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 « Tu vas me juger ? [Pv Evan]

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MessageSujet: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyVen 19 Déc 2014 - 0:06





Tu vas me juger ?

On est peut-être pas condamnés à se revoir qu’au bout de plusieurs années.
Feat Evan




Foutue missive de merde. Ordre de merde. Gardes de merde. Pourquoi diable autorisait-on des abrutis à se battre contre les engeances, quand ensuite il fallait aller les récupérer dans les tréfonds pour la simple et bonne raison qu’ils se sont perdus. Outre le fait que la disparition de ses pairs remontait à plusieurs semaines, si bien que la blonde les pensait déjà morts, la cavalière n’avait rien d’une héroïne prenant plaisir à secourir la veuve et l’orphelin. Quoi qu’on en dise, peu importe le blason qu’elle arborait, elle restait du genre à laisser crever l’un comme l’autre sans aucun scrupule, voir à leur trancher elle-même la gorge pour pas grand-chose. Si tant est qu’on ne la voit pas faire, ce qui devenait franchement compliqué. Garran avait cette sale manie de la surveiller constamment pour la brimer, refusant qu’elle nuise tant à autrui qu’à leur réputation. Et quand ce n’était pas lui, c’était les autres qui, bien qu’ignorant son ancienne allégeance, la collaient un peu trop. Ces mêmes individus qui réclamaient désormais qu’elle vienne en aide à des idiots, sous prétexte qu’ils faisaient partis de la même faction. Ça la faisait doucement rire, de prime parce qu’elle était persuadée que l’on ne ferait pas ça pour elle, mais aussi parce que la camaraderie ne faisait franchement pas partie de son vocabulaire. Certes elle se plaisait désormais à picoler avec certains d’entre eux et à échanger quelques blagues, encore que peu de gardes trouvaient grâce à ses yeux, mais cela n’allait pas plus loin. Elle ne leur confierait pas sa vie et se moquait bien de la leur. Quoi qu’il en soit, la voilà donc contrainte de quitter Val Royeaux où elle avait à peine eu le temps de s’arrêter, pour prendre la direction des tréfonds, bien plus loin au sud. La logique et le pragmatisme voulait qu’elle prenne plutôt la mer, s’évitant ainsi un détour certes moindre par la terre, afin de gagner du temps. Pourtant, la blonde n’en fit rien. Sachant qu’elle arriverait probablement avant d’autres de ses compagnons qui venaient du nord, elle avait préféré profiter de l’occasion pour faire un nouveau détour par Val Forêt, espérant ainsi y croiser Evan à qui elle avait promis de revenir. Or si elle partait se balader dans les tréfonds pour retrouver des guignols, il était certain que cela prendrait du temps et, bien qu’elle ne souhaite pas y penser ou se poser trop de questions, la guerrière n’avait pas envie d’attendre des années avant de revoir le templier. D’autant plus que cette histoire la faisait franchement chier, et qu’il trouverait sans aucun doute un moyen de remédier à… sa mauvaise humeur.

Songeant au fait qu’elle ne se serait jamais permise de retrouver ainsi à plusieurs reprises qui que ce soit lorsqu’elle était encore chez les corbeaux, à cause de la probabilité de voir ses supérieurs lui réclamer la tête du concerné, Drathir avait ainsi pris la route, juchée sur cet étalon blanc qui décidemment ne la quittait plus. Décidée à arriver le plus vite possible et à profiter de ce énième bref séjour, pour repartir tout aussi prestement afin de ne pas être accusée d’un quelconque retard par ses comparses, la cavalière se retrouva bien vite aux abords de la ville. Il ne devait lui rester qu’une petite demi-heure de trajet aussi avait-elle hâte d’en finir. Pourtant si son parcours avait été aisé, dépourvu de la moindre embûche jusqu’ici, cela ne dura pas plus longtemps et bien vite de l’agitation se fit entendre dans les bois qu’elle foulait, la contraignant à ralentir l’allure. Mettant sa monture au pas, flattant doucement l’encolure de l’animal comme pour l’inciter au calme, elle chercha ainsi la source de tout ce bruit, décidée à ne pas être vue. Bien vite elle mit donc pied à terre, attachant sommairement l’étalon à un arbre avant de poursuivre furtivement sa route, jusqu’à ce qu’elle ne parvienne à visualiser de loin quelques brigands –tout du moins en avaient-ils l’apparence- en train de prendre possession de la route. Fronçant les sourcils, se demandant ce qui était le plus rapide entre buter ces idiots ou les contourner pour passer, la meilleure option s’imposa bien vite à elle quand elle entendit brièvement les bandits ricaner à propos de la présence de templiers. Apparemment ils avaient parfaitement conscience du raffut qu’ils causaient dans les parages et semblaient s’amuser de la présence des saints guerriers qui ne devraient plus tarder. Loin d’être sotte, la guerrière se doutait que de telles réjouissances ne pouvaient émaner que d’un plan bien conçu, une technique rodée à la perfection. Un piège, pour les dits templiers. Un piège dont elle compris bien vite le sens. Les connaissances des vauriens quant à l’arrivée imminente de leurs adversaires leur avaient permis de poster quelques archers à divers endroits stratégiques, tant masqués par les buissons que réfugiés dans les arbres, suffisamment éloignés du gros de la troupe pour ne pas attirer l’attention. Dans d’autres circonstances, plus normales, probablement ne se serait-elle pas arrêtée. Ce combat n’était clairement pas le sien, la cavalière n’aimait guère perdre son temps et encore moins pour autrui. Mais cette fois ci était différente, à quoi bon galoper vers Val-Forêt si la personne qu’elle espérait y trouver s’apprêtait à venir ici en tous les cas. Autant boucler cette affaire au plus vite, qu’ils puissent rentrer à la maison au plus vite.

Ce fut donc pour toutes ces raisons que Drathir fit demi-tour, non pas pour s’occuper de ses affaires comme elle aurait pu le faire d’ordinaire, mais pour contourner les mercenaires, bien décidée à s’occuper des dits archers. Il lui fut aisé de les trouver, ces idiots ne semblant prêts à ramper et se cacher que lorsqu’ils en recevraient l’ordre si bien qu’ils étaient pour l’heure des cibles faciles. De plus, chacun semblait avoir reçu une place bien précise et isolée, rendant la tâche encore plus facile et la seule fois où elle rencontra deux adversaires en même temps, l’assassinat fut suffisamment rapide –la blonde ainsi armée de deux dagues- pour ne pas attirer l’attention. Oui. Quoi qu’on en dise, quoi qu’on en pense, on ne cessait pas d’être un Corbeau. On n’oubliait pas vingt-cinq ans d’apprentissage et de meurtres en un claquement de doigts, bien que la blonde fut rassurée en un sens de constater qu’elle n’avait, justement, rien oublié. Quoi qu’il en soit elle s’était ainsi occupée des hommes à terre et se hissait désormais au sommet d’un arbre, passant agilement aux suivants, afin d’achever les derniers, lorsque les templiers arrivèrent finalement. Bien trop occupée avec son propre plan, la cavalière ne leur accorda pas un regard, se contentant d’entendre les propos du chef de la bande de mécréants. « Templiers ! Quelle surprise, on ne s’attendait pas à votre visite ! Ironique, ces simples mots laissaient clairement sous-entendre le contraire, mais encore une fois la Garde ne s’en soucie guère. Elle laisse les hommes en bas à leurs négociations, si tant est que les guerriers de la Chantrie se sentent d’humeur à négocier, et achève discrètement le dernier archer, délaissant le corps sur les lourdes branches. Le timing était parfait, suffisamment pour qu’elle en profite alors même que le chef des brigands donnait désormais un ordre, un sourire narquois aux lèvres. Archers… L’homme sursaute, surpris par le bruit en provenance de la guerrière qui venait de se laisser tomber de la branche sur laquelle elle s’était reposée jusque-là, atterrissant souplement au sol. Nul doute que les templiers seront sur le qui-vive aussi se redressa-t-elle bien vite, levant les mains au ciel afin de plaider non coupable bien que le sang maculant ses dagues prouvait le contraire, quelques plaques d’armure dévoilant le blason de ordre, avant de prendre la parole. Pardon, pardon, faîtes comme si j’étais pas là. Elle se recula tranquillement d’un pas ou deux, un sourire ô combien moqueur et suffisant aux lèvres. Je rendais juste brièvement service en les tuant lui, lui, elle, lui, et les deux-là. » A chaque fois elle avait pointé du doigt la position des concernés, désignant ainsi leurs cadavres bien que ces derniers ne soient pas visibles. Drathir estimait d’ailleurs avoir fait sa part du travail pour ça et si elle n’hésiterait pas à tuer le premier qui aurait la fâcheuse idée de s’en prendre à elle, elle avait soudainement plus envie de laisser les templiers faire, d’autant plus qu’elle avait brièvement capté le regard d’Evan bien évidemment présent. Le voir à l’œuvre serait un spectacle sans nul doute réjouissant.





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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyLun 29 Déc 2014 - 15:59

C’était du pareil au même, de jour en jour. Entre les affaires officielles de la Chantrie et la surveillance des alentours, rien ne distinguait réellement un lever de soleil d’un autre pour Evan. Il resserra une sangle de cuir derrière une jambe tendue, pensif, voire contemplateur ; il ignorait volontairement les badineries de ses collègues, qui s’entraidaient pour ajuster leurs armures respectives. Les bandits ne faisaient jamais d’histoires aux abords de Val Forêt – les nombreuses plaintes reçues par les citoyens avaient néanmoins eu raison de la bienfaisance de l’ordre religieux, dont on avait dépêché les soldats afin de gérer le problème. Qu’est-ce qui pouvait bien justifier leur présence si près du village ? Les caravanes lucratives, ils les attraperaient plus près de la capitale, pas ici. Mais il semblait être le seul à éprouver quelque réticence à l’idée de pourchasser ces malfrats sans la moindre ombre d’un plan solide. Il avait l’esprit stratège et calculateur en temps de conflit ; il ne pouvait s’empêcher de ruminer ses inquiétudes, n’osant pas les partager avec ses collègues.

Couvert des pieds à la tête d’une armure rutilante comme celle de ses frères d’armes, il avait suivi la poignée de templiers – cinq fiers hommes – qui se dirigeait vers les lieux en question, une route aux abords de la banlieue qui était, apparemment, le repaire des bandits. Les guerriers en imposaient, chacun ayant son arme de prédilection en main – épées longues et courtes, fléaux et hallebardes se côtoyaient dans un arsenal mortel manié au nom du Créateur. Et Il n’aimait pas les bandits, apparemment.
Arrogant, le chef des malandrins se tenait ainsi au milieu de la route, comme s’il n’attendait que l’arrivée de ses estimés adversaires. Autour de lui, un petit nombre de congénères visiblement prêts à se battre, leurs armes dégainées trahissant leurs intentions malgré le calme de leur leader. De part et d’autres les invectives fusaient ; les saints guerriers exigeaient le retrait immédiat des intrus, alors que ces derniers ne se défendaient qu’à moitié, visiblement peu impressionnés par les combattants chantristes. Du bluff pur et dur – ou alors ils avaient un tour dans leur sac, et le résultat de l’affrontement en étant d’autant plus incertain.

Le verbe puissant du leader s’était vu accueilli par un silence morbide ; pour seule réponse, un bruissement sonore, causé par l’atterrissage réussi d’une étrangère sur le sol humide. Evan avait aussitôt reconnu Drathir et un sourire avait étiré ses lèvres pendant l’ombre d’un instant. Elle l’avait reconnu, peut-être grâce à son arme caractéristique – ou alors parce qu’il était le seul, en première ligne, à avoir aussitôt abaissé sa garde lorsqu’il avait reconnu les traits de la blonde. Dans tous les cas, le hasard de sa présence avait sans doute gardé les templiers d’une poignée de problèmes et de blessures, dues autant à la confusion qu’à l’avantage marqué des bandits s’ils avaient pu user des talents d’archers de leurs complices. Le templier avait tourné son regard anthracite vers le leader, qui était soudainement livide, constatant d’avance son amère défaite, privé de son avantage secret. Ses sbires n’en étaient pas moins découragés ; ils foncèrent vers le groupe, des cris de guerre résonnant à travers la forêt. Un mercenaire, qui avait pris pour cible Evan, s’était rapidement trouvé empalé sur la lame de ce dernier, qui l’avait stoppé net dans son élan. Le guerrier tira sèchement sur la garde de son arme pour la déloger des entrailles de son adversaire, bloquant une vaine tentative d’un second de lui faucher une jambe.

Le nombre de templiers et leur expérience avait rapidement eu raison du petit groupe de bandits. Unis, entraînés et impitoyables, les chantristes n’avaient fait aucun survivant, assurant ainsi la quiétude des citoyens qui comptaient sur eux. Deux des templiers s’étaient serré le bras pour se féliciter de leur prompte victoire ; deux autres s’étaient immédiatement retournés vers Drathir, méfiants. Evan retira son casque, qui masquait presque l’entièreté de son visage, et fit signe à ses collègues de baisser leurs armes. « C’est bon, je la connais, » fit-il lentement, levant sa main devant les figures de ses collègues, qui s’exécutèrent.

Mais la connaissait-il vraiment ? Toute garde des ombres qu’elle était, il ne s’imaginait pas qu’elle pourrait avoir de tels talents. Subtile et discrète, c’était pourtant tout ce qu’il croyait que Drathir n’était pas. Elle avait éliminé une demi-douzaine d’archers à elle seule sans même que les bandits – ou les templiers – ne s’en rendent compte… Alors que le reste du groupe s’affairait à rassembler les cadavres frais, le blond se dirigea vers la garde, perplexe. « Je ne pensais pas te revoir de sitôt, » admit-il sans les familiarités qu’ils se connaissaient désormais. « On ne peut pas dire que tu manques de timing, ceci dit. » Heureusement qu’ils avaient fait ce pari, autrement, sans doute qu’ils n’auraient pas eu autant de chance – en tout cas, il s’imaginait que c’était bien à cause de cette mise, jouée à cause de l’ivresse, qu’elle était si tôt de retour à Val Forêt.

Il s’était déjà dit, à l’occasion, qu’il aimerait la voir se battre ; voire tester sa lame lui-même dans un combat à l’amiable, afin de voir si c’était la rigueur de l’Ordre qui l’emporterait sur les impétueux Gardes des Ombres. Or, les dagues maculées de sang que Drathir tenait entre ses doigts lui laissaient plutôt croire qu’elle n’avait pas nécessairement l’habitude de se battre en face à face, dans un duel loyal. « J’aurais bien voulu te voir à l’œuvre, n’empêche. » Ce n’était que plus ou moins un sourire qui ornait désormais ces lèvres ; un demi-rictus à la fois torve et nerveux qu’il n’avait su retenir, bien malgré lui. Quelques vagues questions se profilaient dans son esprit, mais il préférait les enfouir plutôt que les poser – il proposa donc à la cavalière de procéder vers le village d’un geste du bras. Il laissa Drathir attacher son cheval près de la Chantrie, où les autres templiers avaient charrié les cadavres des bandits, mais sans y accorder la moindre intention, comme dans la lune. Il sentait une certaine réticence à agir avec la femme comme il l’avait fait auparavant – aucunement parce qu’il ressentait quelque malaise à la suite d’une autre nuit animée, mais pour autre chose qu’il n’arrivait pas encore à exprimer clairement.

L’un de ses collègues s’approcha, ce qui le fit sursauter ; le cliquètement de l’armure aurait pourtant dû l’alerter. « Nous allons faire l’annonce que nous avons réussi à détourner la menace qui pesait sur le village. » Evan ne fit qu’acquiescer. Joliment dit, pour quelqu’un qui venait tout juste d’en éviscérer un ou deux sans éprouver le moindre remord. Généralement, une telle annonce voulait dire qu’un petit nombre de templiers se rendrait dans les différents commerces les plus achalandés pour répandre la nouvelle, laissant le bouche-à-oreille faire le reste. Ils n’avaient nullement besoin de sa présence. « Je vous rejoindrai si nécessaire. »

Il reporta son attention sur Drathir. Toujours aussi jolie, mais quelque chose semblait avoir changé, même s’il n’aurait su dire lequel de ses traits s’était métamorphosé. Un regard toujours aussi brillant et un sourire également taquin, comme à son habitude. Il ignorait que dire, que faire, figé par ses propres interrogations – mais il ne pouvait guère rester là, piqué devant elle, comme un énergumène, aussi reprit-il sans trop d’intérêt. « Qu’est-ce qui t’amène, alors ? » Il osa un sourire maladroit.

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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyLun 29 Déc 2014 - 17:33





Tu vas me juger ?

Pourtant tu l'as dit toi même, tu préfères ne pas savoir.
Feat Evan




Les bandits n’avaient plus la moindre chance, si tant est qu’ils en avaient véritablement eu une à la base malgré l’avantage procuré par leurs archers désormais assassinés. Pourtant cela ne les empêcha pas d’attaquer, malgré le visage désormais livide du leader, les armes et armures impressionnantes des templiers, sans parler d’elle qui venait tant de prouver ses capacités que de choisir son camp. En tous les cas, la blonde ne daigna pas intervenir plus que nécessaire, de prime parce qu’elle avait déjà rendu un fier service, et aussi parce que les templiers n’avaient clairement pas besoin de son aide. Cela ne l’empêcha pas de guetter du coin de l’œil le combat d’Evan, intriguée par ses prouesses martiales, qui lui arrachèrent un sourire amusé, et prête à intervenir s’il rencontrait un problème, bien qu’elle doutait devoir en arriver là. Le combat, ou ce qui y ressemblait tout du moins, prit fin bien rapidement et les guerriers saints finirent par se féliciter entre eux, avant que certains ne se tournent soudainement vers elle, pas vraiment rassurés. Le blason de son ordre ne semblait rien y changer mais la concernée ne sourcilla même pas, se contentant de se tenir droite sans dire un mot, son assurance proche de l’arrogance suintant de son attitude. Fort heureusement son compagnon intervint bien vite, retirant son heaume avant de rassurer ses pairs quant à son identité. Je la connais. De nouveau ces mots, faux, qui n’étaient là que pour justifier deux nuits passées ensemble encore que, il fallait admettre qu’elle avait fini par en apprendre un peu plus sur lui. Des anecdotes, des détails, qu’elle possédait toutefois. Lui n’avait rien, si ce n’est un sous-entendu quant au fait qu’elle n’avait sûrement pas été Garde des Ombres toute sa vie. C’était peu, trop peu, pour prétendre la connaître. Mais il en a toujours été ainsi et cela fut de toute manière suffisant pour apaiser les dernières tensions et les quelques soupçons des guerriers de la Chantrie. Ces derniers finirent par s’occuper des cadavres encore chauds mais elle ne s’en soucia pas, trop occupée à vriller l’émeraude de ses yeux dans les prunelles d’Evan qui s’avançait déjà vers elle et si le sourire qu’elle lui adressa fut sincère, bien que taquin, elle se retrouva bien vite à devoir masquer ses propres doutes et peurs. La perplexité évidente de son compagnon n’avait pas le don de la rassurer, lui rappelant qu’il était loin d’être un imbécile fini. Drathir préfère toutefois éviter de se poser trop de questions, son sourire s’élargissant alors qu’elle s’affirmait de nouveau via quelques moqueries, taquine comme d’ordinaire. « Je vais prendre ça pour un "merci du coup de main, je suis absolument ravi de te revoir". » Oui parce que bon, ses propos couplés à son expression actuelle, on pouvait se demander s’il ne lui demandait pas clairement de foutre le camp. Il avait toutefois intérêt à ce que ce ne soit pas le cas, car elle ne s’était pas tapée tout ce chemin suite à une promesse qu’elle tenait à honorer, tout ça pour rien. Il était certain qu’elle n’apprécierait pas.

Faisant rapidement comprendre qu’elle avait dû attacher son cheval un peu plus loin, et qu’elle souhaitait évidemment le récupérer, la blonde alla par conséquent récupérer l’animal en compagnie du templier avant de revenir auprès de ses pairs, profitant d’un cadavre pas encore ramassé pour essuyer le sang maculant ses dagues sur le tissu, avant de les ranger dans leurs fourreaux respectifs. C’est à ce moment précis que la remarque fuse, innocente, habituelle même étant donné la manie du templier à exprimer ses opinions quant à son adresse au combat. Il faisait souvent des constats, tantôt en affirmant qu’elle faisait peur tantôt en espérant que sa fougue ne se retrouvait pas que dans un lit. Il voulait savoir ce qu’elle valait, l’avait voulu une fois de plus et elle aurait pu se contenter d’un sourire énigmatique si elle n’avait pas capté l’expression faciale de son interlocuteur au même moment. Lui aussi souriait, d’un sourire sans joie, témoin d’une nervosité évidente. Elle n’osait imaginer tout ce qui pouvait se passer dans la tête du blond à cet instant précis, cela ne l’empêche pas d’y réagir toutefois, se crispant momentanément et le sérieux teintant désormais ses traits. Ils étaient loin de la taquinerie qui leur était pourtant coutumière jusque là. C’était différent, clairement, or ces changements ne lui plaisaient guère bien qu’elle se garda d’en parler. L’inspiration se fait profonde, l’expiration aussi audible qu’un soupir. « C’est vraiment si important ? » souffle-t-elle, ancrant son regard dans celui de cet homme qui l’accompagnait. Il était clair qu’elle espérait un non, même silencieux. Elle préférait ce templier, dans la taverne, qui lui avait affirmé préférer ne pas savoir, se complaisant dans cette ignorance qui l’auréolait de mystères, trop occupé à satisfaire tant ses envies de boisson que de chair. Elle devrait le savoir pourtant, à force de côtoyer les gens, ils finissaient par apprendre ce qu’elle a été. Ce qu’elle est toujours, en un sens. Trop de personnes à son goût étaient au courant d’ailleurs. Mais la cavalière arrête d’y penser, dès lors que le blond lui indiqua le village d’un geste du bras, donnant ainsi le signe du départ. Il leur fallut peu de temps pour regagner Val-Forêt, peu de temps pour qu’elle finisse d’attacher son cheval au milieu des autres et peu de temps pour qu’elle ne se retrouve de nouveau face au templier, ce dernier aussi immobile qu’un piquet, plongé dans un mutisme effrayant. Pourtant elle ne l’aide pas à en sortir, elle ne fait pas le premier pas, ne désire pas se lancer plus longtemps dans un jeu puéril destiné à sauver les apparences entre eux. Qu’il médite donc s’il en éprouve le besoin, fasse le tri dans ses pensées. Qu’il prenne la parole, formule ces questions qui semblent le tarauder. Pourtant, malgré ce silence, malgré cette gêne évidente, il ne parvient qu’à lui poser une question. Une seule question qu’elle juge absolument pitoyable, malvenue, ne méritant même pas d’être posée. Et de nouveau il y a ce sourire, maladroit cette fois, bien loin de l’arrogance naturelle qui émanait de l’homme, loin de sa fierté, de sa tendance à charmer aussi. Elle aurait pu croire qu’il ne s’agissait là que d’un malaise suite à leur nuit passée ensemble, si seulement cela n’avait pas été la deuxième qu’ils partageaient, justement.

Alors Drathir finit par ricaner, secouant la tête comme le ferait quelqu’un qui n’en revient pas, avant de plonger une nouvelle fois son regard dans celui d’Evan. Cette situation était ridicule et elle le fit comprendre, usant d’ironie, bien plus que d’ordinaire. « Réponse A : faire mon marché car le Créateur sait à quel point j’aime cette bourgade pour ça. Réponse B : je suis tombée amoureuse de ton camarade, celui de la dernière fois, et je suis venue lui avouer mes sentiments. Réponse C : j’honore ma promesse suite à un pari et viens donc jouir de ta compagnie avant de filer dans les tréfonds pour je ne sais combien de temps. Bon, pour le jouir de sa compagnie, ça semblait mal barré quand même. Le pire étant qu’elle était on ne peut plus capable de passer un moment avec lui sans que ça se finisse dans un lit, bien que cela soit moins drôle, mais pour l’heure elle était juste agacée par ce sentiment, sur lequel elle ne parvenait pas à mettre de nom, qui se trouvait entre eux. Nullement réputée pour sa patience, la Garde se contenta de soupirer, passant une main dans ses cheveux alors que son regard se perdait brièvement aux alentours avant de finir son parcours dans les prunelles du templier. La blonde prit de nouveau la parole, plus sérieuse cette fois. Ecoute, moi je venais juste te voir, si ça te dérange, dis le moi tout de suite que j’évite de perdre mon temps. Et si le problème c’est juste cette foutue histoire de prouesses martiales et bah viens, on va se foutre sur la gueule dans un coin et on en parle plus ! Elle avait agité sèchement la main en direction d’un coin tranquille où ils pourraient s’adonner à un combat à l’amiable. S’il n’y avait que ça pour lui faire plaisir. Drathir savait parfaitement que dévoiler un peu plus ses capacités, ce n’était franchement pas bon pour se cacher, mais elle savait également que le laisser méditer et se faire des idées tout seul n’était pas forcement mieux. S’ils se battaient, outre la difficulté de base propre à un tel combat -elle pouvait gagner mais rien n’était moins sûr- la cavalière savait qu’elle pourrait surtout minimiser ses compétences et octroyer à son interlocuteur une victoire plus ou moins aisée. Cela serait peut-être suffisant pour apaiser son cerveau en ébullition. Et soudainement, malgré son agacement évident jusque-là, la blonde se permit une dernière remarque, s’autorisant l’ombre d’un sourire un peu plus amusé, propre à la relation qu’ils avaient entretenus jusque-là. Je comprends mieux pourquoi tu t’abaisses pas à mentir… » Il n’était déjà pas capable d’agir normalement avec elle, alors mentir devait être un véritable parcours du combattant pour lui.




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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyVen 2 Jan 2015 - 18:03

Evan ne fit que rouler les yeux, observant brièvement l’azur du ciel d’hiver alors que Drathir lui remettait sous le nez qu’il n’avait pas exactement été la quintessence de la politesse et de la bonne étiquette. Si elle voulait de la rectitude et du savoir-vivre, valait mieux se présenter au palais royal, et pas dans ce qui n’était qu’une caserne glorifiée, pleine à craquer de jeunes hommes qui n’avaient pour éducation que l’écriture et la lecture de textes sacrés – rien à voir avec les inepties que la royauté avait la chance d’apprendre. Dans tous les cas, même si elle n’avait guère tort, il se garda de se corriger, se contentant d’accueillir comme il le pouvait la garde – le reste des templiers semblaient rassurés de le savoir responsable de l’inconnue, ce qui lui permit de s’esbigner de ses responsabilités pendant l’ombre d’un instant.
S’il avait d’abord prétendu préférer ignorer les prouesses martiales de son interlocutrice, Evan avait pourtant dit le contraire cette fois, non sans s’affubler d’un sourire crispé, nerveux sans doute, sans réellement le penser. Peut-être avait-il changé d’avis ; peut-être, finalement, que la réalité le rattrapait et qu’il ne pouvait plus passer sous silence les doutes qui se bousculaient dans son esprit confus. Il se plaisait dans l’ignorance, mais maintenant qu’il avait eu un aperçu des capacités de Drathir, certains autres constats semblaient émerger de son subconscient – fabrications ou réelles interrogations qui se tapissaient depuis belle lurette dans quelque sombre recoin de son cerveau insouciant ?

Si c’était important ? Non, pas vraiment. Il pourrait vivre sans savoir, ignare quant à l’adresse martiale de son interlocutrice, mais il sentait que ça le tracasserait pendant encore un moment. L’alcool avait le don d’embrouiller les sens, d’occulter les priorités, de court-circuiter ces alarmes qui auraient dû sonner bien avant – malheureusement, il se trouvait bien trop souvent ivre en présence de la blonde qu’il raccompagnait désormais au village. Plutôt que d’une réponse, il ne la gratifia de rien du tout, se contentant de porter son regard devant lui, posant brièvement ses prunelles azurées sur le bâtiment de la Chantrie. Une question toute simple avait passé ses lèvres, banale, inintéressante – il le savait, mais ne savait comment réagir. La visite impromptue de la garde n’était pas ce qui le déstabilisait ; en d’autres circonstances, il aurait plutôt vu son ego gonflé par la promesse tenue et la pensée que c’était bien pour goûter de nouveau à sa compagnie que Drathir avait refait le chemin jusqu’à Val Forêt qui, autrement, n’était pas l’endroit rêvé où passer quelques jours de vacances. Là, il se sentait prisonnier, sans vraiment savoir pourquoi, prisonnier dans sa propre maison, presque littéralement. La réponse que lui fournit Drathir eut tôt fait de lui confirmer qu’elle constatait son malaise : ironique, cinglante même. Il fronça les sourcils, agacé. Il n’aimait certainement pas qu’on se moque de lui de cette façon, mais il ne dit rien, rongeant son frein jusqu’à leur arrivée dans l’enceinte de la Chantrie. Le templier avait malgré tout retenu un certain détail : ainsi, Drathir s’enfoncerait dans les Tréfonds sous peu, coupée de la civilisation pour honorer son mandat de Garde des Ombres. Tout indisposé qu’il était, il constatait néanmoins que ce genre d’expédition résultait bien souvent en la mort de plusieurs – ou du moins, il l’imaginait. Evan serait sans doute ébranlé d’apprendre le trépas de Drathir… quoique, le serait-il vraiment ? Il appréciait la jeune femme, sans nul doute, mais il ne connaissait rien d’elle, sinon qu’elle était mauvaise perdante, mais habile entre les draps.

L’agacement était mutuel et non dissimulé – certainement pas dans le cas de Drathir, dans tous les cas, qui avait fini par apostropher le regard du templier, visiblement sérieuse. Il aurait voulu éviter l’œillade insistante, mais resta étrangement figé, fixant pareillement la femme qui semblait déterminée à le faire culpabiliser pour son manque de familiarités. Elle proposait un combat amical non loin du bâtiment, un coin d’herbe massacré par les nombreuses joutes à l’amiable que s’organisaient les templiers pour passer le temps. L’endroit semblait tout indiqué. Elle voulait se battre ? « Très bien. » Peut-être s’attendait-elle à le voir refuser et chasser cette histoire, la laisser derrière eux, mais il sentait que se défouler un peu l’aiderait à voir plus clair, et ce, malgré les témoignages d’un bref combat qui s’entassaient derrière eux. Pour égaliser le combat, ou alors par arrogance – voire les deux – il se défit de certaines pièces de son armure, lançant avant-bras, jambières et cuirasse au sol à mesure qu’il les défaisait.

Drathir lui avait décoché un sourire alors qu’elle lui faisait une ultime remarque avant leur affrontement – il lui répondit par la pareille alors qu’il ajustait ce qu’il lui restait d’amure : sa cotte de mailles et une épaulière. « J’ai vite appris à tirer profit de mes forces plutôt qu’à tenter d’enrayer mes faiblesses, » fit-il simplement. Au combat comme dans la vie, il s’efforçait de pallier ses lacunes avec l’éventail de prouesses dont il était capable. Ce n’était pas toujours facile, mais personne n’était parfait et il vivait bien avec ce constat malgré tout.

Ainsi donc il se para au combat, sans sa flamberge habituelle, attrapant plutôt un sabre de pratique émoussé avant de se mettre en position. Arrogant, peut-être, ou alors il sous-estimait les prouesses de son adversaire, mais il lui fit comprendre qu’elle pouvait utiliser ses armes habituelles, quitte à ce qu’elle ait des bleus et lui, quelques coupures mal placées. Il était curieux de savoir si sa force et sa forme enseignée par la crème de la Flèche Blanche viendraient à bout de l’entraînement moins orthodoxe de la garde… voire de l’entraînement qu’elle avait pu suivre avant. Si elle voulait avoir une chance, elle devait être agile et imprévisible – Evan avait l’habitude des parades traditionnelles, des maladresses des bandits de grand chemin et des formes exécutées par ses collègues, mais un style différent risquait de le déstabiliser.

En guise d’initiation du combat, il s’avança d’un pas vif avant de soulever sa lame, tentant d’attraper les jambes de son adversaire. Les autres templiers ne pouvaient pas les voir, ce qui lui sauverait sans doute la face en cas de défaite, trop occupés à clore le dossier des bandits qu’ils avaient massacré quelques minutes auparavant.

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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyVen 2 Jan 2015 - 20:50





Tu vas me juger ?

Si je n'étais pas intervenue, est ce que ça aurait changé quelque chose ?
Feat Evan




La diplomatie n’était pas son fort, ça ne l’avait jamais été et cette fois-ci encore cela se vérifiait. L’ironie suintait de la moitié de ses mots, son agacement perceptible à travers quelques tics nerveux et un froncement de sourcil presque constant. Cela n’aidait pas, elle en avait conscience, découvrant qui plus est les rictus amers de son compagnon. L’exaspération de la blonde touche son paroxysme lorsqu’elle finit par réclamer une réaction plus franche que ce qu’il avait pu dire ou faire jusque-là : qu’il lui intime donc de partir s’il le voulait, cela lui éviterait de perdre son temps alors même qu’elle n’était venue ici que pour lui. Val-Forêt n’était pas attractive, elle se moquait de ce village comme elle se moquait des vies qu’elle prenait, si bien qu’elle n’attendait qu’un mot du templier, aussi déplaisant cela soit-il, aussi rancunière pourrait-elle se montrer à la suite. Or, lorsqu’elle lui proposa finalement de se battre -vu qu’il semblait n’être question que de ça- la guerrière fut légèrement surprise par la réaction de son interlocuteur, qui acceptait la proposition. Très bien. D’ordinaire un peu d’aplomb suffit à dissuader les gens de poursuivre dans une voie, la confiance en soi s’avérant être une arme particulièrement persuasive aussi la guerrière avait-elle cru qu’il abandonnerait : la voir d’elle-même prête à dévoiler ses capacités, renonçant ainsi à un mystère qui l’entourait, aurait dû le rassurer. Il n’en fut rien. Trop buté, trop curieux, trop méfiant, les raisons pour expliquer ce choix pouvaient être nombreuses et la cavalière ne chercha pas à deviner. Encore que, un autre mot fusa finalement dans son esprit, éclatant de vérité alors qu’elle voyait désormais que le templier se débarrassait partiellement de son armure : arrogant. « Qu’est ce que tu… » L’espace d’une seconde elle fut prise au dépourvue avant de se ressaisir au plus vite, l’ombre d’un sourire aux lèvres. Au vu des rapports qu’ils avaient entretenus jusque-là, la blonde n’imaginait pas une seule seconde que son interlocuteur puisse faire preuve d’un sexisme quelconque, étant donné qu’il ne lui avait jamais conseillé par exemple de délaisser ses dagues sous prétexte qu’elle pourrait se blesser toute seule, aussi l’évidence était là : il vibrait d’arrogance. Elle l’avait toujours su, cela se remarquait tellement souvent et c’est ce qui l’avait décidé à passer la nuit en sa compagnie. Lui plutôt qu’un autre. Lui, une deuxième fois. Lui qu’elle revenait désormais voir.

Il était confiant, pourtant son geste semblait presque logique en un sens car quoi qu’elle en dise, elle restait une femme armée de dagues. A vrai dire, elle avait compté sur l’armure massive d’Evan pour appuyer sa défaite, sachant parfaitement que le combat serait terrible pour elle dans ces conditions. Les plaques d’aciers, impénétrables, outre le fait que le combat se déroulait à la loyal et que son adversaire avait eu le droit à un entraînement martiale digne de ce nom, auraient facilité la diminution de ses propres capacités. Feindre la difficulté n’aurait pas été compliqué. Mais désormais, le templier changeait la donne et c’est pour cela que son sourire, encore amusé jusque-là, disparaît bien vite. Il la mettait au pied du mur, clairement, et sans même le savoir. Il avait également troqué sa flamberge contre un sabre d’entraînement, probablement émoussé de ce fait, ce qui semblait également logique ; un coup porté avec son arme habituelle, et avec sa force, pourrait facilement faire plus de dégâts que voulu. En tous les cas, outre une remarque sur sa façon d’aborder ses forces et ses faiblesses -ce qu’elle ne commenta d’ailleurs pas- le jeune homme se positionna à l’intérieur de ce terrain improvisé, l’herbe s’étant vu foulée un nombre incalculable de fois. Aucune instruction ne fut donnée et la Garde en conclut qu’elle était donc libre quant au choix de ses armes. Il lui offrait décidément trop de privilèges, amenuisant ainsi ses capacités à jouer la comédie, réduisant ses chances de réussir ce mensonge qu’elle voulait lui offrir. Inspirant, jetant un bref coup d’œil autour d’elle comme pour vérifier qui pouvait bien les observer, elle s’empara ainsi de ses deux dagues avant de le rejoindre, se mettant en position. La subtilité résidait en cet instant dans le fait de ne pas paraître trop démunie, ce qui ne serait pas le moins du monde crédible, tout en masquant ses habiletés propre à l’entraînement reçu chez les Corbeaux. Et le combat commence, entamé par le templier qui s’avance vers elle, vif, sa lame cherchant déjà à la happer à hauteur des jambes. L’esquive de la blonde ne tarde pas, sous la forme d’un pas en arrière ce qui n’était pas habituel chez elle. Et le début de la joute se passa ainsi, handicapée par la portée de ses armes comparée à celle de son adversaire, la guerrière mise sur son agilité pour esquiver –bien plus qu’elle ne pare- les coups, profitant de temps à autre d’un semblant d’ouverture pour se rapprocher. Si son style est fluide, témoignant des différences de leurs entraînements respectifs, Drathir ne semble pas pour autant bien menaçante, d’autant plus que les traits sérieux et concentrés qui se lisent sur son visage -liés à l’effort qu’elle faisait pour se retenir- laissaient penser qu’elle faisait de son mieux.

Mais le combat se poursuit, s’éternise à vrai dire. Il ne parvient que très peu de fois à la toucher et lorsque cela arrive ce n’est que pour l’effleurer, comme lorsque l’acier de ses dagues ne fait que l’érafler lui, tant bien même qu’elle essaye de le toucher là où il est le moins protégé.  La guerrière se lasse, les efforts réalisés pour se contenir s’amenuisent et progressivement l’affrontement prend une autre tournure. Si au début, presque maladroite, elle se contentait de reculer pour éviter les assauts du templier, la guerrière se fait désormais plus agressive, plus audacieuse. Elle ne recule plus, ou rarement. Elle s’avançait, presque jusqu’à se presser contre lui, le contraignant ainsi à reculer ou revoir l’angle de ses attaques s’il désirait la toucher tout en s’octroyant elle-même une position de frappe bien plus adaptée à la portée de ses dagues. L’acier s’entrechoque bruyamment et si elle tente à quelques instants de se retenir de nouveau, prenant conscience de son hardiesse soudaine, cela ne suffit pas. Le masque tombe progressivement tandis que dans le même temps l’éclat de ses prunelles se faisait plus sombre, plus ravageur. Elle ne connaissait pas les combats à l’amiable : chez les Corbeaux l’entraînement se finissait dans l’épuisement le plus complet, dans le sang. Chez les Corbeaux, passer à l’étape suivante revenait à tuer l’apprenti face à soi. Chez les Corbeaux on tuait, tout simplement. Son séjour chez les Gardes des Ombres n’avait pas changé cela, la blonde préférant s’entraîner seule et les rares fois où elle l’avait fait avec un autre, cela s’était également fini -pour son adversaire- avec des bleus et des entailles à n’en plus finir. Si avec Evan elle n’en était sûrement pas à ce stade, cela ne changeait rien au fait que tout avait pris une tournure bien différente. Et son échec, car s’en était bien un, touche son paroxysme lors d’un dernier assaut. Un assaut qui dure, plus longtemps que les précédents, témoignant de la finalité de cette joute et si la guerrière avait éprouvé à un moment le besoin de le laisser gagner, elle ne parvint finalement pas à s’y résoudre, alors même qu’elle découvrit sous ses yeux l’opportunité que rêve tout assassin. Alors, d’instinct, ainsi poussée par ce sang chaud qui pulsait dans ses veines, l’adrénaline du combat, sa fierté et ses pulsions façonnées par des années d’entraînement, elle s’engouffre dans cette faille. Quelques contres et une pirouette plus tard, la voilà pressée contre le blond, maintenant son sabre hors de portée à l’aide d’une dague tandis que l’autre se retrouvait désormais pressée contre sa gorge. La pression était parfaite, insuffisante pour entailler la peau mais suffisamment sensible pour achever cette œuvre de mort au moindre geste suspect. Et c’est à cet instant, la respiration sifflante à cause de l’effort, que le temps se fige et qu’elle prend conscience de la situation.

Une inspiration. Elle reprend son souffle, perçoit la perfection de sa posture plus qu’elle ne le voit, ses prunelles de toute manière ancrées dans celles, plus proches que prévu, du blond. Deuxième inspiration. La dague maintenue contre la gorge se voit dégagée, dans un geste vif, les doigts de la guerrière se glissant contre le tranchant de l’acier comme pour faire encore office de rempart entre la mort que la lame apporte et la gorge de son adversaire. La seconde, qui bloquait le sabre, se voit aussitôt rangée dans son fourreau. Troisième inspiration. La voilà qui recule, un pas, puis deux et enfin trois, suffisamment pour imposer une distance qu’il ne saurait briser en un coup d’épée et si la première lame avait été rangée, la seconde demeurait au creux de sa main. Résistant péniblement à l’envie de faire tournoyer l’objet entre ses doigts afin d’évacuer les sentiments, sur lesquels elle ne voulait pas mettre de nom, qui la rongeait désormais, Drathir se contenta de reprendre la parole, sans le lâcher du regard. « Satisfait ? Nulle ironie, pas même l’ombre d’un sourire pour témoigner d’une quelconque moquerie. Elle est sérieuse malgré elle. L’espace d’un instant elle ouvrit la bouche mais la phrase, ou plutôt le mensonge, qu’elle voulut formuler mourût dans sa gorge, remplacée par une autre. J’imagine que ce n’est pas un style de combat que tu rencontres tous les jours. » Elle aurait voulu nier ce qui faisait les spécificités de son entraînement, elle aurait aimé mentir en affirmant que chez les Gardes des Ombres, on savait se défendre. Mais ce ne serait que du foutage de gueule, pur et dur. Un de ces mensonges qu’il ne saurait tolérer car trop évident. La blonde conservait toutefois le mince espoir qu’il ne puisse pas mettre de nom sur ce qu’elle était, ou qu’il se contente d’estimer qu’elle n’a été qu’une raclure des villes. Au fond, ce n’est pas sa première préoccupation. En cet instant précis, la seule chose qui comptait, c’est ce mot qui lui vrillait les tympans : échec. Ça la brûle, ça la tue. Trop impulsive pour se retenir, trop méfiante pour laisser une lame la menacer. Trop Corbeau pour renier ce qu’elle est.




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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyJeu 8 Jan 2015 - 3:53

Arrogance ou désir de justice, quoiqu’il en soit réellement, Evan avait préféré se délester de son encombrante armure – peut-être était-ce justement la raison de son choix. Les plaques d’acier étaient lourdes, entravaient certains mouvements qui se faisaient plus naturellement en son absence. Quiconque le connaissait le moindrement saurait néanmoins que c’était par condescendance qu’il avait choisi de ne garder que sa cotte de mailles et de changer d’arme, et cette sous-estimation des capacités de Drathir lui coûterait certainement quelques fragments d’ego… à moins qu’il ne gagne.

Et c’est pourquoi il ne retarda pas davantage son assaut, tentant d’adroitement faucher les genoux de son adversaire, sachant que si elle n’était pas assez rapide pour l’éviter, elle ne pourrait guère le parer avec ses dagues. Mais elle était rapide, furtive, agile ; il aurait sans doute plus de mal à la défaire si elle ne s’essoufflait pas rapidement de ces esquives habiles. Mais elle recommençait, toujours, évitant de justesse les coups pourtant précis, parfois difficilement prévisibles du templier, comme pour ne dépenser qu’un minimum d’énergie. Il rageait intérieurement ; il n’avait pas une endurance infinie, même s’il était largement plus habitué à manier une lame bien plus lourde, le choix d’une épée d’entraînement l’avantageant légèrement sur ce point. Si cela continuait ainsi, elle le prendrait par surprise et pourrait bien l’égorger qu’il ne pourrait rien faire. Mais il ne se laissa pas supplanter, gardant un pied ferme à terre, l’autre mobile afin d’enchaîner les attaques sur Drathir, espérant faire sonner le cuir de son armure du fil émoussé de son sabre.

À quelques reprises il parvient à faire glisser sa lame contre les protections de la cavalière mais sans plus ; elle-même ne parvient pas à le toucher convenablement, trop désavantagée par ses couteaux bien trop courts pour être réellement efficaces. Si seulement elle osait, elle parviendrait sans doute à lui assener un bon coup bien placé, mais elle hésitait, ne s’avançait pas particulièrement, comme gênée malgré qu’ils aient été habitués à la proximité.
Et comme si elle entendait ses pensées, ses ruminations pourtant silencieuse, la voilà qui ne reculait plus lors des assauts de plus en plus assumés d’Evan, profitant d’une ouverture pour plonger, surprenant le templier par la même occasion. Son hésitation se fit néanmoins brève et, calquant les nouvelles parades de son adversaire, il se fait plus insistant, met davantage de force dans ses coups. Soudainement, le guerrier ne se sentit plus dans un combat de gentille rivalité, à l’amiable, destiné uniquement à satisfaire la curiosité ; il se sentait agressé, comme si c’était par rancœur ou besoin que Drathir enchaînait les vifs arcs de lame desquels elle l’assaillait.

Puis il cessa de respirer, mu par un instinct de survie qui l’avait envahi abruptement. Son arme, seul moyen de défense, avait été bloqué à sa garde par une dague alors que l’autre menaçait dangereusement sa jugulaire. Il avait été battu, figurativement mis à terre. Pas par une garde des Ombres, non, il le savait maintenant ; son style était trop fluide, trop flou, pas assez méthodique, manquait de rigidité. Drathir s’éloigna lentement sous le regard d’abord ahuri, puis suspicieux du templier. Elle gardait une arme prête à parer quelque coup malhonnête qu’il aurait pu vouloir lui assener comme vengeance – mais entre eux deux, ce n’était pas lui qui était le plus malhonnête. Certaines choses qu’il avait cru des coïncidences se voyaient soudainement liées par la réalisation qu’il avait été floué, trahi même. C’était difficile à avaler, l’amertume se dispersait déjà dans ses veines, engourdissant ses doigts. Elle lui avait lancé un mot comme une question, une affirmation comme une évidence – non, il ne voyait pas souvent ce genre de combattant, et s’il avait le malheur d’en rencontrer, il espérait ne pas être seul. Il ne répondit rien, l’air sérieux, le visage de marbre, les sourcils froncés. Elle avait gagné, mais il réalisait désormais qu’il n’avait pas exactement perdu.

Il fit un pas vers la blonde, puis un second, puis la plaqua contre le mur de la Chantrie. On aurait pu croire que l’adrénaline du combat enflammait sa passion, mais c’était tout le contraire : sa main trouva le col de sa chemise, révélé par l’échancrure de son plastron, se refermant dans un poing solide. Il s’exposait à un réflexe de meurtrière, à un coup de dague bien placé qui graverait son nom dans une pierre tombale bien trop tôt ; or il se sentait bien trop lésé pour se laisser abattre par une telle menace. « On voit bien pourquoi quelqu’un qui ne ressent pas le besoin de mentir puisse être aussi intrigant pour quelqu’un comme toi. » Le mépris était évident et le venin de ses mots suintait autant que dans un cri malgré la douceur de son ton. S’il se trompait, il venait d’enfoncer le dernier clou dans le tombeau de sa relation autrement cordiale avec Drathir – or, il pensait avoir mis le doigt sur la pièce manquante du puzzle, sur la confirmation qu’il recherchait inconsciemment.

Un rictus sardonique étira les lèvres du templier désabusé. « Je dois passer pour un bel imbécile, » fit-il. « Tu pensais me mener en bateau encore longtemps ? T’espérais que j’me rende jamais compte ? » Il pestait entre des dents si serrées qu’il en avait mal à la mâchoire – mais celle-ci n’était pas aussi douloureuse que son pauvre ego. Le gris anthracite de ses yeux rappelait un ciel d’orage, l’ire fulminante du tonnerre éclatant dans son regard. « Un rapace, un vautour… un charognard. Tu vends tes lames plutôt que ton corps, mais t’es pas mieux qu’une catin, en fait. À moins que tu veuilles que je te paye avec un peu de retard, maintenant que le masque est tombé ? » Il ricana, mauvais, mais lâcha le vêtement de Drathir pour la toiser avec dédain. Le templier trahi ne mâchait pas ses mots, et il savait qu’il en avait peut-être trop dit. Or, s’il pensait ou non réellement tout ce qu’il avait pu itérer, il ne le dirait jamais.

Peut-être Evan réagissait-il trop fortement à la soudaine révélation. Rien ne justifiait une telle amertume, sinon la déception de deux soirées gâchées, passées aux côtés d’une femme qui lui avait menti d’un bout à l’autre. Le mensonge, il pouvait vivre avec – la trahison aussi, à la limite. Mais il y avait une chose qu’il ne supportait pas, qu’il abhorrait de tout son être, encore plus même que les maléficarum qui pestiféraient Thédas : les Corbeaux d’Antiva. Ils étaient une gangrène, une plaie, une infection à éliminer avant qu’elle ne nécrose le reste du voisinage. Mais aussi amer fut-il, l’ombre de l’idée de mettre fin aux jours de son interlocutrice ne lui avait pas traversé l’esprit. Sans doute n’avait-il pas les capacités de le faire, de toute façon.

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Dernière édition par Evan Clairval le Mer 21 Jan 2015 - 1:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyJeu 8 Jan 2015 - 23:03





Tu vas me juger ?

Je n'ai rien d'une blanche colombe. Pas plus que toi.
Feat Evan




Il ne commente pas, ce qui ne la surprend guère à vrai dire et déjà elle s’attend au pire. Guidée par une méfiance aussi naturelle que nécessaire, imaginant que n’importe qui pouvait se permettre d’attaquer en traître dès lors qu’il est saisit par des émotions fortes, la blonde avait conservé une dague en main alors que l’autre demeurait dans son fourreau. Sur ses gardes, parée à toute éventualité, la cavalière n’en reste pas moins immobile et soudainement muette. Une question n’attendant pas vraiment de réponse, une affirmation n’ayant guère besoin d’être commentée, voilà tout ce qu’elle avait à lui offrir et si elle s’attendait à une réplique, elle ne la craignait pas pour autant. Intimidée ni par ses coups ni par ses mots, aussi doué puisse-t-il être avec les deux, ce fut probablement pour cela que le réflexe meurtrier qui aurait dû la saisir ne vint pas, alors même qu’il brisait la distance qu’elle avait imposé, la plaquant sans ménagement contre le mur de la Chantrie. Si sa prise sur sa lame se raffermit, l’acier ne fuse pas pour autant, retenu par quelques tremblements de colère. Dans d’autres circonstances elle se serait amusée de la situation, flattée de se savoir la cible d’une passion mal contenue, qui plus est auprès de lui, le templier ayant la sale manie de la laisser faire le premier pas probablement afin de préserver les apparences et sa fierté. Sauf que cette fois ci, cela n’avait rien à voir et si elle avait déjà eu l’occasion d’exprimer son mécontentement lorsqu’il s’octroyait un trop grand contrôle sous les draps, ce n’était rien comparé au regard assassin qu’elle lui jetait en cet instant précis. L’émeraude de ses yeux scintillait d’un éclat ravageur, témoignant de son égo qui souffrait de cette emprise qu’il exerçait sur elle. D’instinct, sa main libre se referme sur le poignet de son adversaire, aussi ferme que la poigne qu’il exerçait sur le col de ses vêtements. Elle gronde, animale, alors qu’il lui crache ses premiers propos. Il n’avait pas besoin de crier pour que le mépris suintant de ses mots soit perceptible, pas besoin de la frapper alors même que l’acier de ses yeux s’en chargeait pour lui. Il la détestait sans aucun doute et elle savait d’avance que cela n’irait pas en s’arrangeant : il la mépriserait un peu plus à chaque seconde qui passe, de prime pour ce qu’elle a été et continue toujours d’être dans le fond, mais aussi pour le tourment qu’elle comptait bien lui apporter. Il devait s’en douter pourtant, que sa docilité n’était que façade, passagère. Un immobilisme qui ne trouvait de justificatif que dans ces deux soirées qu’ils avaient passé ensemble. La première, bien que nécessaire au vu du contrat qu’elle avait dû exécuter à l’époque, retenait sa lame. La seconde retenait son venin, pour un temps du moins.

Intriguant. Le voilà en train de se lancer des fleurs, engageant les prémices d’une conversation qu’elle devinait déjà basée sur la moralité supérieure des templiers -et par conséquent la sienne- ainsi que les notions de bien et de mal. Pourtant elle ne commente pas, à peine touchée par l’insulte qui résidait dans trois simples lettres. Toi. Oui, elle. Et non, il n’était pas un imbécile comme il semblait si prompt à l’affirmer. Elle y voyait là un moyen pour lui de justifier son aveuglement, d’apaiser les sentiments qui devaient l’habiter, comme une excuse à ce temps passé à la côtoyer. Et s’il n’avait fait qu’énoncer son point de vue jusque-là, sous forme d’affirmations qu’elle n’avait pas contredites, Drathir ne daigna pas se retenir plus longtemps lorsque ce fut aux questions de prendre le relais. Il n’attendait probablement pas de réponses mais elle les lui offrit tout de même, remplaçant sa colère et sa respiration sifflante par un sourire des plus narquois, autrement plus moqueur. « Tu ne m’as jamais questionné, t’as jamais voulu savoir. Mais les rares détails que je laissais transparaître sont tous véridique et tu le sais. Cite moi donc un seul instant où je t’ai menti Evan. Certaines personnes auraient pu prononcer ces paroles sur un ton suppliant, réclamant ainsi le pardon, trouvant des excuses. Ce n’était pas le cas de la blonde. Elle n’était pas là pour se justifier mais bien pour lui cracher au visage les évidences qui le dérangent lui, avec autant de facilite qu’il avait à lui siffler les vérités déplaisantes. Le sourire s’atténue, à peine, suffisamment pour que le foutage de gueule évident ne se transforme en quelque chose de plus subtil. En digne assassin qu’elle était, elle se contentait de frapper là où ça pouvait, potentiellement, faire mal. Tu pouvais peut-être pas mettre de nom sur ce que je suis, ça change rien au fait que tu me voyais. Me fais pas croire que t’as songé une seule fois que je ressemblais à l’une de tes sœurs chantristes ou à une pauvre voleuse des bas cloîtres que tu côtoies, tu te doutais qu’il y avait un truc dégueulasse derrière cette garde des ombres enrôlée de force. Mais ça te plaisait bien. » Sa main sur le poignet du blond se fait moins ferme, plus caressante, le rappelant cruellement à leurs ébats, à des instants qu’il n’assume peut-être plus. Mais c’est un fait, elle lui avait plu, aussi fugace soit le sentiment et peu importe le crédit qu’il avait pu accorder à ce semblant d’attirance. Alors même qu’il savait pour son enrôlement forcé et ce que ça pouvait impliquer, alors même qu’il l’avait vu envoyer paître ses supérieurs et ses collègues à lui, qui plus est alors même que son accent trahissait sa contrée d’origine. Peu de femmes originaires d’Antiva se voient dotées d’un tel aplomb, sans quoi elles se voyaient vite remettre à leur place. Il pouvait faire des liens depuis longtemps, sans pour autant deviner entièrement son allégeance passée, or il avait délibérément fermé les yeux, se complaisant dans l’ignorance. Il ne pouvait décemment pas la blâmer pour des décisions qu’il avait prises.

Mais si la cavalière trouve l’occasion de lui rendre ses assauts verbaux, si elle se sent invincible malgré cette poigne sur ses vêtements et le mur contre son dos, son arrogance fléchit sous les nouveaux propos du templier. Drathir retient son souffle, d’instinct, alors qu’il cite divers charognards, ces prédateurs de mauvais augure. Fort heureusement toutefois, il ne souffle pas le terme adéquat, ayant la décence et l’intelligence de frôler l’idée du bout des doigts sans jamais l’évoquer de but en blanc. On ne parlait pas des Corbeaux, c’était l’une des premières choses qu’elle avait appris à Antiva avant même d’intégrer la guilde en question. On sait qu’ils sont là et c’est déjà bien suffisant pour faire frémir la plupart et pour dissuader la totalité de poser des questions. Alors, bien qu’elle ne puisse vraiment expliquer pourquoi, ça la rassure de voir qu’il ne franchit pas lui-même la limite, alors même qu’il aurait pu le faire, Orlésien qu’il était. Ce sentiment de soulagement disparaît cependant bien vite, remplacé par une nouvelle bouffée de haine, de nouveau cet éclat de rage au fond des yeux. Si les premières insultes ne la touchent pas, celle-ci a un autre effet. Malgré ses mœurs légères, dont elle ne se cachait pas, la cavalière n’avait jamais toléré d’être insultée, encore moins de la sorte. Ses caresses à hauteur du poignet cessent bien vite, la fermeté reprend le dessus, teintée d’une violence qu’elle peine à contenir. Certes il devait à peine le sentir, probablement n’y prêterait-il attention que si elle se mettait à lui briser les os, mais l’étreinte était bien là, plus brutale, témoignant du fait qu’il l’avait touché. Elle siffle tandis qu’il ricane, s’agite quand il demeure mauvais et se redresse une fois libérée de son emprise, affrontant ce dédain dont il la gratifie. Elle fait la fière, elle fait la dure, mais sa main autour du pommeau de la dague devient un poing tremblant, témoignant de ces quelques pulsions qui l’agitent. Parce que c’est ainsi que tout se règle : dans le sang. Or, quelque chose la retient. Il ne s’agit toutefois pas d’un sentiment noble ou d’une envie d’encaisser ce qu’il tient à lui dire dans le but de se racheter d’un passé que d’aucuns jugeraient méprisable. Non. Elle tient à lui faire mal et, pour combler ce désir, elle tient à le faire avec honnêteté. Qu’il se bouffe la vérité en pleine face, qu’il s’étouffe avec. La catin lui ferait payer son audace.

Alors elle a beau ricaner par principe et pour faire bonne mesure, c’est de nouveau dans le but de faire mal qu’elle siffle en guise de réplique : « L’argent ? Vous êtes mignons à tous penser ça. Comme si une vie d’assassin au sein de la guilde la plus dangereuse de Thédas ça payait bien. Il pensait aussi qu’on te félicitait pour tes meurtres avec une somme astronomique, des récompenses à tout va, peut-être même des félicitations pour le travail bien fait, comme on féliciterait un garde pour avoir assuré la sécurité de la population. Risible. Certes elle comprenait qu’on en arrive à de telles conclusions, un assassin n’est rien d’autre qu’un mercenaire plus habile et elle n’irait pas nier qu’on la payait pour des contrats exécutés. Mais la somme est dérisoire comparé à l’exigence que réclame ces assassinats. Dérisoire comparée aux années d’entraînements, à la vie de servitude. Non, elle ne s’en plaignait pas et même aujourd’hui elle ne remercierait jamais assez l’homme qui lui a enseigné tout ce qu’elle savait. A défaut d’être loyale à la maison, elle avait été loyale à Edgar. En tous les cas, il était amusant de voir autrui imaginer que la vie de Corbeau était une vie choisie, comme si ça s’imposait à nous et qu’on passait une candidature pour s’inscrire à l’école du parfait petit assassin. Etre Corbeau ça s’impose à toi, on t’achète, on te récupère dans la rue et on t’offre cette vie là. Et tout le monde accepte, comme elle l’avait fait, parce que t’as pas d’autres options et que, de toute manière, t’as pas le choix. Et le gamin se voit modelé, façonné, devenant une machine juste bonne à tuer, les sentiments jetés aux orties. Alors l’argent, ses suppositions quant à la prostitution tant de sa lame que de son corps, il pouvait bien se les foutre où elle pense. De nouveau un sourire orne ses lèvres alors qu’elle réduit l’espace qui les séparait et qu’il lui avait pourtant rendu. Ce n’était là qu’un autre combat entre eux, la domination de l’un sur l’autre tant par les mots que les actes, avant que la situation ne s’inverse. Un énième bras de fer, plus brutal qu’auraient pu l’être leurs armes dans un affrontement véritablement amical. La vérité est bien plus simple Evan. Je tuais parce qu’on me l’ordonnait. Elle insiste sur le passé, rappelant sa condition actuelle de garde des ombres, ayant le sentiment qu’il l’avait oublié. Certes cela ne changeait rien à ses attitudes de garce et sa manie de tout résoudre en tranchant une gorge, mais abandonner son ancienne guilde lui coûtait suffisamment au quotidien, traquée qu’elle était, pour qu’elle passe outre ce détail. Elle est une garde des ombres. Aussi déprimant cela puisse être. Et elle poursuit, glaciale. Le masque ne venait pas de tomber, il venait de reprendre sa place. Combien de mages t’as saigné parce que tes supérieurs te l’ont demandé ? Combien ont fini apaisés parce que tu les as ramenés dans leur petite tour ? Dis moi. Qu’elle puisse rire, pointer du doigt leurs ressemblances plutôt que leurs différences. Dis moi. » Insiste-t-elle dans un souffle, à peine audible mais non pas moins autoritaire.



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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyMer 21 Jan 2015 - 2:34

L’estime qu’il avait pu avoir pour Drathir s’effritait, tombait en poussière, se mélangeait avec les grenailles qui s’étaient détachées de la brique friable lorsqu’il avait plaqué la femme contre le mur. Cette Chantrie, qui se voulait théâtre de joie, d’espoir et de bienfaisance, se voyait maintenant scène de tout le contraire. Déçu, dépité même, Evan n’exultait guère, et s’il avait eu moins de retenue, il aurait généreusement distribué coups et contusions. Or, s’il rageait, il se contrôlait encore – par quel miracle, il l’ignorait. Les doigts, les ongles qui s’enfonçaient dans son poignet ne le déconcentrent pas. Il fixait la blonde avec mépris, ses grands yeux une véritable fenêtre sur son irascibilité, sur la colère qu’il nourrissait et déversait, goutte par goutte, comme s’il avait peur que son emportement ne lui fasse la peau. Il regrettait déjà chaque seconde qu’il avait perdue à s’attacher à la garde, ou plutôt à ce qu’il pensait qu’elle était, qu’elle représentait.
Le sourire qu’elle lui offrait achevait de le transpercer, comme un surin qu’elle affûtait depuis leur première rencontre. Soigneusement poli, tranchant, acéré, létal. Elle prétendait n’avoir jamais menti – il fronça les sourcils, contestataire. « L’omission en elle-même est juste un mensonge de plus. » S’était-il menti à lui-même, alors, en ne s’admettant pas qu’il était persuadé que quelque chose clochait? Qu’il y avait bien une note qui faussait dans la mélopée qu’elle lui faisait entendre, mais qu’il était trop occupé à se noyer dans le céladon de ses iris? « Ça me plaisait dans l’optique ou c’était qu’un vague mystère. Pas… ça! » Il refusait de croire que la Garde des Ombres n’était composée que de repris de justice, constellée par le rarissime honorable guerrier. Se l’admettre serait perdre la foi envers ceux qui contribuaient à garder ce monde en un seul morceau.

Les mots qui passent ses lèvres évoquaient l’idée derrière ce qu’il pensait de Drathir. Un animal sauvage, indomptable, intelligent mais traître. Un animal qui se plaît, se vautre dans le malheur du pauvre monde. Elle n’était rien d’autre que ça, en fait. Néanmoins, l’idée de prononcer à voix haute ce qu’il présumait qu’elle était – et ce qu’elle semblait confirmer – ne lui avait pas frôlé l’esprit. Si les Chantristes abusaient du Nom de la prophétesse, l’usant sans discernement afin de justifier la miséricorde comme l’ire du Créateur, Evan avait le bon sens de ne pas traiter de la même façon le sobriquet des assassins d’Antiva. Les serres du rapace traversèrent sa peau, mais il n’en avait cure – il la lâcha non pas à cause de la douleur, minime, mais bien parce que la proximité le dégoûtait désormais. Son rictus arrogant trahissait à la fois la haine et la douleur qui lui envenimaient les entrailles.

Alors elle ne tuait pas pour l’argent, pour l’appât du gain – très bien. La raison ne lui importait que peu, au final. L’acte lui-même comptait, néanmoins, quelle que soit la motivation qui l’animait. Lui qui avait choisi sa voie sans la moindre œillère ne pouvait guère comprendre ce qui pouvait mener quelqu’un à choisir une vie comme celle-là. Certes, il ignorait que les Corbeaux n’avaient que bien peu le choix lorsqu’ils étaient initiés à la guilde, mais il n’aurait pas révisé son avis s’il avait eu toute l’information. Peut-être par orgueil, peut-être simplement parce qu’il n’avait point d’estime, point de respect pour quiconque faisait de la cupidité de l’un et du trépas de l’autre son gagne-pain. Forcé ou non. Drathir s’avança, moqueuse, mais il resta de marbre, figé dans son socle comme la figure d’Andrasté qui servait d’autel dans la chaleur de la Chantrie.
Elle admettait avoir tué par simple obéissance. Elle ne mentionnait ni conviction, ni piété, filiale ou autre. On lui disait de tuer alors elle tuait. Arrachait à sa cible sa vie sans la moindre hésitation. Osait même comparer son sanglant dessein à celui des templiers. Evan n’appréciait que trop peu les allusions qu’elle faisait. « Parce que maintenant, tu prends la défense des mages? Tu t’inquiètes pour leur pauvre sort? » Il fulminait. L’hypocrisie suintait d’entre les lèvres de la blonde. « T’as l’air d’oublier que le meurtre est un crime, mais l’exécution un châtiment. J’ai du sang sur les mains, c’est évident. Mais les lois, divines ou non, existent pour le bien de tous. » Son regard se durcit. « Et contrairement à toi, j’me contente pas d’obéir sans conviction. » Elle avait bien beau rire, il ne s’en formalisait pas. Qu’elle rit, si ça l’amusait. Au moins il ne suivait pas aveuglément quelque maître, quelque supérieur qui l’envoyait trancher gorges et lacérer viscères aux quatre coins de Thédas. « Essaie pas de nous comparer. On n’a rien en commun, sinon une poignée d’heures gaspillées. »

Il leva l’ancre de son regard pour le poser sur le va-et-vient que faisaient ses collègues entre le village et la Chantrie, assumant leur tâche avec vigueur. S’il n’avait pas eu trop d’objection à se faire voir en compagnie de Drathir auparavant, il craignait désormais de trahir son malaise. Un instant silencieux, il reprit. « Prends ton cheval et barre-toi. » Son ton était sans équivoque. Si elle attendait, si elle protestait, il ignorait ce qu’il ferait. Il n’imaginait pas avoir l’audace ou le courage de mettre fin à ses jours – il ne serait alors guère mieux qu’elle. Il pourrait la dénoncer, c’était certain. Or il doutait de sa capacité à la garder sous surveillance avec succès, ses talents comprenant sans doute mille et une tactiques pour se défaire de liens. « Remets jamais les pieds ici. »

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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyMer 11 Fév 2015 - 20:18





Tu vas me juger ?

Tu n'as rien sur moi, tu n'as jamais rien eu.
Tu ne possédais qu'un corps et t'encombres désormais d'une acerbe vérité.
Feat Evan




Il se mentait à lui-même, ou tout du moins avait-il la sale manie de réduire au minimum la complexité de la situation, empruntant des raccourcis et évitant de se poser trop de questions. Si le silence était un mensonge par omission, alors ils étaient tous de fieffés menteurs, et il n’aurait jamais dû tolérer ce fameux mystère qui l’avait auréolé et qui lui avait plu jusque-là. C’était facile, beaucoup trop facile, que de l’accuser, elle et seulement elle. Pourtant la réaction du templier ne la surprend guère, prévisible et redoutée depuis leur dernière rencontre, la blonde avait clairement espéré pouvoir repousser l’échéance. Probablement avait-elle pensé qu’ainsi Evan serait devenu trop dépendant de sa personne pour se soucier de son ancienne vie, devenant apte à lui pardonner ce qu’elle aurait fait passer pour des erreurs de parcours et des regrets, ce qui témoignait du fait qu'elle aurait eu quelque chose à faire de son avis. Alors qu’en vérité, il n’en était rien, bien évidemment, ou en tout cas plus maintenant car il ne semblait définitivement pas prêt à fermer les yeux sur ses actes passés, loin de penser que c’était insignifiant. Ce n’était pas rien. Pas ça comme il le formulait si bien, exprimant son dégoût à travers ce simple mot, ces deux petites lettres empreintes de mépris. Il n’aimait pas ce qu’il découvrait, ne se gênait pas pour le lui signaler, de telle façon qu’elle se faisait force pour ne pas tenter de lui planter sa dague quelque part, que ce soit pour le blesser ou même le tuer. Le meurtre étant indéniablement un bon moyen de faire taire les gens, surtout quand ils se permettaient de tenir des propos qu’elle jugeait désobligeants et énervants. Pourtant elle s’abstient, peu envieuse de lui donner raison en s’adonnant à quelques excès de violence, un éclair de lucidité lui rappelait également que de porter un coup au templier ne ferait que lui attirer des ennuis. Or elle en avait suffisamment pour ne pas s’encombrer de quelques châtiments supplémentaires, si tant est qu’il parvienne à les lui infliger, la guerrière n’étant pas du genre à offrir ce plaisir à quiconque. Alors à défaut de lui faire payer ses audaces à l’aide de ses lames, elle tente de les lui faire payer à l’aide des mots, clamant les vérités, rappelant les évidences et jouant avec les sentiments qu’elle parvenait à déceler chez lui, ou tout du moins les émotions qu’elle pensait déceler. Ce ne fut cependant que lorsqu’elle s’amusa à se comparer à l’ordre des templiers qu’elle parvint à obtenir une réaction chez son interlocuteur si bien qu’un sourire satisfait, et indéniablement mauvais, orna de nouveau ses lèvres.

Toutefois Drathir ne daigne pas répondre aux questions que le blond lui assène, si tant est qu’il attende véritablement une réponse, quant à sa sympathie pour les mages. Là encore, elle ne lui avait pas menti en faisant part de son aversion pour la magie lors de leur dernière rencontre, mais elle ne se sentait pas d’humeur à le convaincre de ce point. Rien de ce qu’elle pourrait dire désormais n’aurait d’impact ou d’influence quelconque sur le templier. Elle l’avait déjà vu porter des œillères sur la façon dont le monde pouvait tourner, que ce soit pour se préserver ou par simple naïveté, si bien qu’elle ne doutait plus du fait qu’il en ferait de même avec elle : peu importe ce qu’elle pouvait dire, la voilà définitivement classée dans une sombre catégorie de l’esprit de son interlocuteur et elle doutait de pouvoir en sortir un jour. Pour le coup elle n’avait pas spécialement envie d’en sortir non plus, bien trop fière pour s’abaisser à ramper et quérir le pardon de manière générale, il était certain qu’elle n’était pas suffisamment attachée à lui pour se permettre de faire une exception. Qu’il la haïsse donc, c’était couru d’avance et elle ne se gêne pas pour accentuer ce sentiment qu’il peut éprouver à son égard, levant pour cela les yeux au ciel dès lors qu’il évoque la distinction entre meurtre et châtiment. « Une différence bien infime et on ne peut plus hypocrite : si tu saignes une ordure, c’est justifiable, mais si moi je le fais ça devient un crime des plus honteux ?  Et ne me parle pas de lois divines alors même qu’on est pas fichus de tous être d’accord quant aux dieux qui régissent ce monde. » Des lois divines, quelle connerie. Là même où la Chantrie défend un dieu, les elfes en vénèrent d’autres et les nains n’en possèdent tout simplement pas. Et après on se permet de dicter la conduite d’autrui sous prétexte qu’une prophétesse à gueulé un peu fort. Risible d’après elle, bien que la blonde n’ait jamais été du genre à critiquer la foi d’autrui, elle n’aurait d’ailleurs jamais critiqué celle d’Evan dès lors qu’il ne s’en était pas servi contre elle, à la traiter ainsi comme une hérétique ne se pliant pas aux règles édictées tant par les hommes que par des puissances supérieures. Les lois sont créées par les hommes et appliquées par des hommes, rien de plus, de ce fait elles se retrouvent bien souvent corrompues. Les puissants profitaient de ces lois, là où les plus démunis se voyaient bien souvent abandonnés, quoi qu’on en dise. Elle ne cherchait pas pour autant à justifier ses crimes, totalement à l’aise avec sa conscience, mais juste à décrédibiliser ceux de son comparse. Qu’il se réfugie donc auprès de sa morale, de ses convictions, cela ne changeait rien au fait. Du sang restait du sang.

Quoi qu’il en soit les mots fusent, ses sourires narquois et ses rires accompagnent les discours là où le visage du templier se fige dans cette expression glaciale teintée de mépris, de colère. Elle peinait cependant à savoir contre qui il était le plus furieux, étais-ce contre elle pour ce qu’elle incarnait ou contre lui pour ne pas avoir perçu son essence plus tôt ? Cela n’avait pas d’importance, ça n’en avait plus dès lors qu’il conclut en parlant de ce temps perdu, ces heures gaspillées. Ces quelques mots suffisent à mettre fin à son petit manège de femme hautaine et mauvaise, ses traits se figeant en une expression indifférente qui laissait toutefois transparaître une partie de sa lassitude. Elle prenait conscience de la futilité de ce discours, de la stérilité de leurs mots et arguments. La cavalière ne démordait pas du fait qu’elle estimait avoir bien plus en commun avec Evan qu’il ne voulait l’admettre, sans aucun doute qu’ils étaient aussi moins semblables qu’elle ne voulait le croire, mais elle garde le silence. Un silence qu'il rompt alors même qu’elle commençait à se demander ce qu’elle allait faire maintenant. Au final il lui évite tout dilemme intérieur en s’adressant à elle de la sorte : barre toi. L’ordre, car s’en était bien un, lui arrache un frisson furieux et l’émeraude de ses yeux se mit à étinceler pour lui signaler ces élans haineux qui s’emparaient de nouveau d’elle. Si animal elle avait été, elle en aurait probablement grondé ou feulé de colère, comme lorsqu’il s’était permis de l’insulter plus tôt la guerrière ne tolérait pas de le voir prendre ses aises de la sorte. Nul homme n’était apte à lui dicter sa conduite, tout au plus pouvait-il l’influencer ou était-il suffisamment bien placé dans son estime pour qu’elle daigne lui accorder du crédit, mais la force ne donnait rien avec elle. Aussi celle qui émane des mots du templier, ce ton qu’il emploie, lui redonne l’envie de lui planter une lame dans l’abdomen, pour remonter jusqu’à la gorge et exhiber à la vue de tous ses entrailles à vif. Un coup d’œil sur le côté lui rappelle toutefois qu’il y a du monde, bien trop, et que les emmerdes iraient de pair avec le moindre acte violent. Alors de nouveau elle s’abstient de faire quoi que ce soit, ce qui ne l’empêche guère de siffler contre son interlocuteur, glaciale dans son attitude et haineuse dans ses propos. « Ne va pas croire qu’une baise, ou deux, soit suffisante pour t’octroyer une quelconque emprise sur moi. Si l’autorité de mes supérieurs ne vaut rien, la tienne ne signifie pas plus. » Ses ordres sonnaient creux et s’ils pouvaient claquer tel un fouet aux yeux d’un citoyen lambda, elle ne souffrirait pas de courber l’échine pour si peu. Bien au contraire. Déjà agacée d’avoir perdu son temps en venant ici, il était hors de question de repartir aussitôt, encore moins si cela revenait à apporter satisfaction à l’homme qui lui faisait face.

La poitrine de la garde des ombres se soulevait au rythme d’une respiration excitée, emballée par les sentiments houleux qui l’agitaient. Les mots fusent de nouveau. « Je suis Garde des Ombres, s’il me prenait l’envie de demeurer ici pour des semaines encore, je n’aurais sûrement pas besoin de ton approbation. Mais je t’en prie, va donc signaler à ton ordre le danger que j’incarne, ils te rappelleront sûrement que mes crimes passés n’ont plus lieu d’être jugés depuis mon intégration au sein de la Garde, sans parler de ton absence totale de preuves à ce sujet. Et depuis je ne tue que des engeances, un véritable exemple de vertu. La colère laisse finalement place à l’ombre d’un sourire, moqueur. Vertueuse au point de t’avoir épargné il y a quelques secondes, peut-être même t’ai-je sauvé la vie en intervenant contre ces brigands tout à l’heure. Qui sait ? Sa vie, ou celle de ses pairs. Ou peut-être leur avait-elle juste épargné quelques blessures, en tous les cas son intervention leur avait été clairement bénéfique et ça il ne pouvait pas le nier. C’est pour cela que le sourire s’accentue, témoignant de ce nouveau plaisir malsain qu’elle prenait à tenter de jouer avec les sentiments de son interlocuteur. Tu m’en dois une comme on dit. Ça doit te donner envie de vomir, non ? » N’importe quel homme d’honneur contracterait ce genre de dette implicite dès lors qu’on lui sauve la vie, envieux de rendre la pareille pour équilibrer la balance. Drathir estimait que c’est ce qu’Evan aurait fait, sans en être sûre et dans d’autres circonstances, mais que dans ce cas précis il trouverait milles et une façons de se détourner de ce contrat. Il se trouverait des excuses, se voilerait la face, l’accuserait peut-être de manipulation ou estimerait qu’elle avait trouvé un intérêt quelconque à agir de la sorte. Après tout elle n’était que la garce qui lui avait fait perdre son temps, non plus la femme qui avait le mérite de l’occuper et de lui plaire dans une certaine mesure. Elle-même se voyait contrainte de réviser son opinion concernant son interlocuteur, pas véritablement surprise quant à ses attitudes mais elle ne saurait fermer les yeux sur les insultes qu’il avait pu proférer à son égard et nul doute que, désormais, elle n’y réfléchirait pas à deux fois s’il prenait l’envie au templier de révéler son ancienne allégeance au monde entier : elle le tuerait. Et si jamais il n’en avait pas conscience, la blonde se promit intérieurement de le lui faire comprendre, après cette brève pause qu’elle daignait lui accorder, encore encline à lui laisser un temps de parole. Ou d’action, peut-être. Tolérerait-il sa vue encore longtemps ?



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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyLun 23 Fév 2015 - 6:17

Si, pour Drathir, la différence entre le meurtre commandité et l’exécution d’un criminel en cavale était mince, indiscernable, le templier ne pouvait guère agréer. Endoctriné, peut-être – et on ne pouvait que peu lui en vouloir, lorsqu’on savait qu’il était autrement bien plus libéral – il considérait la voix de la Chantrie comme la seule vérité, puisque c’était ce qu’on ne cessait de lui répéter depuis le début de l’adolescence. Le jouvenceau qu’il était, élevé dans le respect de la religion, y trouvait là une certaine familiarité, un réconfort qui lui rappelait son pieux foyer et les conseils teintés de foi de ses parents. Certes, c’était plutôt la voie de l’épée qu’il avait choisie, mais son statut de guerrier saint ne lui permettait guère de s’adonner au cynisme – or, dans son for intérieur, il ne discréditait pas entièrement les opinions de l’assassin qui se tenait devant lui. Mais comment l’admettre sans paraître trahir sa foi? Les nuances étaient malvenues et émettre la moindre sympathie envers la cause de la blonde le ferait passer pour un traître à sa cause – ou du moins, pour une sale girouette.

Or, aucune de ces options n’était admissible. Il fronça les sourcils, piqué par le manque de piété de son interlocutrice. « J’ai envie de dire “oui” », fit-il d’un ton scindant, « mais j’ai fort l’impression que ça ne changera rien à la situation. » Non, même que ça risquait de l’envenimer davantage. Après tout, s’il avait le droit d’occire quelque apostat en fuite ou d’appréhender les bandits qui menaçaient le village dont il se voulait le défenseur, c’était bien parce que l’autorité des templiers était édifiée autant par les lois divines que séculières; les Corbeaux ne détenaient guère ce droit ni ce privilège, sauf peut-être dans leur sombre hameau où ils régnaient en maîtres. La légitimité d’un tel acte, de la décision de mettre fin à une vie humaine reposait sur la reconnaissance collective, le cautionnement commun et la connaissance des lois – celles-là mêmes que la guilde d’assassins s’évertuait de piétiner. Dans un élan de colère, chacun de ses mots empreint d’un mépris qu’il ne se connaissait guère, il lui dit – non, lui ordonna – de quitter immédiatement les lieux. Que pouvait-il faire de plus? La balancer à ses collègues? Non, son entrée dans la garde l’expiait de ses péchés passés, que cela lui plaise ou non. Et à vrai dire, ce n’étaient que trop peu les meurtres qui l’agaçaient, mais davantage la façon dont il était venu à apprendre qu’ils avaient eu lieu. Ou l’était-ce? Il n’arrivait pas à mettre le doigt sur ce qui le faisait autant rager. Sans doute était-ce en partie de finalement savoir qu’il avait mis trop de confiance en Drathir avant d’être lamentablement poignardé dans le dos comme une catin trop cupide.

Malgré le sérieux de la situation, il ne put réprimer un rictus méprisant alors qu’il essuyait le refus d’obtempérer de la meurtrière. « Ce ne sont pas les baises qui font que je me permette, » lui explique-t-il avec condescendance, « mais si tu refuses de quitter Val Foret, je ne me gênerai alors pas pour m’excuser de ta compagnie sans plus attendre. » Il n’était pas complètement sot; il savait bien que son statut de Garde l’empêchait d’avoir une véritable autorité sur elle. Certes, les templiers y faisaient office de justice, mais Val Foret n’était pas menacée par la présence de Drathir – il était le seul incommodé, et de ce fait, il ne pouvait guère l’obliger à se plier à sa demande. Mais il pouvait très bien lui tourner le dos et simplement la rayer de son esprit, oublier qu’il avait même déjà considéré qu’il l’appréciait – plus peut-être qu’à cause d’une poignée d’heures passées dans l’intimité la plus totale. Il ricana alors que Drathir osait prononcer le mot « vertu ». De toute évidence, elle s’y croyait, ou alors elle savait choisir les bons mots pour éveiller de plus en plus le sarcasme et le cynisme de son interlocuteur. Elle prétendait l’avoir, peut-être, sauvé d’une mort abrupte. « Je préfère ne pas baser mes dettes d’honneur sur des suppositions. Épargne-moi tes manipulations et disparais avant que mes actes ne deviennent plus drastiques qu’une simple mise en garde. » Peut-être n’aurait-il pas dû ainsi proférer quelque menace à l’égard de celle qu’il savait désormais être une meurtrière entraînée, létale et qui, visiblement, n’hésiterait pas à passer de la parole aux actes. Or, il ne la laisserait pas jouer ainsi avec ses croyances – et ses sentiments, dans une certaine mesure – en toute impunité. S’il devait se montrer arrogant, vil même, alors soit; mais elle n’aurait pas raison.

Sans plus s’attarder à son interlocutrice, il ramassa les effets qu’il avait laissés au sol au moment d’entamer le duel – tendit la main vers son épée, préférant l’avoir en main que de la voir choir sur le sol si l’assassin tentait la moindre avancée vers sa cible potentielle. Une cotte de mailles ne valait pas grand-chose contre les fines lames d’un Corbeau, qui trouveraient facilement où frapper. Il ne tenait guère à se faire crever un poumon, ou pire. Or elle restait là, immobile, alors qu’il rattachait sa ceinture autour de sa taille. Attendait-elle qu’il regrette ses paroles? Qu’il lui dise qu’en fait, ça ne l’embêtait pas outre mesure? Il n’avait rien à lui prouver et ne lui devait rien, sinon quelques bons moments qu’il oublierait bien assez tôt dans les bras d’une autre. Peut-être qu’il demanderait à être muté, histoire de ne plus tomber sur elle, par hasard ou volontairement, si elle venait à regretter de lui avoir laissé la vie sauve. Il soupira, sentant le regard encore trop insistant de Drathir sur lui. « Quoi? T’attends que je dise un truc? » Son ton s’était adouci, comme s’il avait finalement digéré la nouvelle. Oh, il n’était guère plus courtois, mais il y avait une certaine résignation dans sa voix, une forme de lassitude presque agressante. « J’ai rien à te dire. Ton cheval t’attend, je pense. » Il craignait en fait que ce fût elle qui ait quelque chose à dire; or, il ne voulait rien entendre, ou du moins c’était ce qu’il osait se faire croire. Ce dont il tentait de se convaincre. Il ne craignait pas que les paroles de Drathir puissent faire tanguer sa détermination; la trahison était encore trop fraîche, trop tangible pour qu’il puisse considérer même tenter de la mettre de côté. Si certains pardonnent, mais n’oublient pas, Evan et sa rancune tiendraient sans doute rigueur à l’odieux mensonge de la blonde jusqu’à ce qu’il trépasse. Or, il avait l’impression de trouver mille et une raisons d’attiser sa colère – le fait que ce qu’il appelait une trahison le touche autant, l’insulte à ce point, n’était-il pas justement preuve de son affection pour la femme qui se tenait encore obstinément devant lui?

Non, il ne se laisserait pas avoir par ce côté de lui qui, bien que peu romantique, nourrissait encore les envies d’adolescent qu’il avait pu entretenir à sa sortie de la Flèche. Il était templier; il mourrait seul et oublié, en proie à un délire incontrôlable induit par le lyrium, et plus il tentait de se convaincre du contraire, plus il faiblissait.  

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MessageSujet: Re: « Tu vas me juger ? [Pv Evan] « Tu vas me juger ? [Pv Evan] EmptyLun 23 Fév 2015 - 16:35

 

Evan ∞ Drathir

Every time we lie awake, after every hit we take. Every feeling that I get, but I haven't missed you yet. Every roommate kept awake, by every sigh and scream we make. All the feelings that I get, but I still don't miss you yet. Only when I stop to think about it
Si le ton demeure et si les rictus méprisants s’enchaînent,  les insultes s’amenuisent toutefois ce qui a le mérite de ne plus l’énerver outre mesure. Elle ne tolérait pas de l’entendre la rabaisser impunément, aussi furieux puisse-t-il être. Or, sa colère, elle la comprenait, totalement. Mais la blonde ne pouvait s’empêcher de se demander qu’elles auraient été les limites de son comparse dans d’autres circonstances, qu’aurait-il été capable de tolérer et de surmonter ? Mensonges, corruption, vol, meurtres dans une moindre mesure ? Elle l’ignorait et la réponse l’aurait pourtant intéressé mais cela ne changerait finalement pas grand-chose, elle n’était pas une vermine de bas étage, elle faisait partie de l’organisation la plus garce de l’histoire -ou plutôt elle en avait fait partie- et ça c’était indéniable. Drathir ne regrettait pas, ne s’en cachait que par soucis pratique afin d’éviter que trop de personnes veuillent sa peau : avoir les corbeaux aux fesses était une menace amplement suffisante pour la dissuader d’en rajouter. Et à ce sujet, sa seule véritable crainte vis-à-vis d’Evan était que celui-ci ne parle de son ancienne allégeance, si elle l’avait provoqué et incité à en parler à ses supérieurs ce n’était que pour mettre en avant l’inutilité absolue d’un tel acte. Au fond elle ne voulait pas qu’il en parle, déjà qu’elle aurait préféré qu’il passe outre, ce n’était pas pour désirer l’entendre le crier sur tous les toits. C’était dangereux, pour elle comme pour lui si bien qu’elle ne le laisserait pas faire et en venait encore à se demander comment elle pouvait le lui faire comprendre sans se lancer dans des menaces qui, au vu de son arrogance et sa haine, ne feraient que le braquer un peu plus. La cavalière en vint également à se demander pourquoi elle prenait autant de pincettes, ravalant un grognement agacé par cette simple pensée mais ses interrogations se voyaient déjà balayées par les nouveaux propos de son interlocuteur, ce dernier se permettant de signaler dans un nouveau rictus que s’il ne pouvait la contraindre à partir, elle ne pourrait clairement pas le retenir en retour. Il lui tournerait le dos, tout simplement. Encore que, elle ne le voyait pas la quitter littéralement des yeux ne serait-ce qu’une seconde maintenant alors même qu’un éclair de lucidité serait suffisant pour lui faire comprendre que si elle n’avait pas daigné lui trancher la gorge jusque là, il y avait peu de raisons qu’elle y remédie. La blonde pouvait toutefois comprendre la méfiance en ces circonstances et ne l’en blâmerait donc pas, surtout au vu de son impulsivité.

Bien qu’elle se crispe brièvement, la guerrière ne le juge pas non plus pour ce ricanement qui lui échappe pour la simple raison qu’elle l’avait cherché. N’essayait-elle pas de le faire sortir de ses gonds depuis le début ? De le mettre à mal comme pour lui faire payer ces décisions qu’il prenait quant à leur relation. Elle n’avait aucun contrôle sur la situation, aucune autorité et les rares options qui s’offraient à elle pour apaiser la situation ne lui plaisaient pas : s’excuser ou prétendre regretter toute une vie de meurtres alors même qu’il s’agissait non seulement de la seule chose qu’elle ait connue mais aussi la seule chose pour laquelle elle était douée, ce n’était définitivement pas pour elle. Alors elle subissait, tiquant et grondant quand la situation lui déplaisait particulièrement et profitant de la moindre seconde pour tenter de le faire subir, lui aussi. Comme si la révélation quant à son passé n’était pas suffisante pour le remuer tiens… Drathir hésite, se demandant à quel point le doute pouvait s’immiscer dans l’esprit de son comparse, à quel point il pouvait hésiter sur ses sentiments ou l’attitude à adopter envers elle. Elle ne parvenait pas à savoir s’il se mentait à lui-même ou si sa nature de templier prenait tout simplement le dessus si bien qu’il n’y avait aucune chance qu’il puisse réviser son jugement. Elle ne sait pas, pourtant les mensonges sont là, de nouveau quand il prend la parole en évoquant ses dettes d’honneur avant de lui intimer de cesser ses manipulations, sans quoi il pourrait se montrer plus virulent. Si ce dernier point la fait de nouveau tiquer bien qu’elle n’accorde guère de valeur à la menace, elle préfère ne pas soulever pour se concentrer sur le début de ses propos, vrillant son regard dans le sien et répliquant sur un ton plus indifférent, à moins qu’il ne témoigne de sa lassitude vis-à-vis de la manie qu’avait Evan de se voiler la face. « Ce n’est pas une histoire de suppositions… » Et malgré le ton toujours peu amical, la remarque avait été soufflée, un murmure sonnant comme une évidence, tout du moins en étais-ce une pour elle. Le fait qu’elle ne lui avait peut-être pas sauvé la vie n’était pas le plus important ici, la blonde était persuadée que s’il lui avait encore porté un semblant d’affection il n’aurait pas hésité à se sentir concerné et à vouloir lui rendre la pareille, peut-être moins guidé par le sens de l’honneur que par l’envie de la préserver, qu’importe. A ses yeux il se serait impliqué, la supposition se serait transformée en une vérité : oui elle l’avait sauvé, et il aurait agi en conséquence. Mais au vu de la haine qu’il semblait lui vouer désormais, ce n’était plus d’actualité, pourquoi diable s’estimerait-il redevable alors qu’il était plus aisé de vanter le fait qu’ils n’avaient aucune certitudes. La réaction du blond était donc compréhensible mais elle avait tenue à la mettre en avant, en guise de défense, de réplique. Avoir le dernier mot semblait être la seule petite victoire qu’elle puisse s’octroyer, aussi y tenait-elle.

Et il n’insiste pas, s’éloignant d’elle pour récupérer ses effets. Elle le tenait son dernier mot, lui donnant l’insipide sensation d’être celle qui venait de mettre fin à la relation alors même qu’il n’en était rien, sans parler du fait que cela ne lui procurait aussi satisfaction véritable. Drathir se mit à regretter, l’espace de quelques secondes, sa vie chez les Corbeaux. Une époque bien cruelle, une époque d’indifférence absolue où les sentiments n’étaient jamais de mise ce qui évitait de nombreuses complications. Mais n’étant plus contrainte de tuer, elle s’était permise de nouer des relations, ces dernières étaient nécessaires au sein de la Garde car ils incarnaient, dans le fond, le seul rempart qui pouvait la préserver de son ancienne guilde. Or le cas d’Evan était différent. Parce qu’il n’était rien, parce que son pragmatisme naturel n’avait aucune raison de la pousser vers lui et pourtant elle l’avait côtoyé, par simple plaisir, par simple envie. Et voilà où ça mène, la blonde prenant tout juste conscience des divers sentiments qui avaient retenu sa lame durant leur entrevue, des sentiments qui sonnaient comme des chaînes. Elle ne valait pas mieux qu’un clebs qu’on aurait muselé et cette vision d’elle-même lui donnait envie de vomir. Si pour la majorité préserver la vie d’autrui coulait de source, s’il leur fallait au contraire trouver du courage pour attenter à une vie, c’était totalement l’inverse pour elle. Tuer était une habitude, un mécanisme de défense, une solution à tout. Epargner sonnait comme une faiblesse aussi déroutante qu’insultante mais malgré tout elle ne se voyait pas y remédier dans l’immédiat, elle ne se voyait pas briser la distance qui les séparait pour planter sa lame dans la chair, pour lui arracher son dernier souffle. Et ça la dégoûte de constater que quelque chose en elle lui intimait que la vie du templier valait plus que sa fierté. Fort heureusement toutefois la cavalière quitte sa rêverie dès lors que son interlocuteur soupire en sa direction, lui faisant prendre conscience qu’elle était demeurée immobile trop longtemps, comme dans l’attente de quelque chose. De l’attente oui, une attente qu’elle sait inutile : il ne pouvait rien réclamer d’elle et elle ne pouvait rien attendre de lui. Or comme il le lui signalait, il n’avait plus rien à lui dire. Et elle non plus, parce qu’elle ne s’excuserait pas d’être ce qu’elle était, d’avoir aimé cette vie pour ce qu’elle lui avait apporté. Les corbeaux l’ont sauvé avant de la rendre forte, indépendante. Avant de lui apprendre que rien n’avait d’importance dans ce monde. Et même si à chaque instant elle risquait de mourir prématurément, elle ne regrettait rien. C’était une vie meilleure que d’autres, tout du moins l’estimait-elle.

Alors non, il n’y avait plus rien à dire ni même à faire et ce fut pour cela qu’elle haussa les épaules en guise de conclusion, se permettant d’être franche une dernière fois, faisant part de ce constat qui lui brûlait les lèvres. « C’est juste dommage. Pour un tas de raisons mais là encore il n’y avait plus matière à en débattre, son avis -pour ne pas dire son aveu- n’aurait probablement aucun impact non plus et si elle était curieuse de savoir s’il pensait comme elle en cet instant précis, elle n’était pas assez folle ou naïve pour se permettre de poser la question. La garde se contenta ainsi de ranger la dague qu’elle avait conservé entre ses doigts tout ce temps, jetant un coup d’œil à ses phalanges blanchies à cause de ce poing qu’elle avait serré si férocement. Sur le moment, la blonde était juste lasse, fatiguée par cet échange houleux. Elle savait cependant qu’elle ruminerait cet instant un long moment encore, jusqu’à ce qu’elle ne soit trop occupée à chasser l’engeance dans les tréfonds en tout cas. A partir de là, quand sa vie serait de nouveau en jeu, elle savait qu’elle saurait faire la part des choses et mettre de côté leur altercation, probablement de manière définitive. Il était trop pieu pour se permettre de la côtoyer, perd au milieu de ses principes si bien qu’il la chassait aujourd’hui, or de son côté elle était encore trop corbeau pour songer à se battre pour une relation quelconque, surtout quand la relation en question ne reposait que sur quelques instants, une poignée d’heures comme il le disait si bien. Il la renvoyait. Elle l’oublierait. Reculant de deux pas sans le quitter des yeux, elle finit par préciser de nouveau sur un ton indifférent, comme elle pourrait le faire avec n’importe quel inconnu, n’importe quel templier croisé qui ne signifiait rien pour elle : Moins les gens savent pour mon passé et mieux je me porte. Si tu tiens ta langue à ce sujet je m’assurerais de ne plus me retrouver sur ton chemin. » Dans le cas contraire elle reviendrait et rien ne saurait retenir sa lame cette fois. Elle ne le précise pas, mais le sous-entendu était là : libre à lui d’agir à sa guise désormais, il avait les cartes en main. Il les a toujours eus dans le fond. Ce fut ainsi sur un dernier coup d’œil que la guerrière se détourna de lui, prenant la direction de l’auberge des environs dans le but d’y avaler un repas le plus rapidement possible avant de remonter en selle pour décamper. Car quoi qu’elle ait pu penser un peu plus tôt, elle n’avait finalement plus la moindre envie de demeurer ici, l’atmosphère lui paraissant soudainement nocive au possible.
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