Voila l’heure ! Il nous faut partir sur un souffle, une vie
S’échappe et la geôle écarte ses barreaux.
Soucieux, le forçat rejette aux tombereaux,
La cohorte des nuits quand le jour, le convie.

L’un dit : « Je suis heureux ! », l’autre : « je n’ai envie ! »
Et telle  une buée innerve les carreaux,
L’âme prend son envol comme les passereaux,
S’élève vers la quête, ô longtemps, poursuivie.

Si l’ombre a déposé sur sa bouche, un secret.
C’est une confidence, un long baiser discret :
« Envole-toi ! La mort est une autre naissance ! »

La lumière a laissé dans le profond sommeil
De l’esprit libéré, briller quelque soleil.
Au cœur, à la mémoire, une invisible essence.

Voila ce qu’écrivit bien des années plus tard Elden Dunwil sur le jour de sa naissance. Son jumeau était mort en couche lors de l’accouchement, le laissant seul rescapé de cette nuit du mois de Firstfall. Entre la peine et la joie ses parents ne surent quel sentiment écouter. Bien des rumeurs coururent après sur cette accouchement, une apostat de passage alla même jusqu'à sous entendre qu’il aurait pu lui-même tuer son frère dans le ventre de sa mère. Fils d’une famille de fermier de l’empire Tévintide, Elden resta fils unique. Protégé et aimé par ses parents, une retenu subsista néanmoins toujours entre eux et lui, car à chaque fois que ses parents posaient les yeux sur lui ils ne pouvaient s’empêcher d’y voir également la mort. Enfant, Elden était joyeux et d’un naturel rêveur, curieux de nature il lui arrivait bien souvent à se perdre en regardant les nuages, allongé dans l'herbe.

La situation familiale qui lui était facile à vivre avec la naïveté d’un enfant, fut bien plus dur à accepté quand il passa le cape de l’adolescence.  Il lui sembla alors avoir toujours été de trop…
Ces rêveries qui jadis n’étaient que pur imagination vagabonde d’un enfant devinrent une évasion. Enfant d'une famille pieuse, Elden apprit à écrire grâce à la Chanterie dés lors il fut animé par un plaisir salvateur à l’écriture de poèmes. Il trouvait la sérénité dans les sonorités et le rythme de ses textes qui imageaient ses pensées et sentiments.

Jour après jour la situation pesait sur l’esprit du jeune homme comme un couvercle, bas et lourd. C’est à l’âge de quinze ans qu’il partit de chez lui sans demander l’avis de ses parents. Sans réelle compétence mais doté d’une agilité naturelle, il se mit alors à voler pour survivre. Errant de villes en villages, aussi libre que le vent, il ne restait que quelque jours à chaque halte pour ne pas attirer l’attention sur lui. Quand il arriva à Denerim il n’avait nulle autre route à pousser plus loin. Son besoin de mettre une distance physique avec son ancienne vie lui était devenu vital. Et c’est ainsi qu’il s’enrôla comme mousse sur un navire pirate.

Écument les mers il se sentait enfin libre. Il y apprit à se battre, mais aussi à se forger l’esprit à la vie qui l’attendait. Abordage, pillage, rapine, Elden perdit peu à peu la naïveté qui le caractérisait jadis. A l'age de vingt six ans, il devint e second du capitaine Edmund Condent sur le Flying dragon. Mais après neuf années de liberté criminelle sur les mers, il perdit son statut lors d’une rencontre malchanceuse avec un navire de l’empire d’Orlais. Fait prisonnier il croupit en geôle pendant plus d’un an avant qu’une rencontre ne change sa vie.  Un garde des ombres venu pour d’obscures raisons lui fit une proposition qu’il ne put refuser. Lui ainsi qu’un autre prisonniers furent choisi pour prêter sermon. Conduit dans des ruines d’un autres temps il eut à affronter pour la première fois les forces de l’engeances. Du sang corrompu fut prélevé et la cérémonie de l’union eut alors lieu. Cette nuit il eut l’impression de mourir et de renaître mais qu’il retrouva ses sens, son frère d’union avait trouvé la mort lors de l’Union. Pour Elden l’histoire semblait ironiquement se reproduire sous ses yeux.

Je suis là au bord de la Falaise
Un navire passe dans cette brise du matin et part sur l’océan.
Il n’est que beauté, il est la vie.

Je l’observe jusqu’à ce qu’il disparaisse à l’horizon.
A mes cotés j’entends :
« Il est parti ! »
Parti ? Vers où ?
Parti de mon regard. C’est tout…

Son mât toujours aussi haut,
Sa coque a toujours la force de porter cette charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
Pas en lui.

Et juste au moment où quelqu’un près de moi dit : « il est parti ! »
Il en est d’autres qui, le voyant poindre à l’horizon et venir vers eux,
S’exclament avec joie :
« Le voilà ! »…

C’est ça la mort.

Écrivit il alors dans son recueil de poème qui ne l’avait jamais quitté des années durant. Ce carnet était pour lui le gardien de son âme et de sa raison. Il venait de rejoindre la garde des ombres et une nouvelle page se tournait pour lui. Nouvelle recrue de la garde des ombres  Elden ne savait à quoi s'en tenir. Ce qu'il avait vu de premier abord comme une porte de sortie au sens propre et figuré était aussi une nouvelle vie qui s'offrait à lui. Ayant rallié la forteresse de de Churneau après l'Union, il y attendait sa première mission en passant le temps à lire tout ce qu'il pouvait trouver.

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