Bien des gens soupirèrent de soulagement en apprenant la mort de mon père. Et pourtant, je parierais que peu connaissait les présumés victimes. Cette joie pestilentielle commençait à m’énerver. Je ne me souviens plus du commentaire de trop, je me souviens cependant que ma mère était avec moi à ce moment-là. Avant que je ne réalise, sa main c’était glissé entre la mienne. Elle devait savoir que j’allais faire une connerie. Elle me lança: «J’ai besoin de toi!» Il me fallut un moment pour répondre, elle méritait bien mieux que des poings ou des larmes. La chose qui me dérangent le plus de cette époque est la stupidité des gens. On m’a déjà demandé comment je pouvais aimer un monstre tel que lui. Je ne sais pas si vous imaginez à quel point ses mots sont insultants. Certaines personnes se permettent de juger, alors qu’ils ne le connaissent même pas. Si vous voulez tant savoir les raisons pour laquelle je l’ai aimé, je vais vous les données.

Si vous étiez attentif, vous savez déjà que dans mes veines coule le sang de deux Orlésiens, bien que ce soit né dans les terres du sud. Allan Handerrian avait été accusé de pratiquer la magie du sang et Elissa devait prendre une décision importante, partir avec ou bien resté. Elle décida de suivre l’homme qu’elle aimait. Je l’ai toujours vu heureuse, cependant je me demanderai toujours à quel point ma venue à influencer ses choix. Je suis née à Dénérim, cependant nous n’habitions pas dans la ville immédiate, mais plutôt dans une petite maison que mon père avait construit. Il paraitrait que nous avions habité presque une année dans cette ville, vous comprendrez que j’étais trop jeune pour m’en souvenir. Notre première maison devenue par la suite une petite boutique. Ma mère vendait des vêtements qu’elle confectionnait. Je me souviens que je passais beaucoup de temps avec mon père. Il m’a appris à chasser, je ne dirais pas qu’il était excellent, mais il se débrouillait.

Mon père avait une passion, celle de créer, que soit manuellement ou bien en utilisant ses talents de mages. Il n’allumait jamais le feu de manière conventionnelle, toujours avec ses dons et je n’arrivais jamais à faire pareil. Je crois qu’il m’a appris tout ce qu’il pouvait m’apprendre et je n’appréciais pas toujours. Il avait pris l’habitude de me montrer "mes leçons" sans que je m’en rende compte. Il me demandait toujours le nom des plantes et à quoi elle servait. Est-ce pour la soupe ou bien pour un baume? La routine était assez simple, il me montrait des plantes, on chassait le repas et on finissait par réparer ou construire un truc. Il m’arrivait aussi d’aider ma mère, en préparant son matériel ou en jouant les assistants dans sa boutique. Je dois cependant avouer que je finissais plus souvent par jouer avec les enfants de mon âge. Je crois qu’en réalité, c’était le véritable but de l’opération.

Les années passèrent et malheureusement, je dus apprendre à m’adapter, chose qui ne serait pas facile. Je crois que demander si les Orlésiens étaient tous snobes n’était pas le meilleur moyen de se faire des amis. Lorsque nous sommes déménagés en Orlaïs, je n’avais pas encore douze ans. Ma grand-mère maternelle était tombée malade, alors nous avions déménagé dans une petite cabane qui appartenait au Lowan. Elle se trouvait à quelques heures de marches de la ville et servait principalement pour la chasse. Je détestais cet endroit, je le trouvais trop petit. Je détestais aussi la demeure des Lowan, j’étais entouré d’inconnus qui prétendaient être de ma famille. Le jour de mon anniversaire je décidais de partir pour Dénérim, simplement avec un arc et quelques provisions. Je devais avoir marché toute la journée lorsqu’un de mes oncles me retrouva. Par la suite, j’avais cru que les choses s’étaient améliorées, mais ce n’était qu’une illusion. On avait déménagé à Val Royeaux, je commençais à me faire une seconde famille. Je passais énormément de temps avec mon oncle Andrew et un jour ils vinrent chercher mon père.

J’avais quatorze ans lorsque mon père est mort et que la vérité éclata. Ma mère et moi avait décidé de ranger ce qui appartenait à mon père. Elle s’occupait de leurs chambres et moi de sa bibliothèque. Mon père avait l’habitude de fixer ses étagères au mur et étrangement l’une d’elle ne semblait dépasser. En déplaçant la bibliothèque, j’avais trouvé une cachette. Des livres écrits de la main d’Allan. Dans ses livres on pouvait retrouver la liste de poison, ainsi que des formules interdites cela me glaça le sang. J’ignore s’il a réellement tué les personnes dont on l’accuse, mais réfléchissez simplement à cela : il n’a fait aucune histoire lorsqu’on est venu le chercher. Pendant des années, il n’a jamais montré de signe de magie du sang. Il a souvent aidé les personnes qui s’égaraient dans la forêt entourant Dénérim et il fut un père aimant.

J’ai brulé les livres, je ne voulais pas qu’Elissa soit blessé, surtout qu’elle était enceinte. Il existe un côté triste à cela. Ils avaient essayé pendant des années d’avoir un second enfant, pourtant c’était à ce moment qu’elle tombait enceinte. Ma soeur ne porterait pas le même nom, ma mère avait préféré reprendre son nom de jeune fille. Par la suite je terminais de me construire, je continuais à chasser avec Andrew, cela ne dura pas très longtemps. Pour moi c’était plus une passion et lui un passetemps. J’ai travaillé pour un marchand de potion. Grâce à lui, je perfectionnais certaines connaissances : en baumes, potions et même certains poisons. Lorsque son fils devint plus vieux, je perdis ma place, d’une certaine manière cela faisait mon affaire. J’appris à me débrouiller en vendant quelques peaux d’animaux, en escortant quelques personnes et prenant parfois quelques petits boulots. Il m’arrive souvent de voyager entre Val Royeaux et Jader, un voyage qui n’est pas toujours sécuritaire. En raison de quelques attaques, j’ai préféré apprendre à manier les dagues, plus pratique lors de combat rapprocher.

Si vous me demandez ce que je vois dans mon avenir, je peux vous répondre bien des problèmes. Suis-je pessimiste? Simplement réaliste, lorsque ma sœur développa certains talents, ma mère décida de la livrer au templier. Selon elle, Melody serait plus heureuse au cercle qu’en tant que fugitive. Un avis que je ne partage pas. Comment peut-on être heureux emprisonné dans une cage dorée? J’aimerais bien la faire sortir de là, mais ce ne sera pas une tâche facile. Il faudrait d’abord savoir où ils cachent leurs fameux phylactère. Il pourrait être bien de se faire quelques amis, mais aussi d’avoir un véritable plan.

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