachais lorsque la garde me cherchait pour me ramener auprès de mon père." Il regarda sa belle qui observait les alentours. Les Maisons étaient serré entre-elles pendant un long moment de la rue avant de laisser place à une mini-enclave où deux petits arbres siégeaient de part et d'autres de la fontaine dans la roche. Il repensait à son enfance, peut-être était-ce l'académie des chevaliers qui l'avait changé ? Jeune il n'aurait hésité à aucun moment à plonger même habillé dans la fontaine juste pour voir ce que cela faisait. Il avait été impétueux et tête de mule, même si ce second adjectifs lui était toujours attribué il était plus calme et réfléchissait avant d'agir désormais. Peut être même trop.

Une nouvelle fois, Ysaliss se laissa guider par le charmant baron ; le lien qui se tissait entre eux renforcé par leurs doigts entremêlés desquels se dégageait une douce chaleur. La jeune marchéenne profitait de chaque instants pour détailler la ville, émerveillée par sa beauté et son architecture, si différente des cités des Marches Libres.

Le vent, qui avait légèrement forcit lorsqu’ils s’étaient trouvés sur les remparts faisait virevolter les mèches blondes de la jeune voleuse et celle-ci eût une petite moue à l’idée de la tâche qui l’attendait à leur retour au château.

Elle n’avait pas l’habitude de vraiment prendre soin de son apparence, mais maintenant qu’elle se trouvait aux côtés d’Uther, il lui fallait faire attention à l’image qu’elle renvoyait. Si elle apparaissait au bras du jeune chevalier aussi échevelée qu’une paysanne après une partie de jambes en l’air dans une botte de foin, nul doute que la cour d’Orlaïs allait se rendre compte de la supercherie.

Elle avait tellement à apprendre en si peu de temps que l’entreprise lui semblait parfois sans espoir et la perspective de tant de leçons lui donnait le vertige. Elle se retint tout de même de faire part de ses inquiétudes à son amant, se laissant toujours guider dans les rues de Verchiel en silence alors que la somme de travail auquel elle devrait bientôt faire face tourbillonnait dans son esprit. La lecture et l’écriture étaient une chose mais la bonne tenue en était une autre autrement plus difficile à apprendre en peu de temps. Elle doutait de pouvoir se fondre parmi la foule de nobles et de participer au noble jeu sans être découverte. Mais elle était prête à s’y risquer pour Uther. Les grands de Thédas apprenaient tout jeunes à se tenir en société, à se vêtir des toilettes les plus raffinées et à faire la conversation dans les salons de leur pairs. Nul doutes que la prestance dont la jeune voleuse faisait montre et son bon esprit ne lui suffiraient pas.

Peut-être devrait-elle quérir l’aide de quelques spécialistes ? Mais sans les mettre dans la confidence, l’entreprise semblait impossible. À moins qu’elle ne sollicite la tutelle de la mère d’Uther ? Là encore l’affaire ne semblait pas simple. Quand bien même cette dernière accepterait le fait que son fils partage sa couche avec une va-nu-pieds, ce dont Ysaliss doutait fortement, il fallait encore qu’elle accepte de se rendre complice de la supercherie et, de plus, de lui enseigner ce qu’une damoiselle devait savoir avant de faire ses débuts à la cour.

La jeune voleuse en était là de ses réflexions lorsque le charmant baron s’arrêta devant une fontaine sculptée à même la roche. Elle était tellement absorbée par ses craintes qu’elle avait à peine remarqué les gens qui vaquaient à leurs occupations matinales. Certains c'étaient poussés sur leur passage et la jeune marchéenne se demandait bien l’impression qu’Uther et elle devaient donner aux habitants de la ville. Nul doute que leur couple devait sembler étrange aux yeux des citadins, pensa-t-elle en tentant avec difficulté de domestiquer ses mèches folles de sa main libre. Elles étaient maintenant légèrement humides, à cause des flocons qui les avaient parsemé lorsqu’ils se trouvaient sur les remparts et une grimace fugace apparut sur le doux visage d’Ysaliss.

*Il va y avoir du travail pour me faire passer pour une dame.* se dit-elle avant de reporter son attention sur le beau chevalier qui lui tenait toujours délicatement la main.

Ce dernier, ignorant tout des tourments qui gagnaient la jeune voleuse en cet instant, lui conta, comme la jeune marchéenne lui en avait fait la demande quelques instants auparavant, un nouveau souvenir de son enfance et elle l’écouta avec attention. Alors que sa main libre parcourait maintenant chaque aspérité de la roche usée et lissée par le temps, elle laissa de côté ses affres pour permettre à son imagination de donner vie au récit du charmant baron. Les yeux d’Ysaliss le suivirent lorsqu’il plongea ses doigts dans l’onde fraîche et elle sourit en le voyant renouer ainsi avec les jours passés de son enfance.

Alors qu’il finissait son historiette, la jeune marchéenne laissa une nouvelle fois son regard courir sur le paysage qui les entourait, tentant de s’imaginer ce que sa vie aurait été si elle s’était trouvé à sa place. Nul doutes qu’elle aurait, elle aussi, donné du souci à ses parents comme il semblait en avoir donné aux siens. Ils possédaient ce même besoin de liberté qui brillaient dans leurs yeux à cet instant et, bien que la raison et l’origine d’une telle étincelle fût différente pour l’un comme pour l’autre, elle n’en demeurait pas moins une part importante de leur être.

Ramenant une nouvelle fois son attention sur le visage de son amant, elle le contempla avec tendresse, un petit sourire aux lèvres. Elle le comprenait. Il n’avait pas besoin de lui en dire plus sur le sujet comme il aurait sûrement dût le faire avec une femme de son rang.

Malgré qu’elle l’écouta attentivement, Ysaliss ne pût s’empêcher de noter qu’il parlait beaucoup de son père, quoi que de façon évasive. Ne voulant pas le presser sur le sujet, elle se retint de lui en demander plus, tournant toutefois sa curiosité vers une autre pensée qui ne cessait de faire écho à la première et revenait constamment effleurer son esprit.

“Tu me parles beaucoup de ton père mais qu’en est-il de ta mère ?” lui demanda-t-elle alors en espérant ne pas le brusquer.

Elle avait l’impression de marcher sur des œufs à le questionner ainsi de choses dont il ne voulait peut-être pas parler. Mais, de par cette question, elle espérait que la réponse qu’il lui donnerait l’aiderait à se faire une ébauche de la femme qui lui avait donné la vie et qui, aux vues de ce qu’il lui avait dit, résidait toujours dans le château. À bien y réfléchir, la jeune voleuse trouvait étrange de ne pas avoir croisé ou rencontré la baronne. Était-elle souffrante ? À moins qu’elle ne visita quelque amie comme cela se faisait beaucoup parmi les nobles des Marches Libres ? Ysaliss espérait qu’il s’agissait de la seconde hypothèse, ne souhaitant de mal à quiconque, mais quelle que soit la réponse à cette question, il lui faudrait rencontrer la dame de façon convenable si la jeune originaire de Kirkwall souhaitait, comme les choses entre le baron et elle semblaient se profiler, demeurer à Verchiel.

Uther avait peut-être mis trop de nostalgie dans son court récit. C'était certes des bons moments, mais de là à en faire l'éloge comme sa période la plus glorieuse, ce n'était pas le cas. Il avait remarqué la façon les doigts de sa belle glissait sur la roche autour de la fontaine. Et il l'avait admiré pendant un moment, Verchiel comptait désormais, avec la belle Marchèenne, une raison de plus de se battre pour elle. La question d'Ysaliss vint comme une attaque inattendu. Le baron prit quelques longues secondes pour repenser à ses dires et à son enfance, sa mère et son père. Il regarda sa belle amante, lui sourit chaleureusement, voyant bien l'inquiétude qui la gagnait à savoir si elle avait posé la bonne question. "Ma mère... commença le chevalier elle était assez passive durant mon enfance je dirais. Je n'ai le souvenir que de son silence et de ses leçons de bonne conduite. Même encore aujourd'hui il semblerait que le silence soit ce qui la caractérise. Du moins en ma présence, mais tu pourras en juger par toi-même lorsqu'elle rentrera."

A la fin de ses mots le Baron se demanda s'il n'avait pas fait une bêtise en le précisant. Il avait certes affirmé qu'elle était encore de ce monde, mais l'avait-il bien fait ? Il regarda sa chère et tendre attentivement cherchant s'il y avait une angoisse ou une peur certaine à l'idée de la rencontrer. Aussi-tôt il ajouta "Mais n'ai crainte ma l'Yss, elle ne mord pas." Un petit trait d'humour qui - il espérait - détendrai son amante si c'était l'angoisse de la rencontrer qui la hantait. Il se doutait bien qu'elle n'était pas tranquille et il pouvait le comprendre, comment aurait-il réagit à sa place ? Elle n'était , il n'y a que quelques semaines, une voleuse dans les rues de Val Royaux et elle se retrouvait dans la noblesse d'une simple rencontre. Il aurait eu aussi tant de questions, de soucis à se faire. Pour cela Uther ne laisserait pas sa charmante baronne crouler sous le travail, mais veillerait qu'elle se sente bien.

Dans les rues l'agitation ralentissait petit à petit, l'heure du repas allait bientôt sonner et le baron entendit les enfants dans les rues courir pour rentrer chez eux, se disant ce qu'ils allaient faire dans le reste de la journée. Avaient-ils pris tout ce temps ? Le baron n'en avait pas vu une seconde s'écouler. La jeune femme occupait son esprit et sa capacité à déterminer l'heure avait surement était remplacé par les doux traits de la Marchèenne.