Les chevaux avançaient doucement, mais surement. La journée s'annonçait chaude et cela plaisait au chevalier. De toutes les saisons il appréciait sans doute le plus l'été. Un climat propice aux vergers de Verchiel. Les arbres fleurissants et faisant apparaître leurs fruits. Les hommes s'affaissaient à les cueillir, la plupart du temps l'on divisait en trois la récolte, un tiers était pour la tour du cercle que Verchiel alimentait pour obtenir une subvention de la couronne impériale et les deux autres tiers étaient inégalement partagés entre le commerce et le Baron. Il y avait pas longtemps Uther avait cédé la majorité des récoltes pour la ville afin que les habitants puissent profiter de ces fruits, labeur de leur travail.

Mais pour l'instant la vue ne semblait point offrir l'horizon d'arbre fruitier fleuris. Les champs s'étendaient à perte de vue sur ces routes. Les petits villages de paysans étaient nombreux en Orlais, souvent agréable pour n'y rester qu'une seule nuit. Le Baron se souvint qu'il y en avait trois dans la Baronnie. Chacun d'eux représentaient un point de repos en cas de départ de troupe, positionné assez prêt pour obtenir si besoin l'aide de Verchiel et de ses soldats, mais assez loin pour être des points stratégiques de repos aux troupes.

La journée semblait bien commencer, la petite troupe composée de cinq soldats montés et du Baron avançait comme il fallait. Les longues chevauchés rendaient le voyage inconfortable, cependant chacun de ses hommes pouvaient passer facilement un long moment à cheval sans montrer les effets de la douleur, cela dit, cela ne voulait pas dire non plus qu'ils ne les ressentaient pas. Enfin, ils étaient suffisamment armés pour dissuader quiconque désirait les attaquer. Et tant mieux, le chevalier n'avait pas prévus de se battre aujourd'hui.

Cependant, le destin est parfois ironique. Alors qu'ils avançaient lentement, le groupe se rapprocha d'un bosquet prêt d'une rivière, au loin Uther vit des formes attacher des chevaux. Sans doute un autre groupe de voyageur, il pourrait les saluer et continuer sa route sans inquiétudes. Mais ce fut autre chose qui accompagna le regard de l'homme. Il vit un autre groupe, une quinzaine de malfrats courir vers ces trois pauvres soldats attachants les bêtes et deux des bandits allant vers une autre direction, peut-être y avait-il des civiles ? Des femmes ? Des enfants ? Une garde d'un noble ?

- Ethan ! Fonce protéger les gardes avec les hommes, je m'occupe des deux autres !

Ce fut les seules paroles qu'il prononça à son capitaine avant de faire charger son destrier. Il était lui aussi épuisé, il ne pourrait donc pas l'utiliser dans la bataille et devrait descendre de manière rapide et efficace pour garder l'effet de surprise. Il s'approcha des deux hommes au galop, puis une dizaine de mètres avant d'être sur eux, stop son destrier, descend et cours jusqu'aux bandits dégainant son arme à une main, laissant son bouclier sur son cheval.

L'un des deux bandits avait entendu le chevalier arriver, les bruits de sabots ça ne s'oublie pas. Cependant, un seul s'était retourné et tant mieux, cela serait la seule erreur profitable qu'aurait sans doute Uther, le malfrat envoie un coup d'estoc avec son épée de mauvaise facture, l'attaque est dévié et le chevalier reste concentré sur l'autre qui est encore sur la jeune femme recouverte des pieds à la tête, mais il n'aura guère l'occasion de s'approcher plus. L'épée en argentite transperce le brigand et se retire aussi vite pour faire face au second homme.

Le deuxième bandit enragé de la perte de son ami, fonce en hurlant, il n'est certainement pas content que l'autre soit mort, mais il n'a pas l'intention de se rendre non plus. Le coup est esquivé, Uther profite pour faire passer le tranchant de sa lame dans le dos de l'homme, se mariant avec le geste du brigand.

Le Baron se stop et regarde ses hommes se battre avec le reste de la troupe ennemi. Une intervention sera nécessaire, mais avant il regarde la femme.

- Tout va bien Dame ?

Uther fixa la femme visiblement encore sous le choc, il observe le hochement de tête et lui rend pour signaler qu'il avait bien vu la réponse de la femme . A cet instant le chevalier court vers ses hommes et les gardes de l'inconnue masquée. L'un d'entre eux est blessé à la jambe, le Baron s'en va donc vers lui en premier pour le soulager de ses adversaires, la hardiesse dans chacun de leurs mouvements se fait sentir, ils sont sans aucun doute dévoués envers cette femme qu'ils escortent pour une raison qui leur est propre. Dans tous les cas, le chevalier fauche avec le plat de sa lame les jambes du bandits face au garde blessé, le geste est continué et la lame vient se planter dans le corps du brigand. Un de moins, voilà qui s'annonçait bien. Les malfrats se voulaient violents et dangereux, mais face aux cinq hommes entraînés de Verchiel du chevalier et des trois gardes, la quinzaine d'homme qu'ils étaient se réduisait à vue d'œil.

Uther effectuait ses mouvements comme une danse apprise par cœur, chaque mouvement, chaque respiration, le moindre geste semblait suivre une suite logique qu'il aurait effectué lors d'entraînements. Cette danse le baron en connaissait chaque pas, dans sa tête les coups pouvant fuser étaient entrains de se dérouler, les solutions qui s'offraient à lui à chaque pas, les dangers d'un geste et les chances de réussites. L'entrainement des chevalier d'Orlais était l'un des meilleurs du monde, d'après les sergent et autres nobles de l'empire. Bien sûr chaque nation contestait et prononçait que leurs soldats étaient les meilleurs et de loin, mais un chevalier orlésien perdait rarement un combat.

Lorsque le dernier bandit fut au sol gisant dans son sang, Uther s'autorisa une pause, reprendre son souffle, il fit bouger ses muscles comme on lui avait appris pour s'assurer qu'il n'y avait aucune blessures hormis les quelques coups malencontreux de poings qu'il avait pu recevoir. Après avoir regardé attentivement chaque homme présent il commença à avancer vers la femme recouverte des pieds à la tête.

- Dame, je suis Uther de Verchiel. C'est une chance que nous soyons passé par là mes hommes et moi. Qui ais-je eu l'honneur d'aider ?

Pendant qu'il parlait il avait effectué une petite révérence de la tête en signe de respect et avait essuyé sa lame dans l'herbe pour enlever le plus de sang possible avant de la remettre dans son fourreau. Son cheval n'était pas loin, en fait il ne s'était éloigné des combats que de quelques mètres par rapport à là où il avait sauté au sol pour sauver cette énigmatique femme.

Il était à la fois fatigué du voyage qu'il avait lui-même fait, mais aussi du combat, bien que la fatigue soit une chose que les chevaliers apprennent à maîtriser pour ne pas se laisser occire en cas de peu d'heures de sommeil. Un bon chevalier est celui qui reste en vie dans l'honneur.

Uther regarda la jeune femme, elle n'était certes pas noble, mais elle reste une Dame noble ou pas. Il s'approche laissant un espace d'un mètre entre elle et lui, non par méfiance, mais par respect. Le Marquis de Pasiphae, voilà donc celui dont elle sert. Un nom qui ne lui était pas totalement inconnu, ayant appris un jour le rôle et les nobles les plus influents de l'empire et du monde. Cependant, le chevalier regardait avec curiosité les gardes. Aucun pavillon, aucun blason apparent ?

Voilà qu'elle annonce son nom. Uther ne le connaissait pas, ou du moins cela ne lui disait rien du tout. Cependant, il reste attentif à ses moindres gestes la jaugeant. Son acte aurait pu paraître comme s'il se méfiait d'elle, mais c'était simplement un réflexe obtenu au cours des années précédentes auprès d'autres nobles. Elle s'affirme une simple servante, pourtant quelque chose fait penser au Baron qu'il s'agit plus qu'une simple servante, les tissus qu'elle arbore sont de bonne qualité, il n'est donc pas impossible qu'il s'agisse de quelqu'un d'important pour le Marquis. Ce qui expliquerait également les gardes.

- je vous en pris Damoiselle, c'est le devoir des chevaliers d'intervenir en cas d'attaque. Surtout lorsqu'il s'agit de bandits. Je peux si vous le désirez vous accompagner jusqu'à votre destination Demoiselle, le chemin n'est pas sûr et peut-être que la présence de plus d'hommes dissuadera les possibles attaquants.

L'offre était sincère, même si elle n'était qu'une servante, sa vie était aussi importante que toutes les autres, malgré les préjugés qu'avait Uther sur les Elfes, il se devait d'obéir aux principes des chevaliers. Et cela ne lui ferait peut-être pas de mal ?

Dans l'avis général les Elfes étaient des parjures, des êtres ignobles, le chevalier était légèrement plus nuancé, traître oui d'après un point de vue historique, mais c'était tout de même des personnes et qui plus est, certains croyaient désormais au créateur. Devaient-ils être les héritiers d'une haine engendrée par leurs ancêtres ? Difficile a dire, quoi qu'il en soit il vit ses gardes discuter avec ceux de la "servante" pendant qu'Ethan s'approchait de lui.

-Messire, nous avons terminé de rassembler les corps, un des gardes est blessé et un de nos hommes légèrement entaillé au bras. Nous sommes prêts à partir.

Le capitaine de la garde de Verchiel était toujours à disposition du Baron, dans son devoir il était irréprochable, Uther le remercia et se retourna vers la servante.

- Demoiselle ? Désirez-vous reprendre la route en la compagnie des soldats de Verchiel ?

L'attitude de cette jeune elfe était très courtoise, très polie, un peu trop même, chose qui aurait pu faire naître en Uther un soupçon de méfiance, mais il se dit tout simplement qu'elle avait dû apprendre les usages de politesse auprès de son seigneur. Chose qui était tout à fait courant pour un serviteur qui révélait de l'importance pour un membre de la noblesse, il était souvent amené à connaître d'autres maisons noble, les usages de courtoisies et autres formes protocolaires permettant ainsi que le serviteur en question se fasse bien voir et non châtié par les autres nobles qui n'attendaient que le premier faux pas. Cela faisait partit du jeu.

Il la regarda s'éloigner et aller vers ses gardes, le geste qu'elle fit pour les remercier était rempli de bonne volonté, cette jeune elfe semblait vraiment douce et bienveillante, chose plutôt agréable qui rendait certainement la tâche des gardes plus facile et certainement plus prenante. Du moins c'est ce qui semblait pour le chevalier.

Il réunit ses hommes et vérifia l'état de chacun, le bandage sur la blessure de celui touché au bras. Les autres partirent se rincer légèrement les vêtements à la rivière pour effacer un peu le sang qui avait giclé sous les coups parfois puissants. Quoique qu'il en soit Uther rejoignit son destrier dont il reprit les rênes et l'amena près de l'arbre où l'ombre était rafraîchissante et agréable. Il aurait alors l'occasion de saisir ses dernières secondes de répit avant de reprendre la route. Le Baron observa les trois gardes dont le blessé. Sale blessure, vraiment, mais cela irait mieux au prochain village, avec de la chance il aurait un soin digne de ce nom. Sinon il allait devoir attendre et dans ce cas-là, il prierait pour que la plaie ne s'infecte pas. Le Baron monta sur son cheval lorsque ses hommes furent de retour et s'adressa à la jeune Elfe.

- Nous pouvons partir, si tout vos gardes peuvent remonter à cheval.

Il vit alors un mouvement du blessé, comme s'il avait mal prit cette remarque. Pourtant, le chevalier ne faisait que la constatation qu'il serait gêné sur son cheval et donc un ralentissement pour la reprise de la route. Mais dans son orgueil le garde l'avait mal prit. Après qu'un autre garde l'ait stoppé en posant sa main sur son épaule tous remontèrent à cheval et ensemble le groupe reprit la route.

- Votre destination, qu'elle est-elle ?

La question semblait banale, histoire de parler un peu. Pourtant, cela permettrait d'apporter des informations, question par question il comprendrait pourquoi des gardes escortaient une servante et pourquoi elle était recouverte d'un tissu de bonne qualité. Soit elle n'était point servante, soit elle était d'une grande valeur pour le Marquis.

Uther sourit, son intuition ne l'avait pas trompé. Elle connaissait son titre et donc de ce fait son nom ainsi que le fief qu'il dirigeait. Cela était logique en soit, tous les éléments qu'il avait soulevé quelques instants plus tôt venait confirmer sa théorie et voilà qu'il se retrouvait en compagnie d'une servante favorite certainement ou de la perle du Marquis. Cela ne le dérangeait pas, au contraire, cela occupait son esprit et lui permettait de se tester, savait-il aussi bien discerner la place des personnes ? La réponse semblait être oui pour l'instant.

La question de la jeune femme ne semblait pas le surprendre. Il s'y attendait bien évidemment, c'était prévisible, mais la façon dont elle poserait ses questions l'étaient moins. Beaucoup moins. Cependant, le chevalier semblait s'en accommoder. Il était tout à fait normal qu'il y ait une part d'incertitude, même dans le combat.

- Je rentre en Verchiel, après un séjour à la capitale Dame. Voyagez-vous souvent avec une si petite garde dame ?

La question se posait, les routes n'étaient pas aussi sûr que la noblesse le pensait. Et cela Uther l'avait appris à ses dépends hélas. Mais il fallait bien ça pour faire comprendre que dans les bas quartiers comme sur les chemins, la force prend le dessus sur la civilité. Est-ce réellement le besoin de se montrer fort ? Uther ne le pensait pas. Mais la nécessité qui poussait bien souvent, où simplement la cruauté.

Le groupe avançait au pas, le paysage passait lentement et pourtant le chevalier appréciait également quand le voyage durait, cela le tenait éloigné de ses obligations parfois trop lourdes pour lui et il appréciait toujours autant les sorties à cheval. Contrairement à beaucoup comme le montrait le comportement de la jeune servante sur son destrier. Elle ne semblait ni trop aimer cela, ni appréciait l'incofortabilité de la scelle, ce qui n'était pas très étonnant en soit.

Le Baron trouvait cela très étrange, la peau blanche de la jeune Elfe, c'était soit une malchance, soit une malédiction du créateur, mais que pouvait-elle avoir bien fait pour naître ainsi si elle ne l'était pas devenue ? Le chevalier pensait que c'est cela que devait apprécier le Marquis chez elle, sa différence qui la faisait passer pour un être fragile. Sans doute l'était-elle, mais quoique qu'il en soit il fallait se méfier de tout, même des personnes qui semblaient faibles, c'était de là que la plus grande menace pouvait provenir.

La jeune elfe semblait facile à déstabiliser, que ce soit en lui donnant un nom dû à une formule de politesse ou simplement en évoquant cette attaque qui avait failli coûter la vie à ses gardes. Bien que ne pouvait pas lui jeter la pierre il semblait qu'elle la prenne assez facilement toute seule. Après tout, si elle n'était qu'une messagère les dangers devaient être monnaie courantes, mais apparemment pas. Elle était sans doute venu au monde avec une chance inouïe pour ne pas avoir connue ces dangers-là.

La troupe avançait bien sûr le chemin et le soleil tapait toujours plus fort. Uther prit sa gourde alors attachée à sa selle. La vidant un peu plus d'une gorgée. Il tendit alors la gourde à la messagère si intriguante.

« Ne vous en voulez pas autant pour cette attaque, au moins tous vos gardes sont en vie même si certains sont blessés. » Un petit regard en arrière pour le garde qui était visé par ces mots. Il revint sur la messagère blanche. « J'ose espérer que votre maître sera positif dans le dénouement de cette attaque. »

Derrière eux, les soldats de Verchiel et la garde de l'elfe semblait commencer une discussion également, bien qu'ils n'avaient pas grands choses à dire sur leur suzerain respectif. Ils parlaient de choses bien plus commune aux soldats, des souvenirs de batailles ou des blagues sur comment l'un avait réagis lorsqu'un bandit lui avait sauté dessus.

Uther continuait d'observer tantôt la route, tantôt la jeune Elfe masquée. Elle était très étrange, mais cela ne lui faisait pas peur, au contraire. « Vous avez toujours été ainsi dame ? » après un instant de rélfexion Uther se dit que ce n'était pas la question à poser ou du moins pas sur le bon ton. « Pardonnez-moi si je vous offensée, vous n'êtes pas obligée de répondre. » Bien que par son statut il pouvait l'obliger à répondre courtoisement, il n'abuserait pas maintenant de son autorité, il était d'abord chevalier et de par ses principes il respectait la vie privée de chacun, sauf si la vie d'une personne importante en dépendait.

Uther reprit la gourde et la reboucha avant de la remettre dans la sacoche accrochée à la selle de son cheval. Le soleil tapait désormais fort et les brises de vent étaient rare, mais tellement agréable. Il n'était rien de plus doux que de sentir le vent effleurer le visage, apportant pendant quelques secondes fraîcheurs et bien être.

La troupe continuait son chemin, bruyante et lente. Les chevaux aussi subissait avec courage la chaleur. C'était la saison avec l'hiver la plus horribles pour tenter une attaque ou tout autre raid militaire. Uther regrettait l'espace d'un instant d'avoir prit soin de prendre son armure qu'il aurait bien volontiers échangé contre une simple tunique pour ce voyage. Mais il était trop tard pour ce genre de pensées qui n'avaient désormais plus aucun sens. Il était au soleil et avec son armure. Encore heureux, son cheval n'en portait point, ce qui d'une façon lui permettait d'être plus fort que son cavalier sous ce temps clément et chaud.

Il regarda la messagère et écouta attentivement sa réponse. Elle était donc née ainsi, cela ne devait en aucun cas être aisé à porter toute sa vie. La remarque aurait pu s'arrêter là, si une indication n'avait fait tilte dans l'esprit du chevalier. Tevinter, elle venait de dire qu'elle venait effectivement de Tevinter. Cela expliquait sans doute le rôle qu'elle avait auprès du Marquis. Uther avait souvent entendu parler que les personnes et choses étranges avaient beaucoup de valeur pour les nobles dérangés du nord. Voilà qui expliquait tout désormais et qui permettait de savoir avec quel degré de discrétion il fallait mettre dans toutes les réponses qu'il livrerait à cette Elfe. La bonne nouvelle cependant après tout cela était qu'elle n'avait pas été offusquée par sa question. Une bonne conclusion aux découvertes qu'elle venait de livrer au Baron.

« Je suis sûr que le créateur n'aurait pas jugé utile de vous infliger cela, s'il n'avait un dessin particulier pour vous, Dame. »

Cela était difficile à croire, mais le créateur seul pouvait dire si oui ou non cela était dû à un plus grand destin qui attendait la femme ou si c'était simplement punition pour tous les actes hérétiques qu'avait commis son peuple. Si tel était le cas, le créateur lui-même n'était guère honorable, cette jeune femme n'avait pourtant rien demandé et n'était à l'origine de rien, sans doute esclave au début de sa vie dans l'empire comme l'était la plupart des Elfes. Mais, Uther n'était qu'un mortel et il ne pouvait parler au nom du créateur tout puissant.

Au loin des bâtiments se dessinaient déjà. La troupe arrivait près d'un village de paysan de la région. Ils pourraient sans doute faire une petite halte vérifier leur emplacement dans l'empire d'Orlaïs. De toutes façons une pause serait nécessaire, ne serait-ce que pour se reposer et permettre au soldat de la messagère de se faire soigner correctement.

« Que diriez-vous de faire une halte à ce village, ma dame ? Nous pourrions nous reposer avant de reprendre notre route. Et si vous le désirez, nos routes pourrons se disperser à votre convenance.»

La jeune Elfe semblait plutôt du genre simple, ne point vouloir être le héros d'une destiné sans pareille. C'était là un acte de modestie et de grande noblesse. Quoiqu'elle était, elle ne semblait pas attirait par le pouvoir. le chevalier se surprit à penser qu'elle et lui n'était pas très différent, ils acceptaient leur devoir sans jamais rechigner et accomplissaient leurs tâches sans pour autant chercher la gloire. Cette attitude avait certes était enseignée à Uther via l'académie des chevaliers Orlésiens, mais elle ? Pouvait-on dire qu'on trouvait à force de la satisfaction d'accomplir son devoir ? Sans éducation adéquat pouvait-on atteindre l'harmonie avec soit même sans chercher à évoluer dans la hiérarchie sociale ? Cette pensée se confirmait petit à petit et s'il n'avait eu que cette Elfe en exemple il en aurait immédiatement changé. Cependant, il avait également son ami Ethan et le peuple de Verchiel, bien qu'il soit proche de ses citoyens, Uther sentait qu'ils n'étaient pas les plus malheureux de l'empire et certains étaient même ravie d'être à Verchiel.

Son humour est présent et ce n'est sans doute pas pour déplaire aux autres qui l'accompagnent. Même si elle est différente au final elle reste un être vivant, même si elle est une Elfe et que par nature Uther s'en méfie. Historiquement parlant les Humains et les Elfes n'étaient pour vivre ensemble. A la façons dont sa voix est le chevalier imagine sans peine le sourire qui se dissimule sous ce voile. Il est étrange de devinait les émotions et sourires des autres sans voir leurs visages. Mais cela est agréable lorsqu'on a affaire un à un adversaire. Chacune de ses paroles le trahit aussi, ne parler que lorsque cela est nécessaire est la clé d'un combat le plus souvent.

Son marquis semble se préoccuper de la sécurité de sa protégée. Ce serait un point commun qu'il aurait avec lui si Uther n'était pas plus proche des siens. Le titre de Baron était spécial, c'était souvent des Nobles peu intéressés par la politique et proche des citoyens qu'ils devaient protéger ou simplement des gens à part dans les banquets. Yver de Kanflan un autre Baron dont il avait connu le frère était de ce genre-là. Pas de rond de jambes, pas de sous-entendu. Seulement la vérité. Avec les années Uther avait appris cependant le langage de la cour, pour la sécurité des siens et de lui-même. Au noble jeu les risques de mourir d'une erreur de langage était assez courante et il serait tout de même idiot de mourir pour cela.

Pour les routes, il semblerait qu'elle ne soit pas en position de refus dans le cas où Uther désirait accompagner l'Elfe jusqu'à la demeure du Marquis. Mais cela valait-il vraiment le coup de faire un aussi long détour ? Uther n'en savait rien, mais sait-on jamais, il pourrait avec ses hommes la protéger en cas de besoin. Et puis s'il arrivait malheur à son escorte et à elle-même il serait en partit tenu pour responsable de l'avoir envoyé seule à une mort certaine.

« La demeure du Marquis est encore loin ? Si cela n'est pas trop éloigné je peux vous accompagner, dans le cas contraire je crois que mes soldats m'empaleront bien vite pour les tenir aussi longtemps éloignés de chez eux. »

Les soldats de Verchiel rirent de bon cœur, sauf le capitaine de la garde Ethan. Tous aimaient le Baron pour son adresse à l'épée et sa bonté envers ses soldats et son peuple, peu étaient prêts à le défier et à le traverser de leur lames. Cependant, le capitaine de la Garde ne semblait pas trop de cet avis et par nature méfiant il se garda de tout rires et commentaires, seulement sa main sur la garde de son épée.

« Bien, nous voilà à destination, tâchons de trouver une auberge pour la nuit et de soigner au mieux votre homme. » annonça le chevalier en descendant de sa monture. Immédiatement après il vint aider l'Elfe messagère descendre à son tour.

Les soldats de la Baronnie firent de même en imitant leur seigneur et posèrent pieds à terre. Uther tira alors son destrier dans le village pour trouver l'auberge en question. Le petit village était tranquille quelques paysans venaient voir cet attroupement de soldats plus qu'ils n'en avaient jamais vu pour certains et admirer de loin et avec méfiance ce qu'ils faisaient dans leurs bourgades.

Après avoir fait descendre de sa monture Uther reprit les rênes de son destrier pour le guider à travers le hameau. Rien d'extraordinaire, un simple petit village de passage, mais les gens regardent bizarrement le groupe qui se déplace lentement. L'Elfe cachée derrière le voile les intrigues peut-être ou alors était-ce les soldats ? Peu importait en fait, le Baron souhaité juste rejoindre l'auberge de la ville et sans incident de la part de ces gens trop curieux. Bien que sa main soit toujours sur la garde de son épée, il n'était en aucun cas hostile envers les citoyens de l'empire et certainement pas envers ces pauvres fermiers. Ils avaient sans doute leurs lots quotidien de problème, inutile d'en rajouter.

Le groupe arriva enfin à destination et le chevalier confia son destrier à Ethan, celui-ci s'occupa d'emmener les chevaux aux écuries pour que le palefrenier du village s'en occupe contre rémunération bien entendu. Rien n'était gratuit et ce n'était pas le fait qu'un seigneur soit en visite qui aurait justifiée la gratuité du service.

Le baron s'engouffra dans l'auberge l'Elfe messagère avait continué plutôt avec les soldats pour mettre les chevaux à l'écurie. Chose normal si nous n'étions pas noble, mais Uther aurait imaginé qu'une personne aussi importante pour un marquis soit un peu humble, mais comme quoi, certains montraient plus d'humilité que d'autres. C'était toujours surprenant d'assister à une démonstration et rassurant de trouver des gens qui se ressembles. Le baron n'était pas homme qui se vantait ou profiter de ses positions de nobles, mais qui était du genre à les mettre de côté pour aider son peuple, aussi il se trouvait en compagnie d'une femme qui restait humble malgré l'importance qu'elle aurait pu prendre si elle avait manié avec subtilité son état "précieux" pour le marquis. Ce qui aurait justifié le moindre de ses caprices. C'était donc bon de voir que pas tous n'aspiraient à la gloire et l'obéissance dû à leurs privilèges.

Uther s'approcha du comptoir où l'aubergiste le regardait bizarrement, ne sachant pas s'il s'agissait d'une noble ou d'un simple soldat, cependant la plume jaune accrochée à la ceinture du chevalier était claire, il était noble et chevalier, ces hommes légendaires dans l'empire qui était soit-disant les combattants les plus redoutables de Thédas. Foutaises tout cela, mais le petit peuple croyait parfois des choses improbables. C'était la nature des gens du commun sans doute ? Pouvoir rêver et s'offrir des légendes les faisant rêver. Quoi qu'il en soit, le baron demanda toutes les chambres disponibles, la troupe aurait besoin de place et puis s'il était possible la messagère aurait une chambre seule pour elle.

Après s'être arrangé avec l'aubergiste Uther revint à l'extérieur et vit que l'Elfe voilée revenait ainsi que tous les soldats partis déposer les chevaux aux écuries. Elle semblait se déplacer avec une grâce quasi-surnaturelle, mais cela était peut-être dû à sa race ? Après tout Uther ne les avait pas assez côtoyés pour savoir avec certitude ce dont ils étaient capables. Bien sûr, il connaissait ce que tout le monde savait, leurs grâces et leurs beautés étaient grandement réputées. Mais il ne connaissait pas grands choses hormis ce qu'il avait appris dans les livres d'histoires avec sa famille et à l'académie des chevaliers

« Les chambres sont prises Dame et vous aurez même une pour vous seule. Je pense que cela sera plus appropriée. Pour ce qui est du voyage, nous continuerons pendant deux jours avec vous et nos chemins se sépareront, je mettrais cependant à votre protection deux soldats à moi. Ainsi vous aurez des épées en plus en cas de besoin. »

L'heure tournait et déjà l'odeur du repas chaud de l'aubergiste envahissait les environs. C'était sans doute une tourte ou quelque chose dans le genre, le baron attendit que l'Elfe réponde, les habitants trouvant toujours aussi intrigante l'individue masquée, quel serait leurs réactions quand elle enlèverait le voile dés lors que le soleil se sera couché ? Mieux valait rester sur ses gardes pour ce soir.

Le chevalier regarda la jeune Elfe se dévêtir de son voile pour faire apparaître à tous son visage pâle et ses cheveux blancs. Faisait-elle peur ou était-ce d'une pure beauté ? Le choix revenait à chacun, mais le Baron ne parvenait pas à dire. Il hésitait, mais cela n'était pas sa première préoccupation. En effet les villageois qui guettaient depuis quelques minutes l'attroupement de soldats se firent plus insistants désormais et alors que le premier petit garçon s'approcha de l'Elfe pour lui poser une question Uther échangea avec tous les soldats présents un regard pour qu'ils restent sur leurs gardes. Si les villageois possédaient tout un lot d'occupation, la superstition et les légendes étaient sans doute aussi dévastatrice que les guerres. Un village entier pouvait se retourner contre vous sous prétexte que vous maîtrisiez la magie du sang et sans la moindre preuve, ils pouvaient vous arracher la tête avec les fourches. Aussi, il était préférable d'éviter ce scénario.

Le soleil se couchait et les habitants qui n'étaient pas proche de l'auberge allaient allumer les quelques torches du petit bourg afin d'éclairer l'avenue principale du lieu. La messagère du marquis proposa alors de rentrer dans l'auberge chose à quoi Uther hocha la tête, non mécontent de pouvoir faire entrer l'Elfe dans un endroit un peu confiné où il serait plus aisé d'assurer la protection, du moins en temps normal. Le groupe de soldat entra donc dans le bâtiment, la majorité des tables étaient encore libre et Ethan ordonna aux soldats de rapprocher quelques-unes pour que la troupe soit proche des deux personnalités qu'elle protégeait.

Ils s'assirent et attendirent que l'aubergiste amène les plats commandés plus tôt. Les boissons furent servis pour faire patienter et cela enchanta les hommes qui étaient tous présents et qui acceptèrent sans le moindre mal les bières et autres boissons proposés dans l'établissement. Les villageois se pressaient dans l'auberge pour observer encore et encore, certains osèrent même poser quelques questions, mais cela était bref. Au bout du compte si tout continuait ainsi il n'y aurait aucun mal, mais il fallait seulement espérer que cela le reste.

« Est-ce toujours ainsi lorsque vous prenez la route dame ? Cela doit être éprouvant j'imagine à la longue. N'être qu'une attraction pour tous ces gens. Je ne pourrais le supporter je dois l'avouer. »

Les paroles étaient crues, mais volontaire. Le baron savait la messagère assez forte pour ne pas être blessée à ses mots. Après tout elle avait survécu à une attaque de bandits. Les gens étaient toujours après les hommes d'armes et heureusement aucun d'entre eux n'eut envie de passer cette barrière pour approcher encore plus l'Elfe blanche.

Uther finit son assiette de ragoûts et posa finalement sa cuillère dans le bol et regarda attentivement les gens et l'auberge. Le lustre au-dessus d'eux n'était guère du gout du baron, toujours méfiant lorsqu'il escortait quelqu'un et il se prit à espérer ne jamais devoir escorter quelqu'un de plus important. Le comptoir et les tables étaient faites de bois assez basique, surement provenant des arbres entourant le village et étant été taillé avec une assez bonne technique, il était lisse et agréable à toucher. Le menuisier du coin devait être doué pour réaliser de tels ouvrages. Le regard du Baron resta sur l'Elfe pâle, cherchant encore à déceler si elle était agréable à regarder ou repoussante, tout ceci en silence.

Toujours vigilant sur ceux qui entouraient les soldats et la messagère, Uther finit son repas pour le moins occupé à jeter des regards aux habitants et à l'Elfe en face de lui. C'était étrange, bien qu'elle soit Elfe les gens semblaient oublier ce détail et ne voir que sa peau blanche. La voyait-il comme un esprit venu les aider ? Ou une envoyé du créateur ? Impossible pensa le Baron. Les paysans étaient certes superstitieux, mais pas débile. Enfin il l'espérait. Bien qu'ils raconteraient des histoires sur cette messagère passant dans le village de blanc vêtue et lorsqu'elle enleva son tissu de son visage, sa peau était aussi pure et blanche que les tours de la grande cathédrale de Val Royaux. Ce serait une bonne histoire à raconter pour les enfants.

Le Baron lâcha un sourire avant de prendre sa chope et boire tranquillement, lorsque les gens commencèrent à partir pour rejoindre leurs demeures afin de se préparer pour la journée de demain. Uther s'autorisa à relâcher l'attention et à se concentrer sur celle qu'il avait sauvé quelques heures plus tôt sur la route. Il avait bien évidemment remarqué qu'elle avait vu ses regards curieux, mais comment pouvait-il en être autrement ? Le chevalier savait cachait ses émotions comme le demandait la cour impériale, mais en cet instant il se permettait déjà de laisser aller croiser une femme comme elle n'était guère courant dans l'empire et dans le monde il fallait bien l'avouer.

« N'y voyez pas d'offense, mais je vous regarde simplement par curiosité, il est si rare de croiser des personnes qui vous ressemblent. A vrai dire vous êtes la première que je croise, ainsi. »

Il reprit sa chope et but une gorgée, les soldats de Verchiel étaient toujours sur le qui-vive tant qu'il y avait des paysans dans l'auberge, tandis que les protecteurs de la messagère semblaient plus détendu et se laisser aller sans craindre une quelconque attaque. Ils avaient sans doute pour habitude de la protéger et de ce genre de voyage ainsi il pensait peut-être qu'elle ne craignait rien. Ce qui pouvait être vrai, comme ça pouvait être faux. Cependant, Uther n'arrivait pas à savoir si ses hommes étaient sur leurs gardes pour protéger l'Elfe ou lui-même ? Il était sans doute bien assez fort pour repousser une attaques de quelques cutéreux de ce village perdu.

« Vous semblez quelqu'un d'assez conciliant. Mais, je me pose une autre question, d'où venez-vous ? C'est un accent étranger que vous avez. Riveïn peut-être ? »

L'oreille du Baron avait enfin capté le léger accent de l'Elfe à la peau de farine. Bien qu'il n'en soit pas un expert même à Ghislain un tel accent n'existait pas et même malgré la proximité avec le Nevarra. Il avait souvent entendu le Duc Alain de Ghislain parler et il ne semblait que ce dernier parle comme cette femme parlait.

L'aubergiste commençait à nettoyer les tables autour d'eux. Il faisait désormais nuit dehors et les quelques habitants repartaient ravie d'avoir pu approcher cette créature toute blanche qu'était la messagère du Marquis. Les soldats continuaient de boire entre eux, chanter et raconter des blagues et bientôt les hommes de Verchiel se joignirent à eux pour chanter encore des balades que tous soldats d'Orlaïs connaissaient. Celle sur la fondation de l'empire dans lequel ils vivaient désormais sous le règne de l'impératrice Célévina de Valmond.