Je vais vous raconter une petite histoire. Vous êtes prêt ? C'est parti : c'est l'histoire d'un petit groupe de mages parcourant Thédas en quête d'un refuge.

-Ils arrivent ! Fuyez ! 

Hurle un homme à ses compagnons. Ces derniers restèrent figés. Rapidement, ils comprennent ; leurs visages se crispent et leurs corps se meuvent.

-Fuyez ! Vite ! Répète le rebelle mû par l'urgence de la situation.

En effet, à quelques dizaines de mètres derrière lui, accouraient ces fameux démons en armure rutilante. Alors les mages se mirent à courir, à fuir les terribles templiers qui les traquaient depuis si longtemps. Qui étaient-ils d'ailleurs ces pauvres hères ? Un homme dans la trentaine lié à une femme tout aussi jeune, entre eux une petite blonde cachant son visage dans les bras de sa mère. Deux jeunes hommes dans la vingtaine et cet homme là, exhortant ses compères à prendre la fuite. Tous étaient des mages confirmés, tous étaient pourchassés. Leur crime ? Avoir osé tenter d'une vie en dehors du Cercle.
Ils étaient plus nombreux au début, cependant, entre les séparations volontaires, les mises à mort et les captures, il ne restait plus de la rébellion que ces six survivants.
Soudain, l'éclaireur s'écroule, le souffle coupé par une lame tandis que les autres se dispersaient en plein cœur des Terres Sauvages de Korcari. L'enfant, entre les bras de son père assista à la mise à mort du mage et tremblait, terrifiée par ces chevaliers. Ils furent rattrapés puis encerclés. Face à cette situation, la jeune mère décida de faire diversion après s'être entaillée la main. Un acte héroïque, qui permit à son aimé et aux deux autres de fuir, chacun prenant une direction différente.

Un cri résonne. C'est la jeune mère qui succombe à la lame vindicative d'un templier, son œil rouge offrant au monde sa dernière larme. La chasse reprend, l’infâme impie n'était qu'un petit contretemps. Le père était désemparé. Que faire ? Comment protéger sa fille? Il décida alors de la cacher afin d'assurer sa survie et la sienne, lui promettant de revenir au plus et disparut dans les marécages. Il eut quelques cris, quelques éclats, puis plus rien ; les Terres Sauvages retrouvèrent enfin leur silence. De son côté, la fillette était restée bien sagement terrée dans son vieux rondin, trop apeurée pour en sortir. Mais l'attente fut plus longue que prévue et le crépuscule vint bientôt rougir les cieux d'une sanglante lumière. Que devait-elle faire ? Chercher Papa ou rester à l'abri ? Elle opta pour la première solution malgré sa peur.

-Papa !, hurlait-elle, Papa !

Les premiers appels restèrent sans réponse mais la petite n'abandonnait pas pour autant. Il devait bien être quelque part ! Alors elle continuait, encore et encore, les yeux emplis d'espoir. Finalement, on répondit enfin à son appel cependant, il ne s'agissait pas de son père. C'était une de ces créatures monstrueuses nommées engeance. La petite fille fut frappée d'horreur, son cœur bondissait dans sa poitrine. Comment faire face à un tel démon sinon fuir ? Naturellement, c'est dans ce genre de situation que le corps refuse parfois d'obéir, vous paralysant au moment le plus critique. Mais si ses jambes refusaient d'obtempérer, une force mystérieuse décida de sauver l'enfant. Des éclairs jaillirent de ses mains foudroyant la créature qui s'écroula aussitôt. Pas le temps de comprendre que d'autres monstres apparurent. Heureusement, ses jambes parvinrent à surmonter cette paralysie et la petite fille se mit à courir le plus vite possible. Cependant, dans la panique elle omit de faire attention à sa route et l'enfant se retrouva le nez par terre, la cheville foulée. Les éclairs fusent, puissant mais mal maniés, ils ratent souvent leurs cibles. Pendant ce temps là, les engeances continuaient d'approcher. Ils étaient sur le point de l'atteindre quand une flèche faucha l'un des monstres. Une flèche suivie bientôt d'une autre et encore une autre : un groupe de chasseurs. Ils parvinrent à mettre en déroute les créatures. Quant à la petite miraculée, elle sombra dans le néant.

À son réveil, elle était confortablement installée dans un lit.

Fin. Ça vous a plu ? Y'a même une suite à cette histoire si vous voulez. Ça vous intéresse? Dans ce cas, je poursuis.

Donc, elle se réveilla confortablement installée dans un lit. Où était-elle ? Dans une hutte à la décoration bizarre. Où donc ? En plein coeur d'un village chasind. Peu de temps après son réveil, elle vit entrer un homme étrangement vêtu. Il intriguait la petite fille avec ses bijoux et ses tatouages, ses cheveux noirs parsemés d'éclairs argentés et son allure générale. De son regard d'émeraude dégageait une assurance digne des plus grands chefs doublé d'une grande sagesse. Malgré cet aspect impressionnant, l'aura de sérénité qu'émanait son corps inspirait confiance à la petite. Il se présenta comme étant l'honorable Cahir, chaman de la tribu. De sa voix, calme et posée,  tenter d'interroger l'enfant sur divers sujets mais l'enfant resta muette, comme si les mots étaient bloqués dans sa gorge. Était-ce réellement étonnant ? Pendant plusieurs jours, la petite fille restait enfermée dans la hutte du chaman et dans son silence. Puis elle finit par en sortir, découvrant ainsi le petit village de Zorya dont les toits tutoient la canopée.
Rapidement, il fut question de son devenir : Cahir décida de l'accepter parmi eux, se chargeant au passage de son éducation. Ainsi, au fil du temps, la petite fille devint une membre à part entière de la tribu grâce à son implication dans la vie quotidienne, son apprentissage du combat au bâton, des us et coutumes, des rites ancestraux -ou du moins ce qu'il en reste. Très tôt, elle fut initiée à la magie élémentaire, mais aussi et surtout, à la métamorphose. Comment décrire l'incroyable sensation qui envahit son corps à la suite de sa première transformation ? L'excitation liée à la possibilité folle d'arpenter le monde sous de nouveaux angles ?

Et encore, je vous fais un résumé de cette longue période, sinon vous risquez de vous endormir. Mais sachez que, petit à petit, grâce à ces différents enseignements la petite fille devint une jeune femme pleine de sagesse et de bravoure. Comment ça, j'en fais trop ? Que nenni ! Et puis, quel mal y-a-t-il à se valoriser un peu? Enfin... poursuivons, le voulez-vous ?

Lorsqu'elle atteint l'âge auquel se soumettent les apprentis du cercle, la fougueuse demoiselle désira parcourir le monde pour différentes raisons : elle souhaitait en apprendre plus sur Thédas, son histoire, sur l'ancienne magie et la vérité derrière les légendaires sorcières des Terres sauvages dont elle ne connaissait justement, que des légendes. N'étaient-elles que chimères ou réelles ? La jeune mage consulta chaman, et on peut dire que l'homme n'était pas vraiment favorable à cette entreprise. En effet, il souhaitait la voir rester prendre sa place de chef. Ne se sentant prête à supporter un tel fardeau, et poussée par la soif de découvertes, la jeune femme partit explorer le monde. Elle y fit des rencontres -bonnes et mauvaises-, fut membre d'un groupe de mercenaires, fit des recherches parmi les ruines elfiques, etc... Bref! Une véritable touche à tout.

Sur ce, je vais m'arrêter là, je ne vais tout de même pas tout vous dévoiler. Quoi? Quel est le nom de la fille? Eh bien, vous l'avez devant vous. Caelynn des Terres Sauvages, enchantée!

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