Cette histoire débute par une froide nuit d’hiver, il y a près de 35 années de cela. Le vent soufflait entre les branches nues des arbres, imitant les hurlements des créatures les plus sombres de ce monde. Le ciel était étoilé, mais nulle âme ne l’observait; les habitants de la tribu étaient tous rassemblés dans leurs huttes, auprès du feu. Le froid mordant avait mutilé les imprudents qui ne s’étaient pas couverts; des bouts d’oreilles, de doigts ou d’orteils étaient tombés. Au creux de la nuit, étouffée par le vent, hurlait une femme. Trop jeune pour être mère, mais en âge de procréer, la pauvre enfant ne souhaitait que la mort. Le père de l’enfant à naitre, un homme, qui avait été autrefois l’un des plus grands guerriers que les Terres sauvages de Korkari n’aient connus, mais qui n’était plus qu’un vieillard, était entouré de ses douze fils, tous issus de précédents mariages. Quatre autres enfants, des filles, étaient au chevet de la future mère. L’alcool coulait à flots, les hommes étant ivres depuis déjà de nombreuses heures.

Le vent se calma enfin et, quelque part dans la nuit, un hurlement presque inhumain se fit entendre, suivit des cris d’un nouveau-né. Les hommes échangèrent des regards, mais demeurèrent silencieux. Le vieillard leva une main en direction de la sortie de la hutte et l’un de ses fils se leva, s’exécutant à la demande muette de son père. Se couvrant de peaux, l’homme se dirigea vers la sortie et sans un regard derrière lui, disparu dans le froid de l’hiver.

Il ne revint que lorsque le vieillard eu terminé de boire sa corne d’alcool. À son entré dans la hutte, tous levèrent les yeux vers lui, tous, à l’exception de son père qui n’avait envie que d’entendre ce que ce dernier avait à lui annoncer. L’homme s’approcha de son père d’un pas rapide et se pencha sur son oreille pour lui dévoiler en primeur la nouvelle tant attendue. Le vieil homme, le regard perdu droit devant, cligna des yeux et se leva d’un bond, le poing levé vers le ciel, en rugissant tel un animal. « Un fils! ». À ces mots, tous les hommes se levèrent, mêlant leurs rugissements de joies à ceux du vieux guerrier. Telle une vision de ce qu’allait être sa vie future, l’enfant était né dans le sang et les hurlements...

Dans la hutte où venait de naitre le treizième fils et dix-septième enfant du vieux guerrier, les femmes demeuraient silencieuses alors qu’elles travaillaient toutes aux soins de la mère et de l’enfant; donner naissance n’avait rien d’un évènement joyeux et l’hiver était si rude que seul un miracle permettrait à ce petit être de vivre. Lorsqu’il fut nettoyé et enveloppé dans une peau par l’une de ses sœurs, l’enfant fut apporté à sa mère. La pauvrette, épuisée et brisée à jamais détourna le regard de son enfant, n’osant à peine à le regarder. Les quatre filles du vieillard, toutes plus âgées que la mère de leur nouveau frère, échangèrent un regard et n’insistèrent pas, trouver une nourrice ne serait pas un défi…


L’hiver avait laissé sa place à un printemps froid et maussade et bientôt, l’été et sa bienveillante chaleur l’avait remplacé. La jeune mère était restée clouée à sa couche si longtemps que la rumeur disait qu’elle était probablement morte et que l’époux endeuillé gardait le corps de sa jeune épouse près de lui. Avec le beau temps, elle avait repris des forces, reprenant peu à peu son rôle de femme au sein de la tribu, mais également, auprès de son époux. Néanmoins, il y avait un rôle que la pauvre enfant n’avait toujours pas voulu endosser; celui de mère. Son bébé, âgé de plusieurs mois, était nourri par une nourrice et c’était ses sœurs, plus âgées que sa génitrice, qui prenaient soin de lui. Son père, le vieux guerrier des Terres sauvages de Korkari, était fier d’avoir engendré un fils, mais l’enfant en tant que tel ne l’intéressait pas; il avait déjà seize enfants, dont la majorité était déjà marié et parent (sa fille ainée était même, déjà, une jeune grand-mère). Le vieillard s’était marié à nouveau parce qu’il avait besoin d’une femme avec qui partager sa couche et non parce qu’il avait le désir d’engendrer de nouveaux enfants; néanmoins, si ceux-ci venaient à naitre, qu’il en soit ainsi.

L’enfant grandit donc sans connaitre l’amour maternel et paternel. Ses frères et sœurs, beaucoup plus âgés que lui, ne lui permettaient pas de connaitre ce qu’était le sentiment d’appartenir à une fratrie et au sein d’une si grande famille, le gamin se sentait bien seul. Sa mère l’évitait comme la peste et son père n’avait jamais de temps pour lui. Élevé par un, tantôt par un autre, l’enfant développant un trait de caractère plus taciturne et solitaire. Il enviait ses neveux et nièces, qui avaient presque le même âge que lui, et rapidement, il se mit à les détester. Cette haine d’enfant n’avait rien de bien méchant, mais elle rongeait le rejeton de l’intérieure. Parfois, il sentait le regard de sa mère, posé sur lui et dans ces moments, l’espoir de la voir lui tendre les bras naissait en lui, avant de mourir, comme cela était arrivé si souvent par le passé. Elle était la femme qu’il aimait le plus au monde et pourtant, jamais elle ne l’avait aimé, jamais elle ne s’était occupée de lui.

L’un des avantages de sa jeunesse fut toutefois d’être né fils de guerrier. Très tôt, le petit fut initié à l’art de la guerre. Rapidement, il réussit à se démarquer et à être reconnu par ses frères et surtout, par son père qui vit en lui l’essence d’un guerrier. Se valorisant dans le combat, le gamin devint bagarreur et lorsque les ennuis ne venaient pas à lui, il les provoquait. La quête d’être aimé par son géniteur était si forte que jamais il ne perdait un combat. Il était un enfant particulier…

L’enfant devint un homme, mais il portait toujours en lui les blessures de l’enfance. Depuis longtemps, il avait abandonné l’idée d’avoir un jour une mère alors que sa relation avec son père s’était améliorée; il n’était plus un gamin braillard, mais un homme grand et fort, à l’image du guerrier qu’il avait été un jour. Ce dernier n’était plus que de la peau sur des os crochis par le temps, mais le souvenir de sa jeunesse en faisait trembler encore plus d’un. Depuis plusieurs années, ses nombreux fils avaient délaissé la quête de reconnaissance et de fierté de leur père pour maintenant ne penser qu’à le remplacer. L’ainé, un homme âgé d’une cinquantaine d’années, commençait à être impatient de voir un jour son père mourir, mais jamais il ne le laissait paraitre; il était toute la raison de vivre du vieil homme. Premier fils de la femme qui avait été le seul véritable amour du guerrier Chasind, il était le seul qui comptait véritablement.

Les aptitudes guerrières ainsi que les traits agréables dont disposait le jeune homme étaient populaires auprès des jeunes femmes Chasinds, mais ce dernier ne possédait aucune qualité pour l’amour; il assouvissait ses besoins lorsque ceux-ci devenaient prioritaires, mais il n’y avait jamais de sentiments ou de passion dans l’acte. Il ne savait pas comment aimer et être aimé en retour. Il n’y avait qu’une femme à laquelle il avait toujours souhaité plaire, mais cette dernière n’avait jamais cherché à le connaitre ou à l’aimer. Cette femme, qui hantait encore ses rêves, n’était plus l’enfant qui lui avait donné la vie, mais une femme aux formes généreuses, à la beauté sauvage et à la voix mélodieuse. Le jeune épouse du vieux guerrier était convoitée par de nombreux hommes; parmi ceux-ci, les fils du vieillard qui clamaient haut et fort qu’ils sauraient prendre soin de leur mère par alliance, le jour du décès de leur père.


La nuit était fraiche, mais le ciel était clair. Les hommes et les femmes de la tribu étaient ressemblé autour d’un grand feu, célébrant le retour de l’été. Le chaman Chasind était le centre de l’attention de plusieurs alors qu’il exécutait des pas de danse à l’honneur du Grand Loup, mais certains avaient l’esprit ailleurs; le vieux guerrier Chasind était malade depuis de nombreux jours, certains affirmant qu’il allait bientôt mourir. Sa jeune épouse n’avait plus été revue depuis des jours, demeurant à son chevet alors que ses enfants passaient parfois lui rendre visite. Seul le benjamin des enfants du vieillard ne lui avait pas encore rendu visite; la présence de la femme qui lui avait donné la vie sans être une mère le rendait mal à l’aise. Être si près d’elle et si loin à la fois lui était insupportable.

L’alcool coulait à flots et le jeune homme était ivre; s’enivrer était la chose qu’il préférait à tout, même à la présence d’une femme. Sentant son estomac fragilisé, il s’éloigna du feu afin de se rapprocher de la forêt; la nuit dissimulerait les conséquences de l’abus de l’alcool. Les yeux fermés et le front contre l’écorce d’un grand arbre, le jeune homme prenait de profondes inspirations, espérant mieux se sentir d’ici peu. À quelques pas de lui, une silhouette s’enfonça dans les profondeurs de la forêt; il leva les yeux à temps pour apercevoir une femme. Derrière elle la suivait le frère ainé du jeune homme. Les amants se rejoignaient souvent dans la forêt pour être à l’abri des regards indiscrets, mais pour une raison qu’il ignorait, le jeune homme sentit qu’il devait suivre les deux silhouettes.

Il ne marcha pas longtemps pour les rejoindre; sous la lumière de la nuit, il reconnut le visage de la femme qui lui avait donné la vie et, comme il l’avait bien vu, celui de son frère ainé. Les entrailles du jeune homme se tordirent et il sentit un sentiment de jalousie et de colère naitre au creux de son ventre; la jeune épouse avait-elle pris l’ainé des enfants de son époux comme amant? Qu’avait cet homme plus que lui pour mériter l’attention de cette femme, attention qu’il avait recherchée depuis sa plus tendre enfance? L’ainé des fils du vieillard s’était approché de la jeune épouse et l’avait poussé contre un arbre, mais cela ne semblait pas être ce que la jeune femme désirait. Elle s’était rapidement dégagée de l’étreinte de l’homme, lui lança des paroles venimeuses au visage. Le jeune homme comprit alors que cette rencontre dans les bois n’avait rien d’un rendez-vous amoureux, mais était plutôt le lieu parfait pour régler des comptes.

Alors que l’homme effectuait une nouvelle tentative pour soumettre la femme de son père, le jeune homme sorti de l’ombre des arbres; il ne laisserait personne faire du mal à sa mère. À la vue de son cadet, l’ainé éclata d’un rire gras; que pouvait faire cet ivrogne d’enfant contre lui? Des paroles cinglantes furent échangées, des coups furent donnés, des armes furent entrechoquées et finalement, le sang coula. Le corps de la victime fut dépouillé, ses effets personnels éparpillés et son corps, finalement, trainé sur de nombreux mètres, un peu plus loin dans la forêt. Là, avec un peu de chance, il serait dévoré par les loups avant que quelqu’un ne remarque sa disparition; il n’était pas rare que les bêtes se nourrissent d’imprudents.

Ils étaient là, debout l’un devant l’autre, le corps de l’ainé des enfants du vieillard à leurs pieds. La mère et le fils se regardaient ainsi pour la première fois. Elle détaillait les traits séduisants du fils qu’elle avait mis au monde, moins d’une vingtaine d’années auparavant, s’émerveillant du bleu de ses yeux. Il était un homme dont elle aurait dû être fière, mais face à lui, elle n’était pas une mère. Il la regardait avec insistance, admirant la chevelure ondulée dans laquelle il aurait dû glisser ses doigts, étant bambin. Il avança d’un pas vers elle et cette dernière, d’instinct, recula. Elle remarqua le voile de larmes inondé le regard clair de l’homme, de son enfant. Il regardait la femme qui l’avait toujours rejeté et qui le faisait à nouveau. C’est alors que, pour la première fois, le jeune homme entendit sa mère prononcer son nom : Vrabor.

Doucement, la jeune femme avança et ouvrit les bras en direction de son fils. Vrabor avait rêvé de ce moment toute sa vie; sans se faire attendre, il s’approcha de la femme qui lui avait donné la vie et se blottit contre elle alors que cette dernière refermait les bras autour de lui. Sous le ciel étoilé, la mère et le fils pleurèrent dans les bras l’un de l’autre, comme cela aurait dû se passer des années auparavant, au moment de la naissance de Vrabor.  


Les yeux écarquillés, la bouche déformée par la douleur, un bras tendu en direction de son plus jeune fils, le cœur du vieux guerrier Chasind cessa de battre. Vrabor, en compagnie de la jeune épouse de son père, venait d’annoncer à ce dernier la mort de son fils chéri. Les yeux du vieillard s’étaient alors remplis de larmes, mais le coup fatal lui fut donné lorsque, doucement, son fils s’était penché vers son oreille et lui avait murmuré la manière dont était mort l’homme. Vrabor s’était redressé et sa mère s’était accrochée à son bras, tous deux contemplant le corps encore chaud de celui qui avait été un jour l’un des plus grands guerriers de la tribu.

Depuis les évènements de la forêt, la mère et le fils étaient demeurés discrets; on ne rattrapait pas des années d’ignorance aussi facilement, mais au fond de lui, Vrabor désirait beaucoup plus qu’une relation mère-fils avec cette femme séduisante. Il avait penché les yeux sur elle, alors qu’elle regardait fixement le corps de son époux, et son regard était descendu vers sa poitrine. Les peaux qu’elle portait dissimulaient la rondeur de ses formes, mais le jeune homme en imaginait chaque parcelle de sa peau. Dégageant son bras de l’étreinte de sa mère, Vrabor s’était approché du lit, où le corps de son père se trouvait toujours, et s’y était assis, face à la jeune femme. Il avait ensuite tendu les bras vers elle, l’attirant doucement, et lorsqu’elle accepta docilement cette nouvelle étreinte, elle permit à son enfant de poser sa tête contre sa poitrine. Vrabor entendait le cœur de sa mère battre; il avait tant rêvé de cette étreinte, de cet amour et de cette poitrine dont il aurait dû se nourrir, étant naissant.

Dans cette hutte, habitée par la mort, l’étreinte d’une mère et d’un fils se transforma en une étreinte de nature bien différente et pour la première fois, ils s’aimèrent.

Les funérailles du vieux guerrier et de son fils ainé perdurèrent pendant près d’une lune; tous deux avaient suffisamment été aimés par tous les membres de la tribu pour que leur dernier hommage soit marquant. Pendant ce temps, le fils ne devint plus le fils et la mère ne devint plus la mère tant recherchée; ils étaient des amants secrets. Les gens s’étaient aperçus que Vrabor et sa mère se côtoyaient enfin, mais les gens avaient attribué cela à un contrôle qu’avait dû exercer le vieux guerrier pour empêcher cette relation. Tous, ou presque, se réjouissaient de voir enfin ces deux personnes heureuses.

Pour la première fois de sa vie, Vrabor connaissait l’amour; le désir, la passion, les sourires timides, le cœur qui s’emballe, mais il ne se doutait pas (ou ne voulait pas penser) qu’un tel amour était mal. Il n’était pas dans l’ordre des choses d’aimer de cette manière la femme qui nous a donné la vie, mais il n’y pouvait rien; l’amour d’une mère lui avait tellement manqué qu’il était prêt à tout pour avoir enfin celui de cette femme. De son côté, la jeune femme savait très bien que tout cela était mal, mais elle ne voyait pas en Vrabor un fils; elle ne l’avait jamais considéré comme tel, mais son corps n’avait connu que la vieillesse et la rudesse alors que Vrabor était un amant doux et passionné. Son corps de femme réclamait ses caresses alors que son esprit le lui interdisait.

Leur relation malsaine aurait pu passer inaperçue encore plusieurs lunes, s’ils n’avaient pas été imprudents. Le danger de la passion est qu’elle peut survenir n’importe quand, n’importe où, et que lorsque les deux amants sont réceptifs, elle prend le contrôle sur les esprits. Ils furent ainsi surpris, sous le soleil brulant, par nul autre que le chaman de la tribu. Le scandale éclata; il y avait des choses que même un « sauvage » ne pouvait se permettre de faire. La punition des deux amants était sévère : l’exil. Pour deux Chasind, n’ayant jamais quitté les Terres sauvages de Korkari, c’était un châtiment presque pire que la mort. Néanmoins, le cœur de Vrabor était heureux; en exil avec la femme qu’il aimait, plus personne ne pourrait les juger et leur amour pourrait se vivre au grand jour. Le jeune homme ne craignait rien tant qu’il était avec elle. Malheureusement pour Vrabor, ce sentiment n’était pas partagé.

La veille de leur départ, la jeune femme demanda à parler avec le chef de la tribu, seul à seul. Vrabor ne sut jamais ce qu’elle lui raconta à ce moment, mais lorsque le chef revint, il annonça au jeune homme qu’il devait partir, seul. Le chef annonça également au jeune homme que si un jour, ses pas devaient le ramener à cette tribu, il serait tué; son exil était une clémence puisqu’il avait toujours été un homme bon, mais dès son départ, elle serait rapidement oubliée.

La nuit précédant le départ de Vrabor fut la plus pénible de toute sa vie. La souffrance qu’il ressentait dans son être n’avait pas de nom. La femme qu’il avait aimée plus que tout l’avait abandonné, une nouvelle fois. Il avait été idiot de lui faire confiance et d’offrir son cœur et son âme à une femme. Dans les larmes et le désespoir, Vrabor se fit la promesse de ne plus jamais donner son cœur à une femme…


Il avait marché pendant des jours, des semaines, des mois. Il avait traversé des fermes, des villages et des villes. Il avait volé de la nourriture lorsqu’il le pouvait, il avait dormi à l’ombre des fermes lorsque c’était possible et il avait dépouillé des cadavres oubliés sur sa route. Il avait voyagé seul, très longtemps, puis un jour, un voyageur avait croisé sa route. L’homme n’avait rien d’un simple aventurier; il était Garde des Ombres. Ce dernier avait pris en pitié le jeune Chasind, sans rien connaitre de son histoire, et avait proposé à Vrabor de voyager à ses côtés. Si dans un premier temps le jeune homme avait refusé, il avait finalement accepté et rapidement, les deux hommes se lièrent d’une amitié particulière. Ils étaient presque du même âge et d’une certaine façon, Vrabor admirait le Garde des Ombres.

Le Garde des Ombres entreprit d’apprendre à Vrabor à raffiner ses techniques de combat et l’aida à oublier la trahison qu’il avait vécue et dont il n’avait que brièvement parlé. Un jour, le jeune homme demanda à son mentor et ami s’il pouvait rejoindre la Garde; il voulait passer sa vie aux côtés de cet homme. Le jour de son vingtième hiver de vie, Vrabor mit fin à son exil en rejoignant une nouvelle famille; la Garde des Ombres.

Quinze longues années s’étaient écoulées depuis le soir où le jeune Chasind avait rejoint la Garde des Ombres. Au sein d’une nouvelle famille, Vrabor était devenu un homme; il s’était endurci, maîtrisait maintenant sa hache à une main et sa rondache comme jamais son père n’aurait pu le lui montrer et n’avait jamais oublié la promesse qu’il s’était faite. Si le Chasind avait un jour eu un cœur, il ne restait plus rien de celui-ci. Vrabor respectait la cause qu’il avait embrassée et ses camarades de la Garde, mais il savait garder les gens à distance, afin de ne plus jamais souffrir pour quelqu’un. Son ami Garde des Ombres avait disparu depuis si longtemps que l’homme ne se souvenait plus de ce qu’était le sentiment d’avoir un véritable ami. Sur le plan sentimental, Vrabor était, aux yeux de beaucoup, un sauvage sans cœur et sans moral…

Suite à l’annonce de ce qui ressemblait à un nouvel enclin, Vrabor se retrouvait à nouveau sur la route, mais cette fois, en quête de potentiels Gardes des Ombres.

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