Avec un sourire Halow posa la main sur la pierre de la maison. Elle ne venait que rarement dans la ville qui l’avait vu naitre et pour cause, elle n’y avait pas vécu assez longtemps pour se faire de véritable souvenir. D’ailleurs tout ce qu’elle savait de sa plus tendre enfance, elle le connaissait grâce à son maitre Corbeau. Ses parents avaient été des marchands, plutôt prospères à en croire ce qu’il disait. C’était à cause de cela qu’ils avaient croisé la route de l’assassin. Leur réussite était devenue dérangeante et un contrat avait été établi sur leur tête. Elle aurait dû le haïr pour cela. Du moins le supposait-elle car cela ne lui était jamais venu à l’idée. Low ne se souvenait plus très bien de l’âge qu’elle avait quand il lui avait avoué le secret de sa naissance, elle ne savait pas non plus véritablement l’âge qu’elle avait lorsqu’elle était devenue orpheline, très jeune si elle en croyait l’histoire qu’on lui avait compté mais sans plus de précision. En une nuit sa vie avait basculé. De l’enfant d’un riche couple, elle était devenue orpheline. Il avait exécuté son contrat sans se poser plus de question que cela, c’était ce qu’on leur apprenait après tout. Elle faisait désormais de même. Grâce à lui, elle lui devait la vie parce que cette nuit-là, il aurait tout aussi bien pu l’achever au même titre que ses géniteurs. Un bébé ou un très jeune enfant ne représentait pas un obstacle majeur dans un assassinat, mais il avait choisi de l’épargné, il avait choisi de lui faire le cadeau de la vie et de la ramené avec lui à Antiva pour l’élever dans les quartiers des Corbeaux.

Evidemment Halow ne se faisait pas d’illusion, elle n’avait pas eu vocation à en devenir un elle-même. Son maitre l’avait d’abord pris en charge parce qu’il pensait en faire sa servante. Elle était une fille après tout et une simple humaine de surcroit, elle aurait pu servir à tout autre chose dans cette guilde, il avait assez d’argent pour avoir des serviteurs, une de plus, une qu’il tiendrait comme aucun autre, sa plus fidèle et dévouer s’il réussissait son éducation. Et la jeune femme remerciait le ciel que son destin n’est pas été celui d’une servante. Pourquoi il avait changé d’avis, elle l’ignorait et ne pouvait que deviner que son intelligence, son éveil et sa curiosité avait fait pencher la balance. Peut-être avait-il décelé quelque chose chez elle qui lui avait ouvert les portes de l’enseignement de la guilde. Et très jeune, elle s’était montrée digne de cette confiance. Low se souvenait parfaitement de la première personne qu’elle avait tuée pour gagner sa place dans les rangs des apprentis. Les recommandations seules de son maitre ayant été insuffisantes. Un jeune garçon, il ne devait pas être beaucoup âgé qu’elle, un an ou deux, elle avait eu peur de lui d’ailleurs. Mais elle avait eu encore plus peur d’être celle qui mourrait et s’était battu comme une tigresse pour avoir le dessus. Elle se souvenait parfaitement du bruit qu’avait fait son crane quand elle avait écrasé la grosse pierre entre ses mains dessus. Cela lui semblait presque un rêve lointain mais il avait été sa première victime.

Elle en avait parcouru du chemin depuis, l’apprentissage n’avait pas été un parcours de santé et plusieurs fois elle avait cru ne jamais parvenir au bout. Comme si tous les autres apprentis étaient meilleurs qu’elle. Long et douloureux, seraient les mots utilisés si elle devait le décrire succinctement mais elle y était parvenue faisant même la fierté de son maitre. Elle avait su gagner sa place, c’était tout ce qui comptait. Elle soupira doucement en caressant le mur, comme si cela pouvait lui apporter quelque chose puis recula franchement. Elle n’avait aucun souvenir de cette maison ou de ses parents mais elle aimait venir ici pour se rappeler d’où elle venait et comment le destin l’avait mené dans l’antre des Corbeaux. Cela lui faisait du bien. Soudain une petite fille lui tira sur la robe. « Ce ne sont pas des manières Ora. » L’enfant pris un air désolé et s’excusa avant de lui tendre ses achats. Halow lui donna une pièce. « Merci, je reviendrai le moins prochain, salut tes parents pour moi. » Mettant son paquetage sous le bras, le brunette s’éloigna. Elle venait aussi pour ça, pour voir grâce à cette petite fille ce qu’aurait été sa vie si elle n’avait pas été altérer par un contrat.

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