Il y avait des semaines que Dorianna Thelvan n’avait pas vu la lumière du soleil, cloitrée dans ses appartements, les fenêtres barricadées afin d’éviter toute tentative d’évasion ou d’intrusion, car tout était possible dorénavant. Les seuls moments où elle pouvait quitter sa chambre étaient ceux où elle était escortée par sa mère elle-même et personne d’autre; on évitait ainsi les risques d’échanges de missives indésirables ou de fuite. Lorsque Dame Marguerite Thelvan avait retrouvé sa fille ainée, suite à son escapade avec Rhaegar, le Garde des Ombres, la jeune femme avait subi le courroux de sa mère comme jamais un enfant Thelvan ne l’avait subi jusqu’à maintenant. Dorianna avait fait planer le risque du déshonneur sur sa famille et Dame Thelvan n’était pas prête à le lui pardonner. La femme ronde travaillait si fort, depuis tant d’années, pour élever sa famille dans les échelons de la noblesse orlésienne, ce n’était pas ce gueux de Rhaegar et la folie de Dorianna qui gâcherait tout ça!

La jeune noble et sa mère n’avaient plus échangé un mot jusqu’au jour où la petite femme ronde entra dans les appartements de sa fille, une lettre à la main et un sourire radieux illuminant son visage. Comme si rien ne s’était jamais passé entre les murs du domaine Thelvan, la maitresse des lieux annonça à son ainée qu’elle et ses sœurs étaient invitées au palais de Verchiel, par le Baron en personne. Des années auparavant, Dame Thelvan avait tenté de fiancer Dorianna au Baron Uther de Verchiel, mais la différence d’âge entre les deux avait poussé le Baron à refuser un mariage avec la jeune dame. Du moins, il s’agissait de la version officielle, celle que connaissait Dame Thelvan, car la réelle raison du refus du Baron était peut-être tout autre. En effet, Dorianna n’avait jamais rencontré le Baron et elle l’avait toujours imaginé gras, le ventre couvert de restants de table puisqu’un noble de ce rang ne devait pas avoir d’autres activités que celle de manger. La référence de la jeune dame pour une telle idée n’était nul autre que le palefrenier, Barthélémy, mais Dorianna avait foi en ce que ce dernier racontait. Après tout, bien que plus jeune, il connaissait un tas d’informations sur la noblesse…ou alors il faisait croire qu’il en connaissait beaucoup…Quoi qu’il en soit, l’idée de rencontrer cet homme n’enchantait pas Dorianna autant que sa mère, ou ses sœurs, car Dame Thelvan avait bien l’intention de présenter Milah au Baron, la cadette de Dorianna s’était toujours montrée plus sage que son ainée et sa beauté n’avait pas d’égale.


- Regardez mes toutes belles, le palais de Verchiel!
- Oh mère! Je n’arrive pas à croire que nous y sommes presque!

Alors que les cadettes Thelvan et leur mère admiraient le palais de Verchiel, s’imaginant déjà y être la maitresse des lieux, Dorianna gardait son regard fixé sur le ciel gris, évitant soigneusement le regard du Seigneur Renaud Thelvan, son père, qu’elle sentait sur elle. L’homme à la forte ossature inspirait le respect et la crainte, mais il était l’homme le plus doux que la jeune femme connaissait. Bien que ce dernier ait été profondément déçu du comportement de sa fille adorée, il n’avait jamais souhaité que celle-ci soit enfermée et maltraitée, mais il n’avait non plus rien fait pour empêcher cela.


Les chariottes s’arrêtèrent aux portes du palais de Verchiel, où le Baron se tenait bien droit, attendant la famille Thelvan afin d’en accueillir chacun des membres en personne. Le Seigneur Renaud et son épouse furent les premiers à descendre de leur chariotte et à s’approcher du Baron Uther de Verchiel.

« Soyez les bienvenues à Verchiel Dame et Seigneur Thelvan. C'est avec grand plaisir que je vous accueille en ces murs. ». Le Seigneur Thelvan s’inclina, suivit de sa femme. « Votre Seigneurie, c’est un honneur pour notre humble famille d’avoir reçu l'invitation à vous rendre visite en compagnie de nos enfants. D’ailleurs, j’aimerais vous les présenter… ». Telles de petites marionnettes, les enfants Thelvan, tous vêtus de leurs plus beaux atours et portant des masques, se levèrent d’un même mouvement et entreprirent de descendre des chariottes, dans l’ordre que leur avaient assigné leurs parents. Albert, le cadet et seul fils Thelvan fut le premier à venir s’incliner devant le Baron. Du haut de ses 14 ans, Albert ressemblait beaucoup à son père; ses sourcils étaient épais et ses traits plus carrés, mais il était encore un enfant. « …voici Albert, notre fils, suivi de sa sœur Clara… ». Clara était une jeune femme de 16 ans aux joues aussi rondes que celles de sa mère; elle ressemblait en tout point à une petite poupée et dans ses yeux brillait l’éclat de la jeunesse et de l’innocence. « …voici Isabella… ». La jeune femme de 18 ans descendit de la chariotte et vint s’incliner devant le Baron à son tour. Cette dernière avait les traits plus carrés et cette singularité lui donnait un charme presque exotique. « …suivi de notre douce Milah… ». À 20 ans, Milah avait déjà refusé quelques demandes en mariage, toutes de petits nobles sans importance pour sa famille et elle le savait très bien. Milah avait des attentes aussi élevées que celles de sa chère mère et sa beauté lui permettait de jouer les capricieuses. « …et je vous présente enfin l’ainée de mes filles, Dorianna. ».  La jeune femme, descendit de la chariotte à son tour et s’approcha du Baron, s’inclinant légèrement devant lui lorsqu'elle fut à sa hauteur. Elle portait une cape de voyage de haute facture, de couleur noire, mais le fils d’or avec laquelle elle était brodée en faisait une œuvre d’art. Cette cape avait ruiné la famille Thelvan, mais Dame Marguerite savait que la première impression était la plus importante et sa fille devait attirer le regard du Baron et ne plus s'en départir. Comme ses sœurs, Dorianna portait un masque, mais contrairement à ceux de ces dernières, son masque, de couleur noire, ne cachait que le haut de son visage, permettant ainsi au Baron d’admirer la beauté de l’ainée Thelvan. « Votre Seigneurie… » dit-elle respectueusement, d’une voix délicate pour toute présentation; Dame Thelvan voulait que sa fille cultive le mystère, ce n’était pas en élaborant de vastes présentations que cet objectif serait atteint.

Le Baron Uther de Verchiel n’avait rien à voir avec l’image que s’en était faite Dorianna et cela lui plaisait bien; ce séjour au palais serait peut-être plus excitant au final. Du point de vue de Dame Marguerite Thelvan, sa famille avait réussi la première étape des présentations avec succès jusqu’à ce que la voix d’Albert s’élève : « Votre Seigneurie, pourrais-je vous défier en duel à l’épée de bois? Selon la rumeur, vous vous débrouillez plutôt bien…» avait-il dit sur un ton de défi, mais qui était tout à fait pardonnable vu son jeune âge. Alors que Dame Marguerite Thelvan lançait un regard sévère à son fils, s'apprêtant à le réprimander d'une quelconque façon, Dorianna fut plus rapide et laissa s’échapper un éclat de rire, ce qui s'ajouta au malaise déjà palpable de sa mère. Décidément, les espoirs de Dame Thelvan de faire bonne impression au palais de Verchiel ne reposaient pas sur son ainée…

Le Baron de Verchiel s'inclina devant chacun des membres de cette grande famille. Il détailla chacun d'entre eux, Dame Thelvan puis le Seigneur. Il remarqua que les deux plus petites filles portaient un masque entier contrairement à l'aînée. Il n'allait sans doute pas échapper aux discours de Dame Thelvan sur les qualités de sa fille aînée pour qu'il accepte de l'épouser.

Alors que le chevalier prenait note dans sa tête des noms de chacun il tenta de deviner à peu près leurs âges pendant quelques secondes, puis il fit signe aux domestiques de décharger les chariotes pour que leurs affaires soient menée aux chambres préparés pour la famille. Il se préparait à les invités à entrer dans le palais lorsque le jeune homme Thelvan sorti une demande qui fit sourire le Baron. Ce jeune homme était très jeune, mais il avait la fougue et le tempérament qui lui rappelait lui-même enfant.

"Je n'aurais rien contre un duel amical jeune seigneur. Je serais même ravie de voir l'étendue de vos capacités, nous aurons tout loisir de s'affronter lorsque vous serez confortablement installé."

A la fin de sa phrase sourit au jeune homme. Il jeta un regard à Dorianna qui s'était vu amuser par la demande de son jeune frère. Il se rappela sa première réponse auprès de Dame Thelvan quant au refus de la proposition de mariage avec sa fille. Il avait prétexté la différence d'âge et aujourd'hui alors qu'il la voyait pour la première fois, il fallait bien avouer que sa beauté la rendait encore plus jeune qu'elle ne l'était. Il revint sur ses premiers interlocuteurs.

"Que diriez vous Dame et seigneur, de rejoindre l'intérieur du palais, il y fait bien meilleur que devant la porte, et je suppose que le voyage à sans doute était long et éprouvant. Un bon repas a été préparé pour votre arrivé à Verchiel."

Les fameux repas incessant pour fêter tel ou tel arrivé, tel ou tel autre fête. Il était parfois épuisant de rester à table des heures pour parler encore et encore de politique. Mais aujourd'hui Uther se sentait prêt pour ce défi. Son entrainement de chevalier avait mis sa patience à rude épreuve et il comptait bien le mettre à profit.

Il invita d'un signe de la main la famille fraîchement arrivé à pénétrer dans le bâtiment. L'intérieur du palais était richement décoré, des tapisseries ornaient le vestibule à droite et gauche. A quelques mètres de la porte d'entrée, à droite, la première porte qui se dirigeait vers la salle à manger, l'encadrement était doré et la porte d'un bleu azure très clair. Si les regards s'étendaient droit devant après avoir passé le pas de la porte il pouvait apercevoir a dix mètres peut être à droite un couloir menant de l'autre côté du palais et à gauche un escalier de marbres menant au premier étage de ce grand bâtiment.

Albert et Dorianna avaient une relation fraternelle particulière; bien qu'il soit plus jeune, tous deux partageaient des passions similaires et avaient une complicité à faire pâlir de jalousie leurs sœurs. Tous deux ne manquaient jamais les duels à l’épée de bois organisés dans les écuries du Seigneur Thelvan par son jeune palefrenier et un simple regard entre eux était suffisant pour les faire éclater de rire.

Bien que le jeune Seigneur n’ait pas tenté de plaisanter, mais bien de recevoir une faveur du Baron de Verchiel, cela avait amusé Dorianna puisqu’elle savait très bien que leur mère n’approuverait pas, craignant de voir le Baron se froisser d’une telle demande, et depuis ce qui s’était passé avec Rhaegar, la jeune fille n’aspirait qu’à voir les plans de sa mère échouer. Malgré tout, depuis qu’elle connaissait maintenant le visage de l’homme avec qui sa mère souhaitait la marier, Dorianna éprouvait une certaine curiosité pour le dénouement de ce plan; après tout, Uther était très bel homme et s’il se battait aussi bien que ses cheveux bouclaient, il pourrait être un époux de rêve pour la jeune noble. Du moins, le mariage imposé par sa mère lui serait plus tolérable avec ce Baron.

Alors que Dame Thelvan lançait maintenant un regard réprobateur à sa fille ainée, le Baron Uther de Verchiel sourit et répondit au jeune Albert qu’il serait ravi de répondre à sa requête, après que la famille soit bien installée. Cette réponse sembla surprendre la mère du jeune homme, mais elle afficha immédiatement un sourire à son rond visage, afin d’approuver toute parole ou geste du Baron; cela faisait partie de ses tactiques de séductions. Le regard du Baron vint se poser sur Dorianna. Jouant le jeu auquel sa mère s’attendait de la voir participer, la jeune noble baissa légèrement le menton sur sa poitrine tout en soutenant le regard du jeune Baron et en affichant un délicat sourire en coin. Dame Thelvan capta cette brillante tentative et paru, pour une fois, particulièrement fière de sa fille. Était-ce donc si simple de faire plaisir à sa mère?

« Que diriez-vous Dame et seigneur, de rejoindre l'intérieur du palais, il y fait bien meilleur que devant la porte, et je suppose que le voyage a sans doute était long et éprouvant. Un bon repas a été préparé pour votre arrivée à Verchiel. » proposa alors le Baron. À ces mots, Dame Thelvan se déplaça, presque en bondissant, vers son ainée, posant une main entre ses omoplates, la pressant d’avancer afin de se rapprocher du Baron. « Votre Seigneurie est trop bonne pour nous… » dit-elle à l’attention d’Uther avant de poursuivre, toujours d’une voix haute, mais cette fois, à l’attention de Dorianna : « …n’est-ce pas ma chère enfant? ». La jeune noble leva les yeux sur le visage du Baron, une expression neutre sur son visage jusqu’au moment où sa mère lui posa cette question; à ce moment-là, un sourire, forcé, admettons-le, se dessina sur son visage. « Je n’aurais su si bien dire mère. ».

Dorianna, suivit de près par ses sœurs, son frère et ses parents suivit donc le Baron de Verchiel à l’intérieur du palais. Le domaine Thelvan semblait soudainement pauvre et monotone lorsqu’on le comparaissait à toutes les richesses qui ornaient les murs du palais de Verchiel. Le chemin menant à la salle à manger ne permettait pas d’admirer toute la superficie et l’étendue de la richesse du palais, mais le bref aperçu qu’eurent la famille Thelvan convainquit Dame Marguerite de parler de mariage pendant le repas.

« Votre palais est magnifique, votre Seigneurie! » s’exclama Clara, la cadette des filles Thelvan, lorsque toute la famille fut à l’intérieur.

Le Baron ne fut pas surpris que Dame Thelvan approuve ses gestes et paroles.Elle n'ignorait pas la partie qui était en train de se jouer. Mais il fut tout de même surpris par l'attitude de l'aînée, Dorianna. Elle avait semblé se moquer éperdument de la stratégie de sa mère et ne s'en était en aucun moment caché. Mais elle agissait maintenant comme quelqu'un qui jouait le jeu, au plus grand plaisir très mal dissimulé de sa mère. Cette période ou ils seraient à Verchiel risquait d'être forte intéressante. Quoiqu'il en soit toute la famille était désormais a l'intérieur du palais du Chevalier. Lors de la remarque de la jeune fille envers la beauté du lieu il se retourna vers elle un sourit poli aux lèvres. "Vous êtes trop bonne demoiselle."
Puis il se tourna vers les parents Thelvan et leurs fit signe d'avancer vers la porte ouverte qui menait vers la salle à manger, un domestique était devant la porte, prêt à accueillir les nobles qui y rentreraient. Uther attendit que tous y entrent laissant son regard s'attarder sur Dorianna, il tentait de la décrire sans son masque, un défi qu'il s'était lui-même fixé à l'instant. Il Entra donc en dernier dans la grande salle, avec en son centre la table de repas, recouverte d'une nappe blanche, l'argenterie avait été sortie pour que les hôtes puissent se sentir important. Cela amusait beaucoup Uther, comme si de simple couvert pouvait donner de l'importance, mais c'était la coutume. Sur les côtés divers buffets recouvert de sculpture, objet de valeur ou bien des tapisseries ornant les mur afin d'offrir à cette pièce un aspect chaleureux.

Dans le fond de la pièce se tenait les domestiques près des chariots ou la nourriture était sous cloche d'argent, ils n'attendaient que le signal du Baron pour commencer à servir les nobles pour débuter ce long repas. Près de la table se tenait une femme d'une cinquantaine d'année, ainsi qu'une petite fille de douze ou treize ans. Toutes deux étaient vêtue de la même robe bleue foncé avec des bordures dorées pour la femme et argenté pour la petite fille.

Uther vint devant ses convives et s'adressa à eux "Je vous présente ma chère mère, Dame Sophie Beolar ainsi que ma demi-soeur, Demoiselle Elisabeth Beolar." Les deux filles saluèrent avec grand respect la famille Thelvan. "Un plaisir de vous rencontrer" Annonça alors Dame Sophie suivi de près par Elisabeth "Je suis aussi ravie de vous rencontrer." dit-elle tout sourire aux lèvres.

Une fois les présentations faitent, le Baron invita la famille à prendre place autour de la table pour débuter ce repas qui s'annonçait prometteur, Uther était curieux de connaître comment Dame Thelvan allait s'y prendre. Des domestiques arrivèrent avec des plateaux vides. "Dames et seigneurs, nous avons pour habitude à Verchiel de retirer tout masque lorsqu'il s'agit de repas. Si cela ne vous fais rien, retirons les." Il posa son masque sur le plateau tendu et déjà les domestiques commençaient à servir les Nobles.

Alors que la Baron invitait le Seigneur Thelvan et sa Dame à entrer dans la salle à manger, Dorianna, qui suivait de très près, attarda son regard sur la silhouette de leur hôte, détaillant chaque parcelle de son être, tentant de s’imaginer épouser un tel homme, comme le souhaitait sa mère. Uther de Verchiel était un homme au physique attirant, personne ne pouvait en dire le contraire, mais son visage caché un masque, il demeurait un homme mystérieux.

Lorsque ce fut au tour de Dorianna d’entrer dans la salle à manger, la jeune femme tourna les yeux vers le domestique, qui accueillait les convives et prenait leurs capes de voyage, que tout le monde ne semblait prendre que pour un porte-manteau. Inclinant la tête légèrement en signe de respect, elle lui adressa un sourire poli avant de tourner les yeux vers le Baron; que ne fut pas sa surprise de constater qu’il était en train de l’observer au même moment. Sentant son visage s’empourprer, la jeune noble rapporta son attention sur la salle à manger; c’était étrange de s’apercevoir qu’un noble de haut rang pouvait s’intéresser à sa personne.

La robe de Dorianna, que nous pouvions maintenant admirer, était de couleur crème très pâle, ce qui faisait ressortir ses lèvres rougies pour l’occasion, et la simplicité de celle-ci donnait un air presque angélique à la jeune femme. Seul son masque noir, derrière lequel les yeux bleus de Dorianna étaient visibles, rendait le portrait global plus sérieux.

Les membres de la famille Thelvan admirèrent la table, au centre de la salle, nappée de blanc, sur laquelle l’argenterie était déposée et complimentèrent le Baron pour cette nouvelle attention à leur égard. Albert, le cadet des enfants Thelvan passa même un inaudible commentaire sur la quantité de cloches d’argents sous lesquelles la nourriture attendait d’être dévorée, mais Dorianna fut la seule à poser son regard en premier sur les deux femmes qui se tenaient bien droites, près de la table. L’une, selon l’estimation de la jeune noble, devait être du même âge que sa propre mère, sinon plus âgée, alors que la seconde était une enfant, plus jeune que Clara. Toutes deux étaient fort élégantes dans leur robe bleue foncée.

Lorsque le Baron s’avança devant ses convives, près des deux femmes, tous les membres de la famille Thelvan tourna les yeux vers elles, puis Uther les présenta comme étant sa mère et sa demi-sœur. Dame Marguerite Thelvan, s’apercevant qu’elle n’avait plus que le Baron à séduire, mais également les membres de sa noble famille, s’inclina bien bas devant les deux femmes en exprimant sa joie d’être dans le palais de Verchiel.

Lorsque les présentations furent terminées, le Baron invita tout le monde à prendre place à la table. Habillement, Dame Thelvan dirigea son ainée vers le siège faisant face à celui du Baron alors que Milah prit le siège à la droite de Dorianna et Isabella, celui à sa gauche. Ainsi, le Baron aurait tout le loisir d’admirer les trois ainées Thelvan, ce qui augmentait ses chances qu’il soit séduit par l’une ou l’autre d’entre elles. Clara, Albert et leurs parents prirent les sièges restants, tout autour de la table.

Les domestiques s’approchèrent enfin de la table, mais leurs plateaux étaient vides. « Dames et seigneurs, nous avons pour habitude à Verchiel de retirer tout masque lorsqu'il s'agit de repas. Si cela ne vous fait rien, retirons-les. ». À ces mots, le Baron s’exécuta, donnant l’exemple à ses convives. Un sourire en coin illumina le visage de Dorianna Thelvan lorsque le visage d’Uther fut à découvert; ce dernier était fort séduisant. Alors que chacun des membres de la famille Thelvan retirerait son masque, Dorianna porta les mains à son visage, les laissant glisser tout doucement vers le haut de celui-ci afin de toucher le demi-masque qu’elle portait. Ses yeux fixant le regard du Baron, la jeune noble retira enfin son masque, le déposant sur le plateau d’argent que lui tendait un domestique.

Indépendamment des désirs de sa mère, la jeune femme sentait soudainement, au creux de son ventre, naitre l’excitation du jeu de la séduction. Cela ne l’empêcha toutefois pas de prendre la parole, pendant que les domestiques commençaient à servir tout le monde, et de demander au Baron : « Portez-vous toujours un masque, votre seigneurie, ou s’agit-il d’une coutume que vous réserver qu’à de grandes occasions? ». Dorianna n’avait jamais porté de masque à Montfort et les seuls moments où elle en portait un était lors de bal ou de réceptions. La jeune femme n’avait jamais particulièrement aimé cet accessoire prisé par la noblesse orlésienne et était très heureuse d’avoir retiré le sien. Si seulement sa mère n’avait pas pris soin de lui en apporter de toutes les couleurs et de toutes les formes pour chacun des jours qu’elle passerait au palais de Verchiel…

De ce qu'il avait pu observer de cette jeune demoiselle qui l'intriguait, elle était humble et remercier les domestiques de manière polie et fort agréable à regarder. Uther aimait le côté humble de cette jeune femme, lorsqu'elle avait retiré son masque, il avait eu le loisir de pouvoir l'admirer un peu plus, elle et toute sa famille. Mais le fait que Dorianna était face à lui à cette table l'obligé à l'admirer plus que les autres. Ses deux soeurs étaient elles aussi très charmante la famille Thelvan pouvait s'en enorgueillir d'avoir trois si belles filles. Le baron prit le temps de décrire tous les membres de cette famille avant de reporter son attention sur Dorianna qui venait de lui poser une question. La stratégie de Dame Thelvan était habile, placer sa fille en face du chevalier pour qu'il la regarde tout le long du repas. Finement joué. Le noble sorti de ses pensées lorsque la belle lui posa une question.

"Le port du masque est une tradition qui m'amuse. C'est une idéologie intéressante mais elle n'est pas la mienne, au grand détriment je le crains de ma chère mère." Il laissa quelques instants avec un fin sourire aux lèvres voyant sa mère réagir de manière totalement contrôlé à cette provocation amusante."Pour vous répondre demoiselle, je n'en porte qu'en de rare occasion, comme aujourd'hui."

Les domestiques servaient et débarrassaient la table sans gêner les nobles et leurs conversations, ils étaient habiles et entraînés. Ils n'étaient certes pas autant qu'à Val Royaux ni même avec d'aussi belles tenues, mais ils étaient tout aussi souriant au possible. "Et vous demoiselle, aimez-vous cette tradition ?" le retournement de question était certes banal, mais si l'interlocutrice ne s'y attendait pas cela pouvait lui laisser apercevoir une autre facette de celle-ci. Au même moment où il posa sa question Elisabeth regarda le seigneur Thelvan. "Vous venez du nord de l'empire monsieur ? Il parait que la neige y est tout le temps."

Dame Sophie toussota pour attirer l'attention de sa fille et lui fit les gros yeux pour lui faire remarquer qu'il ne s'agissait pas de paroles à dire à des invités. Et surtout pas à la noblesse. "Excusez son jeune esprit un peu trop hâtif en conclusion." annonça-t-elle alors aux nobles Thelvan.

Alors qu'Uther n'attendait que la réponse de Dorianna il ne fit pas attention à la question de sa demi-soeur, cela ne lui empêcha pas de jeter un oeil à Dame Thelvan pour observer sa réaction, il s'attendait bien évidemment à ce qu'elle coupe la parole à sa fille ou bien qu'elle complète la réponse de celle-ci en compliment et autres éloges. C'était du moins ce à quoi il s'attendait principalement si ce n'était totalement autre chose. Tout était possible après tout. Jusqu'à présent la stratégie de cette Dame ronde avait bien fonctionné et elle devait en être très fière.

« Et vous demoiselle, aimez-vous cette tradition ? »

La jeune femme n’avait cessé de regarder le Baron, non pas parce que sa mère le lui avait ordonné, mais bien parce qu’il était une personne tout simplement fascinante. Lorsqu’il lui posa cette question, Dorianna lui sourit, mais Uther avait vu juste, au moment où elle ouvrit la bouche pour lui répondre, Dame Marguerite Thelvan prit la parole : « C’est également une tradition amusante pour notre famille! […] ... » . Dorianna ne porta pas attention à la suite des paroles de sa mère; elle ne faisait que répéter, en d’autres phrases, les paroles du Baron de Verchiel pour être certaine de lui faire voir que les deux familles s’entendaient en tous points. La jeune noble n’avait pas détourné les yeux du visage d’Uther et elle lui adressa un sourire qui aurait pu être complice si les deux personnes s’étaient connues depuis longtemps alors que sa mère continuait de parler. « […] n’est-ce pas Dorianna? ». En entendant la question de sa mère, la jeune noble tourna enfin les yeux dans sa direction. « Pardonnez-moi mère, mais je ne suis pas certaine d’avoir saisi toutes vos paroles… ». À ces mots, le Seigneur Renaud Thelvan pouffa de rire, ce dernier connaissait bien sa fille et il savait que ce qu’elle voulait dire était qu’elle n’avait pas écouté du tout le discours de sa mère. Dame Thelvan lança un regard à son époux que seul lui pouvait déchiffrer et c’est alors que la jeune sœur du Baron lui posa une question, le sauvant ainsi du courroux de sa femme. Ce dernier répondit à la jeune dame avec une pointe d’humour; il n’était pas homme à offusquer facilement et il aimait parler de sa cité chérie; Montfort.

Dorianna prit une bouchée du plat que venait de lui apporter un domestique puis elle rapporta son attention sur Uther de Verchiel. « Si vous me permettez, pour répondre à votre question, je dois vous avouer que je ne connais presque rien à cette tradition. Les seuls moments où je porte un masque sont ceux où il est recommandé d’en porter un. ». Dame Marguerite Thelvan regardait sa fille, les yeux écarquillés, puis les tournait rapidement vers le Baron afin de capter chacune des expressions de son visage; si Dorianna cachait ses chances de lui plaire, elle aurait affaire à elle… « J’aime les masques pour ce qu’ils sont; c’est-à-dire, des accessoires nous permettant de cacher notre identité et d’être quelqu’un d’autre pendant un instant…Derrière un masque, je peux être la personne que je souhaite être, ou celle que l’on me demande d’être, alors que sans masque, je ne suis que moi… ». La jeune noble avait penché son corps vers l’avant en parlant, comme si elle se confiait au Baron. À la fin de sa phrase, elle se recula puis rapporta son attention sur son assiette. Dame Thelvan, de son côté, bouillonnait. Elle ne pouvait pas réprimander sa fille devant le Baron et elle ne pouvait pas approuver ses paroles. La femme ronde resta donc silencieuse, mais se promit de corriger sa fille dès la fin du souper, lorsqu’elle aurait rejoint ses appartements…

Uther avait longuement observé Dorianna, cette jeune femme l'avait également fixé. Il ne lui restait plus qu'à trouver la raison. Faisait-elle plaisir à sa chère mère ? Ou une tout autre raison ? Ce séjour se présenterai sans doute être fort intéressant en découverte et de plus il pouvait continuer à aiguiser son talent au "jeu". Il savait également où il voulait emmener la famille Thelvan. Ce n'était certes pas une grande famille Noble, mais avec quelques bons déplacements dans ce grand jeu d'échec il pouvait en faire de bons alliés. Encore fallait-il qu'il ne fasse aucun faut pas dans cette danse parfois mortel des Orlésiens. Comme il s'y était attendu Dame Thelvan avait réalisé son intervention de léchage de bottes, mais cela n'offusquait nullement le baron qui s'amusait avec cette Dame. Il aimait la voir d'accord avec lui, aussi il pouvait mener la discussion comme bon lui semblait et elle serait toujours en accord avec lui tant qu'il ne révélait pas toutes ses cartes. Dorianna, était moins dans la bonne impression, mais dans l'honnêteté. Chose qu'Uther apprécia beaucoup. Son avis n'était pas très éloigné de celle du chevalier. Et par les paroles de la jeune Noble il constata qu'elle appréciait être autre chose que ce qu'elle était.

sUne vision fort intéressante pensa t-il simplement. Ils auraient sans doute beaucoup à dire sur les traditions d'Orlaïs et les divers inspirations des paroles prononcées par Dorianna. De plus le fait qu'elle se soit penchée vers l'avant en lui adressant la parole signifiait qu'elle s'était comme on pourrait dire "confié" à lui. La détente cordiale était donc de mise avec cette jeune femme, contrairement à sa mère respectant scrupuleusement le protocole. Le chevalier passa le regard sur sa mère et sa demi soeur avant de le porter sur le seigneur Thelvan qui discutait avec une passion monstre de sa province natale et de la ville de Montfort. Uther tendit l'oreille quelques instants pour écouter quelques brides de la conversation pour en retenir le plus d'éléments possibles, il aimerait bien visiter cette ville un jour, quand il le pourrait. Puis son regard revint sur Dorianna, passant avant sur sa mère et ses soeurs à ses côtés. La petite famille Noble pouvait s'en enorgueillir d'avoir d'aussi belle fille et un héritier, rare était ceux qui avaient autant d'enfants et autant de beauté réunis. Puis alors qu'il continuait son jeu de regard passant d'un membre à un autre, les serviteurs ralentissaient le rythme pour retirer finalement assiettes désormais vide des convives et laisser quelques minutes les membres autour de la table pour qu'ils fassent une place dans leurs estomacs pour le dessert qui approchait à grands pas. "Demoiselle, il me semble par vos paroles que vous appréciez tout de même jouer un rôle, que ce soit choisis ou imposer, me tromperais-je ?"

« Demoiselle, il me semble par vos paroles que vous appréciez tout de même jouer un rôle, que ce soit choisi ou imposer, me tromperais-je ? »

Dorianna était retournée vers un domestique qui venait de lui retirer son assiette lorsque le Baron s’adressa à elle à nouveau. Inclinant la tête légèrement en signe de remerciement envers le domestique, la jeune femme se remit droite sur sa chaise pour rapporter toute son attention sur Uther de Verchiel. De son côté, Dame Marguerite Thelvan retenait son souffle; le sujet était quelque peu épineux et si Dorianna ne répondait pas convenablement, le Baron pourrait croire que la jeune femme était menteuse et hypocrite ou, pire encore, qu’il découvre la nature joueuse et gamine de son ainée, ce qui n’avait rien de bien attirant pour un homme tel que le Baron, pensa-t-elle.

Puisqu’il n’y avait plus d’assiette devant elle, la jeune noble posa ses mains jointes sur la table, les bras étirés vers le Baron de sorte que ses coudes touchaient le bord de la table. Le dos légèrement penché vers l’avant, Dorianna sourit au Baron comme s’il avait été un ami de longue date. « J’aime être ce que je ne suis pas effectivement! Si vous me permettez, il m’arrive même d’être une héroïne de légendes lorsque…». Dame Thelvan coupa alors la parole à son ainée : « Dorianna, ça suffit! Vous importunez le Baron avec vos histoires! Contentez-vous de répondre à ses questions et assoyez-vous droite par le créateur! ». Le seigneur Thelvan, qui était en grande conversation avec la mère et la demi-sœur du Baron de Verchiel, cessa de parler et leva les yeux vers sa femme. Il n’avait rien entendu de ce que sa fille chérie avait dit, mais il se doutait bien que sa femme devait y avoir vu un danger pour de futures fiançailles. « Pardonnez la fougue de ma fille, votre Seigneurie…heureusement que ses cadettes ne lui ressemblent en rien de ce côté. ». À ces mots, Milah, Isabella et Clara se raidirent sur leurs chaises et levèrent légèrement le menton; elles savaient que leur rôle était maintenant de remplacer celui de leur ainée si les choses ne se passaient pas comme prévu.

Dorianna regarda sa mère et obéit à sa commande; après ce qui s’était passé au cours des dernières semaines, elle savait qu’elle ne devait pas défier la femme ronde. La jeune noble détestait le jeu de la noblesse; pendant un instant, elle avait bêtement cru qu’elle pouvait être elle-même envers le Baron. C’est le masque de la jeune femme noble bien élevée qu’elle enfila lorsqu’elle dit d’une voix qui n’avait plus rien de naturel et d’enjoué : « Ce repas était de loin le meilleur que j’ai mangé de toute ma vie, votre seigneurie! ». Dame Marguerite sembla satisfaite du changement d’attitude de sa fille.

Uther écouta avec attention le début de réponse de la jeune noble, hélas elle fut de nouveau coupé par sa mère. Bien que ce n'était plus une surprise maintenant que le Baron commençait à cerner la femme ronde. Cependant, il se trouva surpris de la colère apparaissant dans ses paroles contre son aînée. Les paroles de Dorianna avaient attiré l'attention et éveillé la curiosité du chevalier, aussi il était attristé de cette interruption. Que faire alors ? La Noble savait très bien que son rang était inférieur au sien, mais en profiter ne serait que méprisable et non honorable. Dans tous les cas Uther ne laisserait pas cette coupure sans suite étant donné l'attention qu'il portait aux propos de la jeune femme. Il laissa continuer la discussion et l'explication de la noble ronde montrant néanmoins dans son regard une pointe de désapprobation quant à son intervention.

Sur les chaises à côtés de lui, sa mère et sa demi-soeur s'était retourné vers lui une fois que les paroles de Dame Thelvan furent passées, attendant la réaction du Baron. Cependant, celui-ci attendit que Dorianna s'exprime à nouveau et fut quelques peu déçus par le changement d'attitude, mais comprenait bien qu'elle ne pouvai agir aussi librement que lui, surtout en présence de sa mère. Uther resta silencieux quelques secondes avant de s'adresser de nouveau à la jeune noble. "Et Verchiel vous remercie de ce compliment." Par ces mots il entendait bien évidemment tous les paysans de la ville et ses alentours ainsi que les cuisiniers qui avaient préparé la nourriture sans relâche depuis quelques heures. Le baron laissa quelques instants Dorianna du regard, s'attardant sur ses soeurs, les observant avec attention chacune d'entre elle. Chaque mimique, chaque manières qu'elles pouvaient montrer en cet instant. C'était une pratique très utilisée lors d'un dîner ou une réception pour apprendre à connaitre ses interlocuteurs. Cependant, le chevalier vint poser son regard sur Dame Thelvan elle-même. "Étiez vous à la réception et au bal en l'honneur du couronnement de l'impératrice Dame ? Avec tous vos enfants ?". Il espérait par ce fait pouvoir amener la femme à se sentir quelques peu mal à l'aise en s'adressant à elle directement et ainsi permettre une plus grande liberté de parole aux filles. Cela serait au moins une chose de gagner.

Le Baron attendit la réponse pendant que les part de tarte à la poire qui faisait office de dessert étaient servis aux invités. Les serviteurs faisaient de leur mieux pour ne pas faire bouger les nobles de leur position, mais la tâche était parfois ardue. Dés que l'assiette était déposée, ils repartaient aussi vite qu'ils étaient venus, refermant les portes de la salle à manger laissant les nobles discuter. Seuls trois domestiques restaient, prêt à servir en cas de besoin.

« Et Verchiel vous remercie de ce compliment. »

Dorianna sourit au Baron. Il ne l’avait pas remercié comme s’il était le seul grâce à qui le repas avait été une réussite, mais comme si tous les artistes de ce repas, de l’éleveur de bétail au domestique qui avait apporté ces assiettes, la remerciaient. Cela démontrait d’un noble sentiment chez le chevalier et cela plaisait à la jeune femme. Le Baron délaissa Dorianna du regard et son attention se porta sur chacune des filles Thelvan. La jeune femme baissa alors les yeux et se surprit à souhaiter qu’il ne les trouve pas plus jolies qu’elle. Si la jeune femme devait obéir à sa mère et épouser un noble, elle voulait que ce soit quelqu’un comme le Baron. Il semblait si gentil. C’est alors que le visage du fils de l’artisane apparut dans l’esprit de Dorianna. Pourquoi pensait-elle toujours à Kaylan depuis quelques jours?

« Étiez-vous à la réception et au bal en l'honneur du couronnement de l'impératrice Dame ? Avec tous vos enfants ? » Cette question du Baron à Dame Thelvan extirpa Dorianna de ses pensées. La jeune femme posa son regard sur le visage rosé de sa mère. Dame Margueritte Thelvan levant le menton avant de répondre au Baron : « Malheureusement, nous n’y étions pas. ». La femme ronde fit une pause pendant laquelle elle reçut une portion de tarte à la poire. Tout près d’elle, Clara, la plus jeune des filles Thelvan s’exclama en recevant sa part de tarte; c’était son désert favori. Comme s’il n’y avait rien eu, la mère de famille poursuivit : « Ce n’est pas que nous ne voulions pas assister à un tel évènement, mais Isabella fut très malade et nous ne pouvions la laisser seule à la maison… ». Isabella fronça les sourcils lorsqu’elle entendit sa mère dire une telle chose, jamais elle n’avait été malade. Milah, la seconde fille de la famille et celle qui ressemblait le plus à Dame Thelvan en terme de caractère, donna une petite tape sur la cuisse de sa sœur, sous la table, lui faisant comprendre de ne rien dire. « Vous y étiez, votre seigneurie? », demanda alors la femme ronde, retournant la question pour éviter de s’étendre sur le sujet.

Dorianna, de son côté, tenta de prendre une bouchée de sa tarte lorsque le morceau convoité tomba de son ustensile et tomba au sol. Aussitôt, le jeune Albert, le benjamin des enfants Thelvan éclata de rire, suivi de son père, le Seigneur Renaud Thelvan, qui avait tout vu. Si les enfants Thelvan pouvaient parfois paraitre indisciplinés aux yeux de leur mère, c’était parce qu’ils retenaient trop de leur père. Dorianna se recula légèrement pour voir le morceau de tarte; si elle avait été chez elle, elle l’aurait ramassé elle-même et n’aurait pas attendu qu’un domestique fasse le ménage en fin de repas, mais c’était ce qu’elle devait faire aujourd’hui et elle se sentait mal de cela. Elle tourna alors les yeux vers les domestiques et leur adressa à chacun un sourire désolé avant de se tourner vers le Baron. C’est alors qu’Albert, sur un ton enjoué, lança : « Dorianna! Si vous n’aimiez pas la tarte, vous auriez dû feindre un évanouissement…cela aurait été plus élégant… ».

Le baron écouta Dame Thelvan raconter sa mésaventure et avait lancé un regard à la jeune Thelvan pour s'assurer de la véracité des dires de sa mère. Une simple méfiance habituelle de la cour, il remarqua un léger mouvement entre les deux jeunes filles, mais ne s'en occupa plus que ça. Revenant sur Dame Thelvan lui demandant s'il y avait été présent. "Et bien, en effet j'ai eu la chance de pouvoir assister au sacre et de jurer la fidélité de ma maison au nom de Verchiel à l'impératrice." Uther se stoppa là lorsque le jeune homme de la maison Thelvan fit la remarque à Dorianna. S'autorisant un sourire en comprenant la maladresse qu'avait effectué la jeune femme, il observa toute la table porter son attention vers Dorianna et son jeune frère, les uns riant, d'autres n'osant rien faire.

Le chevalier fixa Dorianna avec un sourire amusé. "Demoiselle, trouvez-vous la tarte à ce point immangeable ?". Bien sûr le ton employé n'était en rien un reproche, mais peut-être qu'avec ce genre de phrase utilisée avec humour la jeune noble pourrait s'exprimer un peu plus librement et sans la crainte d'une intervention de sa mère qui visiblement n'avait en tête rien d'autres que la politesse et le charme grossièrement mené. Tout cela pouvait certes amuser le baron dans un premier temps, mais si cela amenait à la censure des paroles parfois malheureuse et menant à d'irrévocable conséquences les discussions perdaient leurs charmes. Car la façon de manier les mots étaient de première importance pour les nobles et c'est cela qui amusait Uther dans le "jeu".

Un domestique s'occupa de ramasser le morceau et lorsqu'il croisa le regard de la femme il lui rendit le sourire, appréciant ce geste simple, mais humble. Avant de repartir il demanda silencieusement à la jeune femme si elle désirait quelque chose en plus, nourriture ou boisson.

Sentant tous les regards vers elle, la jeune femme rougit légèrement. Les conversations de tout le monde avaient été brusquement interrompues par les rires et la remarque d’Albert, mais il était vrai que la situation était très amusante; Dame Marguerite Thelvan travaillait si fort pour que sa fille reparte de Verchiel avec une alliance et cette dernière attirait l’attention de la moins élégante des manières. La jeune noble risqua un regard en direction de sa mère. Cette dernière la dévisageait avec un regard noir, mais Dorianna tourna ensuite les yeux vers Uther qui venait de lui poser une question. De son côté, Albert porta les mains devant sa bouche pour dissimuler un nouveau rire et son père, le Seigneur Renaud Thelvan, en fit autant. Tous deux étaient vraiment détestables. Milah, regardait également sa sœur d’un air réprobateur; cette jeune femme, bien que la plus ravissante des enfants Thelvan, avait le défaut d’être identique à sa mère au niveau du caractère. Isabella souriait en regardant son frère et son père et Clara, de son côté, dévorait sa tarte comme si rien n’était arrivé.

« Je… ». La jeune noble pencha la tête légèrement sur le côté en offrant un sourire au Baron. Dame Marguerite Thelvan se redressa sur sa chaise, s’apprêtant à présenter ses excuses au Baron si sa fille ne le faisait pas, mais cette dernière reprit la parole : « …en règle général, lorsque je n’aime pas un plat, j’ai plutôt tendance à jeter l’assiette complète au sol pour faire le plus de bruit possible et à hurler pour que l’on m’apporte quelque chose de meilleur… ». Le Seigneur Thelvan et Albert se regardèrent d’un air estomaqué alors que Milah et Isabella portèrent leur regard vers Uther pour capter sa réaction. Dame Thelvan, quant à elle, s’étouffa avec le morceau de tarte qu’elle avait dans la bouche, ce qui l’empêcha de répondre immédiatement à la suite de sa fille ainée. Dorianna tourna les yeux vers les domestiques et secoua doucement la tête en leur adressant un sourire, puis elle rapporta son attention sur le Baron. « La vérité est que je n’ai malheureusement pas eu le temps de gouter à cette tarte, mais en voyant ma sœur la dévorer, je suis persuadé qu’elle est tout sauf immangeable! ». À ce moment, le domestique qui nettoyait le dégât de la jeune noble lui proposa de lui apporter autre chose. « Je vous remercie, mais non, je ne veux rien de plus... ».

Le repas tirait bientôt à sa fin et Dame Thelvan ne semblait pas satisfaite de la prestation de sa fille ainée. Heureusement, les Thelvan passeraient quelques jours à Verchiel et la jeune femme avait encore toutes ses chances d’attirer le Baron et de recevoir une demande en mariage. La femme ronde était bien décidée à ce qu’un mariage soit dans ses projets futurs et si ce n’était pas Dorianna qui gagnait le cœur du Baron, elle s’arrangerait pour que ce soit l’une ou l’autre de ses filles.

Le Baron attendait avec impatience la réaction de la jeune noble et commença à afficher un léger sourire en coin lorsqu'elle commença à prendre la parole. Ce qu'il perdit immédiatement lorsqu'il vit sa mère se lever pour s'exclamer haut et fort il n'en doutait pas que cela était inadmissible et qu'elle serait châtié sans aucun doute. Cela l'ennuyait profondément de pouvoir prévoir la réaction de la femme ronde et il prenait clairement plus de plaisir à parler à la jeune femme face à lui qui le surprenait avec ses réponses ainsi que ses manières polis envers les domestique. Il appréciait ce côté humble de la jeune femme à n'en pas douter. Le sourire qu'il avait perdu quelques instants plus tôt revint lorsque la jeune femme reprit la parole sans laisser le temps à sa mère de s'adresser en son nom. Voilà ce qu'il avait voulu. Le baron lâcha un léger rire alors que les regards se tournaient vers lui pour connaître sa réaction face à la réponse trop franche pour certains, mais honnête pour le Baron. Bien que le sens de l'honnêteté au sein de la noblesse était parfois oublié, il aimait ces rares moments où comme ici, de jeunes nobles parlaient sans avoir peur de s'exprimer avec une pointe de sarcasme. Que répondre à cette réponse aussi claire que limpide ? Pourtant le baron se devait de répondre et ne pas laisser Dame Thelvan s'adresser à lui coupant ainsi l'échange qui devenait fort intéressant. "Elle est effectivement délicieuse, cependant, je ne doute pas qu'il ne serait que trop fâcheux que vôtre mère, ici présente, s'étouffe avec." Il sourit après sa phrase portant son regard sur Dame Thelvan, lui faisant ainsi part qu'il avait également repéré qu'elle avait faillie s'étouffer avec un morceau. Peut-être se sentirait-elle gênée et n'oserait plus parler avant un moment, c'était du moins son but. "Mas, je suis également certain que vous pouvez à votre guise reprendre une part pour avoir la chance de savourer pleinement cette tarte."

Le repas s'approchait de la fin et les domestiques débarrassaient déjà les quelques plats et autres ustensiles non utiles aux nobles pour terminer convenablement le repas. "Seigneur Thelvan, désirez-vous peut-être un verre afin de clore ce repas ?" proposa alors Dame Sophie, mère du Baron. Uther regarda sa mère proposer le verre au seigneur alors que le regard de celle-ci venait foudroyé le chevalier comme si il avait été de son devoir de le proposer quelques secondes plus tôt à sa place. Le regard du chevalier se perdait maintenant sur la petite famille qui était invité à Verchiel et en détaillé chaque membres, les quartes filles et le petit garçon. Il n'oubliait pas qu'il lui avait promis un duel amicale dans les jours qui venaient et il ce serait avec grand plaisir qu'il lui accorderait. Il fallait l'avouer, les filles Thelvan étaient splendide et n'importe quel noble aurait alors tout donné pour se voir accorder la main d'au moins l'une d'entre elles. Il ne doutait bien évidemment pas une seconde que c'était justement le but de la manoeuvre et que la place qu'elles occupaient n'était pas dû au hasard. Il sourit regardant ses convives terminer le dessert. "Tu aime les chevaux Albert ?" Demanda alors la demie-sœur d'Uther.

Uther de Verchiel était un homme charmant, personne ne pouvait dire le contraire, et il savait mettre ses invités à leur aise. C’était la première fois qu’un noble, choisit par Dame Marguerite Thelvan, se montrait digne de l’intérêt de l’ainée des enfants Thelvan. Bien entendu, Dorianna ne serait aucunement dévastée si le Baron refusait de la fiancer, encore une fois, mais elle savait qu’elle ne serait pas peinée d’être l’épouse d’un tel homme. Milah, la seconde fille du Seigneur Thelvan et son épouse, lançait des petits regards à Uther, lorsque celui-ci ne la regardait pas. Rien n’était encore perdu pour cette enfant qui rêvait d’épouser le pouvoir, comme le lui souhaitait sa mère, et si Dorianna était trop commune aux yeux du Baron, elle n’hésiterait pas à prendre la place de son ainée. Il était étonnant que cette dernière ne soit pas déjà mariée; elle était prête à accepter n’importe quel homme que sa mère lui recommanderait, mais elle était une Thelvan, une noble de bas étage.

« Seigneur Thelvan, désirez-vous peut-être un verre afin de clore ce repas ? »

À ces mots, le père de famille porta son attention sur la Dame de la maison et inclina la tête légèrement : « C’est très gentil à vous, noble Dame, et j’aimerais bien un verre, mais seulement si le Baron m’accompagne. ». Il lança un petit sourire à Uther. Le Seigneur Renaud Thelvan était un homme simple et un bon vivant. Il appréciait boire, mais jamais seul. Pour lui, l’alcool était un plaisir à partager. Sa femme, Dame Marguerite Thelvan, lui lança un regard réprobateur (c’était à quoi que c’était la seule expression que ses yeux étaient capables de projeter), mais ne dit rien. Après tout, c’était la future belle-maman de l’une de ses filles qui avait proposé à son époux de prendre un verre.

« Tu aimes les chevaux Albert ? »

Le plus jeune des enfants Thelvan, après avoir bien rigolé, s’était amusé à regarder la réaction de sa mère à chaque mot qui étaient prononcé pendant le repas. Lorsqu’il entendit son nom être prononcé, il fut tout d’abord surpris, puis, lorsqu’il réalisa que c’était la jeune sœur du Baron qui s’était adressé à lui, il rougit. La jeune fille devait avoir, tout au plus, deux ans de moins que lui seulement, et elle était très jolie. Albert sourit à la jeune Elisabeth et lui répondit : « J’adore ces bêtes! Nous en avons plusieurs à la maison! Orage est mon cheval préféré; il est tout grisonnant, parce qu’il est très vieux, mais tous les matins, je le fais galoper et je suis le seul à le monter! Mes sœurs ont trop peur qu’il s’écroule de faiblesse. ». Le jeune homme lança un regard amusé à ses sœurs puis rapporta son attention sur la jeune fille : « Et vous Elisabeth? Aimez-vous les chevaux? »

Uther n'avait rien dit depuis quelques secondes, il se contentait d'observer parfois intrigué parfois las n'ayant que pour envie de quitter la table et profiter du temps clément de la journée. Mais il était baron et ses invités auraient eu d'un mauvais œil cette réaction, bien qu'il aurait pu aisément le faire sans devoir se justifier d'aucune manière. Cependant, les filles Thelvan l'intriguait, elles semblaient toutes différentes et cela l'amusait que malgré leurs liens de sang, elles ne se ressemblent que physiquement. Le baron observait donc chacune dans leur comportement, essayant de déchiffrer le caractère et la personnalité de chacune. Sa mère venait de proposer au seigneur Thelvan un digestif pour terminer le repas, par coutume cela était proposé uniquement aux hommes bien qu'Uther considérait cela comme totalement idiot de ne pas en proposer aux femmes également. Qu'importe, c'était la tradition comme les masques qu'ils avaient évoqués lors du début du repas. Le chevalier regarda le seigneur Thelvan, il pouvait sentir son désir de partager en verre en sa compagnie, mais cela ne disait rien au noble pour l'instant.

"Nous pouvons attendre le dîner, cela nous permettra de discuter au coin du feu, qu'en dites-vous Seigneur Thelvan ?". Uther ne désirait pas prendre de verre en plus de ce qui avait été servit lors du repas, cela lui permettrait de régler ses affaires rapidement, signer les documents officiels qui étaient en attente et puis il devait s'entretenir surement avec toute la famille qui lui poserait surement mille et une question. De plus la raison de cette invitation était avant tout politique. Bien que l'homme n'avait pas l'intention de réaliser un mariage entre les deux familles, il regardait sa demi-soeur avec attention, elle été allait d'elle-même parler au jeune Thelvan, peut-être qu'une promesse d'alliance allait être possible après tout. Cela lui éviterait certainement le mariage alors que son coeur balançait pour une autre femme.

Le noble sourit voyant la discussion entre Elisabeth et le jeune Albert concernant les chevaux, il se souvint lui-même avoir quitté sans autorisation plus d'une fois la table pour aller dans les écuries. Sans doute était-ce le signe qu'il devait devenir chevalier, mais dans le cas de sa demi-soeur, que cela pouvait-il dire ? "Ho oui ! J'adore les chevaux, j'ai même eu mon poulain récemment, tu veux que je te le montre ?" annonça alors la jeune noble à Albert en guise de réponse à sa question.

L’attention de Dorianna était dirigée sur la conversation qu’entretenaient son jeune frère et la sœur du Baron de Verchiel. Devant elle, ce dernier proposait au Seigneur Renault de boire plus tard, ce à quoi son père répondit par le positif, mais la jeune noble n’entendit pas ses paroles; elle souriait en voyant son jeune frère rougir face à la jeune Elizabeth. Tournant les yeux en direction de la jeune fille qui prenait à nouveau la parole, le regard de Dorianna croisa celui du Baron; tous deux suivaient avec attention la conversation de leurs benjamins. L’ainée Thelvan adressa un sourire espiègle à Uther puis regarda sa sœur.

À la proposition de la jeune Dame, Albert jeta un regard à son père, comme s’il attendait son approbation, puis, se tourna vers la jeune fille en souriant de plus belle : « Je serais honoré de voir une telle bête! ». D’un mouvement rapide, le jeune seigneur recula sa chaise et se leva sur ses pieds, mais au même moment, Dame Marguerite Thelvan l’interpela : « Albert! Où sont vos manières? Le Baron vous a-t-il donné la permission de quitter cette table?...Pardonnez mon fils, votre seigneurie, il est jeune et ne sait pas toujours comment contenir son impulsivité…heureusement que mes filles ne sont pas ainsi… » dit la femme ronde en adressant un sourire à ses quatre filles. Bien dressées, les jeunes femmes Thelvan se redressèrent sur leur chaise, toutes, à l’exception de Dorianna qui regardait à présent sa mère, d’un regard sérieux dans lequel il était possible de lire une pointe d’exaspération. « Je peux paraitre sévère parfois, mais je tiens à ce que mes enfants aient une éducation irrépro’… » commença-t-elle avant d’être interrompue par la voix de son époux, le Seigneur Thelvan. « Ma chère, laissez les enfants s’amuser! Pardonnez-moi, nobles dames et votre seigneurie, mais ma dame, je vous en prie, cessez d’être si protocolaire; nous avons fait un long voyage et les enfants sont épuisés. Que diriez-vous, votre seigneurie, de mettre un terme à ce merveilleux repas et de laisser votre jeune sœur montrer son poulain à mon fils? » dit le Seigneur Renault en s’adressant, dans un premier temps, à sa femme, puis à leurs hôtes, pour enfin regarder Uther.

Dame Marguerite avala ses mots et ne répondit rien à son époux alors que Milah fronçait les sourcils en direction de son père. Isabella et Clara se regardaient en tentant de dissimuler un fou rire, Albert, qui s’était rassis lors de l’intervention de sa mère, n’osait plus lever les yeux, et finalement, Dorianna regardait Uther, ne sachant quelle serait sa réaction.

Le baron souriait en observant la conversation des deux jeunes nobles. Il fallait bien l'admettre l'enfance dont ils jouissaient lui apporter un réconfort au palpitant. Malgré le noble jeu et les intrigues de la coure, il y avait une telle naïveté de la part de leur échange que cela fit sourire le chevalier. Avait-il aussi naïf et inconscient de ce qui l'attendait plus tard un jour ? Peut-être, surement. Ils avaient tous été enfant et même si certain s'en était désormais totalement détaché, Uther appréciait leurs compagnies, pour leurs remarques, leurs paroles parfois trop franche et le manque de protocole. Cela était drôle de voir les autres nobles gênés à cause de ce manque dû à leur âge. Le chevalier sorti de ses pensées lorsque Dame Thelvan s'adressa à son fils. Visiblement cette petite femme ronde faisait partie des personnes trop éloignées de l'enfance pour se rappeler de sa beauté.

Quel jolie stratagème admit-il. Partir sur une correction de l'attitude de son fils pour parler de ses filles au baron. Un joli coup, il fallait l'avouer. Le regard du baron se posa sur chaque fille une à une, seule Dorianna semblait en avoir assez des manoeuvres politiques, ce qui rassurait le baron dans son idée que Dame Thelvan en faisait trop. Uther s'attendait à devoir supporter un discours sur les effets que son comportement strict était uniquement pour le bien de ses enfants avec des exemples et des démonstrations. Heureusement pour lui, ce fut son époux qui le sauva, surement lui aussi fatigué d'entendre la vente des qualités des enfants Thelvan, même si le chevalier ne doutait pas que le seigneur se vantait également de la beauté de ceux-ci - et il pouvait se le permettre - cependant, il aimait l'attitude humble de celui-ci. Il profitait de sa présence en Verchiel sans chercher à vendre l'un de ses enfants comme un simple objet pour grimper dans l'échelle sociale. Sa stratégie était tout autre et se lier de sympathie pour le baron avant d'aborder le thème du mariage était tout à fait la plus efficace, selon le chevalier du moins et la plus dangereuse, car en cas de refus cela pourrait être perçus comme un manque à l'amitié.

Uther écouta attentivement le seigneur Thelvan parler et hocha la tête doucement lorsqu'il eut fini. "J'en convient seigneur Thelvan. Il semblerait que nos jeunes souhaitent faire une autre activité que manger." ajouta-t-il sur le ton de l'humour. "Mettons fin au repas, vous pourrez ainsi visiter la demeure et nous pourrions nous retrouver si l'envie vous en dis plus tard dans les jardins, ou une tout autre pièce." La bibliothèque ou bien la salle commune pouvait être un parfait endroit pour discuter. Pour les amateurs de lecture et de religion, il y avait toujours des livres parlant à la fois du cantique et de l’immatérielle bien qu'abstrait ce ne sont que des livres dédié à la réflexion de ce que peut être vraiment ce royaume dont seuls les mages connaissent un peu.

Dans le silence le plus improbable les deux enfants sortirent de la pièce vers la porte et sans aucun doute l'écurie. La petite Elizabeth allait sans doute fatiguer le pauvre Albert à parler sans arrêt, mais si les deux jeunes se liait d'un lien important, alors il serait envisagé un possible alliance avec la famille Thelvan, cependant, il n'était encore le temps d'y penser. Ils étaient trop jeunes pour le moment.

« Mettons fin au repas, vous pourrez ainsi visiter la demeure et nous pourrions nous retrouver si l'envie vous en dit plus tard dans les jardins, ou une tout autre pièce. ».

Le Seigneur Thelvan fut le premier (à l’exception d’Elizabeth et Albert) à se lever en adressant un sourire heureux au jeune Baron et à sa noble mère. « Mon noble postérieur vous remercie, votre Seigneurie! » s’exclama alors le père de Dorianna en éclatant d’un rire franc. La route séparant Montfort et Verchiel avait été longue et avait engourdi les membres inférieurs du Seigneur Renault qui n’avait envie que de bouger un peu après un si copieux repas. Dame Thelvan se leva à son tour; la femme ronde boudait le déroulement du repas qui ne prenait pas la tournure qu’elle avait souhaité, mais rien n’était encore perdu. Elle lança un regard à chacune de ses filles que les jeunes dames comprenaient très bien. Si l’une d’elles voulait repartir de Verchiel avec un fiancé, elle devait passer du temps avec le Baron. Dorianna, qui avait gardé son regard dans la direction du Baron, lui adressa un sourire, s’apprêtant à lui proposer de passer quelque temps avec lui. Uther était un homme agréable et, indépendamment des souhaits de Dame Thelvan, l’ainée des enfants Thelvan avait envie de passer du temps avec cet homme charmant. Dorianna n’avait, toute fois, pas envie de jouer à un jeu; si elle devait séduire Uther, ce serait grâce à sa personnalité et tout se ferait naturellement. Peut-être se découvrirait-elle une attirance pour le Baron également? Tout était possible. Alors que la jeune noble ouvrait la bouche pour parler au Baron, ce fut la voix de Milah qui s’éleva : « Votre Seigneurie, accepteriez-vous de m’accompagner pour une visite de votre somptueuse demeure? ». Dorianna, Isabella et Clara tournèrent les yeux vers leur sœur. Dame Marguerite Thelvan se gonfla de joie et d’orgueil en voyant sa fille adorée prendre les devants sur son ainée qui ne savait pas saisir sa chance d’être mariée à un homme si puissant. Milah était, selon plusieurs, la plus belle des filles Thelvan, mais n’avait jamais été mariée, malgré les nombreuses demandes en mariage qu’elle avait reçues; Milah était dévorée des mêmes ambitions de pouvoir que sa noble mère. Uther représentait, pour elle, une chance incroyable et elle ne pouvait laisser un tel homme à Dorianna. Milah levait le menton, ignorant volontairement les regards de ses sœurs et battait des cils élégamment; cette petite connaissait bien le rôle qu’elle devait jouer.

N’attendant pas le dénouement de cette histoire, Isabella et Clara se levèrent à leur tour et décidèrent de rejoindre leur jeune frère et la sœur du Baron; elles se faisaient un malin plaisir de jouer aux chaperons et pour être bien honnête, elles n’avaient aucune envie de prendre part au jeu de séduction qui se jouait.

Uther lâcha un rire franc accompagnant celui du seigneur Thelvan. Il était honnête en annonçant que son "noble postérieur" avait besoin de marcher. Il aimait déjà cet homme qui utilisait les mots les plus simples avec une pointe d'humour. Le baron s'était levé pour accompagner le départ des deux nobles leurs accordant une inclinaison de la tête à leur départ, Dame Sophie était resté assise dans sa chaise et s'était remise droite, fière de siéger autour de cette table. Le regard d'Uther se posa maintenant sur les jeunes filles s'attendant à ce qu'elles désirent sortirent également avec leurs parents, ce qui aurait été des plus logiques dira-t-on. Quel ne fut pas sa surprise lorsqu'il entendit la singulière demande de Milah s'il avait bien retenu le nom. Il observa attentivement la jeune noble et remarqua que deux de ses sœurs sortirent. Il fallait croire que le mariage était dans la tête de deux des filles Thelvan, cela amusa Uther aussi il passa d'abord sa main sur sa barbe de trois jours avant de poser son regard sur Dorianna, l'aînée de la famille ne bougeait pas, elle l'observait. Il serait intéressant de passer plus de temps en sa compagnie, elle ne semblait pas avoir tiré du caractère de sa mère, mais visiblement plus de celui de son père. Il s'attarda avant de finalement offrir la réponse à la jeune noble. "Il serait pour moi un grand plaisir de vous montrer ma demeure." Le chevalier reprit son souffle et se tourna vers l'aînée des Thelvan "Que diriez-vous de faire la visite avec nous demoiselle Dorianna.". Le noble se satisfaisait à observer les regards de ceux qui avaient des plans et les voyait se dérouler non comme il l'avait prévus, mais en accord avec la volonté de leur cible.

C'était principalement pour cette raison qu'Uther n'avait pour l'instant pas eu recourt aux bardes. Si ce n'était pour un divertissement bien évidemment comme l'exigé la coutumes lorsqu'un invité de haut-rang venait en sa demeure. Le baron détaillé l'aînée des Thelvan, elle était certes magnifique et il ne doutait pas que seul un fou refuserait de la prendre pour épouse. Cependant, Uther était peut-être un fou. Il ne prenait jamais la main d'une femme, il lui demandait. Et cela n'était hélas pas encore arrivé au grand damne de sa propre mère qui aurait voulu il y a quelques années lorsqu'il revint de l'académie se voir belle-mère de la baronne. Le séjour des Thelvan en Verchiel allait se révéler surement très intéressant. Le chevalier fini son verre en attendant la réponse de la belle Dorianna.

Lorsque le Baron donna sa réponse à Milah, Dorianna se leva à son tour afin de rejoindre, avec un peu de chance, ses parents qui venaient de quitter la salle à manger. Le Seigneur Renault accepterait peut-être de faire une bataille de boules de neige avec son aînée, ou alors, tous deux iraient à la bibliothèque lire des histoires qui ne s’étaient jamais rendues à Montfort. De son côté, Milah jeta un regard fort séduisant au Baron en se levant lentement et gracieusement de sa chaise afin de permettre à Uther d’observer son élégance; la rapidité avec laquelle Dorianna s’était levé aidait également sa cadette à paraitre encore plus douce.

Comme le voulait l’étiquette, Dorianna s’inclina légèrement en direction du Baron et de sa noble mère avant de prendre la direction de la porte. « Que diriez-vous de faire la visite avec nous demoiselle Dorianna. ». La jeune noble cessa immédiatement de marcher lorsqu’elle entendit la proposition d’Uther. Faisant volte-face, Dorianna jeta un bref regard à sa cadette qui ne semblait pas apprécier de ne pas avoir réussi à suffire au Baron. « Cette proposition me plait, votre seigneurie, d’autant plus que si je ne veux pas me perdre entre les murs de votre demeure, une visite des lieux serait appropriée! » répondit l’aînée Thelvan avec un sourire amusé.

Milah, sans un regard à la noble mère du Baron, avança vers sa sœur et glissa son bras sous celui de Dorianna. « Quel plaisir de faire cette visite en votre compagnie, chère sœur! » dit la cadette, sur un ton faussement joyeux. Dorianna fronça les sourcils en posant son regard dans celui de Milah; étaient-elles maintenant rivales? Si le Créateur avait dans ses plans de créer une alliance entre les deux familles par l’union de Dorianna et d’Uther, qu’il en soit ainsi, mais si Milah plaisait au Baron, en aucun cas elle tenterait de nuire au possible bonheur de sa cadette.

Bientôt, Dorianna, Milah et Uther se retrouvèrent dans l’un des couloirs de la demeure de Verchiel. « Chère sœur, je ne puis vous cacher plus longtemps mon étonnement! Lorsque notre frère a quitté le repas en compagnie de la très jolie Elizabeth, je m’attendais à vous voir les suivre, vous qui aimez tant vous retrouver dans les écuries… ». Milah avait parlé sur un ton léger qui se voulait fraternel, mais Dorianna voyait clairement où sa cadette voulait en venir. « …J’admire votre jeunesse éternelle; vous êtes mon aînée, mais je vous surprends souvent à jouer telle une gamine avec notre frère ou encore avec ce jeune homme, quel est son nom déjà?...Bertrand? Le palefrenier de notre père? N’est-il pas plus jeune que vous? ». Milah tourna les yeux dans la direction d’Uther.

À la fin des mots de Milah, Dorianna éclata d’un rire mélodieux, mais légèrement forcé. « Barthélémy est le nom du palefrenier de notre père et il est effectivement plus jeune que nous. Néanmoins, vous pensez croire que je passe beaucoup de temps en sa compagnie alors que cela est faux; serait-ce une inquiétude de notre mère? ». Prenant une courte pause, Dorianna poursuivit : « Le jour viendra bien assez tôt où je serai marié à un homme choisi par notre mère; d’ici là, je veux m’amuser, rire et rêver autant que possible… » dit-elle plus pour elle-même, mais tout de même assez fort pour que tous puissent entendre. Loin de Dame Thelvan, Dorianna pouvait parler librement et tant pis si cela ne plaisait pas au Baron; Milah aurait ainsi peut-être plus chance de réaliser les souhaits de leur mère.

Le chevalier fini donc son verre et le déposa en écoutant attentivement la charmante noble offrir une réponse positive à sa proposition. Le regard qu'elle jeta à sa petite sœur ne lui échappa en rien et son air étonné non plus. Serait-ce le début d'une rivalité ? S'il avait proposé à Dorianna c'était dans le but de ne pas être seul avec la jeune Milah, bien qu'elle soit jeune il ne voulait rien laisser au hasard et porter un avis prédéfinis sur son âge. La stratégie dont elle userait pourrait être des plus redoutables comme la plus pittoresque. Il invita les deux nobles à sortir dans le couloir et salua sa noble mère avant de sortir de la pièce. La vieille dame prenait toujours son temps à table avant de pouvoir sortir, Uther n'en connaissait pas la raison.

« Chère sœur, je ne puis vous cacher plus longtemps mon étonnement! Lorsque notre frère a quitté le repas en compagnie de la très jolie Elizabeth, je m’attendais à vous voir les suivre, vous qui aimez tant vous retrouver dans les écuries…». Voilà donc la première attaque de la jeune Milah pour son aînée, si le duel avait été à l'épée Uther avait appris que porter le premier coup n'est pas forcément la meilleure idée. L'on y dévoilait souvent ses faiblesses par sa colère ou autres émotions. Le baron hésita un instant à couper net la cadette dans son élan, mais celle-ci enchaîna rapidement portant son regard sur celui du noble. Un moment qu'Uther jugea de gênant, elle cherchait sans doute à obtenir son avis et à discréditer sa sœur, pour cela elle faisait tout bien, malheureusement Uther était un chevalier et de ce fait il avait un code d'honneur très strict. Aussi cette méthode aurait fonctionné à la coure ou tout autres endroits, mais en Verchiel et en sa présence ces mots n'avaient aucun poids.

La réponse de Dorianna ne se fit pas attendre et le baron l'écouta attentivement. Elle corrigea le prénom du palefrenier ce qui au moins était une marque d'un respect éprouvé pour cet homme qu'il ne connaissait pas. Cette jeune femme rêvait d'une autre vie que celle d'une noble destinée à être mariée cela crevait le plafond. Et pourtant elle s'y résignerait dans quelques années, du moins ce qu'on devait comprendre dans ses paroles. Uther n'avait rien à faire remarquer sur les paroles échangées entre les deux femmes, elles étaient toutes les deux avec un caractère fort et différent. L'une était parfaite pour la coure, l'autre aimait la liberté.

"Mesdemoiselles, il est pour moi un grand plaisir de vous faire visiter ma demeure comme j'espère vous faire visiter Verchiel pendant votre séjour. Cependant, que diriez-vous de laisser les affaires en cours pour simplement apprécier l'instant présent et partager ensemble ?" Cela n'apaiserait pas les tensions, mais mettrais de côtés pendant un temps les remarques désobligeantes du moins il l'espérait. D'une manière ou d'une autre cela était inévitable. "Que diriez-vous de commencer par les jardins pour profiter du temps clair de la journée avant que la nuit ne nous en empêche ?"

« Mesdemoiselles, il est pour moi un grand plaisir de vous faire visiter ma demeure comme j'espère vous faire visiter Verchiel pendant votre séjour. Cependant, que diriez-vous de laisser les affaires en cours pour simplement apprécier l'instant présent et partager ensemble ? » À ces mots, Milah lança un regard à sa sœur ainée, comme si cette remarque n’était destinée qu’à elle seule, alors que Dorianna acquiesçait, en accord avec le Baron. « Que diriez-vous de commencer par les jardins pour profiter du temps clair de la journée avant que la nuit ne nous en empêche ? » Soudain, la jeune sœur de Dorianna laissa le bras de sa sœur et se rapprocha de Uther, glissant son bras sous le sien. « Ne pensez-vous pas qu’il fait trop froid, votre Seigneurie? » demanda-t-elle d’une voix faussement inquiète en battant des cils, le regard levé vers le visage du Baron.

De son côté, l’ainée des enfants Thelvan leva les yeux au ciel; Milah était beaucoup trop insistante, du moins, selon l’avis de Dorianna. Après tout, peut-être que cette attitude allait plaire au Baron…tout était possible. De plus en plus à l’aise, en grande partie grâce à l’absence de Dame Thelvan et parce que se battre le cœur de Uther de Verchiel n’était pas dans ses plans, la jeune femme s’exclama : « Êtes-vous certains de vouloir aller dans les jardins? La légende raconte qu’ils sont parfois peuplés de gnomes qui prennent vie pour capturer les jeunes gens insouciants et les transformer en gnomes! ». Dorianna avait pris une voix mystérieuse; elle venait de décider qu’ils allaient vivre une aventure, que Milah et Uther le veulent ou non. La jeune femme marcha rapidement pour dépasser le Baron et Milah, qui se tenait toujours à son bras, et fit rapidement volte-face vers eux. « Vous êtes chanceux que je sois présente, moi seule connais le moyen de nous débarrasser de ces créatures… » poursuivit-elle en adressant un clin d’œil aux deux jeunes gens.

Milah jeta un regard scandalisé à sa sœur ainée, mais était heureuse, au fond d’elle, que le naturel gamin et joueur de Dorianna ait remonté à la surface; le Baron n’accepterait jamais d’épouser une telle femme, ce qui lui laissait toutes ses chances pour le séduire. Malheureusement pour la jeune noble, la première fille du Seigneur Thelvan n’avait pas terminé ses enfantillages. Tournant la tête rapidement, elle demanda : « Qu’était-ce?...Avez-vous entendu?...Oh! Les gnomes ont senti de la chair fraiche, notre venue à Verchiel n’est pas passée inaperçue! J’entends leurs petits pas, et vous, mon seigneur? ». Dorianna posa son regard dans celui du Baron; c’était à lui de jouer, ou pas…

Uther se tenait droit et remarqua le petit regard que la cadette glissa à sa soeur. Au moins avait-elle compris que cette remarque lui était en partie destinée. Il avait proposé de faire visiter l'extérieur de la demeure tant que le soleil éclairer les jardins, il faisait froid c'était un fait, mais acceptable si l'on était bien couvert et puis, les jardins ne seraient pas forcément long à visiter. Cependant, il dut tout de même répondre à la jeune noble qui s'inquiétait pour la température. "Il n'existe rien de plus vivifiant la fraicheur de cette saison Demoiselle. Et je ne vous laisserais point sortir sans vous avoir offert de quoi vous couvrir.". Il regarda la jeune femme qui s'était accroché à son bras délaissant ainsi celui de sa soeur, s'il avait réussi à éloigner la cadette de son aînée pour les remarques désobligeantes il se devait de maintenir l'attention de la petite noble sur lui. Autant pour le jeu que par amusement. Cela lui plaisait, les rares fois où il jouait, il aimait étudier la stratégie que ce soit sur un champ de bataille ou dans les discussions de nobles.

Voilà quelque chose qu'il n'avait pas prévus. Dorianna commença à raconter des légendes inventés sur les jardins de Verchiel. Au début Uther ne comprit pas exactement "Des gnomes en Verchiel ?" Il eut à peine le temps de finir sa question que la jeune noble continua surenchérissant la légende et le danger que représentaient ces gnomes. Le Baron sourit lorsqu'il comprit le petit jeu de la jeune femme, voilà qui était inattendu, mais cela ne déplaisait pas pour autant au chevalier qui trouvait cela amusant comme l'envie et la passion dans les mots de l'aînée Thelvan. Après avoir expliqué le contexte, elle envoya l'intrigue, prétextant avoir entendu des bruits de pas, des petits pas, ceux des gnomes des jardins. La question s'ils avaient entendu également s'adressa alors à Uther qui eu un moment de doute sur quoi répondre. Il voulait savoir jusqu'où la jeune noble pouvait aller, mais comment s'y prendre ? Voilà bien longtemps qu'il n'avait pas imaginé tel scénario.

"Est-ce possible qu'ils soient rentrés ?" demanda-t-il alors. Il venait de rentrer dans le jeu de la noble et la partie était engagée, il ne restait plus qu'à la jeune Milah de rentrer, mais si le baron avait bien capté ses intentions elle rentrerait pour ne pas le décevoir. Ainsi éloignée du noble jeu, il verrait si elle était aussi habile que ça dans la stratégie et les mots doux. Bien qu'il n'ait aucune intention particulière il aimait voir toutes les compétences d'une personne pour l'apprécier à sa juste valeur. Comme on lui avait appris à l'académie. Il feint un moment de tête vers l'arrière et revint doucement sur Dorianna le regard lourd, comme s'il faisait comprendre à l'aînée Thelvan que les ennemis étaient surement entrés par derrières.